28 déc. 2010

When You're Strange


Ce rockumentaire ne vous apprendra rien de vraiment nouveau sur les Doors, à moins que vous ne connaissiez pas grand chose de ce groupe. Mais justement, pour ce qui ne connaissent pas grand chose à ce groupe, je ne peux que vous conseiller, si vous deviez choisir entre le biopic d'Oliver Stone et le travail de Tom DiCillo (qui répond là pourtant à une commande de la maison de disque), de choisir ce dernier, tant on est ici à mille lieues de l'iconisation et de la romantisation du frontman indéniablement charismatique qu'était Jim Morrsion.

Et s'il est impossible de séparer l'histoire de la carrière du groupe de celle du Roi Lézard, DiCillo et son narrateur (Johnny Depp, au poil) ont l'intelligence de raconter ces deux histoires, intimement liées, et de nous rappeler (et il le savait) que Morrison n'était rien sans les trois autres, et inversement, sans condescendance ni . Le point fort de ce documentaire est aussi de nous rappeler toujours le contexte de ces 4 ans et des poussières qu'a duré la carrière des Doors, ce groupe jamais très politisé mais trainant une aura de souffre et de liberté, pleinement dans son époque et conscient de celle-ci.

Étrange carrière pour un groupe à part, sans vraiment de descendance, de ce conglomérat hétéroclite d'horizons (jazz, classique, flamenco, poésie, magie...), et When You're Strange en est la trace, le bel hommage juste et simple, loin des clichés sulfureux qu'Oliver Stone, lui, avait aimé grossir dans son biopic. Ici, au fond, c'est plutôt la musique et non les faits divers qui entraine le film et n'est-ce pas, au final, ce qui restera des Doors ?

Pour l'anecdote, j'ai été amusé de voir à la production de ce documentaire un certain Dick Wolf, que je connaissais plutôt comme producteur du pénible univers sériesque des Law & Order (New York Unité Spéciale, Section Criminelle, etc...). Il semblerait que ce même Dick Wolf soit un fan absolu des Doors et qu'il n'a pas hésité une seconde à produire quand il a su que le documentaire se montait. Merci donc à Law & Order, d'une certaine manière !

27 déc. 2010

Machete


Objectivement, Robert Rodriguez nous étire une fausse bande-annonce (tirée du projet Grindhouse) de 5 minutes sur 1h45, et ça se voit. Rodriguez bricole une scénario que n'auraient pas renié les productions Cannon, gère son casting façon club med (le potentiel du personnage de Don Johnson est clairement sous-exploité et la miss Lohan est là pour les nichons) et on l'a connu plus inspiré question réalisation.

Mais ne vient-on pas voir Machete aussi pour ce genre de défauts, ou en tout cas sans illusion aucune quand au fond et à la forme dudit objet ? Nous ne sommes pas chez Godard ou Bergman, alors il est tout de même plutôt facile de passer outre ces menus défauts. Car Machete est un pur plaisir bis/pop-corn, avec du big gun (et de la grosse lame), du big tits et de la punchline (et deux ou trois banderilles envers la politique de gestion des flux migratoires au niveau du Rio Grande). Et des acteurs qui savent certes qu'ils ne sont pas ici pour la course aux oscars, mais qui font le job à commencer par De Niro, visiblement ravi de cabotiner façon facho redneck, et par les très charmantes et convaincantes Jessica Alba et Michele Rodriguez. Et il y a un petit plaisir, façon revanche, de voir les rôles s'inverser et cette sale trogne de Trejo foutre une branlée au gros pèpère de Seagal (dans son tout premier rôle de bad guy). Enfin, rayon bisserie, Rodriguez sait quand même ouvrir les vannes avec quelques scènes inventives, entre un rappel avec 15 mètres d'intestins, une crucifixion plutôt hard et un final très western façon Fort Alamo entre clandos mexicains et bouseux blanc-bec tendance KKK.

Alors, au final, si Rodriguez est quand même loin de son Planète Terreur ou de sa Nuit en Enfer, il arrive tout de même à remplir le contrat, celui de proposer un bis craspec et fun, décomplexé et fier de son statut de péloche bis. Machete reste ainsi jubilatoire, même si Rodriguez n'a vraiment pas forcé son talent sur cette péloche-ci. Souhaitons tout de même qu'il se racle la soupière un peu plus pour la prochaine fois.

23 déc. 2010

Inception


J'étais pourtant le client idéal : scénario alambiqué juste ce qu'il faut (introduction labyrinthesque au possible), bonnes idées (les défenses du subconsient qui cherchent l'auteur du rêve, le personnage de Cotillard), caméra brillante, prouesses techniques (les scènes en apesanteur dans l'hôtel sont bluffantes) et casting haut de gamme (Leo Di Caprio se bonifie avec l'âge, Cotillard a la classe, Ellen Page confirme tout le bien que je pense d'elle...).

Mais si ce n'est pas un mauvais film, disons tout de même qu'il est possible qu'on en ait fait beaucoup trop autour de ce film. Très solide sur beaucoup de points, Christopher Nolan pêche pourtant ici par ambition, tant il semble vouloir nous épater plutôt que de nous émouvoir. Il rate ainsi quelques points intéressants comme les soi-disantes architectures labyrinthiques des différents rêves (quasiment inexploitées), la fin ouverte est un peu facile (dans ce genre de film, une telle fin frise le cliché), la séquence neigeuse jamesbondesque est plutôt raté et le concept d'inception est complétement sous-exploité. En effet, si l'implantation d'une idée dans l'esprit du personnage de Cillian Murphy est sensée être l'une des deux intrigues principales, toute cette partie de l'histoire n'est guère immersive et sa conclusion est torchée à la truelle.

Mais surtout, là où Nolan se plante, c'est dans l'émotionnel du monde du rêve. Alors que ce monde-ci est sensé être régi par les émotions, les rêves apparaissent toujours froids, durs, glaciaux, carrés, sans aspérités, chirurgicaux. Seule la relation entre Leo et Cotillard développe un tant soit peu cette relation onirisme/émotion et offre quelque possibilité d'attachement à ces deux personnages (pour les autres personnages, et exception faite de celui d'Ellen Page, difficile de ressentir quoique ce soit envers eux, simples rouages dans une mécanique de grand casse très Ocean's Eleven, moins cérébral certes, moins "sérieux" mais aux seconds rôles pourtant plus étoffés). Le reste n'est pas plus immersif et touchant qu'un blockbuster de Michael Bay, même si c'est un peu plus intelligent.

Blockbuster, donc, un chouia au-dessus de la moyenne par son concept et le talent de mise en image de Nolan, ce n'est pourtant qu'un blockbuster parmi d'autres et loin d'être le chef d'oeuvre annoncé et encensé : Inception, déception.

16 déc. 2010

Scott Pilgrim vs. The World


Le film à ne pas rater en cette fin d'année 2010 est en train, malheureusement, de passer presque inaperçu. Pour l'anecdote, Scott Pilgrim VS The World n'aura eu le droit, en tout et pour tout, qu'à une seule petite semaine d'exploitation sur Clermont-Ferrand, pour une seule séance par jour à 22h20. De vrais bonnes conditions pour qu'un film trouve son public, n'est-ce pas ?

Mais râler ne changera pas grand chose, et surtout pas le fait que je suis persuadé d'avoir vu de la graine de chef d'oeuvre, là on l'on pourrait voir au premier abord, à coté de l'adaptation de la BD éponyme, qu'une énième exploitation du filon nerdogeek, entre relations sociales plus que bancales, sentiments refoulés, amours compliqués (la Ramona Flowers a 7 ex plutôt coriaces), rock lo-fi et nostalgie 8bit. Ce que Scott Pilgrim est, et qu'Edgar Wright ne renie en rien. Mais Edgar Wirght a l'art rare de savoir mettre en image des éléments improbables tout en offrant une véritable cohérence à ses créations (Spaced, Shaun of the Dead et Hot Fuzz). Et ici, le mélange improbable entre le canevas classique du jeu de baston (battre les sous-fifres et finir par le boss), un instantané plutôt juste et loin de la caricature de l'éternel ado (Scott Pilgrim est d'une immaturité quasi maladive, à contrario de la plupart des relations qui l'entourent, mais Ramona, sous couvert d'indépendance, n'est pas plus forte émotionnellement), une belle histoire d'amour, de l'humour et un visuel jeu vidéo référencé mais jamais too much, et servant l'histoire comme l'utilisation de cette "1-UP", cette vie supplémentaire qui permettra à Scott de prendre enfin sa vie en main, ici, donc, tout cela fonctionne avec un sens de la mesure tout en préservant la folie visuelle foisonnante qui tient de l'équilibrisme, tant la forme et le fond ne forment qu'un tout subtil, grisant et cohérent.

