31 août 2011

Star Trek II - La Colère de Khan


A part le récent reboot de JJ Abrams, voilà LE film de la saga que je conseillerais à quiconque me demanderait un film Star Trek à regarder.

Seul film sur les onze existants actuellement à reprendre une situation (James Horner reprend aussi le thème original de la série) et un personnage, Khan, issus de la série (Space Seed, Star Trek, s.1 ép. 23, un des tous meilleurs de cette saison d'ailleurs), il n'est cependant pas utile d'être fin connaisseur pour comprendre les enjeux de la folle colère et de la vengeance destructrice de Khan (impeccable Ricardo Montalban, qui reprend là, et ce n'est pas la moindre qualité du film, le rôle qu'il endossa dans la série plus de 15 ans auparavant).

Rythmé, tendu, visuellement impeccable, on prend aussi plaisir à retrouver enfin (le précédent film avait un laisser tout ça de coté) les relations entre les personnages, et surtout entre Kirk et Spock (les larmes de Kirk...). Et l'on s'amusera aussi du running gag du film sur l'âge des personnages, les petites vacheries entre la nécessité de Kirk d'avoir des lunettes et le coté "un peu vieux pour ces conneries". On regrettera juste une traduction française quelque peu hasardeuse, ne serait-ce que pour le sir (désignant un officier supérieur) traduit en monsieur (même pour ces dames) et l'étonnant "klingonnais" alors que klingon était bien suffisant et adopté depuis bien longtemps. Mais je pinaille un peu, non ?

Enfin, et surtout, voilà un vrai bon film d'action et de SF, une vraie réussite qui subit peu l'outrage des années. Et peut-être, avec le Abrams, LE film Star Trek que les trekkies peuvent brandir à ceux qui les (nous...) charrient avec "celui avec la baleine" (mais ils n'ont pas tort non plus, les films n'étant pas la plus grande réussite de l'univers trekkien).

30 août 2011

Star Trek, le film


Mis en chantier par la Paramount qui préférait relancer la saga au cinéma (le space-opera, sous l'influence du succés de Star Wars, et la SF connaissaient alors un bel âge d'or sur grand écran) plutôt qu'à la télévision (le projet Star Trek Phase II fut ainsi mis au placard, ou presque), le but était alors d'en mettre plein les yeux, de montrer le budget (énorme pour l'époque : 46 millions de $) à l'écran. Quitte à en oublier un peu le matériau de base.

Car ne vous attendez pas aux couleurs pop, aux décors cartons pâtes et aux ciels étranges et psychédéliques. N'essayez pas de chercher les charmes troublants du bikini d'une danseuse exotique et extraterrestre. Les pyjamas sont beiges, blancs, marrons, le sérieux est de mise. Même Kirk n'est plus cet indécrottable mâle charmeur. Ce sera plutôt le futur pasteur père de famille la morale et pénible de Seventh Heaven (Stephen Collins, déjà un peu tête à claques à l'époque) qui emballera la jolie donzelle au crâne rasé. Tout laisse aussi à penser que Robert Wise (dont la filmo force tout de même le respect), en fin de carrière (il ne réalisera plus grand chose après celui-ci), a profité du budget alloué pour se faire son 2001 à lui, car longue et nombreuses sont les séquences contemplatives de l'espace et du vaisseau. Et il faut bien attendre 45 bonnes minutes avant qu'il ne se passe un peu quelque chose.

Mais le Trekkie que je suis ne peut pas totalement bouder son plaisir. Tout d'abord visuellement, il a très bien vieilli et les séquences spatiales sont tout ce que l'on rêve de voir dans un space-opera. La musique de Jerry Goldsmith qui supporte ces scènes reste encore aujourd'hui une référence, ne serait-ce que par le thème, repris par la série Star Trek : The Next Generation. Enfin, louable est la tentative de faire un méchant (l'étrange et dévorante entité V'ger) pas si... méchant, plutôt que de se lancer dans une confrontation avec d'éventuels klingons ou romuliens, ce qui n'aurait pas été tout à fait dans l'esprit Star Trek. Enfin, et ce n'est pas rien, l'Entreprise a enfin de la gueule.

Alors oui, ce n'est pas l'épisode le plus excitant ou le plus réussi. Mais ce n'est pas le plus honteux (Insurrection est, dans mon souvenir, peut-être le pire de tous). Difficile pourtant de le conseiller à tous, à moins que vous soyez peut-être un/une amoureux(se) transi de space-opera ou un/une indécrottable trekkie.

24 août 2011

Misfits, saison 1


Dernière sensation venue d'outre-Manche, Misfits montre une fois de plus que nos voisins britons savent faire de le bonne série.

