29 sept. 2009

Entretien avec un Vampire


Ce film a une saveur particulière pour moi. C'est en effet lors de la projection de celui-ci au cinéma Le Palace à Montluçon que j'ai roulé ma première pelle, je devais être en cinquième ou quatrième. Vous allez me dire : "mais que vient foutre cette anecdote personnelle dans une chronique de film ?" et vous n'auriez pas tort, mais vous me comprendrez peut-être un peu plus loin.

Ce film, je l'ai vu depuis au moins quatre fois. Plutôt respectueux du travail du réalisateur Neil Jordan (le chef d'oeuvre La Compagnie des Loups, The Crying Game), amateur des romans d'Anne Rice (elle signe le scénario du film) et toujours enchanté à l'idée de voir un film de vampires, ce film m'avait jusqu'à aujourd'hui toujours emballé : décors, costumes, photo (travail impeccable de Philippe Rousselot, grand chef-op' parmi les grands), scénario, réalisation et la reprise de Sympathy for the Devil par les Guns & Roses.

Jusqu'à sa vision il y a de ça deux ou trois jours sur Arte, rien ne me prédisait un changement d'attitude envers ce film, qui, sans souci, aurait figuré dans mon top10 des films de vampires, et mon top5 des souvenirs marquants de cinéma (la première galoche).

Mais peut-être l'avez vous remarqué, il manque quelque chose dans mon énumération : les acteurs. Ce n'est pas Kristen Dunst, dans un premier grand rôle difficile et qui s'en sort haut la main. Ce n'est pas Tom Cruise, qui incarne un Lestat haut en couleur, décadent, sans surjouer et avec une grande justesse et Neil Jordan de nous démontrer que Cruise peut (pouvait ?) être un excellent acteur à condition d'être correctement diriger (et il y aurait d'autres exemples qui pourraient étayer ceci). Ce n'est pas Christian Slater ou Stephen Rea (un fidèle de Neil Jordan), ce dernier incarnant impeccablement un vampire parisien fou et pervers, et qui nous fait un très réussi numéro de pantomime en face à face avec Brad Pitt.

C'est justement avec lui, Brad Pitt, que le bât blesse (et Antonio Banderas un peu aussi, avec des reproches similaires aux deux acteurs). Cela m'a sauté aux yeux. Il passe à coté de son rôle tout le film, surjouant le romantique exacerbé, devenant irritant autant que Louis irrite Lestat pour les mêmes raisons. Il fait le Brad Pitt détestable de Légendes d'Automne, le jeune premier aux cheveux longs, aussi longs que ses idéaux humides tel ses yeux pleins de colère et de regrets permanents. Louis chouine tout le film, et Brad Pitt sur-chouine et essayant de faire Louis qui chouine. Ca m'a gonflé. Et ça m'a presque gaché cette énième vision, et je sais que désormais ce film ne pourra plus être dans mon top10 des films de vampire (mais reste dans mon top5 avec la galoche et tout).

D'où le retour sur l'anecdote du départ. Il y a des films qui ne devraient rester dans notre tête qu'en tant que souvenirs, et dont un cerbère intime devrait nous garder de (trop) les revoir, comme ces films que l'on voit enfant et que l'on trouve géniaux à cette époque, sans pour autant savoir ce qui les rendaient si géniaux en les revisionnant 20 ans plus tard. Si je n'aime plus autant ce film qu'avant, il reste tout de même (comme quelques autres) intimement lié à mon histoire à mes premiers émois, et c'est aussi ça le cinéma.

23 sept. 2009

9 Songs

"69 minutes de sexe et de rock n'roll". Les publicitaires sont, une fois n'est pas coutume, des cons. Tagline racoleuse, qui donnerait à penser que le spectateur va voir pendant 69 minutes un enchevêtrement de coïts divers et variés sur fond de guitares brailleuses et débrayées.

Non, 9 Songs n'est pas ce film porno-rock que l'affiche, et surtout sa tagline, essaie de nous vendre. Ceux qui vous parleront de ce film en ces termes n'ont pas vu le même que moi.

C'est une histoire d'amour entre Matt, un anglais, climatologue et amoureux de l'Antarctique, et Lisa, étudiante américaine. Une histoire d'amour passionnelle, passionnée, violente parfois. Une histoire d'amour qui va se consumer aussi vite qu'un concert de rock, le genre d'histoire qui ne peut durer malgré le rapprochement intense des corps.

