12 nov. 2011

Moon


Si les premières séquences de Moon pouvaient éveiller quelques craintes quant à d'éventuelles influences envahissantes (2001 et le Solaris de Soderbergh), Duncan Jones (je vous laisserai le plaisir d'aller par vous-même voir qui est ce "fils de" qui failli s'appeler Zowie) s'arrache de la tutelle de ses glorieux ainés pour faire un film personnel.

Car là est sans doute la principale qualité de Moon : de ne pas sans cesse faire allégeance. Oui, on y verra, à travers les décors, les premières hallucinations et le robot parlant, ces fameuses influences, mais cela s'arrêtera là. On y parle surtout d'ennui, de solitude et de quantités négligeables.

L'autre réussite est, pour son budget (5 millions de dollars), la qualité des effets spéciaux. d'un réalisme étonnant, ils sont tout simplement irréprochables.

Mais cela ne veut pas dire non plus que le film soit une franche réussite. Pas raté non plus (la réalisation est impeccable, sans effet de style), Duncan Jones peine cependant, en nous baladant d'une chronique de l'ennui au drame (surement les meilleurs moments du film) en passant par le thriller paranoïaque, à trouver la véritable tonalité du film et à nous emballer complétement. Il offre cependant à Sam Rockwell l'un des rôles de sa vie, présent non stop durant l'heure et demi du film et à l'aise dans tous ces tableaux.

Et je ne serai pas loin de penser que ce sont principalement les décors lunaires et la prestation de Sam Rockwell qui tirent amplement Moon vers le haut. Mais pour un premier film, au point de départ plutôt casse-gueule, Duncan Jones s'en tire tout de même avec une mention assez bien. Pas sûr que son suivant, Source Code, qui sent fort la grosse machine de studio, soit aussi investi : à vérifier donc.

11 nov. 2011

Duplicity


Habitué des films d'espions (c'est lui qui signe les trois scénars de la trilogie Jason Bourne) du coté gouvernemental, Tony Gilroy nous offre ici la facette industrielle, bagarre moins explosive mais toute aussi tordue entre deux entreprises de cosmétiques (excellent générique au demeurant, où les deux patrons se foutent joyeusement et malhabilement sur la tronche sous le regard médusé de leurs troupes respectives).

Au milieu de cette guerre industrielle, Gilroy fait jouer un joyeux jeu de poker menteur à l'impeccable duo Clive Owen (grande classe) et Julia Roberts (pas fan, mais elle a quand même un truc), jouant habilement avec un Mac Guffin pas piqué des hannetons, et dévoilant ses cartes lentement mais surement, avec pas mal d'humour et un sens du rythme indéniable, un art certain de la révélation et du rebondissement, jusqu'à un dénouement savoureux.

Et malgré quelques scories de réalisation un peu tape-à-l'oeil (les séquences en split screen, qui n'apportent rien de plus au point de vue du réalisateur), Duplicity est un film prenant, délivrant un joyeuse parano communicative, nous manipulant du début à la fin sans nous prendre pour des buses. On en demande pas plus.

7 nov. 2011

Invasion U.S.A.


On pourrait aborder Invasion U.S.A. de manière quasi universitaire, comme un document du retour de la guerre froide suite à l’élection de Reagan à la Maison Blanche. Une vision bas du front, un manifeste quasi politique, populiste comme pas deux, n'hésitant pas à mettre dos à dos l'incurie des fédéraux et la cruauté des russkofs, pour privilégier cette bonne vieille indépendance chère aux copains du Chouque. