La première saison semblait nous promettre beaucoup (j'en ai parlé un peu là). Enfin la télévision pouvait se targuer d'avoir produit une série digne du vampirisme. Attention, ne vous mèprenez pas, étant plutôt un grand fan de Buffy et d'Angel, je ne les vise pas spécialement, mais il faut bien avouer que pour ces deux séries (avec cependant un esprit déjà plus dark&deadly pour Angel) le vampire est un prétexte plutôt qu'un sujet scénaristique. X-Files, y compris, n'a que survolé ce thème en deux épisodes seulement (sur 202), un en deuxième saison (3, épisode 7 saison 2, qui n'est pas une franche réussite) et un en cinquième saison (Bad Blood, épisode 12 saison 5, qui en revanche est assez réussi et hilarant, et qui doit aussi beaucoup à la présence de Luke Wilson).
Comme je disais, la première saison de True Blood semblait nous promettre beaucoup : sexe (beaucoup), sang (beaucoup), créatures (métamorphes, télépathes), moiteur des bayous de Louisiane, sorcellerie, religion, trahison, secrets, meurtres, tortures, drogues (le V, drogue faite avec du sang de vampire), et surtout ces vampires dont le TruBlood (substitut d'hémoglobine en vente libre) permettait d'apparaître au grand jour, si je puis me permettre, ou du moins d'afficher enfin leur existence réel, dans une Amérique qui ne semble pas vraiment très obamienne. Si les personnages étaient déjà bien plantés (Bill le Vampire et Sookie Stackhouse la télépathe, Jason son frère, Tara la meilleure amie, Sam Merlotte le patron de Sookie et accessoirement métamorphe, et quelques autres dont Lafayette et l'inspecteur Bellefleur), plusieurs points en fin de première saison nous donnaient l'eau à la bouche, sans pour autant approfondir : le système, apparement féodal, d'organisation des vampires, l'existence d'autres métamorphes en question et surtout la guerre froide, par média interposés, que se font fondamentalistes chrétiens de La Communauté du Soleil et lobby pro-vampires.
La seconde saison démarre exactement là où s'est arrêté la deuxième et il semble ainsi que la créateur de la série Alan Ball (Six Feet Under) est décidé d'organiser ses saisons de cette manière : 9 à 10 épisodes traitent de la trame principale et les 2 ou 3 derniers mettent en place la trame de la saison suivante. Du coup, il convient de se remettre un peu dans le bain de fin de la première saison pour se remettre en selle, mais comme pour la première, la série arrive à nous accrocher dès les premières images. D'ailleurs, pour ceux qui ne la connaissent pas encore et pour vous donner un avant-goût de l'esprit de la série, voici son générique, qui a la grande qualité de résumer parfaitement le cadre (God Hates Fangs annonce une image du générique, Dieu hait les suceurs de sang...), l'ambiance dans laquelle macère cette série. I wanna do bad thing with you...
Ce vers quoi tend cette deuxième saison est casse-gueule : multiplication des personnages (en cela la vie de Bon Temps nous est de plus en plus familière), donc des mini-intrigues, deux intrigues principales (une dans la société des Vampires à Dallas, une à Bon Temps, petite bourgade de Louisiane, lieu principal de la série, et aussi un espèce d'étonnant point de convergence de créatures surnaturelles), beaucoup plus de sexe, de sang et de débauche. Mais pour quiconque a un tant soit peu jeté un œil au travail d'Alan Ball sur Six Feet Under sait que celui-ci ne peut se contenter de 4 ou 5 personnages et qu'il aime travailler avec l'excès (mâtin, quelles bacchanales, et c'est le cas de le dire, sans trop en dévoiler), afin de montrer tous les travers de ce qu'il veut dénoncer.
Et c'est précisément le fait religieux intégriste, ou tout bonnement l'intégrisme (une quête de pouvoir comme une autre, avec Dieu ou la race supérieure comme prétexte), qui s'en prend plein la gueule dans cette deuxième saison, avec une charge redoutable et outrancière, et pourtant d'une grande finesse, contre les fondamentalistes chrétiens (quel couple d'ailleurs, les Newlin, grands apparatchiks de la Confrérie du soleil, et remarquablement interprétés, dans toutes leurs contradictions et leur hypocrisie). La quête de pouvoir des vampires, cherchant soit la guerre soit à tirer les ficelles dans l'ombre (un esprit de mafia semble régner parfois), n'est pas mieux lotie, quoiqu'un personnage va apporter pourtant un éclairage et une vision nouvelle, mais sera-t-elle suivie, rien n'est moins sûr. Enfin les pèquenots et leur étonnant syncrétisme, fait de bribes de Bible et de nationalisme biberonné au respect de la Sainte Constitution et de la propriété privée, y sont aussi férocement croqués (sans jeu de mots), et Jason Stackhouse (Ryan Kwanten, endive fadasse dans l'affreux Summerland, trouve ici un rôle exceptionnel) en est le porte-drapeau : sometimes, you need to destroy something to save it. It’s in the Bible. Or the Constitution, dit-il dans l'avant dernier épisode. Ce qui vous donne un aperçu de l'intellect du personnage, pourtant touchant et attachant au demeurant.
