27 août 2012

Double Programme : Morse - Laisse-moi Entrer


Depuis Vampires de Carpenter et exception faite de 30 Jours de Nuit, le mythe du vampire a perdu quelque peu de sa superbe au cinéma depuis une vingtaine d'année (entre Buffy et True Blood, la télé serait presque mieux loti).

Sobre, tendu, poétique, Morse prend à rebours le mythe, sans jamais s'en détacher (certains éléments du folklore sont toujours là), en offrant avant tout une belle réflexion sur la fin de l'enfance. Tout juste entaché d'une intrigue parallèle (la voisine contaminée) un peu trop démonstrative (qui peut malgré tout se comprendre dans le sens où ici un adulte ne peut supporter ce qu'un vieil enfant de 12 ans supporte depuis très longtemps), Morse n'a tout de même que peu de défauts : réalisation (le sens du détail et de la suggestion, en quelques mouvements de caméra ou de réglage de profondeur de champ) et photo soignés (quels clairs-obscurs), interprétation touchante et troublante, musique au diapason de l'image. Tomas Alfredson démontre ainsi, avec un talent certain, qu'il est encore possible de faire des films de vampires surprenants et beaux.

Laisse-moi Entrer arrive ainsi avec un sérieux handicap, celui d'être le remake d'un film déjà largement au-dessus du lot et qui se suffit à lui-même. Et si l'objectif est clairement de faire entrer Morse dans les petites cases hollywoodiennes (Chloe Grace Moretz en tête d'affiche, quelques éléments "tendancieux" expurgés de l'original, moins de suggestion et un peu plus de spectaculaire), on ne criera pas non plus au loup, car l'esprit de l'original est tout de même là. Au delà de suivre quasiment à l'identique le déroulement de son modèle et d'en reprendre telles quelles les scènes clefs, Laisse-moi Entrer reste bien accroché à cette réflexion sur la fin de l'enfance qui fait le cœur et l'âme de Morse, et se permet même de développer certains aspects (la relation du vampire et de l'homme qui l'accompagne, le passé du vampire) de manière intéressante. Oui, ce remake est inutile, indéniablement. Mais ce remake est loin d'être honteux (s'il n'y avait pas eu l'original, il aurait même marqué un peu plus les esprits). Légèrement fade après Morse, Laisse-moi Entrer est tout de même un bon film, sérieux, bien filmé, plus honnête qu'il en a l'air (le réal' semble y avoir mis du sien pour que cela ne ressemble pas juste à une commande) et surtout respectueux de son modèle. Et, au final, ce n'est déjà pas si mal, car on a vu bien pire comme remake, non ?

26 août 2012

La Taupe

Sous un écrin de tweed suranné, La Taupe est une plongée vertigineuse dans l'espionnage britannique 70's, ses méandres policés, ses tourments voilés, courant en pleine guerre froide après une gloire révolue. Ce panier de crabe feutrée est mis ainsi peu à peu en lumière, Tomas Alfredson (Morse) dévoilant le cadre (les lieux deviennent vite familiers) et le déroulement de l'enquête par une réalisation au millimètre, tendue et patiente, soutenue par une reconstitution précise (quel sens du détail, il nous rappelle ainsi dans cette maniaquerie le Zodiac de Fincher), et par un montage labyrinthique (difficile au début de repérer les flashback) mais dont la finesse joue grandement dans la valeur de ce film.

Porté par un Gary Oldman des très grands jours et un casting 5 étoiles, tous au diapason (de Colin Firth à John Hurt, en passant par Ciaran Hinds, Mark Strong, Tom Hardy et j'en passe), ainsi qu'une musique discrète mais impeccablement choisie, La Taupe nous emballe aussi parce qu'il nous prend à contre-pied, trop habitué à un espionnage cinématographique plus spectaculaire. En transcrivant à merveille les affres, les turpitudes, les contradictions et les luttes d'ego et de pouvoir au service d'une Nation et d'une guerre sans bataille, tout en déroulant une véritable enquête d'espionnage, Tomas Alfredson réalise ici un film d'espions hors cadre, étonnant et captivant. Une très grande réussite.

22 août 2012

Saturn 3

Avec Saturn 3, il a bien failli se passer quelque chose, cinématographiquement parlant. Casting improbable (Mean Streets, Les Vikings et Charlie's Angels réunis sur un plateau de ciné) et réalisateur d'autant plus improbable (Stanley Donen, particulièrement célèbre pour Chantons sous la Pluie), le tout dans un film de SF draguant large dans les eaux foisonnantes de la SF 70's (de Soleil Vert, pour le contexte de famine sur Terre, à Alien, pour le huis clos spatial, en passant par Mondwest et 2001 pour la machine tueuse se retournant contre son créateur), le tableau avait de quoi intriguer.

Mais en 1980, 2001, Star Wars et Alien étaient passés par là et il était désormais difficile pour un film de SF un tant soit peu sérieux de faire visuellement moins bien. Et ce qu'on peut encore pardonner à Star Trek circa 60's, difficile de le faire pour un film datant de 1980. Séquences et extérieurs spatiaux visuellement catastrophiques (la séquence d'ouverture, tentant un mélange entre l'arrivée d'un croiseur impérial et du Nostromo, est effarante), costumes et mobilier à peine digne de Moonraker (c'est dire...), design des vaisseaux navrant, Saturn 3 perd toute crédibilité dès les premières minutes. Et si l'on peut un peu se satisfaire de pouvoir allégrement admirer la plastique de Farrah, difficile d'être emballé par le couple Douglas-Fawcett à l'écran. Entre Papy Kirk qui se fait plaisir aux yeux au côté de sa collègue sans trop forcer sur ses qualités d'acteur et Miss Farrah qui fait ce qu'elle peut pour être autre chose que l'argument lingerie du film (peine perdue, son rôle n'a été conçu que pour ça), seul Keitel s'en sort un (tout petit) peu mieux.

Et si l'on prend en compte le point de départ quasi inexploité dans le film (le couple semble bien plus occupé à batifoler peinard qu'à chercher une solution contre la famine), on se dit qu'en fait il ne se passe rien. Mais dire qu'il a failli se passer quelque chose avec Saturn 3 n'était point une pirouette de ma part. Car il y a au moins un élément (voire deux, avec les couloirs, certes mollement exploités, de la base baignant d'une étrangeté inquiétante qui a plutôt bien vieilli, a contrario du reste du décor) qui surnage : le robot Hector. Sa programmation électro-télépathique, son cerveau "humain", son design, sa relation avec le personnage de Keitel, sa présence qui préfigurerait presque celle des T-800/T-1000 (mais qui rappelle aussi fortement celle de HAL), et sachant qu'il hérite en plus de la meilleure scène du film (son auto-reconstruction), c'est comme si cet Hector avait pompé l'ensemble des énergies créatives du film.

Ce Saturn 3 est un curieux nanar, et rien que pour ça, sans pour autant en faire un chef d'oeuvre maudit et incompris (non, non, aucun doute c'est un gros plantage sur pellicule), il mérite malgré tout qu'on y jette un œil. Et pas que pour la légère nuisette blanche de Farrah.

21 août 2012

Retour sur... Buffy The Vampire Slayer (1ère partie : 1998)

En 1998 débarque en France une énième série US pour ados, où l'on retrouve le décorum familier d'un Beverly Hills 90210 (d'ailleurs c'est le même lycée qui sert de décor) et les grands classiques des lycées US à la sauce Hollywood : pom-pom girls, couloirs bordés de casiers, manuels scolaires dans les bras et BO gentiment rock. Sauf qu'il se trouve que le lycée de Sunnydale est situé juste sur la Bouche de l'Enfer, haut lieu de manifestation démoniaque. Et que Buffy est une tueuse de vampire.

