28 juin 2010

United States of Tara, saison 2

Si Diablo Cody s'est planté allégrement avec son Jennifer's Body au cinéma, force est de constater que le format télévisuel lui sied bien et qu'elle confirme, avec cette deuxième saison d'US of Tara, tout le bien que l'on pensait de cette série suite à sa première saison.

Difficile de lui trouver des défauts, mis à part d'être trop courte (12 épisodes de 25 minutes), tant le charme opère, par la qualité d'écriture, la finesse des personnages, la subtilité des situations (cette série semble abhorrer les grosses ficelles soapifiantes façon Desperate Housewives), la délicatesse de l'humour et l'absence de gros sabots catharsiques (ce qui n'empêche ni l'empathie ni l'émotion).

Évitant aussi la surenchère et la multiplication des alter (Buck, T., Alice et les autres), ceux-ci n'apparaissent jamais pour le show mais toujours en fonction des évènements (à noter ainsi la quasi absence de T., l'ado délurée ultra sexuée, de la seconde saison), Tara étant toujours (et d'autant plus cette saison) le personnage principal, magnifiquement porté par Toni Collette. Mais si la quête de sens et de vérité de Tara nourrit l'intrigue principale de la série, les scénaristes n'en oublient jamais les autres membres de la famille, se dépatouillant eux aussi avec leurs propres existences mais aussi avec les conséquences de la problématique maternelle.

United States of Tara est sans aucun doute, actuellement, l'une des grandes réussites télévisuelles. Espérons ainsi que cela se maintienne, tout simplement.

21 juin 2010

Pathfinder

Allez savoir pourquoi, mais le concept du film de viking offre toujours à mes yeux un potentiel excitant. Cela doit peut-être venir du premier du genre, Les Vikings de Fleischer, dont le duel technicolor et haut de gamme entre Curtis et Douglas m'avait profondément marqué gamin. Et peu importe la véracité historique, les vikings semblent toujours plus excitant dans ce qu'ils évoquent (dans un autre style, les Berserkers du 13ème Guerrier) que dans ce qu'ils ont vraiment été (loin d'être des barbares sanguinaires, en réalité).

Et c'est clairement le parti-pris de Pathfinder. Partant de la rencontre historiquement peu contestée entre amérindiens et vikings quelques 600 ans avant l'officielle découverte du gars Colomb et de ses caravelles, Marcus Nispel (le remake de Massacre à la Tronçonneuse, que malgré les bons retours j'hésite encore à regarder) nous déroule, sur un scénario assez convenu, un spectacle à la hauteur de l'imaginaire (je dis bien imaginaire, il hors de question de chercher de l'historique dans Pathfinder) que peut susciter ce choc des cultures. Au milieu de grands espaces crépusculaires, le sang coule, les têtes tombent et nos amis nordiques aux oripeaux monstrueux (couvre-chef diabolique et collier de doigt...) n'épargnent pas grand-monde, et Nispel ne nous épargne pas la violence. Dans un style très graphique, très comics jusque dans la photographie, nos mirettes, qui espéraient de la fureur et de l'hémoglobine, ne sont pas déçues.

Alors on passera sur les quelques défauts, comme le scénario convenu, le montage parfois hasardeux ou l'étonnant part-pris de langage, où les vikings parlent islandais mais où les amérindiens parlent anglais. On passera dessus car Nispel nous offre un film (malgré une post-production houleuse, pas loin de rappeler l'enfer vécu par McTiernam et son 13ème Guerrier) sans fioriture, un survival efficace et violent, aux cascades spectaculaires, sans CGI et sans excés (on voit très bien les défauts qui aurait pu pourrir la poursuite de glisse dans la neige, mais qui n'y sont pas) et surtout aux vikings jamais autant éloignés de la réalité historique et jamais aussi proches de l'imaginaire fantasy qu'ils ont toujours véhiculé.

10 juin 2010

Retour sur... Heroes (saison 1 à 4)

J'inaugure aujourd'hui une nouvelle thématique, les Retour Sur..., qui me permettront de revenir, parfois de manière plus dense comme ici, sur des séries dont je n'ai pas détaillé les saisons jusque là, et qui a mes yeux méritent le coup d'œil ou un retour critique. Cela me permettra aussi de jeter un œil dans le rétroviseur sur quelques vieilleries connues par nous sur le bout des doigts (regardez vers l'antépénultième lettre de l'alphabet, par exemple, ou vers quelques pieux joliment manipulés par une blondinette californienne). A suivre donc...

Après 4 saisons et des audiences toujours en baisse depuis la deuxième saison, Heroes vient d'être annulé par NBC, bien qu'il semblait que la saison 5 devait être l'ultime saison, cloturant la série sur le chapitre Brave New World (chapitre ouvert dans les dernières minutes de l'épisode éponyme et final de la saison 4).

