26 nov. 2009

Jugé Coupable


Si Clint Eastwood pourrait facilement entrer dans mes tronches de ciné préférées, ne serait-ce que pour ses westerns et pour l'inusable Dirty Harry, et parce qu'il vieiilit magnifiquement à la manière d'un Jean Rochefort, il n'est pourtant pas, malgré des qualités indéniables, l'un des réalisateurs dont je guette chaque sortie, surtout depuis qu'il est devenu critiquement intouchable. La variété des sujets qu'il aborde (la prochaine sortie ciné est sur la Coupe du Monde de Rugby 95 chez les sudafs excite tout de même ma curiosité) est cependant ce qui me rend toujours assez curieux envers ses films.

Pas de bol pour moi, je ne suis pas tombé, l'autre soir sur France3, sur un bon Eastwood. Sur le sujet de la peine de mort et de la recherche de la vérité, il brode un film pas trop mal ficellé dans l'ensemble, mais dont on voit assez vite les grosses ficelles. Eastwood fait du Eastwood en roue libre (dialogues fleuris et attitudes déjà trop vues), campant un journaliste doué mais autodestructeur, queutard, alcoolique, sans morale, sa vie de famille bouffée par ses errements personnels et professionnels, qui, malgré la pression de son redac chef et de son patron, ne va pouvoir s'empecher de découvrir la vérité sur ce condamné à mort qui vit sa dernière journée dans le couloir de la mort. S'en suit une course contre la montre et la mort plutôt bien fichue, mais manquant de rythme, où semble affleurer dans la réalisation elle-même un doute quand à la conduite de l'histoire, comme si l'idée générale avait emballé Eastwood mais que en le tournant, finalement...

Preuve en est le dernier quart d'heure où, d'un film sérieux et bien mâle, on passe, suite à une révélation, à une course-poursuite dukes-of-hazzardesque (Shérif, fais-moi peur pour les non anglophiles) qui fait basculer le film dan un tonalité plus légère et presque malvenue, malgré une scène poignante lors de l'execution du condamné, où sa femme se jette contre la vitre alors que lui part peu à peu.

Heureusement, quelques seconds rôles, tel James Wood (je l'aime, cet acteur !) et Michael McKeen impeccable en prêtre à la bonne morale dégoulinante, maintiennent aussi l'intérêt du film,, dont la fin achève l'entre deux-eaux moral dans lequel baignait agréablement le film tout au long de l'enquète, en s'achevant sur une espèce de conclusion "esprit de Noël" étrange et bancal.

Y'a pire, pour sûr, et ce n'est pas un film ennuyeux. Il se laisse plutôt regarder, mais s'il y a des fans d'Eastwood dans l'assistance, qu'ils me rassurent en me disant que je ne suis pas passé à coté d'un chef d'oeuvre. Ou bien je ne comprends plus grand chose...

21 nov. 2009

La Folle Journée de Ferris Bueller

Né en 1981, tout au pan du teen-movie m'était, il y a peu, encore quasi inconnu, en particulier celui des années 80, porté par John Hugues (mort il y a quelques mois). Ses 4 premiers films semblent, si l'on en croit le récent documentaire diffusé sur Arte et quelques amis et connaissances, être les meilleurs représentants de ce genre dans les 80's (et je ne vais pas manquer de regarder le Breakfast Club très prochainement). Ferris Bueller est le dernier teen-movie que Hugues signera, laissant dans ce genre la place à d'autres plus ou moins talentueux et se spécialisant plutôt dans les scénarios assez succesful du genre Maman J'ai Raté l'Avion ou Beethoven.

Ferris Bueller (Mattew Broderick) est le roi du lycée d'une proche banlieue aisée de Chicago, la coqueluche des élèves, la terreur du proviseur (énorme Jeffrey Jones), le chouchou de ses parents. Ferris Bueller est tout de même un petit branleur, qui profite d'un des derniers jours de classe avant les examens pour faire ce qu'il n'aura jamais plus l'occasion de faire : une folle journée, sans contrainte aucune, avec son meilleur ami Cameron (Alan Ruck, vu dans la série Spin City dans le rôle délirant et érotomane de Stuart) et sa petite amie Sloane (j'imagine la tripotée d'ados des 80's tombant amoureux du minois et du sourire ravageur de Mia Sara, la jolie princesse Lily de Legend) et au nez et à la barbe de tous.