Pourquoi se poser alors la question de la pornographie pour ce film ? Si la pornographie n'est que le fait de montrer à l'image de actes sexuels non simulés, alors oui ce film est pornographique. Mais cela ne dit rien du film. Michael Winterbottom filme là finalement la réalité et la crudité de cette passion amoureuse entre Lisa et Matt, et si les séquences de concert sont là, c'est surtout pour souligner leur seul véritable point commun, les concerts, la seule chose qui les tient ensemble à part le sexe. Matt, qui narre aussi ce film, en est rapidement conscient, malgré l'attachement qu'il porte à Lisa, celle-ci semblant parfois perdue, à coté de ses pompes, à la fois provocante et désemparée. Une passion amoureuse est faite de sexe, indéniablement. Nier cet aspect n'aurait rendu le film que plus creux. Le fait que ces scènes ne soient pas simulées n'est qu'un épiphénomène.

Peut-être me trompe-je ? Peut-être est-ce juste un boulard auteurisé façon John B Root ? Je n'y ai vu pourtant, et n'y vois toujours, qu'une caméra sincère et finalement pudique, des acteurs touchants et vrais dans l'expression de leurs sentiments et un film ayant saisi comme peu auparavant l'essence de cette histoire d'amour orageuse et éphémère.

22 sept. 2009

L'Affaire Jane Eyre


Amateurs des romans de Douglas "H2G2" Adams, ceci est fait pour vous ! Premier roman du britannique Jasper Fforde, et première aventure de la détective littéraire Thursday Next, nous voici dans une Grande-Bretagne des défenseurs du surréalisme meurent dans des attentats, o eù les tenants de Francis Bacon vouent une haine sauvage aux défenseurs de Shakespeare et où le royaume de sa Majesté est toujours embourbé dans le conflit de Crimée avec la Russie, quant à elle toujours tsariste.

Joyeusement délirant, et pourtant d'une sévère érudition littéraire, voilà un livre qui fait rire et qui passionne, auquel on s'attache et dont l'univers est fait pour titiller notre imagination. Il semble que 5 aventures de Thursday Next aient déjà était publiées en France, et qu'une sixième est en préparation pour 2011.

A voir aussi, le site de l'écrivain, in english of course. Sans commentaires.

21 sept. 2009

True Blood, saison 2


La première saison semblait nous promettre beaucoup (j'en ai parlé un peu là). Enfin la télévision pouvait se targuer d'avoir produit une série digne du vampirisme. Attention, ne vous mèprenez pas, étant plutôt un grand fan de Buffy et d'Angel, je ne les vise pas spécialement, mais il faut bien avouer que pour ces deux séries (avec cependant un esprit déjà plus dark&deadly pour Angel) le vampire est un prétexte plutôt qu'un sujet scénaristique. X-Files, y compris, n'a que survolé ce thème en deux épisodes seulement (sur 202), un en deuxième saison (3, épisode 7 saison 2, qui n'est pas une franche réussite) et un en cinquième saison (Bad Blood, épisode 12 saison 5, qui en revanche est assez réussi et hilarant, et qui doit aussi beaucoup à la présence de Luke Wilson).

Comme je disais, la première saison de True Blood semblait nous promettre beaucoup : sexe (beaucoup), sang (beaucoup), créatures (métamorphes, télépathes), moiteur des bayous de Louisiane, sorcellerie, religion, trahison, secrets, meurtres, tortures, drogues (le V, drogue faite avec du sang de vampire), et surtout ces vampires dont le TruBlood (substitut d'hémoglobine en vente libre) permettait d'apparaître au grand jour, si je puis me permettre, ou du moins d'afficher enfin leur existence réel, dans une Amérique qui ne semble pas vraiment très obamienne. Si les personnages étaient déjà bien plantés (Bill le Vampire et Sookie Stackhouse la télépathe, Jason son frère, Tara la meilleure amie, Sam Merlotte le patron de Sookie et accessoirement métamorphe, et quelques autres dont Lafayette et l'inspecteur Bellefleur), plusieurs points en fin de première saison nous donnaient l'eau à la bouche, sans pour autant approfondir : le système, apparement féodal, d'organisation des vampires, l'existence d'autres métamorphes en question et surtout la guerre froide, par média interposés, que se font fondamentalistes chrétiens de La Communauté du Soleil et lobby pro-vampires.