Joss Whedon réécrit et réadapte ainsi pour la télévision le scénario d'un film éponyme (et qu'il s'appelait originellement en VF Bichette la Terreur) qu'il avait écrit et qui était sorti en 1992. Pas forcément satisfait du film (il y a de quoi) mais plutôt convaincu de l'intérêt de son idée, il réussit avec la FOX, voguant sur le succès dans le fantastique d'X-Files, à mettre la première saison en chantier et Buffy est diffusé sur la chaine WB, plutôt orientée djeun's, en 1997.

Plutôt prudent, seuls 12 épisodes sont produits pour cette première saison. Quelques éléments de mythologies sont posés : Angel, le vampire avec une âme, l'Observateur, la Bouche de l'Enfer. Et si qualitativement, les épisodes restent encore très "monstres de la semaine", l'ombre d'un grand mal, celle du Maître (un vampire bien vieux et bien puissant), plane toujours plus ou moins sur l'ensemble de la saison. Et honnêtement, difficile à première vue, de voir ce que cette série pouvait bien proposer de plus, au delà d'un sympathique spectacle télévisuel.

Et pourtant, le ver est dans le fruit. Sous couvert de légèreté et de monstres de la semaine, les thèmes abordés touchent directement et sérieusement le public cible sans jamais les parodier : la pression du groupe, les amours, les pulsions hormonales, la conformation ou non aux normes. Quoi d'autre ? Mais si ! Regardez bien... L'héroïne ? Une blondinette futile, du même genre que celles qui se font massacrer dans les films d'horreur, et pourtant puissante et mortellement dangereuse. Ses acolytes ? Une vraie bande de geek (un cancre, une intello, un bibliothécaire), plutôt middle-class et loin d'être juste des faire-valoir. L'acolyte du grand méchant ? Un enfant, certes vampire (le Juste des Justes), mais difficile pour le spectateur de ne pas être dérangé par cette image symboliquement contradictoire. Et alors qu'X-Files aura influencé une grande partie des séries produite après elle avec son gimmick une saison/un cliffhanger, Joss Whedon pose lors de cette première saison sa marque de fabrique de showrunner : une saison, une intrigue, une grande menace qui parcours l'ensemble de la saison et une fin ouverte mais pas trop, au cas où la série ne soit pas renouvelée, ce qui parmet de ne pas frustrer le spectateur.

Au terme de la saison, Joss Whedon ose même tuer son héroïne. Pour mieux la faire renaître certes, puis tuer le Maître et de clore ainsi la saison, bouclant l'arc narratif ouvert au premier épisode et évitant ainsi des questions sans réponse au cas où Buffy ne soit pas renouvelée. Mais là encore, cela aurait dû nous mettre la canine à l'oreille. Joss Whedon ne se refuserait rien, et même pas de tuer son héroïne. Et les six saisons qui vont suivre ne nous feront pas mentir.


20 août 2012

Sammy 2

Si j'adhère sans souci au message de l'affaire, dénonçant sans en faire trop la marchandisation du vivant, difficile en revanche de se satisfaire du reste, d'autant plus que ce Sammy 2 lorgne trop souvent, à l'inverse du premier volet, vers Nemo (l'intrigue rappelle largement dans ses enjeux et dans son découpage celle des aventures du poisson clown pixarien), sans compter les deux murènes gardes du corps qui nous rappellent trop souvent les compagnons d'Ursula dans La Petite Sirène.

Mais si l'animation n'avait pas été pensée à ce point pour la 3D, j'aurai pu passer un peu outre ces "détails". Vu en 2D, plusieurs séquences (en particulier celles de poursuite) sont ainsi indigestes, mal fichues et bien trop répétitives, comme si ces séquences avaient été pensées pour un cinéma dynamique d'un parc d'attraction plutôt pour un simple écran de cinéma. Et s'il s'agit ainsi de noyer une certaine platitude en terme d'histoire et d'animation (le premier m'a laissé un bien meilleur souvenir) sous le clinquant de la 3D, la ficelle est bien trop grosse et gâche d'autant plus l'ensemble. Car un bon film, qu'il soit visionné en en 2 ou 3D, reste un bon film, et ce n'est manifestement pas le cas.

Reste quelques moments sympathiques et quelques personnages secondaires savoureux (en particulier la langoustine doublée à merveille par Guillaume Gallienne) et un spectacle pas désagréable pour peu qu'on ait, par exemple, 3 et 5 ans et que votre père préfère 1h30 de cinéma moyen dans une salle pas très chère, confortable et pas trop climatisé un mercredi après-midi à la chaleur étouffante, plutôt q'un après-midi enfermée à la maison.

19 août 2012

Control

Parce qu'Anton Corbijn s'est attaché avant tout à raconter l'histoire d'un homme plutôt que d'iconiser un parcours artistique, Control réussit là où la plupart des biopic se plantent.

On pourra peut-être me rétorquer qu'à l'inverse d'un Johnny Cash, d'un Ray Charles ou d'une Edith Piaf, Ian Curtis a eu une carrière éclair. Mais je ne pense pas que cela soit si important. En optant pour le noir et blanc (illustrant l'ennui ambiant qui règne dans cette banlieue de Manchester, mais aussi la profonde dualité du personnage), en cadrant à merveille tout autant ses plans de transition que ses séquences plus narratives (Corbijn n'est pas photographe pour rien), en n'apposant jamais un regard sensationnaliste sur son personnage (sa maladie ne se transforme jamais en chemin de croix à l'écran), Corbijn  nous offre, pour son premier long-métrage, une histoire profondément humaine.

Jamais romantique ni nostalgique, mais plutôt lucide et magnifié par l'interprétation de Sam Riley, ce Control est bien loin des canons hollywoodiens bipopic-esques, ce qui fait sa force, et ce qui fera sans nul doute sa longévité. Et gageons aussi qu'il n'est pas nécessaire de connaître grand chose à Joy Division pour aimer le film, ce qui est peut-être, au final, l'une des plus grandes qualités de Control.

8 août 2012

Prometheus


Voilà typiquement le genre de film pourri par avance par le buzz. Annoncé déjà chef d'oeuvresque alors même qu'à peine 3 minutes avaient été tournées et vendu comme LA séquelle d'Alien, il était quasiment impossible qu'à la sortie de la dite péloche le soufflé ne retombât pas. Pas xénomorphophile intégriste, me méfiant de plus en plus du buzz, j'avais l'avantage certain de ne pas attendre grand chose, bien qu'agréablement intrigué par la qualité des images présentées par les teasers.

Oui, Prometheus n'est pas un chef d’œuvre, et oui il n'est assurément pas non plus la préquelle d'Alien tant fantasmée (tout en s'y référant largement). Loin d'un scénario exempt de défauts (deux trois ficelles un peu grosses et le personnage de Theron, intriguant au demeurant, aurait gagné à être un peu plus étoffé), Prometheus est pourtant un très bon film de SF. Rare film depuis Avatar à avoir su utiliser cinématographiquement la 3D (quelles séquences holographiques), Ridley Scott nous offre un spectacle visuel sans fausse note, une vraie intensité qui va crescendo, porté par un casting 4 étoiles (et particulièrement Fassbender et Theron) et une séquence hallucinante d'auto-césarienne qui restera, sans nul doute.

Alors oui, je me contente du fait que Prometheus soit juste un très beau film de SF parce que ce genre de film est plutôt rare. Et finalement, sans nier pour autant le cousinage évident entre Alien et celui-ci, faut-il véritablement que l'un explique l'autre ? Espérons dès lors que pour un possible deuxième volet Ridley Scott développe une mythologie SF libérée du poids des xénomorphes, car Alien sous le vernis de la SF est avant tout un immense film de terreur. Et Prometheus, dans sa forme et ses intentions, en est le négatif : faire de la vraie SF tout en hésitant pas à provoquer de la terreur.

