30 janv. 2010

Avatar


Je n'ai jamais été un inconditionnel forcené de James Cameron. Quand bien même j'apprécie son travail, il n'a jamais fait partie de mes réalisateurs cultes. Aliens ne m'a jamais tout à fait convaincu. J'apprécie les 2 Terminator sans que, même le premier, ceux-ci fassent partie de mes films de chevet. Titanic, malgré les prouesses techniques et un visuel indéniablement impressionnant (et aussi Kate Winslet), m'ennuie. J'ai un bon souvenir de cette agréable bouffonnerie testostéronnée qu'est True Lies. Seul le magnifique Abyss trouve véritablement grâce à mes yeux, sans condition aucune, étant pour moi sans aucun doute le chef d'oeuvre de Cameron.

C'est donc sans enthousiasme geek déraisonné ni méfiance dédaigneuse (au regard des polémiques stériles, entre autre celles du plagiat de Pocahontas, qui surgissent soudainement alors que la critique était, au départ, plutôt unanime) que j'ai rejoint ce matin le contingent de la douzaine de millions de spectateurs (à ce jour) que connait déjà Avatar.

Si critique il y a, elle ne peut être sur l'aspect visuel et technique du film. La 3d pose là une véritable valeur ajoutée, donnant une profondeur à l'image presque déroutante dans les premières minutes et magnifiant des séquences déjà à couper le souffle sans la 3D. Cameron et les équipes de WETA (la boite d'effets spéciaux néo-z de Peter Jackson, qui tient la dragée haute, voire ici dame le pion, à ILM) offre à notre regard un spectacle vraiment exceptionnelle, assez unique, fourmillant de détails, et font véritablement de Pandora et de son écosystème l'un des grands, si ce n'est le grand, personnage du film. Difficile de distinguer d'ailleurs le vrai du trucage tant tout semble si réel, y compris les autochtones, les Na'vi et en cela Cameron surpasse largement ses petits camarades de jeu, comme Zemeckis et sa motion capture dans Beowulf. Pas un ratage non plus sur la réalisation et la maitrise de l'histoire : les quasi 3 heures passent comme une lettre à la Poste, sans perte de rythme, sans faute de goût et avec une bataille finale aux petits oignons.

Cotés casting, rien à dire. Impeccable. Et quel plaisir toujours renouvelé de retrouver Sigourney Weaver.

Alors, sur le scénario, j'ai lu et entendu, ici ou là, que ça ne cassait pas trois pattes à un canard, qu'on commençait à en avoir marre de ce verbiage new age pro-Copenhague, qu'on connaissait les ficèles de ce genre de film par cœur et que si Cameron permet une vraie avancée et un vrai boost qualitatif sur la 3D au cinéma, c'est pas grâce à son scénario.

Ok.

Donc certains semblent pouvoir être blasés de la vision des mécanismes millénaires de la colonisation, par la collusion d'intérêts scientifiques, charitables, financiers et militaires, le tout enrobé d'un discours où le colonisateur est toujours celui qui a raison. Moi je n'y arrive pas, au cinéma comme dans la réalité. C'est juste une histoire, simple oui, mais belle et terrible car ce n'est qu'un transposition romanesque et SF d'histoires bien plus proches de nous et bien plus réelles (indiens ou africains n'ont pas connu autre chose).

Avatar, avant d'être un proto-manifeste quelconque ou un chef d'oeuvre avorté (masterpiece or not, what the fuck ?), c'est d'abord et avant tout du vrai et bon cinéma car, si Cameron semble être (c'est une soudaine illumination qui vaut ce qu'elle vaut, alors pardonnez-moi d'avance) un cinéaste de la résistance (Avatar donc, les Terminator, Titanic et la résistance aux carcans sociaux, Abyss et la résistance à la peur de l'inconnu et sa série Dark Angel) dont le moteur est toujours féminin, c'est aussi un cinéaste de grand spectacle, dans le sens le plus noble du terme. Avec lui, le budget du film se voit sur l'écran sans jamais être pour autant bling-bling (quoique, Titanic...) et l'on peut se dire, comme je me le suis dit en essuyant mes yeux embués d'émotion (une vraie midinette que votre serviteur...), en sortant des salles obscurs : ça c'est du cinéma.

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