Il y a pourtant de l'amour qui fleurit ici ou là, et nous avons été particulièrement touché par la jolie histoire qui s'écrit entre cette jeune vampire, Jessica (engendré par Bill, le vampire de Bon Temps, dans la première saison), et Hoyt, un collègue de Jason, bloqué à la maison par une mère castratrice, sans oublier, l'indéfectible amour que porte Sookie à son Bill de vampire, ce malgré la pression d'un collectif vampire, et de raisons supérieurs qui ignorent l'amour. Sookie (toujours irrésistible Anna Paquin) reste le véritable rayon de soleil de cet univers, touche de rose, de jaune et de pastel dans un univers noir, sombre, et uni. Touche d'humanité apporté aussi par le touchant Lafayette, plus si fier que dans la première saison. Un personnage prend aussi beaucoup d'ampleur dans cette deuxième saison, alors qu'il était à peine esquissé dans la première : Eric Northman. Vampire troublant, manipulateur, joueur, pince-sans-rire, touchant aussi, il semble être plus qu'il ne le fait voir, et Sookie semble être sa cible, pour une raison encore floue.
Mention spéciale aux scénaristes pour les libertés qu'ils prennent (quel intérêt d'injecter de la morale dans une série sur les vampires ?), nous offrant parfois des scènes surréalistes (je rêve de jouer au Yatzhe avec la reine vampire de Louisiane) ou d'une grande folie (les bacchanales, j'y reviens, sont telles qu'on ne les avaient jamais montrées, surtout à la télévision, à part peut-être dans le Caligula de Tinto Brass), mais ne sont pas juste là pour choquer ou faire rire. Elles donnent à cet univers de True Blood une véritable assise dans la cohérence et la véracité, une logique propre, qui pourtant, à y regarder de plus près, n'est pas si éloignée de la nôtre.
Alan Ball réussit donc haut la main sa seconde saison, et on ne peut qu'être impatient d'être à l'année prochaine pour retrouver tout le petit monde de Bon Temps. Grande série, sans aucun doute, et un vrai jalon dans les représentations TV/Ciné du mythe du vampire (j'aurai voulu que Twilight n'existe pas). Peut-être, et pour paraphraser Mariaque à la fin de sa dernière missive, ce qui est arrivé de mieux au mythe depuis 20 ans.
Comme je disais, la première saison de True Blood semblait nous promettre beaucoup : sexe (beaucoup), sang (beaucoup), créatures (métamorphes, télépathes), moiteur des bayous de Louisiane, sorcellerie, religion, trahison, secrets, meurtres, tortures, drogues (le V, drogue faite avec du sang de vampire), et surtout ces vampires dont le TruBlood (substitut d'hémoglobine en vente libre) permettait d'apparaître au grand jour, si je puis me permettre, ou du moins d'afficher enfin leur existence réel, dans une Amérique qui ne semble pas vraiment très obamienne. Si les personnages étaient déjà bien plantés (Bill le Vampire et Sookie Stackhouse la télépathe, Jason son frère, Tara la meilleure amie, Sam Merlotte le patron de Sookie et accessoirement métamorphe, et quelques autres dont Lafayette et l'inspecteur Bellefleur), plusieurs points en fin de première saison nous donnaient l'eau à la bouche, sans pour autant approfondir : le système, apparement féodal, d'organisation des vampires, l'existence d'autres métamorphes en question et surtout la guerre froide, par média interposés, que se font fondamentalistes chrétiens de La Communauté du Soleil et lobby pro-vampires.
La seconde saison démarre exactement là où s'est arrêté la deuxième et il semble ainsi que la créateur de la série Alan Ball (Six Feet Under) est décidé d'organiser ses saisons de cette manière : 9 à 10 épisodes traitent de la trame principale et les 2 ou 3 derniers mettent en place la trame de la saison suivante. Du coup, il convient de se remettre un peu dans le bain de fin de la première saison pour se remettre en selle, mais comme pour la première, la série arrive à nous accrocher dès les premières images. D'ailleurs, pour ceux qui ne la connaissent pas encore et pour vous donner un avant-goût de l'esprit de la série, voici son générique, qui a la grande qualité de résumer parfaitement le cadre (God Hates Fangs annonce une image du générique, Dieu hait les suceurs de sang...), l'ambiance dans laquelle macère cette série. I wanna do bad thing with you...