5 août 2012

The Amazing Spider-Man


Mis en œuvre principalement pour éviter de remettre la licence sur le marché, ce reboot a en plus l'inconfort de passer derrière la trilogie récente et globalement réussie de Sam Raimi. Et 10 ans plus tôt, la pilule serait peut-être passée.

Malgré une volonté de ne pas se référer aux films de Raimi (quoique, certains plans semblent largement le citer, ou le plagier) et en reprenant entre autre des éléments de la BD non exploités précédemment, ce Tisseur pèche au fur et à mesure du film par manque d'intensité et de personnalité, le réalisateur semblant être submergé par ses effets visuels.

Passant aussi à côté de son méchant (que ce Lézard est laid !), de certaines bonnes idées (quid de ces flics transformés en reptiles ?) et de son teaser final, il se rattrape quelque peu grâce à une jolie relation Gwen Stacy/Peter Parker (le regard d'Emma Stone...) et un très beau couple en Ben et May Parker, incarnés à l'écran par deux superbes acteurs (Sally Field et Martin Sheen).

Pas vraiment amazing, pas honteux non plus, cet Amazing Spider-Man est plutôt anecdotique, et malgré un nom de famille collant au plus près du sujet, le réalisateur Marc Webb n'avait clairement pas les épaules pour.

4 août 2012

Nothing


Pre Scriptum : un grand merci au Dr Zoïdberg et à sa délicate compagne de m'avoir prêté leur DVD.

Rien que par le fait que ce film ait eu une sortie cinéma des plus discrètes alors que des croûtes infâmes et sans âme trustent les écrans, voilà le genre de film dont il faut parler, dont il faut acheter la galette, surtout que c'est le toujours intéressant Vincenzo Natali (Cube, Cypher et Splice) qui est derrière la caméra.

Film-concept (en somme, le rien est-il un sujet cinématographique ?) au principe de fait casse-gueule (mais n'est-ce pas le cas de tous les films basés sur un concept ?), Nothing, sans être parfait, arrive à offrir 1h20 joyeusement décalée en explorant toutes les facettes de son concept et de ses contraintes sans jamais lâcher au profit de ceux-ci ses deux personnages (dont le fidèle David Hewlett, que les fans de Stargate Atlantis connaissent bien), épatant duo de losers jamais magnifiés ni abhorrés par l’œil de la caméra.

Derrière le vernis de la comédie absurde, Vincenzo Natali ne nous offre pourtant pas un tableau sensiblement différent des relations humaines que celui qu'il dépeignait dans Cube, bien qu'ici la légèreté de ton fait un peu plus passé la pilule pessimiste.

Tout ça aurait tout de même mérité qu'on fasse un peu plus de bruit pour Nothing. Alors autant en faire à mon très humble niveau.

2 août 2012

The Dark Knight Rises


Il est difficile de reprocher à Nolan son sens du cadre, de la caméra et sa volonté de proposer du cinéma à la fois spectaculaire et cérébral. Mais ce qui pointait déjà dans les précédents volets du Dark Knight et qui sautait aux yeux dans le surestimé Inception, c'était le manque d'humanité, de sentiments, d'émotion, d'empathie. Tout semblait être coulé dans du béton armé, dans un réalisme chirurgical, formellement impressionnant mais humainement vide.

Et cet ultime volet de la saga Batman version Nolan est à ce titre une vraie surprise. Enfin, Nolan conjugue sa science du plan (et de l'arrière-plan), du découpage, de la composition avec, dans sa camera, une véritable empathie pour ses personnages qui transpire de la bobine.

Nolan propose certes une conclusion, mais tout d'abord 2h40 de cinéma extrêmement maitrisé et réfléchi, où Gotham en véritable personnage à part entière subit toutes les plaies étasuniennes (de la bomba atomique au 11 septembre), refusant la 3D (mais éblouissant les mirettes avec des plans IMAX), au casting sans faute et conservant jusqu'au bout la logique et le cadre qu'il a donné à son Batman.

A mon humble avis, ce Dark Knight Rises est tout bonnement le meilleur des trois, tout en étant de bout en bout indissociable des deux précédents films. Et peut être bien le meilleur Nolan à ce jour. Et, juste histoire de, si Michelle Pfeiffer sera à tout jamais Catwoman, Anne Hathaway fait une formidable Selina Kyle.

3 juin 2012

Le Chaperon Rouge


Twilighterie mâtinée d'un zeste de whodunit (qui tombe à plat), d'un soupçon d'Inquisition (Gary Oldman qui a rarement été aussi à côté de la plaque), d'un Moyen-Age carton-pâte et d'adolescence soapisée façon Hollywood, le Chaperon Rouge est une affreuse chose kitsch et boursouflée, qui me ferait presque vous recommander la vision du premier Twilight plutôt que celle de l'écarlate encapuchonnée.

Si Amanda Seyfried étonne toujours par sa présence à l'écran (quel regard tout de même), tout le reste n'arrive jamais à la hauteur même d'un Frères Grimm, tout ça manquant largement de cruauté, de perversité (un grand méchant loup ? Où ça ?) et avant tout d'un sens de l'esthétique. Car au-delà de l'indigence d'un scénario bien puritain, c'est la laideur visuelle (la séquence de danse, ridicule) qui fatigue encore plus nos mirettes, et qui pue à chaque plan la tentative de récupération du public de Twilight (les deux mâles rivaux semblent tout droit sortis du même moule que les duettistes twilightiens, et, tiens, comme par hasard, c'est la même réalisatrice aux commandes...). Donc bien évidement, le cinéma, dans ce genre de cas, on s'en fout un peu quand on produit ce genre d'horreur.

Mettez-moi juste la Miss Seyfried de côté, et jetez-moi tout le reste, la réalisatrice avec, dans les oubliettes du cinéma. Et offrez donc enfin à ce regard unique les rôles que ses beaux yeux méritent.

30 mai 2012

Robin des Bois, Prince des Voleurs (Mes Glorieuses 90's)


Rétrospective intime et absolument pas chronologique qui me voit réévaluer des objets cinématographiques de l'époque où je formais mon appétence pour le cinéma, on retrouve ainsi sous l'intitulé "Mes glorieuses 90's" ces films vus approximativement entre 1989 et 1999, 90's symboliques qui me verront construire ma cinéphagie, mon goût et mon sens critique, par le truchement des premières lectures de Mad Movies, de conseils paternels (bien avisés), de fréquentation assidue (pour tout et n'importe quoi) des cinémas de Montluçon (03) et particulièrement le défunt Cinémonde, de location sporadique de VHS, de Cinéma de Minuit et autres Cinéma de Quartier...

Je ne vous rappelerai pas ce qu'à l'aune de mon adolescence Kevin Costner représentait pour moi (cf. Bodyguard). Au delà du fameux plan embarqué de la flèche, de l'inventivité McGyver-esque trop cool du personnage de Morgan Freeman et du tube so 90's de Bryan Adams, ce Robin des Bois est avant tout ma première rencontre avec celui qui deviendra l'une de mes trognes de cinéma préférées : Alan Rickman. Plutôt flippant pour mes jeunes yeux, il m'inspira un certain dégout. Comme souvent lors de l'enfance, j'avais tendance à confondre acteur et personnage et ainsi que pour Luke Skywalker et Darth Vader, la sagesse de l'âge me permit de séparer le bon grain de l'ivraie.