La seconde saison démarre exactement là où s'est arrêté la deuxième et il semble ainsi que la créateur de la série Alan Ball (Six Feet Under) est décidé d'organiser ses saisons de cette manière : 9 à 10 épisodes traitent de la trame principale et les 2 ou 3 derniers mettent en place la trame de la saison suivante. Du coup, il convient de se remettre un peu dans le bain de fin de la première saison pour se remettre en selle, mais comme pour la première, la série arrive à nous accrocher dès les premières images. D'ailleurs, pour ceux qui ne la connaissent pas encore et pour vous donner un avant-goût de l'esprit de la série, voici son générique, qui a la grande qualité de résumer parfaitement le cadre (God Hates Fangs annonce une image du générique, Dieu hait les suceurs de sang...), l'ambiance dans laquelle macère cette série. I wanna do bad thing with you...

Ce vers quoi tend cette deuxième saison est casse-gueule : multiplication des personnages (en cela la vie de Bon Temps nous est de plus en plus familière), donc des mini-intrigues, deux intrigues principales (une dans la société des Vampires à Dallas, une à Bon Temps, petite bourgade de Louisiane, lieu principal de la série, et aussi un espèce d'étonnant point de convergence de créatures surnaturelles), beaucoup plus de sexe, de sang et de débauche. Mais pour quiconque a un tant soit peu jeté un œil au travail d'Alan Ball sur Six Feet Under sait que celui-ci ne peut se contenter de 4 ou 5 personnages et qu'il aime travailler avec l'excès (mâtin, quelles bacchanales, et c'est le cas de le dire, sans trop en dévoiler), afin de montrer tous les travers de ce qu'il veut dénoncer.

Et c'est précisément le fait religieux intégriste, ou tout bonnement l'intégrisme (une quête de pouvoir comme une autre, avec Dieu ou la race supérieure comme prétexte), qui s'en prend plein la gueule dans cette deuxième saison, avec une charge redoutable et outrancière, et pourtant d'une grande finesse, contre les fondamentalistes chrétiens (quel couple d'ailleurs, les Newlin, grands apparatchiks de la Confrérie du soleil, et remarquablement interprétés, dans toutes leurs contradictions et leur hypocrisie). La quête de pouvoir des vampires, cherchant soit la guerre soit à tirer les ficelles dans l'ombre (un esprit de mafia semble régner parfois), n'est pas mieux lotie, quoiqu'un personnage va apporter pourtant un éclairage et une vision nouvelle, mais sera-t-elle suivie, rien n'est moins sûr. Enfin les pèquenots et leur étonnant syncrétisme, fait de bribes de Bible et de nationalisme biberonné au respect de la Sainte Constitution et de la propriété privée, y sont aussi férocement croqués (sans jeu de mots), et Jason Stackhouse (Ryan Kwanten, endive fadasse dans l'affreux Summerland, trouve ici un rôle exceptionnel) en est le porte-drapeau : sometimes, you need to destroy something to save it. It’s in the Bible. Or the Constitution, dit-il dans l'avant dernier épisode. Ce qui vous donne un aperçu de l'intellect du personnage, pourtant touchant et attachant au demeurant.

Il y a pourtant de l'amour qui fleurit ici ou là, et nous avons été particulièrement touché par la jolie histoire qui s'écrit entre cette jeune vampire, Jessica (engendré par Bill, le vampire de Bon Temps, dans la première saison), et Hoyt, un collègue de Jason, bloqué à la maison par une mère castratrice, sans oublier, l'indéfectible amour que porte Sookie à son Bill de vampire, ce malgré la pression d'un collectif vampire, et de raisons supérieurs qui ignorent l'amour. Sookie (toujours irrésistible Anna Paquin) reste le véritable rayon de soleil de cet univers, touche de rose, de jaune et de pastel dans un univers noir, sombre, et uni. Touche d'humanité apporté aussi par le touchant Lafayette, plus si fier que dans la première saison. Un personnage prend aussi beaucoup d'ampleur dans cette deuxième saison, alors qu'il était à peine esquissé dans la première : Eric Northman. Vampire troublant, manipulateur, joueur, pince-sans-rire, touchant aussi, il semble être plus qu'il ne le fait voir, et Sookie semble être sa cible, pour une raison encore floue.