Avec Scott Pilgrim, Edgar Wright persiste, confirme et signe : il est l'un des réalisateurs les plus doués, les plus intéressants et l'un des plus honnêtes de ces dernières années. par sa capacité à ne jamais poser tel quel les influences diverses et gimmicks issus de la sous-culture comics/b-movies/JV que l'on croise dans ses créations, mais plutôt de réfléchir à créer à partir de tout ça un univers crédible et solide, un cinéma divertissant et intelligent. Car ce Scott Pilgrim vs. The World tient ses promesses de blockbuster d'auteur de bout en bout : spectaculaire, intelligent et attachant. Et je n'ai qu'une hâte : que le DVD sorte pour me délecter encore et encore de cette belle histoire d'amour et de cette folie visuelle. Et je suis prêt à parier mon slip que si ce film est un échec commercial, le temps saura donner raison à cette expérience unique.

14 déc. 2010

Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé


Pour l'Ordre du Phoenix, je concluais ma chronique sous la forme d'une question : le Prince de Sang-Mêlé confirmera-t-il le sursaut qualitatif entrevu dans le cinquième volet des aventures du binoclard le plus célèbre de Poudlard ?

Malheureusement non. Sans être un ratage façon Coupe de Feu, David Yates n'arrive pourtant jamais à prendre au corps son film, ses personnages, au point de ne laisser qu'un vague souvenir s'estompant trop rapidement au lendemain du visionnage dudit film.

Quelconque est un qualificatif qui n'avait pas encore été employé pour l'un des films de la saga ; c'est donc fait avec ce sixième volet, ni vraiment raté ni jamais vraiment réussi, même si je lui reconnais toujours deux qualités communes aux autres volets : son casting de seconds rôles et son décorum. Et comme pour le précédent, le début est pourtant plutôt immersif, les affaires des sorciers débordant de plus en plus chez les moldus, et l'arrivée du professeur Slughorn (très bon choix dans le casting en la personne de Jim Broadbent, british habitué aux seconds rôles chez Gilliam, Moulin Rouge, Bridget Jones et bien d'autres) à Poudlard (la première rencontre entre Potter et lui donne lieu d'ailleurs à une scène très potterienne, pleine de folie et de magie) est bien retranscrite, entre élitisme, flagornerie et petits secrets. L'éruption des sentiments, chez Harry Et Ginny, Hermione et Ron, est là aussi plutôt juste et bien dosée et le mystère entourant Rogue, sa relation avec Voldemort et les Mangemorts est également un bon élément du film.

Mais on retrouve aussi les vilains défauts de la Coupe de Feu, à savoir le manque d'homogénéité, le manque de liant dans les scènes et le montage. On retrouve aussi ce ventre mou présent déjà dans le volet précédent, qu'on lui pardonne bien moins ici eu égard au découpage à la truelle de plus d'une demi-heure du film. On s'agace aussi bien plus vite du manque de direction d'acteurs concernant les premiers rôles, Harry et Hermione encore et toujours en tête, et l'on se désole de la faible charge émotionnelle que dégage le film, visuellement joli mais qui a toute les peines du monde à nous faire tressaillir à l'arrivée des Mangemorts dans Poudlard et à nous retourner l'estomac face au choc que constitue le meurtre
de Dumbledore par Rogue.

La saga Harry Potter ressemble de plus en plus à une espèce de chose boursouflée et pourrie de l'intérieur, comme si globalement rien ni (presque, suivez mon regard lorgnant vers le troisième volet) personne n'aurait pu en tirer quelque chose de bon. On pourrait bien dire que le vrai problème des Potter au cinéma est l'œuvre littéraire, pleine de détails et de sous-intrigues (rarement ennuyeuses pourtant), dont ils sont tirés, mais ce serait oublier qu'ils n'ont été fait que pour profiter de l'engouement autour des livres, et que la transposition à l'écran de l'univers d'Harry Potter a avant tout servi un merchandising gigantesque, digne de Star Wars. Et si j'en crois les retours sur la première partie du dernier opus poudlardien, cela semble mal partie pour que je change d'avis en bout de course.

Et si j'avais dis, lors de ma toute première chronique poudlardienne, que je balayais la sempiternelle comparaison livre/film (tout en disant que les livres restent sans coup férir bien au-dessus de leur adaptation cinématographique), je ne peux, à l'heure actuelle, que vous dire que la relecture des 7 tomes vaut bien plus que toute cette pellicule gâchée.

29 nov. 2010

Harry Potter et l'Ordre du Phénix


Après le plantage de Mike Newell, l'arrivée de l'inconnu David Yates aux commandes du 5ème volet de la saga Potter pouvait, au mieux, laisser dubitatif. Mais, inconnu, Alfonso Cuaron ne l'était-il pas, ou à peine moins, pour le Prisonnier d'Azkaban ?

Car, sans vouloir mettre cet Ordre du Phénix au niveau d'Azkaban, je dois avouer qu'il m'a fallu réviser mon jugement à la hausse concernant ce film (bien que le jugement initial, à la sortie du film en 2007, n'était pas particulièrement négatif). Sans faire dans l'excellence, David Yates réussit à ne pas rater son film, malgré une baisse de régime en milieu de pellicule. Là où Mike Newell ne faisait pas ressortir grand chose des enjeux de la Coupe de Feu, on retrouve dans le film de Yates les principaux intérêts, les grandes lignes de force de ce cinquième volet : montée de la dictature d'Ombrage (mais en revanche sa prise de pouvoir effective est traitée plus mollement), Harry Potter qui prend conscience et accepte ce qu'il est et ce qu'il représente (plutôt bien rendu à l'écran, malgré le charisme bivalvesque de son interprète) et l'adolescence des personnages (et la naïveté de Ron, toujours remarquablement interprété par Rupert Grint).

Et même si chez Yates la réalisation se fait plus clinquante (de belles images mais peu de plans vraiment forts) que chez Cuaron, force est de constater qu'il arrive en revanche bien mieux à intégrer de belles séquences ou du spectaculaire dans sa narration, comme les scènes au Ministère de la Magie (où là encore les décorateurs font un magnifique travail), là où Newell pataugeait dans la semoule avec sa poursuite balai-dragon. Même l'affrontement entre les Mangemorts et l'Ordre est moins starwarsien que dans mon souvenir (il m'avait fait penser à la grande bataille de Jedi sur Geonosis dans l'Attaque des Clones), bien que manquant tout de même d'une certaine charge émotionnelle.

Si cela est valable pour l'ensemble des films et que je l'ai déjà écrit, je tiens une fois de plus à souligner la qualité de la mise en image des lieux, objets, petits détails ainsi que du bon goût du casting, en particulier pour les seconds rôles (les membres de la famille Weasley sont très bien campés, tout comme Neville Londubat ou Luna Lovegood) et l'oscar du "ça n'aurait pu être que lui/qu'elle" est attribué pour ce film à Helena Bonham Carter en Bellatrix Lestrange, aussi crédible que Rickman en Rogue. Et soulignons aussi le charisme de Ralph Fiennes, toujours aussi convaincant en Voldemort.

