13 févr. 2011

La Famille Addams


Déjà presque 20 ans pour cette Famille Addams, et il faut dire qu'elle vieillit plutôt bien. Si l'on passe outre la chanson du film chantée par MC Hammer (Addam's Groove, pour les plus courageux seulement...), Barry Sonnenfeld nous offre un divertissement gentiment incorrect et gothiquement hollywoodien, prenant un malin plaisir (et nous aussi) à retourner le canon des comédies familiales hollywoodiennes. Il faut dire que l'air était propice, les Simpsons exposaient hardiment leur mauvais esprit à la télé et Burton avait montré la voie et trouvé le succés avec Beetlejuice et Edward aux Mains d'Argent.

Si l'histoire est somme toute classique (le retour de Fester après 25 ans d'absence... mais est-ce bien lui où un imposteur ?), Sonnenfeld ne ménage pas ses efforts pour maintenir le rythme de film, ponctuant l'intrigue principale de scénettes vachardes, où Mercredi (exceptionnelle Christina Ricci) déploit tous ses talents en tortures diverses. N'oublions pas le couple amoureux fou, flirtant régulièrement avec le SM, que forme Gomez et Morticia, tout deux incarnés avec beaucoup de classe par le défunt Raul Julia et la troublante Angelica Huston (qui d'autre aurait pu être Morticia ? Hein ?). Christopher Lloyd en fait des caisses mais cela sied parfaitement à Fester et souvenons enfin la performance technique qu'a été la réalisation de la Chose, la main vivante jouée par l'acteur canadien Christopher Hart, dont l'ensemble du corps a été effacé numériquement pour ne conserver que la main à l'écran.

Pas avare en mauvais esprit, en bons mots et en décadence visuelle, la Famille Addams est une vrai douceur gentiment acide et défoulatoire qui ne fait pas son âge. Si Hollywood pouvait nous en refaire quelques unes, de péloches, dans le genre de temps en temps...

10 févr. 2011

Pour Elle


Cas typique du sujet casse-gueule avec lequel on voit venir les gros sabot de la mécanique tire-larmes. Une femme en prison dépressive, une erreur judiciaire impossible à prouver, un mari seul avec l'enfant, follement amoureux... Vu de loin, ça craignait, ça puait le pathos et la dégoulinade de bons sentiments.

Et pourtant, le film évite tout cela. Avec sobriété (impeccables Vincent Lindon et Diane Kruger), Fred Cavayé déroule le fil de l'attente, de l'ennui, de la dépression, des petites souffrances quotidiennes du manque et de l'absence, jusqu'au moment où tout cela est insoutenable. Si elle prend le point de vue de Lindon, jamais la caméra ne se permet de prendre parti, de juger en bien ou en mal ce que ce mari met en place pour retrouver le bonheur d'avant au risque de tout perdre.

Jusque dans le final, où l'on se prend tout de même au jeu de la montée d'adrénaline, Cavayé garde cette distance, cette finesse, sans proposer ni une fin tragique ni un happy end. Car si la dernière image est saturée de soleil, difficile pourtant d'y voir une évasion belle et dorée sous des latitudes exotiques...