Mention spéciale aux scénaristes pour les libertés qu'ils prennent (quel intérêt d'injecter de la morale dans une série sur les vampires ?), nous offrant parfois des scènes surréalistes (je rêve de jouer au Yatzhe avec la reine vampire de Louisiane) ou d'une grande folie (les bacchanales, j'y reviens, sont telles qu'on ne les avaient jamais montrées, surtout à la télévision, à part peut-être dans le Caligula de Tinto Brass), mais ne sont pas juste là pour choquer ou faire rire. Elles donnent à cet univers de True Blood une véritable assise dans la cohérence et la véracité, une logique propre, qui pourtant, à y regarder de plus près, n'est pas si éloignée de la nôtre.

Alan Ball réussit donc haut la main sa seconde saison, et on ne peut qu'être impatient d'être à l'année prochaine pour retrouver tout le petit monde de Bon Temps. Grande série, sans aucun doute, et un vrai jalon dans les représentations TV/Ciné du mythe du vampire (j'aurai voulu que Twilight n'existe pas). Peut-être, et pour paraphraser Mariaque à la fin de sa dernière missive, ce qui est arrivé de mieux au mythe depuis 20 ans.

18 sept. 2009

My jukebox monthly (septembre 2009)

Petite évolution du jukebox mensuel, en plus de la sélection de titres je proposerai désormais les 3 ou 4 disques (par leur pochette) qui tournent en boucle sur ma platine. Et je ne commente plus. Un vrai jukebox en somme.





Placebo - Speak in Tongues (Battle for the Sun)
Muse - Uprising (The Resistance)
Benjamin Biolay - Novembre Toute l'Année (Rose Kennedy)
New Order - Crystal (Get Ready)
Blur - Country House (The Great Escape)
Fatal Bazooka - Auto-Clash ( T'as Vu ?)
Primus - Electric Uncle Sam (Antipop)

15 sept. 2009

Des livres et moi

Tagué il y a de cela un petit moment par un aimable Bibliothécaire et fidèle lecteur de surcroit, et en attendant que je finisse les saisons 2 de True Blood et 3 de ST-TNG (et que je scanne des couvertures de bouquins que je ne trouve pas sur Google), je me décide enfin à m'atteler à ce petit questionnaire autour des livres.

- Plutôt corne ou marque-page ?

Définitivement corne pour les livres qui m'appartiennent car je suis victime régulièrement de la malédiction du marque-page volatile, mais pour les livres empruntés j'utilise un marque-page, et dans ce cas bizarrement le marque-page reste à sa place.

- As-tu déjà eu un livre en cadeau ?

Oh que oui, et cela fait partie de mes cadeaux préférés (avec les CD/vinyles et DVD). Le dernier en date est l'ardu et à mon goût inégal La Voix du Feu d'Alan Moore, ainsi que l'excellentissime American Gods de Neil Gaiman. Et puis aussi quelques vieux poches et des Saint pour ma collection.

- Lis-tu dans ton bain ?

Pour des raisons techniques, je ne peux vivre cette expérience n'ayant qu'une douche (au deumeurant très agréable). Mais j'ai déjà essayé, plus jeune chez mes parents, et cela ne m'a guère convaincu. Je suis plutôt lecteur en lieux d'aisance, et grand défenseur de ce mode de lecture, en sachant que j'y lis plutôt revues (Spirou, Fluide Glacial, Mad Movies, Siné Hebdo) que romans.

- As-tu déjà pensé à écrire un livre ?

Oui, plusieurs tentatives qui n'ont mené qu'à quelques chapitres. mais actuellement, je suis sur la fin de l'écriture d'un roman qui ne connaitra qu'un seul exemplaire, exclusivement pour ma chère et tendre. En revanche, j'ai eu plus de réussite question nouvelles (qualitativement parlant) ; j'en ai quelques unes dont je suis déjà plus fier que mes tentatives de romans.

- Que penses-tu des séries en plusieurs tomes ?

Je ne sais pas si cela vient de mon amour des séries, ou de l'esprit serial que j'ai découvert sans le savoir avec Star Wars, ou parce que je suis atteint de collectionnite aigüe ou juste parce que j'ai lu très tôt Le Seigneur des Anneaux, mais vu le style de littérature que j'ai lu en majorité (SF et fantastique) à une certaine époque (je me suis un peu ouvert depuis), j'adore ça : H2G2 (la seule trilogie en 5 volumes), Harry Potter, Dune, La Tour Sombre (Stephen King), Imajica (Clive "Hellraiser" Barker), et aussi des romans que Librio avait publié en épisodes comme La Ligne Verte de King ou Les Derniers Hommes de Pierre Bordage. Voici en tout cas les plus marquants pour moi.