Même si on pourra reprocher au scénario d'avoir pour principal défaut celui de ne pas s'attarder sur la vie au square Grimaud (du coup, les rares scènes de l'elfe Kreattur et du tableau de la matriarche Black tombent un peu à l'eau) et que le décorum poudlardien, plutôt fidèle aux livres, joue aussi en sa faveur, David Yates fait le boulot et réussit à ne pas être à coté de la plaque. Et malgré les heures sombres qui s'abattent peu à peu sur Poudlard, Yates redonne des couleurs et un peu de crédibilité cinématographique à cette saga en pensant avant tout à réaliser un film, à raconter et à mettre en image une histoire avant de torcher un plan marketing sur pellicule. Confirmation pour le Prince de Sang-Mêlé ?

27 nov. 2010

Harry Potter et la Coupe de Feu


En voyant pour la première fois le Prisonnier d'Azkaban, je m'étais dit que cela était peut-être le signe d'un nouveau départ pour les aventures du magicien à lunettes. L'arrivée de Mike Newell (à la filmo éclectique, entre Donnie Brasco et 4 Mariages et 1 Enterrement, mais à l'époque pas vraiment le réal auquel on pense au premier abord pour mener la barque d'un Potter) ne m'a pas inspiré une grande confiance, mais je lui laissai alors le bénéfice du doute.

Si visuellement nous sommes dans la droite ligne de l'univers mis en place par Cuaron (intro brumeuse, réalisme de Poudlard, ancrage dans une modernité plus proche), difficile de ne pas faire la fine bouche au delà de la... neuvième minute du film. Car tout commençait pourtant bien, entre l'introduction dans la maison des Jedusor et arrivée à la Coupe du Monde de Quidditch, visuellement prometteuse. Mais les Mangemorts arrivent soudain comme un cheveu sur la soupe et révèlent dès lors le principal (si on fait fi des multiples et énormes différences avec le livre) défaut de la Coupe de Feu : sa narration.

Si quelques séquences ne sont pas désagréables (la scène sous-marine est bien fichue, la scène du bal a la classe, et Jarvis Cocker fait un fugace mais excellent leader de Bizzar Sisters), d'autres sont plus anecdotiques, voire ridicules, comme cette poursuite avec le dragon lors de la première épreuve de la Coupe de Feu ou comme l'arrivée des écoles étrangères. Et tout cela est enchainé à la truelle, sans transition aucune, ce qui donne près d'1 h45 mal fichue dans sa narration, dans sa logique et dans son intérêt en général. Pourtant, par un heureux hasard (car rien ne laissait présager quelque chose de réussi sur plus de 5 minutes d'affilée), la dernière demi-heure relève un tant soit peu le niveau. A partir du labyrinthe (séquence angoissante quoiqu'un peu rapide), on retrouve un peu de Potter et l'arrivée réussie de Voldemort (convaincant Ralph Fiennes), la mort brutale de Diggory, l'affrontement Potter-Voldemort et la révélation de la supercherie de Barty Croupton Jr. (jolie partition de David Tennant, le 10ème Doctor Who) redonnent un peu consistance à cette Coupe de Feu globalement ratée. Et je passerai sur la performance de plus en plus limite de Daniel Radcliffe, et du jeu très variablement convaincant d'Emily Watson.

Harry Potter et la Coupe de Feu est dans la saga littéraire un tournant majeur de la saga. Il est devenu un film très mineur, qui arrive presque à redonner du cachet aux deux premiers opus de Columbus (ce qui le sauve est par chance l'univers poudlardien que nous lui préférons largement aux opus de Columbus), laissant presque craindre le pire pour la suite et la fin de la saga, offerte aux mains de l'inconnu David Yates. Prochaine étape : Harry Potter et l'Ordre du Phoenix.

26 nov. 2010

Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban


Ne tortillons pas du popotin pour faire nos besoins droit : le Prisonnier d'Azkaban est à l'heure actuelle la meilleure adaptation à l'écran d'un volume de la saga d'Harry Potter.

Et j'ai eu beau regarder, comparer les fiches techniques du précédent volet de Columbus et celui-ci, les différences entre ceux-ci sur le papier semblent en apparence presque anecdotiques : augmentation du budget de 30M$, remplacement pour Dumbledore de Richard Harris (décédé après la Chambre des Secrets) par Michael Gambon (et à l'écran le changement passe comme une lettre à la poste) et l'arrivée d'Alfonso Cuaron (qui réalisera 3 ans après ce Potter-ci les Fils de l'Homme) à la place de Chris Columbus.

Si au scénario nous retrouvons le fidèle Steve Kloves (auteur des scénarios de tous les films à l'exception de l'Ordre du Phoenix), il semblerait que ce soit justement le changement de réalisateur qui ait fait toute la différence sur la pellicule. Bien sûr, Poudlard évolue aussi, moins magique, plus réaliste mais tout aussi enchanteur. Mais au-delà du décorum, Cuaron a réussi à saisir le cœur du livre, l'esprit, sans grands effets de manche, simplement en prenant son sujet sérieusement et révélant enfin à l'écran que l'intérêt d'Harry Potter ne réside pas dans la magie et ses oripeaux mais dans ses personnages. La relation entre Lupin et Potter, aspect important du livre, est également au cœur du film et est ainsi rendu avec beaucoup de justesse malgré les contraintes de l'exercice même d'un film estampillé Potter ( 2h10 pas plus, cahier des charges pointu, quota de merveilleux, etc...).

Car Cuaron n'en oublie pas non plus la commande, et à ce titre offre parmi les séquences les plus éprouvantes de la saga cinéma avec les Détraqueurs (enfin des créatures poudlardiennes dont le rendu à l'écran vaut celui des livres), grande réussite visuelle de ce film, ainsi que le très fun voyage en Magicobus. Difficile non plus de cracher sur le casting, que ce soit dans le choix des acteurs (le sous-estimé David Thewlis campe un Lupin au plus juste, Emma Thompson dans un contre-emploi aux petits oignons et le "ça n'aurait pu être que lui" du film en la personne de Gary Oldman en Sirius Black) ou dans la direction d'acteur. Car si le talent d'un Rupert Grint (Ron Weasley) explose, celui de Daniel Radcliffe est moins flagrant (mais il reste encore crédible dans le Prisonnier d'Azkaban) et la vision des épisodes suivants démontre là aussi que Cuaron n'a pas juste été un yes-man.

Par des enchainements simples mais efficaces (le fil des saisons vu du saule cogneur), il offre une narration aboutie, fidèle et prenante qui donne parfois envie de foutre une paire de claques aux producteurs afin d'offrir à Cuaron la possibilité de tout refaire, fantasme un peu vain et terriblement frustrant. Car si le Prisonnier d'Azkaban est en tout point ce qu'on était en droit d'attendre d'une adaptation d'Harry Potter, il révèle malheureusement les errements et la démarche avant tout mercantile de la Warner, qui fait de la saga poudlardienne, excellente d'un point de vue littéraire, un succés indéniable au cinéma, mais qualitativement boiteuse en ce qui concerne le septième art.

23 nov. 2010

Harry Potter et la Chambre des Secrets

Maman, j'ai encore raté Poudlard...

Chris Columbus, une fois de plus (de trop ?), bien content de n'avoir qu'à dérouler le fil propret du film-merchandising, ne nous offre là qu'un joli emballage (car une fois encore peu de critiques à faire quant aux décors, aux lieux, à la géographie et au folklore) prompt à rentrer dans le moule des produits dérivés. Mais les films tirés de la saga ne sont-ils pas eux aussi des produits dérivés plutôt que des adaptations ? Avec Columbus la réponse est sans nul doute oui.

Non pas que le film ne suive pas l'intrigue principale, il le fait correctement, bien que rapide sur Mimie Geignarde et le journal intime de Tom Jedusor. Mais à marchandiser pour un public-cible son film, il en perd toute magie, au delà du décorum. Il manque un souffle, y compris dans la dernière demi-heure malgré une partie d'échec visuellement très réussi, bien plus que l'affrontement avec le Basilic. Erreur de casting aussi, en la personne de Kenneth Branagh, à coté de ses pompes question flamboyance et suffisance de Gilderoy Lockhart. En revanche, et je le répéterai surement pour chaque film, Alan Rickman est définitivement LE Severus Rogue.