Et ce que je peux vous dire aujourd'hui c'est que de ce Robin des Bois sans collant il ne reste bien que la prestation de Rickman. Bonne soupe à la croûte hollywoodienne, on assiste ainsi à un mélange improbable entre l'Agence Tout Risque (l'entrainement des villageois, typiquement A-Team), les Visiteurs (de trop nombreux gros plans semblent porter la patte de Poiré) et l'Arme Fatale (le fun en moins), avec un zeste de village d'Ewoks et une bonne dose d'anachronismes hollywoodiens de tous les instants (mais que vient faire la tapisserie de Bayeux dans le générique d'ouverture ?). Entre humour lourdingue, personnages stéréotypés, sans compter les révélations familiales du dernier acte (le frére de Robin, la mère du shérif), voilà un film qui pourrait ainsi servir de mètre étalon de la croûte hollywoodienne façon 90's. On trouvera quelques bien petites satisfactions en la présence de Michael Wincott dans son éternel second rôle de salaud, la prestation outrancière de Rickman (seule réussite réelle du film) et dans l'ambiance gothico-craspec de la tanière de la sorcière (toujours aussi repoussante celle-là d'ailleurs).

Morgan Freeman trouvera là le rôle de vieux sage qui lui paiera tous ses impôts pour la suite de sa carrière. Mary Elisabeth Mastrantonio sera pour la dernière fois au sommet de l'affiche et du box-office. Les deux Kevin se diront le temps d'un film encore qu'ils sont les rois d'Hollywood. Et Mel Brooks s'en moquera allégrement en 93. Bilan bien maigre (sauf peut-être pour Brooks) au final pour l'un des mega succés de 1991. Fait pas bon vieillir, hein ?

29 mai 2012

Bodyguard (Mes Glorieuses 90's)


Rétrospective intime et absolument pas chronologique qui me voit réévaluer des objets cinématographiques de l'époque où je formais mon appétence pour le cinéma, on retrouve ainsi sous l'intitulé "Mes glorieuses 90's" ces films vus approximativement entre 1989 et 1999, 90's symboliques qui me verront construire ma cinéphagie, mon goût et mon sens critique, par le truchement des premières lectures de Mad Movies, de conseils paternels (bien avisés), de fréquentation assidue (pour tout et n'importe quoi) des cinémas de Montluçon (03) et particulièrement le défunt Cinémonde, de location sporadique de VHS, de Cinéma de Minuit et autres Cinéma de Quartier...

20 ans après le gros carton que fut Bodyguard, qu'en reste-t-il ? A l'époque, mes yeux d'à peine 12 ans avaient été plutôt emballés, indubitablement séduits par... l'héroïsme d'un Kevin Costner alors au sommet de sa côte bankable. Forcément, avec les précédents Danse Avec les Loups et le Robin des Bois, il faisait partie de mes modéles d'héroïsme pré-adolescent. L'impassible, l'incorruptible classieux (quoique, dans le film qui nous intéresse ici, la chair est faible pour ce samuraï), ça résonnait encore à mes schémas encore un peu enfantins.

Il n'empêche que le couple Costner/Houston fonctionne plutôt bien (la séquence du rade country), ce chevalier blanc prêt à tout pour sauver ce magnifique vibrato (dommage que la bande-son vienne gâcher l'a capella final, le fameux I Will Always Love You). Et c'est d'ailleurs tout ce qui marche 20 ans après. Mise en scène plan-plan, oripeaux kitsch jusqu'à la variétoche, intrigue vaguement thriller mal dégrossie, au twist ridicule et un peu brouillon, tout ici est clairement fait pour continuer à offrir un boulevard succesful à Kevin et à ouvrir une belle autoroute direction la gloire du grand écran pour Whitney, et tout ça sans trop se fouler et mettre en danger nos deux têtes d'affiche, et surtout pas en offrant des seconds rôles (et surtout un méchant) un peu conséquents. Pas de bol pour eux, rien ne se passera vraiment comme prévu. En bref : inoffensif, daté et ennuyeux. A réserver aux ultras costneriens et houstonistes intégristes, uniquement.

28 mai 2012

Dark Shadows


Peut-être que Burton c'était mieux avant La Planète des Singes et Big Fish. Peut-être qu'au fond il a renié tous ses idéaux tordus. Peut-être qu'il ne refera jamais plus un Edward au Mains d'Argent. Mais pas de bol pour vous, je fais partie de quelques hurluberlus qui pensent que Big Fish fait partie de ses 5 meilleurs films. En revanche, nous nous accorderons surement tous pour dire que son Alice est une purge à faire réévaluer la Planète des Singes amplement à la hausse.

Mais maintenant que les présentations sont faites, passons à Dark Shadows. Et sans crier au chef d'oeuvre, voilà somme toute un bon Burton. Gardant l'esprit et la nature soap opera de ce qu'était Dark Shadows à la télévision US, Burton nous offre ainsi un vrai soap de 2h, avec force poses, regards, manigances, meurtres, sexe, rebondissements et grosses ficelles. Et passé à la moulinette burtonienne, on assiste tout de même à quelques scènes valant vraiment le détour, dont le feu de camp du vampire avec les hippies, et ils nous offre surtout une sacrée galerie de personnage sacrément bien campés, avec une mention spéciale toute particulière à Michelle Pfeiffer et Chloë Moretz, mais surtout une Eva Green qui vampirise allégrement l'écran dès son apparition.

Certes, pas de grand message sur la différence, pas de jeu de massacre extraterrestre, pas de grand freak façon Pingouin, ce n'est qu'un soap finalement. Mais Burton n'oublie jamais que le carburant d'un soap est fondamentalement sombre, pervers et tordu. Et rien que pour ça, ça rassure, et l'on se dit que tout n'est finalement pas mort avec Alice. Et c'est peut-être ça le plus important, non ?

27 mai 2012

Cosmopolis


La bande-annonce était bien alléchante, ambiance fin du monde avec d'un côté un Cronenberg semblant retrouver des aspects plus rentre-dedans façon Crash et de l'autre un Pattinson cherchant définitivement à trouver un peu de crédibilité après sa quadruple prestation d'endive fadasse dans Twilight.

Malheureusement, si Pattinson s'en tire plutôt avec les honneurs (on l'imaginerait presque en bâtard de Patrick Bateman), Cronenberg nous offre peut-être son film le plus ennuyeux de sa carrière. Pourtant, le lent voyage en limo effectué par ce yuppie détestable semblait convenir aux aspirations d'un Cronenberg mais, hormis au détour de quelques fulgurances (cette limousine, sous-marin étanche au monde, et les seconds plans, sous-exploités malheureusement) et quelques dialogues pas dénués d'intérêt, il ne se passe malheureusement pas grand chose : pas de choc, pas de trouble, pas de gène.

Et si l'on voit parfaitement l'objet dénonciateur du film (la dématérialisation de l'argent, le capitalisme fou, la froideur et l'inhumanité de tout ce système) à travers ce qui se passe dans cette limousine, Cronenberg échoue bien plus à nous faire aimer son film qu'à nous faire haïr le personnage de Pattinson. Ca craint.

4 mai 2012

Les Sorcières d'Eastwick


Si l'on voit bien que le point de départ est de mettre un bon coup de pied dans la fourmilière puritaine d'une petite ville calme et proprette, métaphore à peine déguisé d'une Amérique WASP s'épanouissant lors de ces 80's reaganiennes, on se rend compte aussi très vite que cette charge n'ira pas au bout de ses bonnes premières intentions.

Naviguant à vue dans cette bourgade d'Eastwick, George Miller semble avoir laissée la pédale d'accélérateur chez Rockatanski, tout autant qu'un scénario potable, qui laisse une tonne d'éléments sans réponse ou lance des pistes jamais vraiment exploitées (et en particulier en ce qui concerne ces fameuses sorcières), et qui lâche peu à peu ses intentions bravaches pour laisser place à une morale légèrement social-démocrate, pas vraiment républicaine mais loin d'être bien rentre-dedans. Sachant que plus le film avance, plus Nicholson, dans un de ses rôles typique fin 80's et les années qui vont suivre, est en roue libre (ridicule dans le dernier quart d'heure) et que Susan Sarandon perd tout charme à l'apparition de son brushing dans le plus pire style eighties, il ne nous reste guère que le regard éternellement troublant de Michelle Pfeiffer pour nous sortir un peu de l'ennui.