- As-tu un livre culte ?

J'ai véritablement quelques auteurs cultes : Philip Kindred Dick, Chuck Pahlaniuk ou Barjavel. J'ai beaucoup de livre de chevets (qui font l'objet d'une rubrique de ce blog) ou fétiches comme la Chute de Camus. Beaucoup de ces livres sont en rapport avec leurs auteurs, étant un lecteur assez fidèle aux auteurs que j'apprécie. Mais je doute d'avoir un livre culte, de la même façon que j'ai des films ou des séries cultes. Je suis aussi un grand lecteur de Michel Foucault, dont le propos, que ce soit sur les classes dangereuses (délinquants ou fous) ou la sexualité sont toujours d'un à-propos presque inquiétant. Je conseille particulièrement Surveiller et Punir, en précisant que ce n'est pas d'une lecture simple au premier abord, mais qui est d'une richesse rare pour l'intellect.

- Aimes-tu relire ?

A de très rares occasions (ces occasions étant le plus souvent dûs à un grand enthousiasme ou profond amour pour le livre en question), ou pour mieux comprendre un livre que je n'ai pas compris, le dernier exemple étant Monstres Invisibles de Pahlaniuk, qu'il faut vraiment que je relise vu que je n'ai pas compris grand chose. Il y a un livre que j'aimerais particulièrement relire, c'est une énorme Bob Morane qui s'appelle Ananké, et j'ai le souvenir, en lisant, de me dire que cela ferait un excellent matériau pour un film d'aventure/fantasy.

- Rencontrer ou pas les auteurs que l'on a aimés ?

Jamais eu l'occasion, et je ne suis pas sûr que je serais très à l'aise : quoi leur dire ?

- Aimes-tu parler de tes lectures ?

Oui mais j'ai souvent le sentiment de ne pas réussir à retranscrire mon plaisir en mots.

- Comment choisis-tu tes livres ?

Leurs auteurs tout d'abord, j'aime avoir l'ensemble d'une œuvre, et pour les autres le quatrième de couverture, lié à un titre qui accroche (c'est entre autre ma méthode pour la collection de vieux titres de SF en poche que je me fais actuellement), et plus rarement une critique intéressante écoutée à la radio.

- Une lecture inavouable ?

Aucun Harlequin à mon compteur à ce jour, et j'assume tout, des Livres Dont Vous Etes Le Heros à Amélie Nothomb, en passant par Les Onze Mille Verges, Shakespeare et Histoire de la Folie à l'Age Classique.

- Des endroits préférés pour lire ?

Le lit, un bon fauteuil ou les toilettes.

- Lire et manger en même temps ?

Je n'arrive pas à faire autre chose quand je lis.

- Livres empruntés ou livre achetés ?

Je suis très possessif avec mes livres, je suis quasi exclusivement acheteur et surtout collectionneur.

- As-tu déjà abandonné la lecture d'un livre ?

Oui, pour moi les 50 premières pages sont décisives pour la poursuite ou non de la lecture. Je suis aussi adepte du "j'attaque un livre, le laisse, en attaque un deuxième, puis y revient, etc..."

- Tu tagues qui ?

Personne

- Pourquoi ?

Ceux que j'aurais pu tagué ont déjà fait ce questionnaire.


12 sept. 2009

United States of Tara, saison 1

Tara est une mère de famille, artiste peintre, 2 ados, un mari paysagiste, une sœur, des parents casse-couilles, une vie bien remplie en somme. Sauf que Tara, suite à un traumatisme indéterminé, est atteint d'un trouble mental appelé trouble dissociatif de l'identité (autrement dit elle partage sa cervelle et sa vie avec d'autres personnalités), ce qui multiplie, pour elle et sa famille, les soucis.Nous arrivons à un moment ou Tara a décidé, pour essayer de retrouver un semblant de vie, de stopper tout traitement neuroleptique, sachant pertinemment que cela va faire réapparaitre les autres personnalités et les désagrément qui vont avec (particulièrement l'incapacité pour Tara de se souvenir de quoi que ce soit lorsqu'une de ses personnalités fait ou dit quelque chose). Ses personnalités sont au nombre de trois : Alice, ménagère très 50's et fervente croyante, Bud, vétéran du Vietnam amateur de bowling et de pornos, et T., ado de 16 ans délurée, sans gène et très portée sur la gaudriole.