1h40 d'une qualité exceptionnelle, d'un humour ravageur (le running gag Save Ferris), d'une liberté étonnante (la connivence entre Ferris et le spectateur, Ferris s'adressant régulièrement à la caméra, procédé que reprendra la série Malcolm). Une vraie bouffée d'oxygène, cette folle journée, d'abord pour les personnages qui vivent là leur derniers instants avant l'âge adulte, car arriveront vite les examens, le boulot d'été, la fac, l'avenir. Car Hugues ne fait pas juste un grand délire adolescent, mais ses personnages ont aussi, et en particulier Cameron, une vraie profondeur. Ce ne sont pas des petits cons incultes, ne pensant qu'au sexe et à la bière. Ils sont gentils, humains, même si l'âge adulte les attirent et les tiraillent. Ferris fait ainsi un vrai cadeau à sa copine, et encore plus à Cameron, en leur offrant cette parenthèse ensoleillée, qui ne changera rien au fait que Cameron devra affronter son père et que Sloane ne pourra suivre Ferris à la fac avec son année de moins, mais qui aura fait du bien à la tête.

Et nous, spectateurs, nous disons que c'est parfaitement le genre de parenthèse filmique qui fait du bien. Je pourrais en dire plus, entre autre sur les seconds rôles (Jennifer Grey, LA Baby de Dirty Dancing, exceptionnelle en boudeuse-raleuse-chieuse), le langage d'une crudité étonnante pour un teen-movie des années 80 (le proviseur traite un paquet de fois Ferris d'enculé), sur le fait que ce film ne fait pas son âge, sur la sobriété de la mise en scène et l'absence de creux dans le rythme du film, mais je préfère que vous vous enthousiasmez en le voyant, car les superlatifs manquent mais en même temps ne disent pas tant que ça ce qu'est vraiment ce film. Pour sûr le genre de film que je n'hésiterai pas à conseiller à mes gamines dans quelques années.

18 nov. 2009

Des serpents dans l'avion


J'ai cherché un petit moment comment introduire ce post sur ce film. Tenter des comparaisons hardies, feindre l'ironie, oser le sarcasme, prendre le lecteur à revers... Mais comme j'en arrivais toujours à la même conclusion, ne tortillons pas du cul pour chier droit.

Voilà un film con.

Juste con.

Il aurait pu être jouissif malgré le coté con, comme certaines de ces péloches dont le titre est un pitch à lui tout seul. Mais non, il est, donc, juste con.

Mal fichu, vilain, mal filmé, se forçant constamment dans le cool et le bis décomplexé, des acteurs en roue libre, des séquences même pas chocs et très tocs, un film qui aurait pu très bien vivre en direct-to-video mais qu'une espèce de viralité propre à notre époque a poussé, en son temps, au pinacle de la branchitude, surfant vaguement sur le revival bis/grindhouse aussitôt annoncé aussitôt enterré. David R. Ellis, un peu (je dis bien un peu) plus inspiré lors de Destination Finale 2 (voilà du roublard et du plus jouissif, même si ça casse pas non plus 3 pattes à un canard), n'essaie pas de faire du bis, il prend l'excuse du bis pour torcher un coup de pub pour sa gueule à nous faire presque (allez, osons l'emploi d'un totalement !) regretter que Bruno Mattei ne se soit pas chargé de le faire à sa place.

Et puis, c'est bien connu, certains principes de cinéma ne fonctionnent quasiment jamais, et le film catastrophe en plein ciel dans un avion produit irrémédiablement des fours, des croutes, des navets. Seuls les ZAZ en leur temps avaient justement compris le potentiel plus burlesque qu'efficace de ce genre de péloche, et seul un épisode de la Twilight Zone (Cauchemar à 20.000 pieds), scénarisé par Matheson et où l'on retrouve William Shatner, propose, en plein ciel, un vrai moment de frayeur et d'angoisse, et ce en à peine une demi-heure.

Bref, amateurs de péloches barrés, passez votre chemin. Cet ersatz de bisserie n'est qu'un vilain produit publicitaire. Un film con, je vous l'avais dit.

17 nov. 2009

Moi et les séries - 6ème partie : dis papy, c'était si mieux avant ?

A me relire, je me trouve parfois (souvent ?...) nostalgique, voire passéiste. Je ne vous parle que trop souvent de vieilleries, en tout cas dans ce "moi et les séries". Parfois, dans mes chroniques, viennent poindre quelques nouveautés mais il faut reconnaître que les années 90 sont pour moi la clef de voute de ma passion sériesque, jusqu'à oser affirmer que les années 90 sont l'Âge d'Or de la série, et que ce que vous voyez actuellement sur vos écrans doit tout à ces années.