C'est à se demander quelle magie a bien pu opérer à l'époque pour que ce film ait un succès plus qu'honorable car ces Sorcières d'Eastwick, tout comme le lifting de Cher, ont à tout point de vue bien mal vieilli.

3 mai 2012

Enter The Void


Gaspar Noë a une vraie vision du cinéma, sa vision du cinéma. Un style âpre et léché, une volonté de dérouter, éventuellement de choquer, en tout cas de bousculer le regard du spectateur par des plans, des séquences, des cadrages qui choque le confort d'un oeil formaté.

Drame halluciné et labyrinthique, visuellement bluffant et inédit (dès le générique). Trip autour de la mort, la vie et l'oedipe également masturbatoire, trop souvent, et manquant d'émotions, là aussi trop souvent, le visuel époustouflant ne palliant pas ou rarement à ce vide.

Dès lors, on en vient à se dire que ça doit être génial un trip entre lsd et projection astrale. Sauf que celui qui ne fait que regarder s'ennuie rapidement.

2 mai 2012

Black Swan


En guise d'avant-propos, il faut savoir que le Lac des Cygnes me donne la chair de poule et me fait monter les larmes aux yeux dès que je l'écoute. D'où le fait que je pleure dès que je vois la fin de Billy Elliot. Vous me demanderez donc sûrement quel est ici, mis à part la musique, le rapport entre Billy Elliot et Black Swan. Aucun, bien évidement, et tout cela n'était donc qu'un avant-propos, expliquant peut-être les lignes qui vont suivre.

Alors que je craignais quelque peu une lourdeur dans le symbolisme, une froideur chirurgicale et masochiste de la caméra, un scénario cousu de fil blanc (et noir), je me suis fait happé par la mécanique implacable, le tourbillon d'images, d'émotions et de musique, le coïtus interruptus sans cesse renouvelé et amplifié que nous inflige Natalie Portman, les 3 autres rôles de femme (Mila Kunis, vénéneuse et ingénue à souhait, Lena Olin et Winona "Forget me not" Ryder) et l'impression d'avoir vu comme une sorte de Nina au Bal du Diable, un remake psychotique et hystérisée de Carrie meets The Bolchoï.

J'ai souffert avec Nina, j'ai pleuré avec Nina et j'ai évacué toute cette frustration et cette maîtrise dans un parfait mouvement final. Une catharsis ? Il me semble que ça y ressemble, oui.

1 mai 2012

Avengers


Après la qualité très variable des précédents films annonçant la réunion de famille, et sachant que cette même réunion fut décidé quelque peu sur le tard, réussir à lier tout cela tout en s'en démarquant relevait de la quasi mission impossible. Puis Joss Whedon arriva et et l'espoir apparu au bout du tunnel. Mais au final, a-t-il réussi ?

Serait-ce de par sa science de la gestion de personnages multiples acquise au cours des 7 saisons de Buffy ? Serait-ce grâce à sa connaissance et son travail fait avec Marvel autour de comics ? Serait-ce parce qu'il a eu les coudées franches ? Car, oui, Whedon, réussit à (re)lancer une franchise pas forcément bien barrée, et il le fait avec un talent fou. Autant sur le scénario qu'à l'écran, Whedon fait montre d'une maîtrise impressionnante, n'oubliant aucun personnage (tous ont leurs moments de gloire), ne les dénaturant jamais (voire, comme avec la Veuve Noire, leur donne enfin de l'ampleur), s'amusant avec eux au détour de répliques cinglantes (les vannes d'Iron Man sont de grands moments). Et, surtout, il n'oublie jamais le fait que ces Avengers sont une alliance improbable et fragile entre des "héros" ne partageant, à l'inverse des X-Men, que la préservation de leurs intérêts individuels.

Mis en valeur par un méchant, Loki, à la hauteur de leurs égos respectifs, ces Avengers crèvent l'écran et Whedon gagne enfin la reconnaissance du grand écran. Et il n'hésite pas à donner une leçon de cinéma d'action lors de la bataille finale, véritable mélange entre une guérilla urbaine et une guerre de tranchées, gérant à merveille tous les enjeux narratifs et visuels avec un sens de l'équilibre enivrant, là où un Michael Bay ne propose avec une séquence similaire dans Transformers 2 que déstruction priapique et hystérique.

Si Abrams, au parcours relativement similaire (à l'exception que Whedon a été moins couronné de succès après Buffy sur grand et surtout petit écran, malgré des œuvres exceptionnelles comme Dollhouse), est désormais bien installé autant sur petit que sur grand écran, gageons qu' Avengers permettra aussi à Whedon de connaître la même reconnaissance, au delà de geeks comme moi vénérant son whedonverse, et de lui permettre de poursuivre avec un deuxième Avengers annoncé (ne partez pas au générique de fin). Car le futur grand méchant promet.

9 avr. 2012

That's all folks (pour l'instant)


Pour des raisons qui ne regardent pas grand monde, je me vois dans l'obligation de mettre fin temporairement à ce blog. Désolé, et à bientôt, peut-être.

7 avr. 2012

Les Pirates ! Bons à rien, Mauvais en tout


Après un Mission : Noël de bonne facture, on ne pouvait qu'espérer un retour des studios Aardman aux bonnes vieilles méthodes qui ont fait leur gloire depuis 40 ans (la plasticine et la stop-motion) et qu'ils n'avaient plus mises en œuvre sur grand écran depuis l'excellentissime Mystère du Lapin-Garou en 2005.

C'est donc chose faite ici et, même si des plans en CGI ne sont pas absents, on ne peut qu'être impressionné par la qualité, le détail, l'ampleur de la tâche et le résultat à l'écran. Servi par une histoire qui fait la part belle à cet esprit gentiment frondeur (quelle reine Victoria), cet humour décalé sans jamais tomber dans la parodie bas de plafond (les abordages valent des points) et une BO au poil, Les Pirates ! nous offre 1h30 de divertissement de qualité, vraiment tout public au sens le plus noble du terme, et où les multiples références, semées ici ou là et qui ravissent des yeux comme les miens, n'empêchent en rien l'adhésion d'un public plus jeune.

On saluera aussi la qualité du doublage et le choix de l'acteur Edouard Baer, impeccable en pirate-réveur-loser indécrottablement optimiste, et bien que j'aimerais bien à l'occasion écouter la VO, qui ne nous propose rien de mieux que Hugh Grant, Salma Hayek, David Tennant ou Martin Freeman.

Inventivité (quelle scène de destruction de la maison de Darwin), rythme, personnages attachants, je reste toujours admiratif de ce que les studios Aardman sont capables d'offrir à nos regards, et l'on pourrait passer quelques heures à scruter tous les détails dans les arrières-plans. Ces Pirates ! raflent à coup sûr le butin du divertissement tout public à voir en ce printemps 2012. Et ces sacrés britiches ont bien raison de s'accrocher à leurs méthodes du siècle dernier car ils n'ont rien perdu de leur mojo.

30 mars 2012

Nous Sommes la Nuit


Voici, ci-dessus, un bel exemple de publicité mensongère, qui cette fois-ci nous viens d'Allemagne. Ca sent la décadence, le saphisme teinté de sang et de cuir, un gynécée vampirique prêt à bouffer du pauvre mâle sans détresse. Avec en toile de fond une capitale allemande haut lieu d'une vie nocturne haute en couleur.