Et voici peut-être l'une des toutes meilleurs séries de cette année. Sur le même format que Californication (d'ailleurs ces deux séries sont diffusés sur la même chaine aux USA), c'est à dire des dramas de 25 minutes (format sitcom) et saison d'une douzaine d'épisodes, voici, au delà de l'aspect spectaculaire du principe (ce trouble mental est toujours une aubaine pour les scénaristes TV ou cinéma), le portrait d'une famille américaine (car Bud, T. et Alice font partie intégrante de la famille) qui navigue à contre courant de l'archétype de la sitcom familiale : on retrouve ainsi un peu l'esprit frondeur, athée d'une famille à la Malcolm in the Middle, avec ce lien, ce respect et cet amour qu'il y a entre tous les membres de la famille.

Le casting est impeccable. S'il convient de souligner la partition exceptionnelle (aucun intérêt de regarder cette série autrement qu'en VO, ne serait-ce que pour les changements de voix des différentes personnalités) de la non moins exceptionnelle actrice qu'est Toni Collette (l'inoubliable Muriel, Sixième Sens, Pour Un Garçon) qui tient là peut-être le big rôle de sa carrière, les autres (dont John Corbett, vu aussi dans Sex & The City en Aidan, l'un des flirts les plus longs de Carrie Bradshaw) sont loin de faire de la figuration, et grâce à la qualité d'écriture de la série, cela n'est pas un Toni Collette Show.

Difficile d'en dire plus sans spolier la trame de cette première saison, j'attends ainsi avec une certaine impatience la suite qui, je l'espère, ne va pas tomber dans le piège "toujours plus" question personnalités. Dans la série des petits plus qui rendent le spectacle encore plus agréable, il est à noter que la série possède un générique original et particulièrement joli, très colorée, présentant les personnalités de Tara en peinture façon pop up, et des musiques de qualité, qui doivent beaucoup au fait qu'elle soit produite par Dreamworks, la boite à Spielberg/Geffen, et c'est ainsi que l'on retrouve, pour mon plus grand plaisir (c'est l'un de mes groupes préférés), Eels à trois reprises sur la saison dont le premier et le dernier épisode.

De l'humour, de la parole libre, de l'émotion (magnifique séquence, épisode 7-Alterations, où Bud s'occupe de la sœur de Tara à la sortie d'une opération de chirurgie reconstructrice), il y a tout ça dans chacun des 12 épisodes et plus encore car il y a une vraie fraicheur dans cette série, sans pathos mais capable de gravité, sans angélisme ni volonté de normation et qui nous montre surtout que le freak peut faire, un peu, le bonheur.

11 sept. 2009

Pushing Daisies, saison 1


Ned (le gars à la cravate) a, en plus d'être un excellent patissier, un truc : il ranime les morts en les touchant. S'il retouche le macchabée, il reclamse. Le problème est que si Ned ne touche pas l'ex-mort dans la minute, un vivant bien vivant va mourir à sa place. Emerson Cod, détective privé, est le seul à connaitre cette petite particularité et, d'un commun accord, en profite pour résoudre quelques enquêtes à la récompense juteuse, et fait de Ned, de facto, son associé. Voici donc une mécanique bien huilée qui s'enraye quand une enquête sur une noyée arrive. Il se trouve que cette noyée est Chuck, l'amour d'enfance de Ned (voire son unique amour) et qu'il ne peut se résoudre à la retoucher. Un amour impossible (à moins de bien kiffer le célophane) s'installe donc entre le pâtissier et sa belle.