Oui, j'ose même dire que sans X-Files, Urgences (avant la mort de Romano), Buffy, Dream On, Profit, Babylon V, My So-Called Life, point de salut pour les Experts, Lost, Heroes, 24, Dexter, House, Desperate Housewifes, etc... Cela parait peut-être exagéré, je peux presque l'accorder. Mais quelle série avant X-Files a déchainé autant de passion mondiale ? N'est-il pas évident que les patrons de chaines ont commencé à acheter des séries, toute sorte de séries, en remarquant qu'il y avait un public, autre que le public des soaps classiques façon Feux de l'Amour, pour des séries comme X-Files ou Urgences ? Les journaux n'ont-ils pas depuis, tous, leurs critiques séries, évoquant ici ou là un phénomène, une nouveauté, un événement ? X-Files n'est elle pas la première série, avec Urgences, en France à avoir les honneurs du prime-time ? Le succés et l'audience inespérée en prime-time de ces séries, en plus de leurs grandes qualités (castings, scénars, style...) a ouvert la voie aux grilles de chaines que nous connaissons aujourd'hui.

A la fois stylistiquement (steadicams, éclairages et photo cinéma, objectifs et cadrage cinéma pour certaines, réalisateurs venant du cinéma, musiques donnant aux séries une véritable identité sonore, à la manière des thèmes de cinéma que l'on retient) et scénaristiquement (banalisation du cliffhanger, crossovers, thème de plus en plus actuels et traités plus frontalement, construction sur plusieurs saisons, unité de l'intrigue sur une saison entière, et pour les questions concernant le sens de certaines expressions je me ferai un plaisir de vous répondre en commentaires...), tout ce qui fait la qualité des séries actuelles vient des 90's.

Attention, je ne dis pas que les séries actuelles sont une redite ou des remakes des séries des 90's. Je dis juste, avant de crier au génie ou au culte à tout bout de champ, qu'il est bon de savoir d'où tout cela vient.

Alors oui, la somme de série regardées, la vieillure aidant aussi, je m'enthousiasme moins, deviens plus critique, moins fan immédiat. Il est fort possible que je ne donnerai plus comme excuse pour ne pas venir à une soirée entre amis que désolé, il y a les derniers épisodes de Buffy ce soir ou que ce soir c'est X-Files. Oui, je le disais sans vergogne aucune, et fier avec ça, mais tout cela semble bien fini.

Cela veut-il dire que rien ne trouve plus grâce à mes yeux ? S'il est vrai que je me sens d'humeur plutôt 90's en ce qui concerne mes choix de séries actuels, je dois avouer que trois ou quatre séries réveillent en moi le sentiment d'excitation que j'éprouvais à la vision d'X-Files, de Buffy, de Babylon V ou d'Alias : True Blood, Heroes, United States of Tara et Battlestar Galactica, dont je vais bientôt attaquer le visionnage exhaustif. Et cela n'enlève rien à l'appêtit que j'ai face à la seule et véritable invention de la télévision qu'est la série.

Ah oui, il y a aussi quelque chose qui m'intrigue et m'étonne, et m'inquiète un peu aussi concernant le renouvèlement créatif et stylistique des séries. Ca tombe bien, car...

A suivre si tout va bien : 7ème partie : Et si on se faisait une expertisation façon gossip girl de la standardisation arty et trendy des séries par les soaps et séries policières US, en jacassant comme des ménagères désespérées sur la disparition du FBI à Newport Beach, vers la 11ème heure ?

11 nov. 2009

Star Trek The Next Generation - Saison 3

La troisième saison de ST-TNG est le véritable tournant, à tous points de vue, de la série. Il faut tout d'abord savoir qu'elle sera la dernière saison chaperonnée, du moins en partie, par le créateur de l'univers Star Trek, Gene Rodenberry. En effet, sa santé autant physique que psychologique va considérablement décliner en 1990 et il va ainsi donner les pleins pouvoirs sur la série au duo Michael Piller et Rick Berman au cours de la saison 3.