Bref, et une fois de plus, rien qui ne vaille vraiment plus qu'un divertissement familial vite consommé, un dimanche de pluie ou un jour férié...

22 nov. 2010

Harry Potter à l'Ecole des Sorciers


Comme je compte parler des 6 épisodes sortis à ce jour au cinéma, balayons tout de suite la sempiternelle comparaison livre/film : dans l'ensemble, les livres sont mieux, il manque un paquet de scènes, quelques personnages comme Peeves... Point, refermons tout ça. Mais c'est pas pour ça que les films sont ratés. Enfin, pas tous, mais je ne divulguerai pas mon point de vue sur les cinq autres tout de suite. Diantre, un peu de suspens...

Donc commençons par le commencement : Chris Columbus. Sûr que par rapport aux rumeurs (voire aux envies de l'auteure JK Rowling) qui faisait de Terry Gilliam le réal de ce premier volume des aventures du binoclard de Poudlard et l'un des réalisateurs de la saga tout court, Chris Columbus donne tout de suite moins envie, et je le préfère plus souvent comme scénariste ou producteur (Gremlins, les Goonies, la Nuit au Musée) que derrière la caméra. Ce choix montrait également un véritable choix marketing de la part de la Warner, préférant une vision plus enfantine donc plus bankable, au moins pour les deux premiers, les histoires se prêtant peut-être aussi à cet aspect gaminou.

Car, si visuellement nous ne pouvons guère nous plaindre de rendu à l'écran de Poudlard, de ses merveilles, de sa magie ni même du casting (rarement à coté de la plaque sur l'ensemble de la saga), à commencer par mon chouchou Alan Rickman (qui d'autre aurait pu être Severus Rogue ?) mais aussi Richard Harris en Dumbledore, Maggie Smith en McGonagall ou Robbie Coltrane en Hagrid, il n'en est pas de même pour le film dans son ensemble. Voilà juste un bon divertissement familial, calibré, dans les clous, gentil. Pas mauvais, non, juste assez bon pour ne pas s'ennuyer, mais pas assez pour avaler la pilule suivante : cette saga a moins besoin d'un VRP derrière la caméra que d'un réalisateur avec une vision de ce qu'est Harry Potter. Car Harry Potter n'est pas qu'une source de produits dérivés, et j'aurai bien assez tôt l'occasion de vous dire qu'un seul réalisateur a eu le temps d'un film cette vision de ce qu'aurait pu être Harry Potter au cinéma.

Et si cela passe bon an mal an pour cette adaptation du premier tome, sachez que j'étais tout de même plutôt soulagé que Chris Columbus ne prenne pas en charge toute la saga (bien que nous le subirons encore sur le deuxième tome) parce que bon, Maman J'ai Raté Poudlard, ca va bien 5 minutes...

21 nov. 2010

Retour sur... The X-Files (1ère partie : 1993-1995)


Il y a eu un avant et un après X-Files. Non pas que cette série ait changé véritablement la face du monde, mais ils n'étaient pas si nombreux ceux à prendre vraiment au sérieux les séries TV avant celle-ci. Il faut se souvenir du phénomène que ça a été, après plusieurs années au soleil de Magnum, Mac Gyver et Miami Vice ; le fantastique, la SF, le sombre, le glauque, n'ont pas fait vraiment recette dans les années 1980, alors que les années 90 voient le retour sur petit écran de Star Trek et l'arrivée de Babylon V, qui marquent, avec X-Files le retour en force de tous ces genres à la télévision, sans oublier l'anthologie Tales from the Crypt qui sévit depuis 1989 (et ce jusqu'en 1996). Souvenons-nous aussi du merchandising, des articles y compris dans la presse plus téléramesque, des débats sur la vision du monde proposée par cette série et de quelles séries (de qualité variable) ont suivi, embrayant sur le retour en grâce des petits hommes verts, des monstres en tout genre, des psychopathes et des gouvernements secrets : Profiler, Buffy, le Caméléon, Millennium (du même Chris Carter), The Nowhere Man (oubliée aujourd'hui, ultra paranoïaque et diffusée à l'époque sur C+), Roswell, Dark Skies... Lost peut même être considéré comme une descendante directe d'X-Files, par son ambiance paranoïaque, son fantastique-réaliste et ses mystères résolus au compte-goûte.

Mais en 1993, quand arrive X-Files sur la Fox, il n'est pas question encore de tout ça. La série a le droit à sa première saison mais personne ne mise vraiment dessus et il n'est absolument pas question d'imaginer les huit saisons qui vont suivre. D'ailleurs, Chris Carter envisagea à l'époque le dernier épisode de la première saison (The Erlenmeyer Flask, s1 ép. 23), comme une conclusion de saison et de série, au cas où il n'aurait pas la chance d'obtenir une deuxième saison. Mais dès le premier épisode (le pilote devrais-je dire), tout est là : gouvernement secret, manipulation de l'information, un informateur secret (Gorge Profonde) et un mystérieux Homme à la Cigarette. Et le second épisode (Deep Throat, s1 ép. 2) enfonce le clou, dans le même genre et dans une ambiance de défiance envers l'armée suite à la première guerre d'Irak et son étrange syndrome. En élargissant très vite le champ des enquêtes non classées (à l'époque pas besoin de faire suivre absolument un épisode avec un autre), X-Files n'échappe pas au coté "monstre de la semaine", mais son ambiance crépusculaire, sa volonté de coller à l'époque (les dates des épisodes correspondent à une semaine près au jour de diffusion sur la Fox), son sérieux et son allégeance au genre avec un grand G font mouche assez rapidement. Prenons pour exemple l'épisode Ice (s1 ép. 8), véritable The Thing sur 45 minutes, ou l'éprouvant When Darkness Falls (s1 ép. 20), qui se permet en même temps un petit message écolo pas dégueu, ou encore le magnifique et touchant Beyond The Sea (s1 ép. 13). Si le reste de cette saison n'est pas toujours du même acabit, ces épisodes-ci portent déjà la marque des scénaristes et réalisateurs qui vont faire X-Files : Glen Morgan, James Wong, Chris Carter, David Nutter, Rob Bowman. Et il ne faudrait pas oublié le duo d'acteur, David Duchovny et Gillian Anderson, rapidement convaincants.

Et tout ça offre en 1994 une seconde saison à X-Files, dans la lignée de la première, et qui débute avec la fermeture du bureau des affaires non classées suite aux événements de la fin de la première saison et à nouveaux les secrets du Gouvernement autour des extraterrestres (Little Green Men, s2 ép. 1), mais surtout avec le fil conducteur de toute la démarche de Mulder : l'enlèvement de sa sœur, supposément par les extraterrestres. Et un léger changement de cap s'effectue, avec désormais la volonté de s'inscrire dans une mythologie et donc dans une continuité. A coté d'épisodes isolés (dits loners) arrivent ainsi officiellement des épisodes dits mythologiques (le fameux enlèvement de Scully du double épisode Duane Barry-Ascension, s2 ép. 5-6 et sa "conclusion" dans le très beau One Breath, s2 ép. 8) et la série va garder cette architecture de saison jusqu'à la fin. Et un second double épisode (Colony-End Game, s2 ép. 16-17) enfonce le clou avec la soudaine apparition de la sœur de Mulder...

Si les épisodes mythologiques sont de qualité, le reste de cette seconde saison devient moins anecdotique, s'étoffe lui aussi. Les épisodes brassent larges, entre possessions, parasites, expériences gouvernementales de toute sorte, démons sadiques et même des (très décevants) vampires. On retiendra tout particulièrement l'angoissant Blood (s2 ép. 3) et le décalé Humbug (s2 ép. 20), véritable hommage au Freaks de Tod Browning, plein d'humour et voyant ainsi l'arrivée dans l'équipe de scénaristes de Darin Morgan, qui marquera les saisons suivantes par ses histoires toujours empreintes d'un humour salvateur, mais jamais à coté de la plaque.