Voici donc le point de départ, résumé grossièrement, de cette sympathique série de 2007, qui ne connaîtra pas plus de deux saisons. Sans être une série révolutionnaire, elle apporte une fraîcheur, une naïveté, un peu de sucré dans un panorama des séries actuelles ancré dans le réalisme, la froideur des images et des personnages. Et Grand Ordonateur Universel, qu'un peu de carton pâte, de couleurs tranchantes et criardes et de romantisme fait du bien au moral. L'un des grands points forts de la série est son univers où se croisent une voiture fonctionnant au pissenlit, le chien le plus parfait du monde, un complot de jockeys, un "nez" mégalomane ou encore un musée en plein air des moulins à vent américain ; un univers décalé qui sied parfaitement à la caméra de Barry Sonnenfeld (Men In Black I&II, La Famille Adams et ses Valeurs) qui signe le pilote et le deuxième épisode (deux réussites), et est également producteur exécutif.
L'autre grand point fort de la série est, au delà de ses acteurs principaux (mention spéciale à Kristin Chenoweth, qui joue la serveuse de la patisserie de Ned, amoureuse éperdue du patissier qui lui l'ignore, fausse nunuche, personnage de plus en plus attachant au fil des épisodes), sa galerie de seconds rôles et personnages, dont les tantes de Chuck (ex nageuses de natation synchronisée dépressives et agoraphobes), Ned enfant ou encore le retour de Paul Reubens (Pee Wee forever) dans le rôle d'Oscar Vibenius, un "nez" qui va tenter de percer le secret de Chuck.
Enfin, visuellement, la série nous offre parfois, en image de synthèse ou en pâte à modeler, quelques séquences là encore rafraîchissantes, comme celle où l'on entre dans l'imagination de Ned et Chuck enfants, s'imaginant être des monstres façons Godzilla détruisant allégrement une ville et ses habitants. Dernier petit détail très agréable à mes yeux, le "don" du patissier n'est (et c'est explicitement dit dans le premier épisode) ni le résultat d'une intervention divine quelconque, ni d'une malédiction : l'absence de spiritualité ou d'une quelconque mission salvatrice autour de ce don est là encore très rafraîchissante.

Si cette série offre donc un certain nombre d'éléments la rendant éminement regardable, l'histoire entre Chuck et le patissier semble pourtant ne mener pas très loin (il ne pourront jamais se toucher, difficile quand on est très amoureux) et les enquêtes manquent vers la fin de saison un peu de folie, et deviennent plus anecdotiques. Seul un twist final autour des tantes de Chuck relance un tant soit peu l'intérêt d'une deuxième saison. Malgré le plaisir certain que j'aurai à retrouver la série pour une seconde (et ultime saison), il me semble qu'elle aurait eu les plus grandes difficultés à maintenir son intérêt au delà, avec cet univers qui semble finalement plus taillé pour le grand que pour le petit écran.

9 sept. 2009

Inglorious Basterds


Il m'est impossible, en toute objectivité, de faire une quelconque critique de ce film pour l'instant. Mon enthousiasme est trop grand. Il est probable, et même possible, que Tarantino devienne mon Woody Allen à moi : quoiqu'il arrive j'irais voir ses films alors que d'autres gloseront sur l'ennui que leur procure depuis Kill Bill la vision d'un seul Tarantino.

Pour moi, Tarantino filme de mieux en mieux, dirige de mieux en mieux, écrit de mieux en mieux et délire de mieux en mieux. Ce n'est que du cinéma (il était une fois dans la France occupée par les nazis...) du gros bis bavard mais pas que, à peine un film de guerre malgré les oripeaux, mais presque un western (quand s'y attèlera-t-il, à moins que Kill Bill 2 le soit déjà, son western ?), dès la première séquence. Le casting sort un peu des habitudes, avec moins d'habitués, mais toujours un certain cercle (Eli Roth en tête), et des références. Je pourrais faire le tour du casting que je ne verrais pas une fausse note (son casting féminin est superbe) et je pourrais écrire pendant douze paragraphes que Christoph Waltz mérite sa palme haut la main. Je pourrais aussi vous cataloguer les scènes exceptionnelles (l'incendie du cinéma, la plus belle que Tarantino n'ait jamais filmé) et les dialogues drolatiques (mention spéciale pour faire parler les acteurs, et leurs personnages, dans leur langue maternelle ce qui est exceptionnel pour un film US). Je pourrais vous dire à quel point Tarantino me fait rire, vibrer, parfois pleurer et qu'il signe pour moi l'une de ses plus grandes réussites.

Oui je pourrais vous dire tout ça. mais si Tarantino vous ennuie ou vous agace depuis toujours ou presque, cela vous passera au dessus de la tête. Pour les autres, vous l'avez surement déjà vu, et mon avis ne sera que facultatif. On aime, ou pas.