Malgré une première saison encensée, que cette série soit arrivée jusque là tient déjà de la gageure, tant la critique et le public se sont désintéressés d'Heroes, et on ne reviendra évidemment pas sur la diffusion télé (c'est valable pour tellement d'autres) pour la France (quoique France4 semble vouloir faire un meilleur boulot que TF1), sinon on peut y passer des heures et ça ne sera pas bon pour mon cœur. Et bien que cette quatrième saison ne soit pas la meilleure, et qu'Heroes ne sera surement pas une série qui restera dans les mémoires de beaucoup, la désaffection pour cette série a été aussi violente et rapide que sa mise au firmament lors de sa première mise à l'antenne.

La principale critique adressé à l'égard d'Heroes a toujours été son coté soap, avec multiplication d'intrigues, de sous-intrigues, de capillotraction, de personnages, de retournements, ce qui n'est d'ailleurs pas faux. Les personnages de Noah et Claire Bennet (le père barbouze et la fille pom-pom girl invincible) en sont d'ailleurs les exemples les plus flagrants : on s'aime, on se ment (toujours pour le bien de l'autre, enfin c'est l'excuse...), on se déchire, on se rabiboche, on se promet de ne plus faire tout ça et puis finalement on y retourne à cœur-joie... Mais arrêtons-nous sur cette critique deux minutes. La volonté de Tim Kring a été de transposer un univers dense (les super-héros) porté depuis 50 ans par la BD et que le cinéma a difficilement transposé (quelques réussites sur combien de ratages...), de part le format de durée limité sur grand écran qui rend délicat l'équilibre entre satisfaction des fans acharnés et nécessaire élagage de l'univers choisi pour toucher le plus grand monde. Alors quand en plus une suite se met en œuvre, la tentation du toujours plus (surtout dans les personnages) ne fait pas que pointer le bout de son nez et rend l'exercice encore plus casse-gueule. La série télé semblait ainsi (et semble toujours, à mes yeux) le format adapté à l'adaptation de ce type d'univers : une saison d'une vingtaine d'épisode c'est plus de 13 heures de programme, contre à peine 9 heures pour les trois Spiderman. Les moyens ne sont peut-être pas les mêmes, mais quand on voit aujourd'hui la qualité de réalisation des séries TV depuis 15 ans, on sait que le fossé qualitatif s'est considérablement réduit en peu de temps. Et quiconque a lu ou a tenté de lire les X-Men par les Strange (pour les plus vieux d'entre nous), a arrêté, puis a repris un jour par curiosité, sait que l'univers des comics est pire que les Feux de l'Amour : retournement de vestes, morts, résurrections, mariages, disparition, naissances, futurs alternatifs, présents modifiés, univers parallèles qui s'entrechoquent. Et je passerai sur les relectures, les reboots et remises à zéro. Voilà ce qui caractérise l'univers des super-héros. Un vrai bordel, tout simplement.

Tim Kring a eu la bonne idée de créer de toutes pièces son univers de super-héros plutôt que d'adapter un univers existant, et qui doit certes beaucoup aux X-Men (les mutants, leurs pouvoirs, les manipulations génétiques, la question du secret et de la mise au grand jour de l'existence de ces personnes) mais qui s'en éloigne aussi, ne serait-ce que par l'absence de véritable organisation type Institut Xavier ou Confrérie des Mauvais Mutants et aussi par l'absence de costumes. Et si, chez les heroes, c'est parfois le bordel en terme d'intrigue, force est de constater que peu de questions sont restées en suspens, grâce au système de chapitre. La série a ainsi été divisé en 6 chapitres (dont le dernier que nous ne verrons donc jamais) qui ont permis, tout en créant et perpétuant un univers assez cohérent, de circonscrire sur chaque saison une intrigue principale. Enfin, c'était le principe, car la grève des scénaristes en 2007 a divisé par 2 les chapitres 2, 3 et 4, ces deux derniers ayant été condensé sur la troisième saison, et la deuxième saison n'a duré que 11 épisodes, ce qui a pu donné chez certains ce goût de mauvaise maîtrise des intrigues.

Mais pour ainsi dire, j'ai du mal à comprendre ce qui a causé la désaffection du public et les critiques acerbes, surtout à partir de la saison 2. Si c'est le fait d'avoir condensé les intrigues, je trouve tout de même que les scénaristes se sont particulièrement bien sortis de la division en 2 chapitres de la saison 3, qui est sans aucun doute, avec la première saison, la plus réussie et la plus spectaculaire. Et puis, coté personnage, si certains étaient dès le départ fadasses (Peter Petrelli en tête), d'autres ont tout de même été particulièrement bien traités et ont maintenu le niveau d'intérêt de la série, en particulier Nathan, Hiro et Sylar. Ce sont les trois personnages, avec des parcours et des personnalités très différentes, qui ont connu une vrai progression, une évolution intéressante et que les scénaristes n'ont jamais lâché. Et si la saison 4 est sans aucun doute la plus faible (mauvaise gestion des intrigues multiples et qui affaiblit la portée de certains personnages comme Matt Parkman, malgré un méchant séduisant et complexe), le parcours des trois heroes précités reste le vrai point fort de la série.