Unbedingt nichts, comme on dit (a peu près) chez nos cousins teutons. Partant d'une bonne idée (il ne reste des vampires que les femelles, car elles se sont débrouillées pour tuer ou faire tuer tous les mâles, un peu trop mégalos à leur goût), le film arrive à faire du rien avec plein de départs d'intrigues qui ne sont jamais totalement exploités (la quête amoureuse de la chef de meute par exemple ou la vaginocratie qu'est devenu la société vampire) ou qui tombent vite à plat (l'intrigue policière), tout n'exploitant quasiment jamais le potentiel "capitale nocturne" de Berlin. Se plantant donc largement sur les ressorts scénaristiques, le film devient tout aussi lourdingue dans sa réalisation en particulier lors des scènes d'action où l'on retrouve l'inévitable branchouillerie nazebroque de la shaky-camera, qui rend bien évidement l'action nerveusement illisible.

Et bien qu'il joue largement et aguiche le client naïf avec une imagerie porno-lesbo-chic et décadente, Nous Sommes La Nuit arrive à être, dans le fond et la forme, presque plus puritain (et même 'acrément machiste !) que Twilight. Aucune tension érotique, aucun morceau de peau ou même un regard suggestif, aucune sensualité, aucune tension dérangeante, rien, nada côté fantasmomètre à se mettre sous la dent. Eros étant resté chez lui, seul Thanatos a le droit de cité finalement ; à croire que le réal et scénariste, plutôt que de nous offrir un gynécée sévèrement caniné furibard et désinhibée, préfère jouer à Yahvé et punir ces pécheresses d'être des fétardes, de mauvaises mères, des inverties, des jouisseuses. D'ailleurs, la seule qui s'en sort, c'est celle qui tombe amoureuse du flic et qui contient ses instincts, c'est dire...

Une seule et unique scène (très courte, à peine une minute), un émouvant suicide au lever du soleil, sort du lot. 1 minute de beau pour 104 d'ennui et de laideur, ça donne ainsi une idée de la qualité intrinsèque du film. Et quand bien même les grands classiques vampiriques sont présents (absence de reflets, jeux d'ombre, la lumière mortelle du soleil), le film est un ratage quasi complet, moche, ennuyeux, pénible. En bref : ein Film zu vergessen.

21 mars 2012

Retour sur... The X-Files (3ème partie : 1998-2000)


Après la Fin annoncée dans le cliffhanger du précédent season finale (The End, s5 ép.20) et la parenthèse cinématographique (1998) avec Fight the Future, quel visage, malgré le succés immense (à la télé tout du moins, bien que le film ne fut pas mal accueilli -plus d'1,5 million d'entrées en France - et fut bénéficiaire grâce à l'international), X-Files allait-elle proposer pour ce qui devait peu à peu nous emmener vers la conclusion d'une bonne partie de la série ?

Ce n'est en tout cas pas pour rien que la série s'ouvre sur The Beginning (s6 ép.01) et qu'elle effectuera, le temps d'un épisode (Drive, s6 ép.02), un long trajet de la côte est à la côte ouest. Car si en réalité la production de la série ne quitte pas la côte ouest (les tournages et la production se sont essentiellement déroulés à Vancouver pour les 5 premières saisons), elle démarre une nouvelle aventure du côté de Los Angeles. Et cela se verra clairement à l'image, et peut-être aussi dans les scénarios. L'humour et un peu de légèreté s'imposent beaucoup plus (on a, entre les épisodes 04 et 08 de la sixième saison, un quinte ravageur, drôle et plein d’auto-dérision, entre autre avec le dyptique Dreamland et l'énorme Michael McKean), moins de sombres forêts sous la pluie, plus de soleil et de lumière. Les scénaristes n'hésitent plus, non plus, à plonger dans les bonnes vieilles recettes des épisodes de Noël (le savoureux et touchant How The Ghosts Stole Christmas, s6 ép.06), du baseball (qu'ils mêlent à l'affaire Roswell dans The Unnatural, s6 ép.19), de la parodie d'émission de TV (X-Cops, s7 ép.12) ou de la mise en abyme avec le très cinématographique et ultra-référencé Hollywood A.D. (s7 ép.19), scénarisé et réalisé par Duchovny himself. On se délectera aussi d'Arcadia (s6 ép.15), jeu de massacre grinçant dans l'univers trop bien quadrillé des banlieues pavillonaires US.

Mais si la sixième saison fait ressentir un parfum de créativité (elle fait pour moi partie des trois grandes saisons d'X-Files, avec la troisième et la quatrième), la septième a tout d'un chant du cygne. Retour à des loners plus sombres, parfois aussi moins originaux (mais que demander encore au bout de 7 ans et plus de 120 épisodes ?), mais un peu d'amour aussi, car il n'y a plus vraiment de doute quant à la réalité du couple Mulder-Scully (All Things, s7 ép.17) et surtout fin d'un voyage pour Mulder, qui trouve la réponse au mystère qui l'a mu durant toutes ces années dans le plus bel épisode d'X-Files qu'est le dyptique Sein und Zeit/Closure (s7 éps.10-11, et que de larmes versées, encore aujourd'hui, par votre serviteur...). La boucle sera, d'une certaine manière, bouclée avec le season finale Requiem (s7 ép.22), se déroulant sur les lieux-même de la toute première enquête ; Requiem, qui porte si bien son nom et qui marque la fin d'X-Files version Mulder.

Pourquoi ne pas dire "qui marque la fin d'X-Files" tout court ? Je sais que certains (beaucoup ?) n'hésitent à voir dans ce Requiem la véritable fin de la série, avec le départ de Mulder. Mais ramener X-Files à la simple présence de Mulder est à mon avis un contre-sens, car X-Files démarre non pas avec Mulder, mais avec Scully. Elle est la pincée de vie, d'espoir dans la quête mortifère de Mulder, mais celle qui sera aussi, après sa disparition, son héraut. Finir la série sur Mulder ne serait donc pas raccord, ni logique. La série, à mon humble avis, ne pouvait se terminer qu'avec Scully. Et après 7 saisons d'amour inconditionnel, ce n'était pas la déception mais la curiosité, l'excitation qui m'habitait à l'orée de ce qui allait être l'ultime tour de piste de ce formidable freak show.



...à suivre et pour finir (ou pas ?) : X-Files (dernière partie 2000-2002)

19 mars 2012

Johnny Mnemonic (Mes Glorieuses 90's)


J'entame ici, avec ce film, une rétrospective intime et absolument pas chronologique qui me verra réévaluer des objets cinématographiques de l'époque où je formais mon appétence pour le cinéma. Sous l'intitulé "Mes glorieuses 90's", on y retrouvera ces films vus approximativement entre 1989 et 1999, 90's symboliques qui me verront construire ma cinéphagie, mon goût et mon sens critique, par le truchement des premières lectures de Mad Movies, de conseils paternels (bien avisés), de fréquentation assidue des cinémas de Montluçon (03) et particulièrement le défunt Cinémonde, de location sporadique de VHS, de Cinéma de Minuit et autres Cinéma de Quartier...

Le cyberpunk au cinéma a été (un peu) le pendant 90's du post-nuke 80's, transférant l'angoisse du retour de la guerre froide à celle de l'explosion cyber-technologique, et William Gibson (auteur ici de la nouvelle et du scénario du film) son "messie" littéraire.

Mettez ça sur le compte de moyens techniques en deçà de l'imagination, d'une relation ciné/technologie faisant penser à une course-poursuite façon Bip Bip et Coyote ou bien peut-être d'un univers trop dense pour être retranscrit à l'écran (j'ai des souvenirs éblouissants du Neuromancier du même Gibson), mais le cyberpunk n'aura jamais eu à l'écran (reste peut-être à s'entendre, et ce n'est pas gagné, sur ce qu'est le cyberpunk au cinéma) l'équivalent d'un Mad Max pour le post-nuke.