8 sept. 2009

Public Enemies


Je suis, depuis ma première vision de Heat, un inconditionnel du cinéma de Michael Mann. J'ai depuis découvert, entre autre, Sixième Sens/Manhunter (1986) que les chaînes de télé feraient mieux de diffuser à la place de l'immonde purge ratnerienne (je sais, c'est un pléonasme) qu'est son remake Dragon Rouge. Et je rêve, comme beaucoup, de pouvoir découvrir un jour La Forteresse Noire, son film fantastique du début des 80's et dont l'édition DVD et le director's cut se fait attendre depuis trop longtemps.

Ce que j'ai découvert surtout (sa filmo n'est pas non plus énorme, 10 films, pour près de 30 ans de carrière), c'est un auteur, au delà du technicien (sa maitrise de la vidéo numérique HD est quasi inégalée actuellement), qui développe une véritable esthétique qui rend ses films reconnaissables entre mille, avec dans le lot quelques uns vraiment exceptionnels dont Ali fait partie. Si Mann n'est pas le genre de cinéaste où le verbiage à sa place, il est capable de donner, par la composition de ses plans, sa manière de filmer les visages et les paysages, la lumière et la direction d'acteur, une charge émotionnelle assez exceptionnelle à des séquences quasi silencieuses ou muettes.

Annonçons-le de suite : Public Enemies n'est pas un chef d'oeuvre. Mais c'est une franche réussite sur la fin des gangsters façon western, et l'arrivée de ceux en cols blancs, J. E. Hoover en tête.
Dillinger est bien sûr le personnage principal, personnage assez romantique, dans ses aspects flamboyants façon Robin Hood. Le film raconte ses derniers mois, et la chasse à l'homme entamée par le FBI, sous la houlette d'Hoover, envers ce genre de criminel (on y croise aussi Baby Face Nelson), chasse à l'homme qui va aussi être le véritable acte de naissance de la police fédérale. Pas une fois Mann ne va tomber dans un piège manichéen, complaisant ou sentimentaliste envers les gangsters ou le FBI (cela n'existe pas dans son cinéma, il filme des hommes, et les femmes qui les accompagnent, qui font le choix d'une mission, d'un devoir, et comment il l'assume face au monde et face à eux-mêmes).
Dillinger (Johnny Depp) est ainsi un personnage flamboyant, loyal, culotté (la première évasion, séquence d'ouverture du film), rusé mais aussi violent, imprévisible, possessif, dans une satisfaction immédiate. Son nemesis, Melvin Purvis (Christian Bale) est quant à lui froid, sans pitié, dans sa tâche de façon jusqu'auboutiste (une petite séquence de torture dans un hopital donne une certaine mesure du personnage), bien moins sympathique au premier abord que Dillinger, mais son humanité réside dans une certaine tristesse liée à son implication totale dans son travail et une certaine éthique, entre autre dans son respect des femmes et dans sa distanciation face à la prise de pouvoir médiatique d'Hoover. Dans ce duel (Mann aime les duels, et ne filme d'ailleurs que ça) on retrouve ce même rapport entre ennemis si loins si proches qui a fait la force de Heat.

D'ailleurs, question acteur, Depp est pour ainsi dire exceptionnel, montrant, une fois n'est pas coutume, qu'il est l'un des grands acteurs actuels, quelque soit le registre. Ce n'est pas Depp jouant Dillinger que l'on voit à l'écran, mais Dillinger, tout simplement. Et malgré toute l'estime que j'ai pour lui, le monolithique Christian Bale démontre quant à lui, et bien que le rôle lui sied à merveille, qu'il ne joue pas tout à fait dans la même catégorie que Depp.
Pour les autres, Cotillard tient son rôle haut la main, charmante et juste comme souvent, mais surtout Mann a su s'entourer d'une superbe brochette de seconds rôles, des gueules qui plus est, qui assurent l'assise qualitative du film : Giovanni Ribisi, Billy Crudup, Stephen Dorff, Stephen Lang, Stephen Graham (Tommy dans Snatch)...

Comme toujours, Mann prend le temps de poser son film, ses personnages, nous laisse contempler les paysages et les villes et nous offre quelques touches de beauté (la scène d'amour, le genre de duel que Mann sait aussi filmer à merveille) dans un monde dont il n'hésite pourtant pas à nous monter la violence de la manière la plus abrupte qui soit. Ce qui recherchent du gunfight en costume classe et Ford T seront déçus, forcément, pour les autres, si les premières lignes de ce paragraphe vous parle, laissez-vous donc tenter.