Alors, à coté des faiblesses de la quatrième saison, peut-être que l'univers des comics, quand il concerne un ensemble de personnages, n'est pas encore assez grand public pour maintenir une audience suffisante pour une grande chaîne US. Car Heroes n'a pas été une mauvaise série. Une grande série, certes non, mais, avec son univers cohérent et original (par exemple, l'avenir écrit dans un comics, élément central de la série à ses débuts, a donné une véritable identité visuelle à la série, ce que n'a pas oublié la série française Hero Corp), ses personnages dans l'ensemble attachants et bien construits, sa structure fidèle à l'esprit comics et ses thématiques, déjà balisés chez les X-Men (entre pouvoir, science, bannissement de populations catégorisés et chasse aux sorcières), aux résonances toujours d'actualité, Heroes aura été sans nul doute une des bonnes séries de ces 5 dernières années. Elle aurait, en tout cas, mérité de pouvoir conclure son dernier chapitre Brave New World, où l'existence des heroes était enfin révélé à la face du monde...

7 juin 2010

Dark Angel, saison 2


La seconde saison de Dark Angel démarre sur la même lancée que la première saison. Malgré la destruction de Manticore 2.0 (la première mouture étant détruite à la fin de la première saison) dans les deux premiers épisodes et la libération de créatures toutes plus transgéniques les unes que les autres, la série peine à décoller vraiment et reste sur un rythme de croisière pas désagréable mais peu original pendant près de 14 épisodes (les 2/3 de la saison), chaque épisode étant globalement brodé à partir du même canevas, à savoir Max qui doit sauver un évadé de Manticore. Deux ou trois épisodes sortent du lot de part la nature du transgénique de la semaine (ép. 10, Brainiac) ou par le contexte (dans ce cas-ci, Halloween, avec l'ép. 5, Boo). Qui plus est, deux nouveaux personnages, Joshua et Alec (jumeau d'un X-5 psychopathe rencontré dans la saison 1), sont parachutés comme side-kick de Max de manière un peu cavalière, une manière peu discrète de relancer une dynamique.

Pourtant, ces deux personnages seront bien traités par la suite, devenant bien plus que des faire-valoir, s'étoffant véritablement et devenant attachants et aussi importants au maintien de l'intérêt de la série que Max et le Veilleur, et l'on peut saluer les scénaristes pour n'être pas tombé dans le piège du side-kick à la mords-moi-le-nœud assez rapidement, piège qui aurait achever la série sans aucun doute. Le grand méchant de la saison 2, Ames White, détrone haut la main Lydecker (qui disparaît rapidement, sans qu'on sache vraiment s'il est mort ou non) et Mme X (qui meurt dès le premier épisode) question talent d'ordure sadique. De plus, l'arrivée d'Ira Steven Behr (que les trekkies connaissent bien pour son travail dans Star Trek : TNG et Star Trek : DS9) en tant que consulting producer en cours de saison va apporter un vrai reboot à cette deuxième saison. Et avec le très fun et léger Fugheddaboudit (ép. 15), la série se lance enfin, avec force mythologie entre secte eugéniste (le Culte de la Procréation, the Breeding Cult en VO) aux sombres desseins et contexte socio-politique trouble, où il est bon de se trouver des sorcières à bruler. Exit les pistes un peu fumeuses entre barbouzes sud-afs surboostés et groupes clandestins d'opposition, la fin de la série se précisant, elle s'est ainsi recentrée sur un véritable fil conducteur, et plus seulement le sauvetage de la semaine, et se donne un rythme et une densité dramatique, sans pour autant changer quoique ce soit question casting et reprenant les rares éléments mythologiques qui parsèment les deux premiers tiers de cette seconde saison, qui va amener à l'énorme et superbe épisode final.

Épisode final qui à ce jour est l'unique réalisation de James Cameron pour la télévision, et l'unique incursion dans sa série depuis les scénarios des deux premiers épisodes de la série. Et force est de constater qu'il lui a donné un final digne de ce nom (1h30) à sa série et que Freak Nation est tout bonnement l'un des meilleurs épisodes de séries qu'il m'ait été donner de voir. Emotion, action (la scène de castagne est ahurissante, et Cameron se fait un petit plaisir en filmant Max et son adversaire se foutre sur la gueule comme des catcheuses, les cordes en moins et le béton en plus), réflexion et scènes chocs (le transgénique crucifié et brulé sur une croix en X), Cameron clôt ainsi sa série par une grande claque et un plan final façon Iwo Jima, où les transgéniques plantent un superbe drapeau sur Terminal City, qui impose l'existence des transgéniques à la face du monde, coming out à la fois plein d'espoir et de craintes pour l'avenir.