En seulement 6 épisodes pour cette première saison, la série se pose vraiment comme celle à surveiller du coin de l’œil, tant l'approche du super-pouvoir est ici abordé de manière rafraichissante, sur certains aspect même décomplexé sans vouloir tomber dans la caricature. Ces pouvoirs tombent littéralement sur la tête de ces 5 marginaux (traduction de misfits), ou au moins 4 d'entre eux (et quelques autres), et ils essayent de s'en dépatouiller tant bien que mal, avec leurs problèmes de jeunes adultes pas franchement dans les clous et surtout avec leur travaux d'intérêt généraux. Pas vraiment d’héroïsme donc, mais de la survie, plutôt.

Les personnages sont bien construits et les 6 épisodes nous permettent de mieux découvrir chacun. On sent tout de même quelques personnages plus fort, plus porteurs, comme Nathan (au milieu sur la photo, insupportable et drolatique petit con égoïste sans pouvoir) et surtout Simon (à droite toute sur la photo), attachant et dérangeant, sûrement le personnage le mieux écrit. Les filles sont un peu en retrait à mon goût, malgré Kelly, au caractère bien trempée, garçon manqué à l'accent (en VO, of course) improbable et inimitable.

Coté histoire, difficile de faire la fine bouche (visuellement ça a de la gueule, et coté narration et action on ne s'ennuie guère), mais je me permettrai, suite à la vision de cette première saison, d'émettre quelques réserves sur la possibilité de tenir cette série sur la longueur. Si cette première saison est une excellente saison d'introduction, il manque un petit fil conducteur, quelque chose qui nous montrerait que le créateur sait d'une manière ou d'une autre où il souhaite nous emmener (mis à part, peut-être, ce mystérieux cycliste à capuche du cinquième épisode ?).

Mais cela reste tout de même un peu du pinaillage (en attendant en tout cas le visionnage de la deuxième saison), tant la qualité globale de ces 6 épisodes, la liberté de ton, l'humour, l'esprit railleur et une BO d'enfer font qu'on devient rapidement accro à Misfits. Immanquable donc, et en VO, uniquement.

17 août 2011

Suck


Voilà donc une petite douceur venu du Canada, plutôt habile et prompte à réveiller la corde sensible qui fait vibrer l'amateur de rock et de canines pointues que nous sommes.

Si pour le rock on repassera (les compositions originales sont sympathiques mais on a connu plus rock), en revanche les divers ingrédients forment une comédie plutôt fun, pas parodique et surtout sincère dans la démarche : la vie de groupe est bien décrite, son passage inévitable à la gloire par le vampirisme vaut aussi des points, les vampires ne sont pas édulcorés, le twist final est sympa, le casting est d'aplomb (mention spéciale à Dave Foley, habitué du petit écran US, en manager) et les caméos sont irresistibles. D'Iggy Pop à Henry Rollins, en passant par l'inévitable présence d'Alice Cooper, on retiendra particulièrement l'apparition improbable de Moby en leader d'un groupe de black metal.

Pas prétentieux mais sérieux du début à la fin, Suck ne révolutionne rien mais nous offre 1h30 d'une comédie horrifique un peu old school et très agréable, film idéal d'un samedi soir pizza entre amis amateurs de péloches qui sentent le cuir, la pleine lune et le sang dans la bouche.

16 août 2011

Valhalla Rising


Une fois de plus, voilà typiquement le genre de film dont je suis client. En clair, je n'ai pas tout compris mais j'ai adoré ça.

Violent, torturé, sombre, fou, perturbant, Valhalla Rising réussit à nous mettre dans le même état de doute teinté de peur que cette équipée de païens et de chrétiens, voguant vers les croisades, mais perdu dans un brouillard à la fois réel, mais aussi d'angoisses, de superstitions, d'aveuglement.

Trip halluciné et superbe (quels décors, quelle photographie, quel acteur), voilà un film que l'on adopte ou que l'on quitte, mais qui ne peut laisser en rien indifférent. Un film qui sent la fin du monde.

15 août 2011

L'Armée des Morts


Y'a-t-il exercice plus casse-gueule pour un premier film que d'être à la tête du remake d'un des films des plus grands films de zombie de l'histoire du cinéma, c'est à dire Dawn of the Dead, plus connu sous nos lattitudes comme Zombies, de George Romero ?

Sûr que c'est à la fois un excellent moyen de lancer une carrière. Ou pas. Tout dépend du rendu final, et c'est typiquement le genre de rendu final scruté à la loupe par des gens comme moi, sachant tout de même que Snyder fait partie de mes réals chouchous depuis 300, et que je n'ai finalement vu ce remake que très récemment.