Ainsi, si les 12 premiers épisodes sont d'une bonne mais tout à fait classique facture trekienne, la série effectue, sous l'impulsion du duo précédement cité et de scénaristes tel Ronald D. Moore (re-créateur, 10 ans plus tard, de Battlestar Galactica), un bon qualitatif frappant dès le Q-épisode (Déja Q, ép. 13, il y a au moins un épisode par saison qui voit l'intrusion du personnage de Q). S'en suit un enchainement d'épisodes de haute volée, avec force paradoxes temporels (Yesterday's Entreprise, ép. 15), questions de conscience, même un épisode-procés où l'Holodeck prend comme rarement une importance capitale (A Matter of Perspective, ép. 14) mais aussi un épisode qui s'intéresse à un "sous-fifre" (Hollow Pursuits, ép. 21) qui devient le temps d'un épisode le personnage principal, grande première dans Star Trek, ou encore un autre où l'on découvre mieux les Ferengi (Ménage a Troi, ép. 24) et où la présence de Lwaxana Troi, mère de Deanna, offre (comme souvent) des moments délicieusement drôles. A noter aussi, l'épisode Sarek (ép. 23), où le père de Spock, à la santé chancelante, effectue son ultime mission diplomatique et où un mind meld entre lui et Picard va lui permettre d'exprimer, dans une scène vibrante, l'amour qu'il porte à Spock et qu'il n'a jamais pu s'autoriser à dire à cause de l'enfouissement des émotions innérent à tout vulcain.

Enfin, pour la première fois dans une série Star Trek, les spectateurs vont vivre un cliffhanger lors du dernier épisode de la saison. Le cliffhanger est ce procédé qui en fin de saison, permet de tenir en haleine le spectateur jusqu'à la saison suivante par une fin à suivre, et un suspens insoutenable. Avec The Best of Both Worlds Part.1 (ép. 26), on nous donne tout bonnement l'un des tous meilleurs épisodes de cette série, qui voit à la fois la menace Borg (voir saison 2) se préciser, les rôles se confirmer (Riker devient plus qu'un premier officier) et un certain Picard être plus que marqué par ce qui va se dérouler dans cette épisode. Il faut savoir d'ailleurs que ce double épisode va avoir ensuite son importance pour la suite de la série.

Question personnages, cette troisième saison marque le retour définitif (et sans transition aucune avec sa remplaçante de la seconde saison) du docteur Crusher, l'évolution de son fils Wesley qui devient un membre à part entière de l'équipage (et qui est, définitivement, sacrément moins tête à claque que dans mon souvenir) avec un grade d'enseigne (Ménage à Troi) et non plus un aspirant, un Data qui va rire (merveilleuse fin de Déjà Q). On y voit aussi plus régulièrement Miles O'Brien (qui sera l'un des personnages principaux de Deep Space 9) et les apparitions de Guinan (jouée par Whoopi Goldberg) font toujours mouche. Les amours y sont toujours rares et la seule idylle (William Riker et Deanna Troi) un peu plus "sérieuse" garde des contours plus que flous.

Visuellement, les CGI s'affinent et les séquences de transition se font moins répétitives. Certains matte paintings sont d'une beauté à couper le souffle, comme par exemple dans le dernier épisode de la saison, où l'équipe de reconnaissance est envoyé sur une planète dont les Borgs viennent de détruire la capitale : le paysage de désolation est visuellement très impressionnant.

Il y aura tout bonnement un avant et un après 3ème saison. Gene Rodenberry ne verra ainsi jamais la suite et les trois autres séries issues de l'univers qu'il a créé. Il a en revanche eu le nez particulièrement creu, en confiant à Berman et Piller la suite des opérations car ils vont, à partir de maintenant, emmener les séries Star Trek where no man has gone before...

(pour retrouver mes comentaires sur les précédentes saisons, il suffit désormais de cliquer sur le libéllé tng, pour The Next Generation)

7 nov. 2009

Twilight, chapitre I : Fascination


Avant de vomir une quelconque bile sur un film, avant de la qualifier de croute, navet, daube ou autre métaphore culinaire (ou pas, il convient de regarder, du début à la fin, le film en question, et ce malgré (ou à cause) des a priori négatifs. Parfois, ils se révèlent justes (comme , ici ou encore ), parfois ils deviennent négatifs après des années en très bon termes, plus rarement c'est moins pire que ce qu'on aurait pu penser. Twilight est dans ce rare cas de figure.

Je vais cependant tout de suite lever l'ambigüité quant à mes intentions. Non, je ne ferai pas le dithyrambe de ce film, pas plus que je ne le dessouderai. J'ai vu ce film, persuadé de regarder une bonne croute. J'en suis ressorti plus mitigé, tout simplement.