Ce vers quoi tend cette deuxième saison est casse-gueule : multiplication des personnages (en cela la vie de Bon Temps nous est de plus en plus familière), donc des mini-intrigues, deux intrigues principales (une dans la société des Vampires à Dallas, une à Bon Temps, petite bourgade de Louisiane, lieu principal de la série, et aussi un espèce d'étonnant point de convergence de créatures surnaturelles), beaucoup plus de sexe, de sang et de débauche. Mais pour quiconque a un tant soit peu jeté un œil au travail d'Alan Ball sur Six Feet Under sait que celui-ci ne peut se contenter de 4 ou 5 personnages et qu'il aime travailler avec l'excès (mâtin, quelles bacchanales, et c'est le cas de le dire, sans trop en dévoiler), afin de montrer tous les travers de ce qu'il veut dénoncer.
Et c'est précisément le fait religieux intégriste, ou tout bonnement l'intégrisme (une quête de pouvoir comme une autre, avec Dieu ou la race supérieure comme prétexte), qui s'en prend plein la gueule dans cette deuxième saison, avec une charge redoutable et outrancière, et pourtant d'une grande finesse, contre les fondamentalistes chrétiens (quel couple d'ailleurs, les Newlin, grands apparatchiks de la Confrérie du soleil, et remarquablement interprétés, dans toutes leurs contradictions et leur hypocrisie). La quête de pouvoir des vampires, cherchant soit la guerre soit à tirer les ficelles dans l'ombre (un esprit de mafia semble régner parfois), n'est pas mieux lotie, quoiqu'un personnage va apporter pourtant un éclairage et une vision nouvelle, mais sera-t-elle suivie, rien n'est moins sûr. Enfin les pèquenots et leur étonnant syncrétisme, fait de bribes de Bible et de nationalisme biberonné au respect de la Sainte Constitution et de la propriété privée, y sont aussi férocement croqués (sans jeu de mots), et Jason Stackhouse (Ryan Kwanten, endive fadasse dans l'affreux Summerland, trouve ici un rôle exceptionnel) en est le porte-drapeau : sometimes, you need to destroy something to save it. It’s in the Bible. Or the Constitution, dit-il dans l'avant dernier épisode. Ce qui vous donne un aperçu de l'intellect du personnage, pourtant touchant et attachant au demeurant.
Il y a pourtant de l'amour qui fleurit ici ou là, et nous avons été particulièrement touché par la jolie histoire qui s'écrit entre cette jeune vampire, Jessica (engendré par Bill, le vampire de Bon Temps, dans la première saison), et Hoyt, un collègue de Jason, bloqué à la maison par une mère castratrice, sans oublier, l'indéfectible amour que porte Sookie à son Bill de vampire, ce malgré la pression d'un collectif vampire, et de raisons supérieurs qui ignorent l'amour. Sookie (toujours irrésistible Anna Paquin) reste le véritable rayon de soleil de cet univers, touche de rose, de jaune et de pastel dans un univers noir, sombre, et uni. Touche d'humanité apporté aussi par le touchant Lafayette, plus si fier que dans la première saison. Un personnage prend aussi beaucoup d'ampleur dans cette deuxième saison, alors qu'il était à peine esquissé dans la première : Eric Northman. Vampire troublant, manipulateur, joueur, pince-sans-rire, touchant aussi, il semble être plus qu'il ne le fait voir, et Sookie semble être sa cible, pour une raison encore floue.
Mention spéciale aux scénaristes pour les libertés qu'ils prennent (quel intérêt d'injecter de la morale dans une série sur les vampires ?), nous offrant parfois des scènes surréalistes (je rêve de jouer au Yatzhe avec la reine vampire de Louisiane) ou d'une grande folie (les bacchanales, j'y reviens, sont telles qu'on ne les avaient jamais montrées, surtout à la télévision, à part peut-être dans le Caligula de Tinto Brass), mais ne sont pas juste là pour choquer ou faire rire. Elles donnent à cet univers de True Blood une véritable assise dans la cohérence et la véracité, une logique propre, qui pourtant, à y regarder de plus près, n'est pas si éloignée de la nôtre.
Alan Ball réussit donc haut la main sa seconde saison, et on ne peut qu'être impatient d'être à l'année prochaine pour retrouver tout le petit monde de Bon Temps. Grande série, sans aucun doute, et un vrai jalon dans les représentations TV/Ciné du mythe du vampire (j'aurai voulu que Twilight n'existe pas). Peut-être, et pour paraphraser Mariaque à la fin de sa dernière missive, ce qui est arrivé de mieux au mythe depuis 20 ans.
2 commentaires:
C'est amusant : quand on clique sur "j'en ai un peu parlé là", on reste sur le même post.
Merci bien j'm'en allions corriger ça de ce pas.
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