Mais pour un tel remake, je ne lui aurai concédé aucune faute de goût, tant Zombies est une masterpiece de l'histoire du cinéma.

Alors, sans arriver à la hauteur du brûlot social qu'est Zombies, force est de constater que Snyder a réussi son coup. Bien qu'il garde le centre commercial comme principal lieu d'action du film, l'ensemble n'a finalement pas grand chose à voir avec l'original, tout en se référant pourtant à celui par l'intermédiaire de cameos (Tom Savini, Ken Foree...), de petits détails et bien évidemment par son titre en VO, conservant le même que l'original.

Mais de l'intro (le basculement, en quelques heures, une nuit tout au plus, d'un monde normal à un monde infesté) au final (inattendu mais tellement logique finalement), en passant par un générique (emmené par la voix rocailleuse de Johnny Cash) qui nous annonçait déjà le goût de Snyder pour les génériques intégrés pleinement à la narration du film et quelques morceaux de bravoure, comme la relation à distance (échecs, panneaux, messages...) entre Kenneth et Frank ou le bébé zombie, Snyder nous offre ainsi un film de zombies sacrément efficaces, avec surtout de très bons personnages, forts, lâches, attachants, détestables, usants, pathétiques. Humains quoi.

Bref, Zack Snyder réussit son coup, car il n'a pas essayé de refaire du Romero (chapeau bas aussi au scénario de James Gunn). Il reste ainsi un des films de zombies les plus efficace des années 2000.

14 août 2011

Hellboy 2 : Les Légions d'Or Maudites


On ne change pas une équipe qui gagne, dit-on. Mais encore faut-il gagner avec la manière. Si Hellboy est une franche réussite, sur tous les points de vue, j'ai du mal à l'être autant emballé par sa suite même si, à première vue, tout semblait être réuni pour me faire frétiller mes neurones de fanboy primaire, avec, en premier lieu, un fantastique encore plus présent, que Del Toro chérit particulièrement.

Et c'est sûr que visuellement, il n'y a rien à redire : c'est superbe, grandiose, merveilleux. Du travail d'orfèvre. Mais ça ne fait pas un film, surtout un film d'Hellboy. Et c'est là où le bât blesse.

Comme dans Blade 2, happé par cette civilisation elfique et ce monde magique en fin de cycle, Del Toro lâche son BPRD, un peu en cours de route, préfèrant disserté sur une magie qui se meurt, tel cet esprit de la nature (séquence grandiose mais amère), détruit par le BPRD pour sauver la ville, dernier représentant de son espèce, qui meurt en offrant la nature à la ville dans une séquence émouvante mais perturbante, car il nous manque le principal : de vrais ennemis.

Le prince elfe est un ennemi malgré lui, par ses méthodes, mais son combat se comprend. L'esprit de la nature est un ennemi malgré lui, lui aussi. Seuls les créatures anthropophages de la salle des enchères nous offrent notre dose d'ennemis digne de ce nom, là où la clique de Rasputin nous en donnait pour notre argent dans le premier.

Alors c'est peut-être un pari de la part de Del Toro, de ne pas avoir voulu nous faire un méchant bigger and louder (et pourquoi pas d'ailleurs), mais on perd aussi un peu Hellboy, plus caricatural, moins attachant que dans le premier. Il y a une ambiance de fin de règne, de déprime glissant doucement vers la dépression dans ce film, peut-être volontaire mais mal gérée, qui rend au final le film bancal. Comme si, entre son appétit pour les univers fantastique et son amour du personnage et de l'univers d'Hellboy, Del Toro avait clairement laissé ses pulsions prendre le dessus sur le film.

13 août 2011

Hellboy


Vu que je ne suis pas d'humeur à tourner autour du pot, faisons simple : Hellboy fait partie des toutes meilleurs adaptations d'un comics à l'écran. Respectueux du matériau de départ et fidèle à l'esprit, Del Toro (et Mignolia, qui est loin d'avoir été un simple consultant) nous gratifie en plus d'un scénario d'aplomb, équilibré avec des personnages bien écrits et une intrigue prenante.

Entre des méchants vraiment méchants (la palme à Kroenen), des grosses séquences d'actions (la poursuite entre Hellboy et Sammael), des SFX et des décors de qualité et des acteurs au poil (aucune star mais que du bon, de Perlman à Selma Blair, en passant par John Hurt et Karel Roden en Rasputin, glacial et dérangeant), il n'y a rien a jeter. Et on ne remerciera jamais assez James Cameron d'avoir conseillé à Del Toro le maquillage (superbe travail de Rick Baker) pour Hellboy, plutôt que les images de synthèse, tant Perlman s'est glissé dans ce rôle comme dans un gant et que ce fils des enfers nous paraît vrai. Car on s'y attache, et ce n'est pas le moindre tour de force qu'a réussi Del Toro pour ce grand blockbuster.