Ce qui ne veut pas dire que Johnny Mnemonic est un mauvais film. Ne serait-ce que par la présence de Gibson au scénario, toute la trame cyberpunk est là : basculement du tiers-monde vers les anciennes grandes puissances occidentales, congomérats industriels omnipotents, conspiration et technologie pénétrant jusqu'à l'intimité des êtres. Mais faute à un intrigue un peu trop ramassée, qui aurait mérité que ses éléments sous-jacents soient plus étoffées (ne serait-ce que le cadre géopolitique) et une réalisation efficace mais pas très inventive, on a avant tout l'impression de voir une bonne série B musclé et pas bête, mais pas plus. Reste tout même des CGI qui ont plutôt bien vieilli (les visions d'Internet sont assez inventives) et une galerie de seconds rôles qui font pour beaucoup à l'intérêt du film : Udo Kier, Henry Rollins, la belle Dina Meyer et surtout l'énorme Dolph Lundgren, dans un rôle halluciné (sûrement l'un de ses meilleurs) d'un Prédicateur psychopate. N'oublions pas non plus Keanu Reeves, qui nous sort une partition pré-Matrix, pas génialissime mais correcte.

Le message qui sous-tend le film restant d'autant plus étonnamment actuel, j'en suis ressorti plus agréablement surpris que prévu. Johnny Mnemonic ressemble à une espèce de document d'époque, un peu poussiéreux mais suffisamment conscient pour garder un certain intérêt.

29 févr. 2012

Star Trek : Nemesis


Dernier film mettant en scène l'équipage de Picard avant le récent reboot d'Abrams, Nemesis connait, encore aujourd'hui, des avis très partagés de la part des trekkies. Haine, incompréhension, amour, raillerie, variés sont les sentiments que procure ce film auprès des fans, quand ce ne sont pas des critiques quant au canon trekkien (certaines ne sont d'ailleurs pas dénuées de sens). Mais j'éviterai (sauf en commentaires) de développer ici les querelles techniques.

Je vous épargnerai ainsi 20 lignes minimum d'arguments et de contre-arguments (que vous pourrez retrouver, si ça vous intéresse, dans nombre de forum) mais, au risque de faire râler les puristes, Nemesis est sans doute le plus cinématographique des quatre film mettant en scène la next generation.

Enfin, on peut enfin se dire que l'on a ici à faire avec un film (mis à part la séquence un peu kitsch du mariage, au début), et les moyens qui vont avec, et non un téléfilm haut de gamme, ou un épisode rallongé. Nemesis a de la gueule, ne serait-ce que visuellement (on partait de très bas avec Insurrection). Et le scénario possède tous les éléments de tension, de doutes, d'initiatives et d'héroïsme, cette flamboyance, ce souffle épique qui faisaient parfois ou souvent défaut sur les précédents. Et mise à part la Reine Borg qui faisait exception dans Premier Contact (et Data était plus concerné que Picard), enfin Picard a un adversaire à sa hauteur, torturé et mégalomane (excellent Tom Hardy, futur Bane du Dark Knight Rises).

Alors oui, quand on est trekkie, on tique sur tel ou tel point. Mais moi j'ai été enfin emballé du début jusqu'à la fin par un film qui implique le Picard's crew. Et je dis bien jusqu'à la fin qui, si elle fait évidement plus que penser (et on peut aisément rapprocher Nemesis et la Colère de Khan) à la mort de Spock dans le deuxième, est celle qui fallait à cet équipage : un chant du cygne doux-amer, pourtant toujours et à jamais tourné vers là où l'homme n'a jamais été auparavant.

Des quatre derniers films, Nemesis est le seul qui ressemble de bout en bout à un film, et le seul qui ressemble à ce que j'attends d'un film Star Trek. Et tant pis pour les puristes.

28 févr. 2012

Star Trek : Insurrection


Que tous ceux qui conspuent L'Ultime Frontière, soi-disant le pire de tous les films Star Trek, jettent un œil à celui-ci. Si jusqu'à maintenant, l'équipage du Commandant Picard n'a pas ébloui le cinéma de sa présence, on se demande bien ici ce qui a motivé un tel film, et si surtout les auteurs se sont rendu compte du résultat final.

Effets spéciaux catastrophiques (affreuses séquences spatiales), méchant ridicule, intrigue qui aurait pu passer sur 40 minutes mais se délite sur la longueur d'un film, et toujours les mêmes personnages mis en avant. Pourtant, faire un film sur la prime directive (directive, dans l'univers de Star Trek, qui empêche tout contact et toute interférence avec une civilisation n'ayant pas encore un niveau technologique lui permettant le voyage en vitesse de distorsion, c'est à dire plus vite que la lumière) aurait pu donner quelque chose de fort. Mais là, non, rien, juste un ennui profond et une laideur visuelle (jusqu'à l'affiche) même pas digne de la série.

A éviter ou à oublier, je vous laisse le choix.

27 févr. 2012

Star Trek : Premier Contact


Pas le plus mauvais des Star Trek version Picard et consorts, on a du mal, tout de même, à être emballé tout au long du film. Scénario qui rappelle (un peu) le Retour sur Terre de Kirk et Spock, ne serait-ce que par le voyage dans le temps nécessaire pour sauver le monde, Premier Contact montre aussi que Moore, Braga et Berman, talentueux sur la série, n'ont jamais vraiment su la développer au cinéma. Peut-être n'était-elle d'ailleurs pas adaptable au cinéma ? En tout cas, les ficelles scénaristiques, présentes sur Générations et qui se maintiendront jusqu'à Nemesis, nous font parfois regretter leurs glorieux aînés : beaucoup (trop ?) de référence à la série, Picard reste systématiquement le héros du film, Data est le second mieux loti et les autres se partagent les miettes du scénario.

Même si ici, ces éléments se tiennent, et particulièrement de par le conflit et la haine de Picard envers les Borgs. Et ce sont d'ailleurs eux qui relèvent amplement le niveau et l'intérêt général du film, avec leur prise de pouvoir de l'Entreprise. Entre une Reine Borg (Alice Krige au top) particulièrement réussie et un Data plus que troublé (leur duo nous fait d'ailleurs nous demander si les androïdes rêvent de pin-up électriques...), ils écrasent l'intrigue terrienne un peu plan-plan.

Bien que les effets spéciaux soient réussis et la réalisation sérieuse, on a du mal à se dire qu'il y a ici plus qu'un téléfilm de luxe ou une honnête série B. Seul l'amateur de la saga, connaissant plutôt bien la série, peut y trouver un peu son compte, et sa dose de Borgs. Les autres s'en ficheront autant qu'un Klingon se fiche de la Petite Maison dans la Prairie.

22 févr. 2012

Captain America The First Avenger


Je n'attendais rien du Captain, loin de faire partie de mon panthéon Marvel. Et les films tournant autour des Vengeurs (Thor et Iron Man) ne m'ont jusqu'alors guère emballé. Si l'on ajoute à ça un super héros fleurant bon un patriotisme que je ne goûte guère et un Joe Johnston à la caméra, pourtant compagnon de route de Lucas et Spielberg, qui ne m'a jamais emballé en tant que réalisateur, dubitatif pourrait être aisément le mot définissant mon état d'esprit avant de visionner ce film.

Et c'est agréable d'être surpris comme cela. A comparer de ses précédentes réalisations (au hasard : Rocketeer, Jumanji et Jurassic Park III), Joe Johnston signe là sûrement son meilleur film. Jouant à fond la carte de l'aventure, de l'action et de l'héroïsme old school, sans jamais flirter avec la naphtaline d'un patriotisme rance et burné (le film détourne même de façon intelligente la propagande de guerre), il nous offre deux heures de spectacle rétro-futuriste divertissant, au sens le plus noble du terme. A ce titre, les effets spéciaux et autres CGI sont, à l'inverse d'un Thor ou d'un Green Lantern, là pour servir le film, offrir le cadre visuel adéquat, et pas juste pour en mettre plein la vue en essayant de masquer l'indigence d'un scénario.