Mais ce qui marquera véritablement un tournant, tel le meurtre de JR dans Dallas (en utilisant donc la technique dite du cliffhanger, dont Dallas est l'un des rares représentants avant X-Files), c'est l'épisode final Anasazi (s2 ép. 25). Cette fois-ci, Chris Carter est en confiance, la série s'installe et commence à se vendre, elle trouve son ton, son ambiance (les fameux crépuscules, les bois, la parano ambiante...), son public. Ce season finale ne va donc pas conclure la saison, mais plutôt annoncer la suivante. Et quand cet étrange wagon rempli de cadavres et enterré au milieu du désert explose sur ordre de l'Homme à la Cigarette, avec Mulder à son bord, c'est aussi l'explosion du phénomène que va faire d'X-Files la série, avec ER (Urgences en VF), la plus emblématique des années 90.

...à suivre : X-Files (2ème partie : 1995-1998)

17 nov. 2010

Burn Notice, saison 3


Que j'essaie d'être original pour parler de cette troisième saison de Burn Notice apparaît comme un véritable défi par rapport à ce que j'ai déjà écrit sur cette série.

Tentons donc une comparaison culinaire qui, je le précise, n'a qu'un rapport extrêmement capillotracté avec cette série (si ce n'est les origines celtiques de Miss Fiona Glenanne). Burn Notice, c'est un peu la recette des crêpes au sarrasin : pas spécialement compliquée mais facilement ratée, un délice quand c'est réussi (si vous voulez me nommer aux awards 2010 de la métaphore, ce sera gentil, mais cela ne le mérite vraiment pas).

J'aime cette série. Elle arrive à être spectaculaire, attachante, prenante, sérieuse et fun sans vraiment rentrer dans une surenchère saison après saison. Les personnages ne font pas du sur place, les bad guys ont la classe et Jeffrey Donovan y est tout simplement énorme (en VO uniquement, la VF ayant eu le don magique de transformer cette série en grosse bouse).

Cette série ne sera peut-être jamais un chef d'oeuvre ou culte. Peu importe, elle a la classe, et ça, ce n'est pas donné à toutes les séries. Et puis, promis, j'essaie de me racler la soupière pour la quatrième...

16 nov. 2010

Amer


Oui, Amer est une relecture et une réappropriation, par le duo de réalisateurs Hélène Cantet et Bruno Forzani, du giallo, genre italien mélant thriller parfois proche du fantastique et érotisme souvent macabre, très codifié (l'arme blanche et en particulier le rasoir, les mains gantés, les couleurs, les musiques...) et dont les représentant parmi les plus glorieux (et les plus connus) sont Dario Argento et Mario Bava (mais il ne faudrait pas non plus oublier un Sergio Martino dont Amer emprunte ici la musique d'un de ses films). Et s'il est bien tout cela, il en arrive même à en être, par la seule force (ou presque, les dialogues sont rares dans Amer) du langage cinématographique, une presque thèse universitaire sur le sujet, tant tout a été travaillé au détail près et se rapprochant ainsi d'un Lost Highway.

Et l'on pourrait craindre le pur exercice de style, car Amer est un exercice de style aussi. Mais c'est avant tout du cinéma. Certes maniaque dans son esthétique (mais le grand giallo des 70's l'téait tout autant), mais il nous raconte, ou en tout cas nous fait vivre des émotions à travers ses images. Et n'est-ce pas donc du cinéma ? Par un travail exceptionnel du son (preuve qu'il n'y a pas que sur du gros budget spectaculaire que le home cinéma 5.1 prend toute sa valeur) ey de l'image, Amer est avant tout une expérience sensoriel. Souffles omniprésents, gros plans d'une sensualité affriolante, perte de repères, onirisme érotique, angoissant et macabre à la fois, force des regards, ne serait-ce que d'un œil, et mystère omniprésent (femme en noir, hommes en noir...), tout cela nous permet de nous construire notre regard sur Ana, le personnage principal d'Amer, et nous démontre, s'il le fallait, la complexité et les tourments de la construction d'une sensualité, surtout quand fantasmes, angoisses et réalités se mêlent.

Car ils se mêlent jusqu'à nous faire douter de ce à quoi, à la fin du film, nous assistons. Et de se demander si Ana ouvre bien un œil à la dernière image...

Et permettez moi d'enrager contre les distributeurs et les exploitants de salle de cinéma, qui n'ont pas permis à ce film de voyager au delà de quelques salles de quelques grandes ville,s Clermont-Ferrand étant un des parents pauvres de l'hexagone de ce coté là. Car voilà typiquement le genre de spectacle, le genre d'expérience qui mérite un cadre tel qu'une bonne salle de cinéma.

15 nov. 2010

Tron


On le sait, les années 80 sont pour la firme de tonton Walt LA grande période de vache maigre autant artistique que financière, avec la fin de l'âge d'or Reitherman et consort (qui se termine avec Rox et Rouky), la faible rentabilité de la branche cinéma (Mary Poppins étant même considéré comme le dernier vrai gros succés de Walt Disney Pictures) et le futur (à l'époque de la sortie de Tron) four que sera Taram. Et Tron, du moins en terme de résultat au box-office, ne fera pas exception.

Il faut dire qu'en 82, si le jeu vidéo (sous forme de bornes d'arcade principalement, mais aussi des premières Atari) était en plein boum mais aussi à la veille d'un krach qui déplacera durablement le centre névralgique du JV des USA au Japon, tout ce qui concerne l'ordinateur, la programmation, les systèmes d'exploitation et les premiers réseaux sont encore pour beaucoup presque de la science-fiction, alors que tout cela se mettait pourtant en place depuis plusieurs années, sans pour autant que cela soit étendu au grand public.

Et si, d'un point de vue de l'histoire en elle-même, Tron n'a rien d'exceptionnel (sa fin est même un peu facile et plan-plan), il propose pourtant quelque chose de rarement égalé depuis : une vision plausible et imaginative d'un réseau informatique et de l'interaction des programmes avec un système d'exploitation et son architecture (qui dans le film est signifiante à tout point de vue), ce qu'est le MCP (Master Command Program dans le film).

De plus, Tron est indéniablement un jalon technique (d'une certaine manière, il ouvre la voie à la Motion Capture que Cameron utilisera dans Avatar) qui vieillit bien, à mon grand étonnement, et Steven Lisberger offre certains paysages numériques d'une beauté bluffante, malgré la linéarité et la géométrie des triangles, parallélépipèdes et autres polygones. Au delà de la prouesse technique, il y a cette tentative réussie de proposer une esthétique du pixel, sûrement pas évidente à l'époque mais qui prend toute sa valeur aujourd'hui. On pourrait même y voir du prophétique (ce qui au moins démontre que Tron est une création, et pas juste une commande, et que Lisberger connaissait bien son sujet), à l'heure où le logiciel libre fait peu à peu son trou, certains cherchant à se débarrasser de l'envahissante présence de Microsoft et de ses programmes interconnectés, tout comme les programmeurs de Tron cherchaient à se défaire de l'emprise d'un MCP omnipotent.

Malgré la tentative de reboot par Tron : Legacy qui arrive, je ne suis pas sûr que son illustre aîné ait un jour une aura plus grand public, moins geek. Peu importe pourtant, car Tron est le genre de péloche dont Disney peut être fier, aussi réussi techniquement, presque aussi magique que pouvait l'être Mary Poppins 20 ans auparavant (bien que, soyons d'accord, rien n'égalera jamais Mary Poppins) et loin d'être gagné par la sénescence. Je l'ose donc : Tron est un Mary Poppins nerdogeek.

10 nov. 2010

L'Homme Qui Voulait Vivre Sa Vie


Je n'aurai pas misé grand chose sur Eric Lartigau, le réalisateur. Après les deux très dispensables comédies Mais qui a tué Pamela Rose ? (très éloignée du délire télévisuel originel) et Un Ticket Pour L'Espace, puis Prête-Moi Ta Main, une comédie romantique déjà plus fréquentable, je pouvais être légitimement dubitatif quant aux qualités du sieur Lartigau. Mais des conditions défavorables à la vision d'un autre film initialement prévu, une bande-annonce accrocheuse et de bonnes critiques entendues par ci par là m'ont évité d'entrer dans la salle de cinéma à reculons.