12 août 2011

Cécuikidikiyé - Sucker Punch (contre-critique)

Parce qu'on ne peut rien refuser à quelqu'un qui, un jour, dans une 205 sur la route des Martres de Veyre à Opme vous permet, aux hasards de la conversation, de mettre un nom sur un film tant recherché mais au nom oublié, et ce grâce à la simple évocation de trois images gravé dans le cerveau d'un enfant de 7 ou 8 ans. Parce qu'on est pas toujours d'accord. Parce que j'aime qu'on ne soit pas toujours d'accord. Et que cette fois-ci c'est sur Sucker Punch. Merci d'accueillir, pour son avis légèrement différent du mien, M. Fabhenry de Hautefort.


"Typiquement le genre de film qui divise, tout d'abord par l'aura que dégage son réalisateur (la lecture crypto-facho-gay de 300 lui colle aux baskets), mais aussi par l'esthétique filmique qu'il développe depuis 300, symbolisée par les ralentis iconiques qui font sa patte et ses détracteurs."

Vous comprendrez qu’en reprenant l’intro du Docteur, je vais aller dans ce sens. Car oui on peut voir en 300 une idée crypto-facho ou tout au moins expansionniste : après tout l’idée de Frank Miller (grand gauchiste de la NRA, comme Snyder) est que 300 mecs avec des méga burnes vont défendre la démocratie contre une horde de pervers basanés… Bref. Après cela, Snyder a fait un brillant Watchmen, adaptation d’une BD plutôt gauchiste. Donc exit le crypto-facho systématique. Mais on perçoit bien là une logique concernant Snyder : il se fout de l’idée qu’il véhicule. Ce qui compte c’est l’histoire, peu importe le message.

Reconnaissons d’emblée à Snyder une certaine intelligence dans la construction de ses film. Il fallait le faire pour adapter Watchmen sans le trahir et même en trouvant une fin encore meilleure que celle de la BD. 300 se suit sans déplaisir malgré l’idéologie qui pue du cul.

Concernant le visuel, on le voit verser dans un imagerie numérique steampunk, couleur reflets de flammes dans le crépuscule. Cela donne une tonalité pas désagréable à ses films. Mais bon, le numérique va finir par lasser un peu, d‘autant qu‘il pourrait mal vieillir.

Je pense que sur un plan visuel, Snyder circule sur une mince frontière qui sépare le très sympa du ridicule. Si, jusqu’à présent, il versait du bon côté, un coup de vent est passé et l’a fait tomber du mauvais côté. On a l’impression que, dans Sucker Punch, il s’autoplagie, avec ses putains de ralentis sur ses images numériques 2 fois too much… Le charme de 300 n’opère plus.

Plus grave : on s’aperçoit que lorsqu’il doit trouver lui-même message à véhiculer, Snyder n’a rien à dire. Si : l’imagination permet de supporter la réalité. Au temps pour moi.

J’arrête là le sarcasme pour m’attacher à la structure même de l’histoire. Un mélange entre Vol Au Dessus D’un Nid De Coucous pour l’enfer de la psychiatrie 60’s et Inception pour les différents niveaux de réalité. Mais tout cela ne constitue en rien une histoire : ce ne sont qu’une série d’effets narratifs qui, cumulés, rendent le film particulièrement lourdingue.

Du coup, tout cela donne une « Coquille vide boursoufflée » (dixit le Docteur Strangelove, hors contexte)

Snyder est excellent pour adapter, pas pour créer. La morale de tout cela : il ne faut pas péter plus haut que son cul !

Fabhenry de Hautefort

11 août 2011

Céçuikidikiyé - Super 8


Parce qu'on ne peut rien refuser à quelqu'un qui, un jour, dans une 205 sur la route des Martres de Veyre à Opme vous permet, aux hasards de la conversation, de mettre un nom sur un film tant recherché mais au nom oublié, et ce grâce à la simple évocation de trois images gravé dans le cerveau d'un enfant de 7 ou 8 ans. Parce que je ne suis pas non plus suffisamment en forme en ce moment pour me déplacer dans un cinéma. Et enfin, parce que c'est un ami, qu'il sait écrire et que ça fait un moment que je lui propose de lui laisser un peu de place ici. Merci d'accueillir M. Fabhenry de Hautefort.