Si l'on ne peut qu'être frustré par le fait que la série se soit arrêtée après un tel épisode, force est de constater que le dernier tiers de cette ultime saison surclasse qualitativement largement tout le reste de la série, et qu'on ne peut que se réjouir de cet arc final, surtout quand on nous offre un tel series finale. Même si, nous, pauvres téléspectateurs, il ne nous reste que notre imagination pour envisager ce que deux ou trois saisons de plus auraient donné, entre la recherche du Père (The Sandman, à l'origine de toutes les créatures de Manticore), la toile du Culte de la procréation s'étendant aux plus hautes sphères et ne cherchant que la guerre civile avec les transgéniques de Manticore, les débuts de Terminal City comme nation et entité politique et enfin la révélation d'une mission quasi messianique pour Max...

1 juin 2010

Eyes Wide Shut


Que ce film en aura fait couler, de l'encre, et en user, de la salive (et je ne serai sûrement pas le dernier). Entre la réputation de Kubrick, les affres du couple Cruise-Kidman, la mise en avant des scènes orgiaques (on nous annonçaient presque l'Empire des Sens !) et la mort du réalisateur peu de temps après, Eyes Wide Shut est devenu, au moment de sa sortie, un drôle d'objet, entre voyeurisme peoplisant pour les uns et déception mêlée de folles exégèses pour d'autres (beaucoup auront d'ailleurs été déçu par cet ultime Kubrick à l'époque).

Il n'était pourtant et ne reste (bien qu'on ne peut enlever le fait que Kubrick savait qu'il faisait un coup en mettant en scène et à nu le couple vedette de l'époque) qu'un film sur le couple, le désir et l'amour, et non un espèce de porno-chic auteurisant comme pouvait le faire penser la bande-annonce aguicheuse, aguicheuse comme la peau de Kidman dans le miroir et la voix de Chris Isaak qui l'habillait et qui nous (lui ?) roucoulait dans les graves un moite Baby did a bad bad thing. Kubrick filme ainsi, avec un étonnant mélange de pudeur (et oui !) et d'acuité, un couple en crise qui s'aime mais qui ne se désire plus ou qui ne cherche plus à se désirer. Avec d'un côté une femme qui s'ennuie et qui fantasme en ressassant ce vieux rêve d'un homme en uniforme, et de l'autre cet homme plein de réussite et d'assurance mais dont la jalousie explose à l'écoute de ce simple fantasme, assimilant ça à une infidélité, outré presque que sa femme puisse fantasmer, alors qui lui-même n'assume en rien sa libido et ses fantasmes (la pute, l'ado facile, la partouze, la mort, sa femme). Tout cela va conduire ce couple, pourtant amoureux, au bord de la rupture. Mais cette plongée, ce rêve éveillé façon Alice les amènera aussi à entrevoir un avenir ensemble, au delà du simple rêve, du simple fantasme.

Il est ainsi étonnant de voir que ce cinéaste, dont les films sont profondément marqués par la mort et la folie (Kubrick n'est pas ce qu'on peut appeler un spécialiste du happy end), voire un arrière-goût de misanthropie, donne ici son film le plus optimisme, porté par une scène finale pour moi aussi marquante que le final de Docteur Folamour ou d'Orange Mécanique, où pour une fois le sexe (le fuck final prononcé par Kidman) est enfin envisagé comme une porte de sortie, une lueur d'espoir, alors qu'il menait à la mort et à la folie dans Lolita ou qu'il faisait partie des horreurs de la guerre dans Full Metal Jacket (ou un peu des deux dans le cas des fluides corporels du Général Ripper dans Docteur Folamour).

Kubrick n'avait-il jamais donné autant de lumière à la fin d'un de ses films ? Pour aucun, non. Ou peut-être pour, 30 ans plus tôt, 2001 L'Odyssée de l'espace, où Bowman, autant par devoir, par désespoir que par soif intime de repousser l'inconnu, décide de découvrir ce qui se cache derrière le monolithe noir flottant près de Jupiter. L'amour et le besoin de savoir, de comprendre seraient-ils ainsi nos deux seules vraies sources où puiser un peu de courage, d'envie, d'espoir, de vie ?

Jacques Lacan disait, a peu de choses près, ceci : le désir c'est de l'amour porté au savoir.

Conclusion de ce film, et de fait de cette chronique : l'amour est donc un monolithe noir.