J'éviterai de suite la comparaison avec le bouquin dont le film est tiré, ne l'ayant pas lu. Je me permettrai aussi d'annoncer tout de go que la fin est ratée, abrupte et mal amenée, ou que l'intention (doit-on voir un quelconque parallèle entre le parcours du personnage principal et le passager clandestin survivant ?) derrière une telle fin est loin d'être très évidente.

Mais malgré cette fin plus que décevante, nous avons là un vrai bon film, mariant avec aisance l'étude de mœurs bourgeoise, le thriller psychologique et une forme de quête intime entre dépouillement bienfaiteur et chemin de croix. Et les deux grandes parties du film (lente descente aux enfers à la fois subie et voulue puis création/recréation d'une vie) s'articulent avec beaucoup de finesse, les séquences muettes de road movie marquant lentement le passage d'un état à un autre. Mais compte tenu de l'histoire, Eric Lartigau ne tombe pas non plus dans le piège de la victimisation de son personnage, l'illusion d'une nouvelle vie vierge de tout passé ou d'un passé réinscriptible s'effritant lentement mais sûrement.

Malgré un ou deux effets de manche visuels mal venus, Eric Lartigau filme avec des qualités (sobriété, qualité des compositions) que je ne lui connaissais pas, qui explosent dans certaines scènes troublantes de justesse (celles où le couple s'étiole, où les enfants sont là au milieu des mensonges et du musée du Quai Branly...). De plus, Romain Duris (et je ne suis pas un grand amateur de Duris) nous offre une vraie composition et nous montre que les années lui permettent de sortir (Audiard est aussi passé par là) du cliché klapischien (Tomasi et consort) qui fait encore frissonner la vieille trentenaire nostalgique de ses années lycée. Je n'oublie pas le toujours impeccable Niels Arestrup, la talentueuse Marina Foïs et la charmante Branka Katic (vue dans Public Enemies).

Alors, oui, je pardonnerai à ce film sa fin, bien que je pourrais dire, un jour de mouron, que l'ensemble du film mériterait une fin à la hauteur. Mais compte tenu du sujet casse gueule et du passif du réalisateur, je pense tout de même que nous tenons là l'un des bons crus français de l'année 2010. Et vu le nombre de fois que je vais au cinéma pour aller voir un film français qui m'intéresse un minimum, autant en sortir avec cette impression, non ?

8 nov. 2010

Les Aventures de Buckaroo Banzai A Travers la 8ème Dimension

Parce que j'aime les anniversaires et les comptes ronds, je ne pouvais pas passer à coté de ce 200ème post de ce blog. Et il fallait donc un film spécial pour cette occasion. Et ce film spécial ne peut être, pour moi, que Buckaroo Banzai. Vu au milieu des années 80 sur Canal+ un dimanche à 18h (je devais avoir 6 ou 8 ans tout au plus), il ne m'est resté longtemps de ce film qu'un vague souvenir, celui d'une voiture traversant une montagne, et ainsi l'impossibilité de savoir quel était cet étrange film dont il ne me restait que cet unique souvenir. Bien évidement, la seule évocation de ce souvenir auprès d'amis, de connaissance afin de satisfaire mon besoin de savoir se traduisait bien souvent par une certaine circonspection, voire une légère moquerie. Puis, il y a de cela quelques années, arriva mon très cher ami Tramber qui, alors que nous allions ensemble faire du rock'n'roll près du plateau de Gergovie, n'eut presque aucune hésitation à l'écoute de l'évocation de ce souvenir cinématographique et me répondit tout de go : "Cherches pas plus loin, ton film c'est Buckaroo Banzai". Et soudain tout s'assembla, et cette félicité atteignit son paroxysme le jour où ce même Tramber m'offrit le DVD dudit film. Et grâce à lui (et chantons ses louanges !), voici donc l'heure de la 200ème chronique de Strangeloscopiques.

Je ne le sais que trop, l'enfance est rarement un bon baromètre de la qualité d'un film. Et je comprends aujourd'hui tout ce qui avait pu me plaire gamin : SF foutraque, technologie bric à brac, héros au talents plus que multiples (chanteur à succés, neurochirurgien, physicien émérite, chevalier blanc...), invraisemblance des situations et méchants déglingués. Si sans aucun doute un tel film serait quasi inimaginable à l'heure d'aujourd'hui, le fait que quelqu'un ait pu l'imaginer, que quelqu'un ait choisi de le financer, que quelqu'un y ait cru assez pour le filmer et que tout ce beau monde y croit au point d'envisager une suite annoncée dès le générique de fin (The Adventures of Buckaroo Banzai Against the World Crime League ne verra jamais le jour suite aux résultats désastreux au box office) donne pourtant à ce film un abord sympathique.

Car s'il est impossible d'en faire un chef d'oeuvre oublié, il serait tout autant facile d'en faire un nanar (ce que d'ailleurs le site Nanarland ne fait pas) de part tout d'abord un résultat d'ensemble qui ne vieillit pas trop mal et d'une inventivité assez jouissive, malgré certaines faiblesses indéniables du scénario et du rythme général du film. Entre les extraterrestres qui s'appellent tous John (certains même ont choisi des noms du genre John Bigbooty ou John Smallberries, qu'on pourrait traduire respectivement par John Grocul et John Petitecouilles), un festival de cabotinage (à rendre malade les professeurs de l'Actor's Studio) de John Lithgow dans le rôle du grand méchant, le design des vaisseaux extraterrestres à l'opposé absolu du bon goût des lignes trekkiennes ou lucassiennes et un système capable de traverser la matière (car c'est donc cela qui m'avait tant marqué enfant) au volant d'une voiture (voire d'une voiture à pédale...), il y a cette espèce d'énergie foutraque qui me fait dire que ce film n'a qu'un seul gros défaut : celui d'être un film.

Transposez tous ces éléments dans un comics, et cela passe comme une lettre à la poste. Il y a là un véritable univers de comics, ce too much attachant que le neuvième art peut se permettre, là où il peut frôler le ridicule au cinéma. Mais ce too much, ici, est modeste, donc rafraichissant. La seule prétention ici est la tentative (ratée, tout du moins au box office) de proposer un nouvel héros, un univers original, avec ses codes et sa mécanique propre. Buckaroo Banzai n'a aucune volonté de réalisme et ne s'en cache jamais ; à l'heure (attention, ceci est un constat seulement...) où les héros des années 2000 ne peuvent être qu'ancrés dans un réalisme, une certaine vérité qui rapproche le plus possible leur monde et le nôtre, où tout doit avoir origine, histoire et motivation, ce genre de film aère nos cerveaux désormais marqués au fer rouge des héros sombres post-modernes, si sérieux, grand pouvoirs grandes etc...

28 oct. 2010

Hostel


Souvent cité comme étant à l'origine du déferlement de toutes sortes de torture-porn façon Saw (pfff....) et east-sploitation (l'ancien bloc de l'est semble exciter l'imagination des scénaristes), les deux souvent mêlés, Hostel est pourtant bien plus malin que ça, et loin d'avoir pour unique but d'enchaîner les séquences craspecs de tortures sans véritable discours.

Eli Roth prend ainsi un vrai plaisir à nous mener en bateau pendant une longue première partie, sorte de clone de comédie étudiante US volontairement lourdingue (baise et défonce dans la vieille Europe, seul objectif du voyage de deux étudiants américains) et où la promesse d'un paradis de la chagatte, d'un supermarché post-soviétique de la foufoune va les faire basculer dans la seconde partie du film, où Eli Roth place peu à peu ses pions (les longs passage très dérangeants où les filles discutent en VO, sans sous-titre ni pour nous ni pour les personnages...) et resserre l'étau d'une horreur ultra-libérale.

