11 mai 2007

Volta


Vous ne le savez peut-être pas, mais Björk vient de sortir un nouvel album. Ceux qui me connaissent bien savent à quel point je ne serai jamais totalement objectif sur cette artiste, pourtant je vais tenter ici un exercice périlleux : apporter de l'objectivité dans ces quelques lignes sur mon artiste préférée par dessus tout, encore plus que les Pixies, bien que je sois tombé dedans à peu près à la même période.
Ma première fois (comme souvent) n'est pas mon meilleur souvenir, une interprétation de Violently Happy, tiré de son premier album Debut (1993), à Nulle Part Ailleurs, époque Gildas-De Caunes. Je me souviens de lumières vertes et de ce rythme techno (je faisais une totale allergie à tout ce qui faisait boum-boum à l'époque, je devais être en sixième ou cinquième), de cette nénette avec un accent bizarre et une voix énervante (si, si je vous jure, comme quoi je vous avez dit que j'en mettrai de l'objectivité), que j'ai trouvé du coup foldingue, "droguée" et inintéressante.
Puis vint l'année 1997. A l'époque mes parents avaient le satellite avec MTV, et un jour je tombe sur un clip avec des images de l'Islande, une intro au violon et cette même "droguée" à la voix, et là, je passe de l'autre côté du miroir. C'était le clip de Joga, sur l'album Homogenic (1997), et je m'en suis jamais vraiment remis. Comme d'hab' avec moi, quand je découvre un artiste sur lequel je fond, il a fallu que je me plonge corps et âme dans son oeuvre. Et j'ai redécouvert ce que j'avais honni 4 ans plus tôt, et plus encore car je me suis également plongé dans les Sugarcubes, ses clips, les remix... Et très sincèrement, je ne pourrais jamais trouver quelque chose à redire de ses trois premiers albums, de Selmasongs (la B.O. de Dancer in The Dark) des clips (ah, le clip de All Is Full of Love par Chris Cunnigham) et lives de cette époque. D'ailleurs, les lives de Björk sont irréprochables.

En revanche, je me replonge moins dans les trois opus suivants, enfin surtout dans Vespertine (2001), qui m'avait pourtant enchanté sur scène (putain, ce live au Grand Rex, un des plus beaux cadeaux que l'on ne m'ait jamais fait), mais que j'ai trouvé trop doux, trop lissé, sans aspérité, à part Pagan Poetry et 1 ou 2 autres. Mais la qualité musicale reste là, et la voix incomparable.
Pour Medulla (2004), c'est pour moi véritablement un exercice de style réussi sur la forme, mais aussi sur le fond. Faire un album uniquement à partir de vois humaine, ça peut-être casse-glaoui, et parfois Medulla l'est un (tout petit) peu, mais des titres comme Triumph of the Heart, Who Is It, Oceania, Pleasure is All Mine, Where is the Line... L'émotion est beaucoup plus présente que sur Vespertine, sans aucun doute, mais ce n'est pas le premier album à prêter à quelqu'un qui ne connait pas Björk. En live, de ce que j'ai vu sur Canal+, là encore, comme sur Vespertine, l'album est transcendé par la scène. D'ailleurs, cette capacité à transposer ses albums sur scène, pour faire quelque chose d'à la fois similaire et différent du studio), est l'une des plus grandes qualités artistiques de Björk.
Je ne vous parlerai pas de Drawing Restraint 9 (2005), B.O. du film éponyme de son compagnon et artiste Matthew Barney, parce que je n'ai dû l'écouter qu'une fois, le jour où je l'ai acheté, et je n'ai aucun souvenir bon ou mauvais de cette galette. Surement que ce n'est pas son oeuvre la plus mémorable. Il faudrait de fait que je m'y replonge plus objectivement.
Et nous voici, en l'an de grâce 2007, avec ce cinquième album studio, septième en comptant les 2 B.O., qui répond au sobriquet de Volta. Première chose qui saute aux yeux, on retrouve de la couleur qui flashe, élément très rare sur les pochettes de Björk, à part sur Post. Jetons un oeil aux collaborations : le toujours fidèle Mark Bell (l'architecte sonore d'Homogenic), Antony (la voix qui m'a fait le plus chialer en 2006), Timbaland (un des meilleurs producteurs de RnB américain)... Fil conducteur de l'album, les cuivres, comme l'ont été précédemment les cordes, la voix, la harpe et les boites à musique, le shamisen et le koto... Tiens le premier ou la première qui me trouve à quels albums ces instruments correspondent gagne tout d'abord toute ma considération pour être arrivée jusqu'à ce point de ce très long article, et pour le cadeau on verra dès que j'aurais un peu plus de sous. Très sincèrement, c'est un excellent album de Björk, très accrocheur, plutôt joyeux, moins arty et moi qui faisait une allergie aux cuivres (sauf à quelques rares exceptions), elle à encore réussi le tour de force de me faire aimer ça. Et ce duo avec Antony, The Dull Flame of Desire, ouaah...
Et puis d'abord, cette artiste, qui n'a pourtant plus grand chose à prouver, fait au moins au moins l'effort d'être toujours curieuse, de faire différent à chaque fois ou en tout cas d'essayer (et faut dire qu'elle y arrive plutôt bien). Et quoiqu'elle fasse, c'est Björk et elle est encore plus intouchable pour moi que les Pixies. Elle ne fera peut-être jamais mieux que Post et Homogenic, mais il n'y a pas grand monde qui peut se targuer d'une telle constance dans la qualité artistique.

Alors, ça va, j'ai été assez objectif ?