Les années 80, on est bien d’accord, c’est un peu le chant du cygne du rock’n’roll. Le punk vient de crever comme il l’a voulu, avant d’être majeur. Les synthés, la reverb baveuse et le mixage merdique des batteries se sont mis d’accord pour conjointement saccager ce qu’il reste des groupes 70’s qu’on a aimé et leurs successeurs.

Mais concernant la distraction cinématographique à grande échelle (le blockbuster), les 80’s nous ont donné quelques pièces magiques pleines d’idées farfelues et d’humour bon enfant. Si l’on excepte Star Wars (pardon, la Guerre des Etoiles à l’époque) on suivait des personnages attachants un peu (beaucoup) caricaturaux et l’action prenait place dans un monde que l’on connaissait.

Il y a ceux qui se passent à New York (Ghostbusters)

Et puis il y a ceux qui se passent dans un bled pourri. C’est l’été. On y voit rouiller un groupe d’enfants ou d’ados à caractéristiques définies (le héros pas-toujours-populaire-mais-sympa, l’intello bricolo, le comique, la jolie fille, sa copine grande gueule, etc.) Rien ne semble vouloir troubler leur ennui fait de petits jobs d’été, de râteau avec la bonasse de l’école, et de soirées passées avec des potes un peu débiles…

Quand soudain, un extra-terrestre vous demande de piloter le Navigator ou vous imprime dans la tête des plan pour aller faire les Explorers de l’espace. Ou alors ce plan est dans le grenier du papa antiquaire et le Goonies peut aller sauver Astoria. Ou sauver la terre d’une invasion qui vient de Mars. Ou même aider un E.T. à téléphoner maison (ligne fixe only)

Et moi, petit pré-ado des 80’s de Corrèze qui rouille en été, je me disait que rien n’est perdu, que le vaste monde commence justement dans mon bled pourri.

Certes, ces films sont plus ou mojns bon, mais je m’aperçois qu’ils ont une touch très 80’s et forment un élément de nostalgie plutôt sympa.

Super 8, c’est tout ces films en bien. Voire en mieux pour un certain nombre.

Le groupe d’enfants est bien typique et l’on peut s’y reconnaître mais les persos ne sont pas caricaturaux même si typés (le héros en deuil mais qui ne se la joue pas blessure secrète, son pote exalté mais immature, son copain débilos mais un peu inquiétant, la jolie qui ne se la pète pas bourgeoise,…)

Et surtout : ils sont bien dirigés. Les acteurs jouent vraiment bien. Cela n’a pas toujours été le cas dans les 80‘s. Le réal se permet même une mise en abîme : il se font un petit film de zombie (en Super 8) et les enfants sont amenés à jouer les acteurs. Bons acteur ou mauvais acteur. Déjà, avec un acteur pro, c’est pas toujours très heureux. Mais faire cela avec des enfants, c’est risquer la catastrophe (qui a dit Harry Potter ?)


Le décor est bien foutu aussi. On est 1979, mais on ne se sent pas dans une reconstitution. Abrams n’insiste pas sur les élément habituellement très 80’s, hormis la super 8 et une allusion au communisme. Le reste pourrait encore se trouver aujourd’hui. Il aurait pu nous passer à longueur de temps de la musique de merde, nous mettre des coupes mulets et des moule-burnes. Mais non. Ouf !

Avec tous ces éléments, Abrams pose une ambiance. Et c’est cette ambiance qui fait tout le sel du film. Abrams a fait le choix de mettre en avant tout ce qui nous plaisait finalement dans ces film : les liens entre les personnages, leurs sentiments respectifs, leurs secrets, leur volonté acharnée de vouloir finir leur film malgré tous les événements, etc. Tout cela prime sur une histoire de monstre / ET qui terrorise le ville. En cela, il va à l’inverse du modèle 80’s : là où, à l’époque, les personnages servaient de base identificatoire pour rendre le suspens efficient, ici c’est la trame de l’histoire qui révèle et fait évoluer les personnages. Le père dit à un moment à son fils : «c’est la première fois qu’on fait face ensemble, seuls, à une situation. » Ce qui compte est plus le lien que ça met en jeu que la situation elle-même ou la manière dont ils y font face.

Bon, c’est pas le Garçu de Pialat. Ni même Tomboy. Y’a quand-même une histoire d’E.T. avec des effets spéciaux bien faits et des scènes d’action haletantes. Mais ce qui reste c’est cette nostalgie sympa de nos jeunes étés ennuyeux où finalement tant de choses se sont passées et ont pu faire de nous un peu de ce que nous sommes.

Fabhenry de Hautefort