Car, nonobstant la volonté de réaliser un film de genre, Eli Roth nous propose une vision, une certaine idée du monde dans lequel nous vivons. Et ce n'est pas la chute du Mur et ses conséquences qu'il filme, mais plutôt ce dans quoi nous nous vautrons allégrement ; situer l'action dans l'est de l'Europe est tout simplement plus évocateur, plus parlant, plus directement opposable à la toute-puissance consumériste US (il joue ainsi avec les clichés d'usage sur l'Europe de l'est) qu'incarnent ses trois petits cons. Et n'oublions pas non plus que le premier mec à disparaître est un islandais : le commerce ne s'attache pas du détail des nationalités, mais apprécie le terreau de la misère pour s'y développer...

Hostel n'a aucune volonté spectaculairement voyeuriste, et cela a pu dérouter, certains s'attendant à la vision bien plus intensive de chairs à vif et de flots d'hémoglobine. C'est un brûlot, tout aussi ou même plus violent par ce qu'il démontre que par ce qu'il montre. Un film marquant, à part, un des grands films craspecs de ces 10 dernières années. Suffisamment en tout cas pour avoir fait fleurir un paquet de péloches se réclamant plus ou moins de la même lignée mais rarement (jamais ?) à la hauteur de la taloche XXL qu'est Hostel.



PS : juste pour l'anecdote, sachez qu'on retrouve à la BO d'Hostel l'excellent Nathan Barr, celui-là même derrière la non moins excellente ambiance sonore de True Blood.

25 oct. 2010

All the Boys Love Mandy Lane


Ne nous attardons pas sur les affres de l'exploitation ciné de cette péloche, datant déjà de 2006, tout fraichement sorti en DVD par chez nous, et longtemps bloquée par les frangins Weinstein, producteur dudit film, refroidis alors par l'échec commercial du dyptique Grindhouse Planet Terror et Death Proof. A la vision, du film, disons-le franchement : ils ont fait les cons.

Voici là une drôle de péloche, à la croisée des chemins d'Halloween, Bowling for Columbine, Carrie et Virgin Suicides. Avec une musique quasi anachronique, ou en tout cas en décalage avec les images, qui accompagne ainsi la camera flottant amoureusement autour de la troublante Mandy Lane, on n'est jamais vraiment sûr de ce que l'on regarde, et c'est par là que le malaise s'installe. Même si, peu à peu, on se rend compte de ce qui se met en place, la caméra n'est jamais vraiment neutre, laissant ainsi le charme de Mandy Lane nous happer, nous offrant un univers adolescent priapique, décérébré, mais pourtant terriblement pathétique dans sa recherche d'amour.

Slasher et chronique adolescente, Jonathan Levine réussit à tout point de vue ce film et nous offre en plus une vraie révélation : Amber Heard. Innocence, trouble et mystère, la jolie blonde joue, incarne, est Mandy Lane, sans fausse note, évanescente et omniprésente. Tous les garçons aiment peut-être Mandy Lane, mais les écrans l'auraient sûrement adoré, car Mandy Lane a été calibré pour le cinéma. A croire que les Weinstein sont passés à coté du charme. Quels cons, ces frangins...

24 oct. 2010

True Blood saison 3


Après une deuxième saison excessive, grand-guignol, charnelle et intense, on pouvait facilement craindre une baisse de forme pour la troisième. Si l'on est loin du priapisme de la précédente saison, cette troisième fournée annuelle des aventures de Sookie Stackhouse n'est pas sans qualité, loin de là.

Alors oui, si les séquences de sexe débridé, de poitrine dénudée ont basé l'essentiel de votre intérêt pour cette série, la troisième saison ne peut que vous décevoir. En effet, celle-ci est plus politique mais aussi plus sentimentale, plus psychologique, moins débridée. La reconnaissance des droits des vampires (la progression du vote de l'amendement est en filigrane une bonne partie de la saison) fait son chemin en façade, mais en coulisse les pions se déplacent, les alliances se nouent et avec la Grande Révélation (celle qui a révélé l'existence des vampires) se pressent derrière d'autres créatures dont le secret de l'existence ne tient qu'à un fil.

Dès lors, on ne s'étonnera guère de l'arrivée de garous divers, de métamorphes et d'une ou deux autres créatures dont je tairai le nom au risque de spoiler. On ne s'étonnera pas non plus de découvrir l'animal politique qu'est véritablement le vampire, à changer presque radicalement la perception de certains personnages. Coté humain, ceux-ci ont une fâcheuse tendance à être dépassé par ce monde débarquant dans leur réalité, subissant de plein fouet l'avènement de ces créatures, à commencer par Tara et le touchant LaFayette, l'un des personnages les plus attachants de True Blood.

Alan Ball poursuit ainsi avec constance (la saison est toujours organisée de la même façon : peu de question en suspens, aucune ellipse entre deux saisons, évolution des personnages) son fangshow trouble, décortiquant l'avidité liée au pouvoir et une Amérique sclérosée et fermée. Et l'on se demande bien ce qui attend la ville de Bon Temps pour la saison à venir tant le dernier épisode ouvre de portes, suggère des bouleversements à venir.

True Blood est le meilleur show, télé et cinéma confondu, de vampires et autres monstres depuis des années, car il ne passe jamais à coté des mythes, ne nie jamais les monstres, ne cherche pas le spectaculaire dans la monstruosité mais plutôt les failles, les désirs, les espoirs et les troubles. Et ça, Alan Ball nous a démontré par le passé qu'il savait faire avec Six Feet Under. Et il est en train de le réussir avec True Blood.

13 oct. 2010

Bienvenue à Zombieland


Difficile de ne pas être emballé par ce que propose Zombieland, à commencer par son introduction originale et efficace et son générique apocalyptique au son du Metallica grande époque ( avec Cliff Bole à la basse) "For Whom The Bell Tolls". Difficile de ne pas être emballé par le casting quatre étoiles, Woody Harrelson en tête en cowboy allumé et torturé (avec lui le banjo et le petit air de Délivrance deviennent littéralement mortels...). Difficile de ne pas tomber en pâmoison devant le gros cameo de Bill Murray dans le rôle d'un Bill Murray ultra hollywoodien, villa, robe de chambre en velours rouge et tout le bataclan. Difficile de s'ennuyer, enfin, dans ce zombie/road movie/comédie sans baisse de rythme, fun mais pas parodique, respectueux du genre, avec pas mal de bonnes idées (les fameuses règles de survie érigées en running gag, le détournement de la traditionnelle scène de contamination/élimination, l'absence totale de simili pouvoirs résiduels...) et offrant un final à la hauteur de l'ensemble.

Mais je ne crierai ni au génie ni au culte. Car si Zombieland est sans aucun doute un excellent film de zombie, je n'ai pu m'empêcher en le regardant de penser à Shaun of the Dead, le chef d'oeuvre du trio Wright-Pegg-Frost, tant ces deux films sont similaires par bien des points, et à se demander même si Zombieland n'est pas la réponse US aux zombies d'Albion. Entre cette volonté de ne pas jouer sur l'héroïsme, de proposer un un vrai film de zombies mais pas que, d'utiliser le quotidien et la routine et de la pervertir avec des zombies, cette volonté des personnages de maintenir ou de retrouver une cellule familiale rassurante, diffcile de ne pas voir un sérieux lien de cousinage entre les deux films.

Pourtant, là où Shaun of the Dead offre une grande subtilité (ne serait-ce que dans sa première séquence où nous passons tous pour des zombies) même dans la terreur ou les aspects les plus beaufs des personnages, Zombieland apparaît comme un blockbuster de qualité certes, mais ne jouant pas tout à fait dans les mêmes sphères de subtilité, où les personnages, même bien écrits, sont plus typés (le geek a désormais, si l'on en doutait encore, un potentiel héroïque et sexy ultra bankable) et le spectaculaire reste la clef de voûte. Et l'arrivée pour 2011 d'une suite (dont l'intérêt artistique et scénaristique nous laisse dubitatif) achève de me convaincre que j'ai regardé un film de zombie bien plus hollywoodien qu'il n'y paraît. Et bien que je me sois délécté de Zombieland, il n'est pas prêt de faire tomber son illustre ainé Shaun of the Dead de son piédestal.