Un héros très humain (Chris Evans, convaincant), un vrai méchant (Hugo Weaving, impeccable sous le masque du Crane Rouge), des seconds rôles solides (Tommy Lee Jones en tête), le film n'oublie pas non plus de se référer à la BD de Kirby, ne serait-ce que par la présence des Howlers, le commando qui suivra le Captain dans sa guerre contre Hydra. Et Joe Johnston se permet même de citer Indiana Jones (une réplique du Crane Rouge, rappelant la recherche de reliques dans le désert, ainsi que sa mort, assez proche de celle des nazis dans l'Arche Perdue) et Star Wars, dans une poursuite forestière à moto rappelant celle en speeder du Retour du Jedi.

Et si, à titre personnel, j'aurais largement préféré que le film se termine sur ce crash polaire (les 5 dernières minutes étant là uniquement pour faire le lien avec la réunion de famille que sera The Avengers), je ne boude pas pour autant mon plaisir. Honnête de bout en bout, Captain America m'a, et j'en suis le premier surpris, tout simplement conquis.

21 févr. 2012

Fringe, saison 3


Le salut de Fringe passait obligatoirement par une troisième saison réussie, après une seconde largement décevante.

Et cette saison tient toutes ses promesses. Exploitant joyeusement nombre de concepts SF excitants, et en particulier celui du monde parallèle qui occupe une bonne partie de cette troisième saison (difficile d'en dire plus sans spoiler), elle reste toujours cohérente et solide quant à sa mythologie. S'éloignant de plus en plus d'X-Files (qui peut encore comparer les deux séries ?) et de son univers paranoïaque, on est ici bien plus dans une SF quasi steampunk, où la suspension d'incrédulité fonctionne à plein régime.

Portée par un casting toujours impeccable (l'exploitation du principe d'univers-miroir leur permet ainsi de s'exprimer sur des registres très différents), soutenue par des effets spéciaux de haute volée et se terminant sur un cliffhanger particulièrement excitant, la troisième saison de Fringe redresse allégrement la barre et offre à nos yeux de série-phage la meilleure saison de SF télévisuelle depuis fort longtemps. Pourvu que ça dure encore un peu.

20 févr. 2012

Star Trek Generations


Six mois après la fin de la série Star Trek - The Next Generation sortait ce film, ayant pour objectif de poursuivre la saga Star Trek au cinéma avec la nouvelle équipe (qui en sept saisons avait réussi à trouver son public) tout en offrant à Shatner un dernier baroud d'honneur.

Sauf qu'en voulant absolument faire se réunir les deux capitaines, on en a oublié un peu Star Trek, Generations faisant la part belle à Picard et laissant des miettes au reste de l'équipage, quasi inexistant, et venu gratter à peu de frais un joli cachet. Une sous-intrigue sur Data et son éternelle recherche d'humanité peine à démontrer son utilité dans l'histoire, histoire qui elle-même patine largement, ne trouvant jamais le bon angle tout en essayant de flatter le trekkie avec quelques klingons et des références à la série.

Avec le potentiel du Nexus (un lieu où seul le bonheur compte et où le temps n'existe plus) largement sous exploité, des bonnes idées qui ne mènent pas à grand chose (l'espionnage via le viseur de LaForge) et un Malcom McDowell qui cabotine en méchant, il ne nous reste plus grand chose à nous mettre sous la dent, si ce n'est une intro très proche des longs-métrages précédents, avec un Kirk ne supportant pas sa retraite, et des effets spéciaux pas ridicule dont un impressionnant atterrissage de la soucoupe de l'Entreprise.

Au final, Star Trek Generations apparaît plus comme un bien ennuyeux téléfilm, à peine digne de la seconde série et loin aussi d'une bonne partie des précédents films. Largement oubliable en tout cas pour ce qui concerne la saga Star Trek au cinéma.

15 févr. 2012

Green Lantern


L'affiche est vilaine, hein ? Ca tombe bien, vous ne serez pas déçu en regardant le film, croisement improbable entre Top Gun et Ghost Rider, totalement conforme à l'esthétique de cette affiche.

Particulièrement laid visuellement (Thor est à côté un sommet de classe et de bon goût), il est tout aussi pénible à suivre, ennuyeux (des scènes d'action ? Quelles scènes d'action ?) et passant régulièrement à coté des enjeux super-héroïques, bien que se voulant moqueur (l'autre super-green héros, côté frelon, a été bien plus malin et ambitieux) mais se référant tout autant au glorieux anciens (ne serait-ce pas Superman que je vois débouler sur le balcon de la belle). Ne prenant jamais au sérieux son héros, tout se dégonfle, y compris le trauma initial (la mort du père, sommet risible de sadisme), et tout ça pas aidé par un faiblard super-méchant et son side-kick (malgré lui) jaloux et revanchard. Même l'utilisation de l'anneau et ses possibilités infinies ne sont pas exploités.

Le casting aurait pu sauver un peu le tout (Tim Robbins, la jolie Blake Lively en brune, Mark Strong), mais là non plus il n'y a pas grand chose à sauver, faute à des personnages plats et inconsistant, Ryan Reynolds remportant aisément la palme de la fadeur.

Bref, tout ça manque cruellement d’héroïsme, d'imagination, de finesse. Green Lantern rejoint ainsi sans problème Ghost Rider dans le club trop peu fermé des purges super-héroïques et malheureusement, comme suggère l'image finale, un suite se profile à l'horizon...

14 févr. 2012

The Descendants


Avec un personnage principal qui ne relève pas forcément du commun des mortels (riche avocat, héritier et curateur des biens d'une riche lignée de bourgeois hawaïens), Alexander Payne nous plonge avec finesse dans un parcours du deuil auquel tout le monde peut se raccrocher, entre hébétude, colère, secrets, lâcheté, courage, sans jamais céder au sensationnel. Malgré Hawaï (le seul plan réellement spectaculaire l'est de manière appropriée), malgré cette femme qui ne vit que grâce à des machines, malgré Clooney (d'ailleurs, dire qu'il va ici à l'opposé de son statut hollywoodien est quand même nier une partie de sa filmographie), c'est une histoire à laquelle on se rattache car tout la mise en scène tend vers l'humanité, vers l'universalité des émotions évoquées.

Porté évidement par un Clooney impeccable (l'un de ses meilleurs rôles), mais aussi par un trio de gamins excellents (Shailene Woodley, Amara Miller et Nick Krause), Alexander Payne nous offre un très beau film, juste, délicat, drôle et touchant. Surement un incontournable de ce début d'année.

13 févr. 2012

Serial Noceurs


Sans nul doute la comédie du siècle, tout simplement.

Non, je rigole. Si le postulat de base est pas mal trouvé (deux mecs squattent la saison des mariages avec classe pour choper de la gonzesse), ne vous attendez pas à voir la sainte institution de l'union maritale mise en pièce. Comme beaucoup de comédies dans ce genre-là, elle démarre sur les chapeaux de roues (la séquence frénétique de l'enchainement des mariages est excellente) et finit plutôt pantouflarde, sans parler des clichés dont l'exploitation à l’écran est un peu embarrassante : le blondinet est un grand romantique au fond (Owen Wilson pas dans son meilleur rôle, plutôt niais et fade) et le grand brun costaud est un bourrin au grand cœur. Et je ne cite que les plus flagrants.

Reste tout de même un Vince Vaughn impeccable, des seconds rôles gratinés (Chris Walken et Bradley Cooper, excellents) et un week-end chez le ministre des finances qui offrent quelques scènes assez drôles. On passe un moment pas désagréable, on rit et on oublie. Pour une pop-corn comédie, c'est déjà pas si mal.