Avant toute chose, Twilight est un film de vampire raté. Ce n'est pas que les suceurs de sang puissent vivre en plein jour (voire même en plein soleil, sauf qu'ils brillent plus qu'un costume de Gary Glitter et que c'est bien trop voyant), car je ne vois pas ce qui empêche un auteur ou un scénariste de modifier le mythe autant qu'il le souhaite. C'est juste que ça ne fonctionne pas. Un peu trop cliché mais pourtant sans réels traits distinctifs, manquant assurément de charisme (Pattinson joue moins bien qu'une endive, désolé les filles, et ses collègues dentus ne sont pas mieux), voilà peut-être bien les vampires les moins réussis et les moins intéressants de l'histoire du cinéma. De plus la réalisation est dans les parties "action" (c'est pas non plus du Michael Bay, d'où les guillemets) absolument affreuse, clichesque, clipesque, brouillonne et illisible. Bien que l'idée soit bonne, la scène de la partie de baseball sous l'orage, pour masquer le boucan que font les vampires Cullen lorsqu'ils jouent, est en cela symptomatique, car les bonnes idées dont la découverte de cette drôle de famille par le truchement d'un jeu comme le baseball sont gâchés par de vilains effets de style et de caméra, et que l'arrivée ridicule des "méchants" vampires (on a vu sacrément mieux question bad guys) et la confrontation avec les Cullen (les positions x-menesque, voire dragonball-zedesques) finit d'achever.

Mais pourtant, un autre film, celui-ci bien plus réussi, sobre et attachant, existe autour du film de vampire que Twilight est sensé être. Cette partie du film (les 40 premières minutes ne sont presque que ça) est un chronique adolescente plutôt juste et touchante. Kristen Stewart (LA vraie révélation du film, et elle fait presque oublier à elle seule l'indigence de la quasi-totalité du reste du casting) y joue Bella, une ado discrète et maladroite, mais ni la moche de service, ni la bombasse du lycée, plutôt une lycéenne girl next door comme il y en a plein, ni à part ni ultra intégrée, pas spécialement à l'aise avec les garçons mais pas à coté de la plaque non plus. Elle est loin d'être prude, ou chaste, et il est évident (et la Miss Stewart le joue à merveille, quels regards...) que l'arrivée d'Edward le vampire lui chauffe clairement les hormones. La relation père-fille est plutôt juste également, ne versant ni dans le conflit ouvert ni dans le copain-copine œdipien. Là, à l'inverse des séquences vampire, la réalisation est sobre et réussit avec les ados là où elle se plante en en faisant des caisses avec les vampires.

Le vrai problème de ce film semble finalement son histoire, trop bancale, qui nous vend de la romance vampirique souvent cucul (la séquence du piano au clair de lune) là où l'élément vampirique devait être un pretexte plus qu'un argument pour traiter de l'adolescence. Mais ça, Joss Whedon l'avait fait bien avant, et avec quel talent, sur sa série Buffy... Finalement, la séquence la plus juste mêlant adolescence et vampire est le rêve de Bella, pourtant cliché (un peu de flou, de rouge, de lascivité) mais tellement juste (c'est un rêve, alors le cliché a droit de cité) dans le fantasme, l'attirance à la fois sexuelle et morbide qu'éprouve Bella pour Edward. C'est finalement l'une des seules fois, dans le film, où, chez un vampire, le rapport entre sexe, nourriture et mort est explicitement posé. Ce qui fait un peu léger, je vous l'accorde, pour un soi-disant film de vampires.

Reste donc un film déséquilibré, capable du bon et du juste comme du nul et du ridicule (le sourire ultrabright de Jacob), se regardant avec intérêt dans son premier tiers, puis alternant entre l'ennui, le kitsch, et au détour d'une scène, quelques réussites, toutes en rapport avec l'aspect teen-movie du film (l'arrivée de Bella et d'Edward au lycée, officialisant leur liaison). Quelques ellipses et quelques capillotractations n'aident pas non plus à la lisibilité. Pas un navet, non, ne serait-ce que pour l'aspect teen-movie bien torché, mais loin de mériter l'engouement et le buzz autour de lui.

6 nov. 2009

My jukebox monthly (novembre 2009)






Muse - Uprising (The Resistance)
Miossec - Je Plaisante (Baiser)
The Doors - L. A. Woman (L. A. Woman)
Portishead - Humming (Roseland NYC Live)
Moby - Porcelain (Play)
The Strokes - Is This It (Is This It)