4 oct. 2010

Solomon Kane


Si les films de sword & sorcery se font rares sur les écrans (il faut dire aussi que la fantasy en général n'est pas très bien lotie au cinéma), le genre n'est pas prêt de redevenir bankable avec Solomon Kane. Raté dans ses grandes largeurs, et hormis une introduction nord-africaine plutôt convaincante et prometteuse, le film n'est jamais à la hauteur de ses ambitions.

Enchainement de clichés (aaahhh, la sempiternelle marche seul dans la nature pour trouver sa voie, l'époque est sensée être sombre et dure et sans espoir donc il faut qu'il pleuve presque tout le temps, le final "vous avez lâché la bête maintenant ça va chier pour les vilains" mais pas de bol le film s'est planté allégrement au box-office mondial...), ellipses plutôt étranges (mais comment la famille de pilgrims retrouve Solomon Kane ? Et quel intérêt de marquer la jeune et pure damoiselle ?)), ce sont aussi un manque de lyrisme barbare et de charisme du héros (James Purefoy, vu à la télé dans Rome en Marc Antoine, nous fait une pâle copie de Hugh Jackman dans Van Helsing) qui font surtout défaut à Solomon Kane. Et que dire du ou des méchants qui, à la vue des premières minutes du film, s'annonçaient plus charismatiques : on nous offre ici un sous Général Kael (cf Willow et le lien hypertexte pour que le nom n'évoque rien) et un sorcier bien faiblard (on aurait pu attendre beaucoup plus de tout ce décor de miroirs maléfiques). Même certaines bonnes idées comme ce prêtre qui garde ses anciennes ouailles mortes-vivantes dans la crypte de son église ne sont jamais correctement exploitées.

Et malgré un casting de seconds rôles plutôt classe (Pete Postlethwaithe, Alice Krige, Max Von Sydow et la jolie Rachel Hurd-Wood), on en vient rapidement à s'ennuyer et à commencer par noter certains petits détails, lesquels seraient passés totalement inaperçus dans un contexte plus enlevé, comme ce détail qu'a noté avec un à-propos certain ma chère et tendre : qui allume et entretient le feu des torches d'un couloir qui semble peu emprunté, tout du moins par la tripotée de morts-vivants affamés et dont la nécessité pour eux de maintenir cette lumière semble toute relative, voir inexistante ? Et j'en aurais de fait une autre. A la vue de nombreuses séquences (une large moitié du film pour ne pas dire les trois quarts) se déroulant dans le froid, la boue, la pluie, quel secret ont les acteurs pour ne pas mourir de pneumonie ?

2 oct. 2010

Wanted - Choisis Ton Destin


Evacuons d'entrée l'inévitable comparaison avec la BD de Mark Millar (Kick Ass) qui est sensée être le matériau de départ du film : hormis le titre et le nom des personnages le film n'a pas grand chose à voir avec la BD. Il faut dire que l'on voit mal la Paramount (ou un autre studio) poser un gros chèque pour adapter une BD aussi violente et dérangeante. Ceci étant dit, passons dès maintenant à l'épluchage du navet.

Un nanar n'a pas nécessairement un budget rachitique et Wanted en est la preuve, s'il vous en fallait une. Et pour rendre au jardinier ce navet qui lui appartient, les facettes les plus nanardesques ne se situent pas sur les effets spéciaux et scènes d'actions, grand n'importe quoi explosif et jouissif à faire passer Michael Bay pour un esthète de l'épure. Le réalisateur (Timur Bekmanbetov, réal russe aux commandes du plus recommandable Night Watch, mega carton au box office de nos amis à chapka) s'en donne à coeur joie quand il s'agit de faire faire à des véhicules en tout genre les plus improbables cascades (sûrement les meilleurs moments du film). Notons aussi cette volonté de faire des gunfight et des bagarres ni matrixiennes ni Hong Kong style. Mais pour ce qui est du reste...

Vous cherchez un gros truc pas fin qui a préféré mettre l'essentiel de son budget ailleurs que dans le salaire de scénaristes compétents et plutôt dans les scènes qui font boum (et dans 10 secondes d'un plan sur la jolie croupe de la miss Jolie), Wanted est fait pour vous ! N'essayez pas de comprendre l'histoire, elle ne vaut pas grand chose, et tout le monde dans le film le sait (même Danny Elfman qui signe là l'une de ses BO les plus insignifiantes). Deux trois points de morale vous font tiquer ? Pouah pouah pouah, qu'est-ce que vous me racontez là...

Seuls quelques grammes d'intelligence affleureront étonnamment dans la carte postale du monde du travail, entre stress, pressions en tout genre, abêtissement dans l'enfer feutré des open space. Ormis cela, le sieur Timur signe un nanar fier d'être couillon et portnawak, ne misant pas grand chose sur l'intelligence de son propos et en reste de fait bien plus fun et facile à regarder qu'un paquet de croûtes se prenant pour un nouveau mètre étalon filmique. Mais pas de méprise, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, hein ? C'est du navet Tropicana : pur jus, pur premium, avec de la bonne grosse pulpe de navet dedans.

30 sept. 2010

Jumper


Bien, bien, bien.

Ca va être vite vu, vu qu'il n'y pas grand chose à dire. De bon, hein, je m'entends.

C'est pas que le concept soit mauvais, elle est même plutôt excitante, cette idée de ces jumpers capables de se téléporter un peu partout (on voyage du Michigan à Tokyo en passant par Londres, le Sphynx et le Colisée), et de ce pouvoir qui les rend oisifs, égoïstes, zappeurs consommateurs, très actuels somme toute.

C'est pas que ce soit mal filmé. Doug Liman, avec Mr & Mrs Smith et surtout La Mémoire dans la Peau, a déjà montré qu'il était largement capable de diriger des scènes d'action solides, sans pour autant délaisser le reste.

Et oui, il y'a bien quelques scènes bien fichues (le duel entre Samuel Jackson et Jamie Bell), les téléportations ont de la gueule (poursuite sympa et imaginative entre Hayden Christensen et Jamie Bell) et pour parler de ce dernier, Billy Elliot crève l'écran et pique à l'aise la vedette à Marcelus et Anakin. Et il est difficile de ne pas être envouté par les grands yeux noirs de Rachel Bilson. Voilà, j'ai fait le tour du positif.

Car le reste est d'un intérêt superficiel et bien que le film soit court (1h25) et que des suites étaient prévues (2011, peut-être), je me demande si l'heure manquante (si quelqu'un a compris quelque chose au pourquoi de la mission des Paladins, qu'il me fasse signe) aurait changé grand chose. Pourtant, on aurait bien eu besoin de deux ou trois éclaircissements et évité deux trois ellipses. Rajoutez dessus une sempiternelle histoire familiale qui ne peut être que tragique (attention spoilers, la mère disparue depuis 20 ans est en fait une paladin, arghhh, mon dieu voyez le dilemme qui s'annonce, car bien évidement celui-ci n'est dévoilé qu'à la fin, dans le but de se garder un peu de matière pour une suite).

Enfin, on se demande surtout si Doug Liman n'a pas profité de ce film pour se faire un petit tour du monde aux frais de la princesse, en rendant juste une copie moyenne, passable, proche d'un bon pilote TV (en série, ça aurait fait bander votre serviteur, un pilote pareil. En film, faut quand même pas exagérer non plus...), avec tout de même la sensation que s'il avait eu un scénario un peu plus riche (la grève des scénaristes était passé par là peut-être, et avait limité, on peut l'imaginer, l'accès au papier, à l'encre et à une pelle pour se creuser la soupière), le résultat aurait été bien moins proche du ballon de baudruche. Plutôt que de se lancer dans la désormais inévitable trilogie, un bon gros film d'action plus fourni, conçu comme un seul bloc, plus solide dans son univers et ses interactions, aurait été largement plus efficace.

Conclusion café du commerce, les concepts au cinéma, c'est comme des bouteilles de pinard sérigraphiés, c'est bien beau, mais ça rend pas la piquette meilleure*.




*Cette conclusion a été élue par l'auteur de ce blog meilleure conclusion du blog de tout le temps. Il s'en remercie d'ailleurs vivement.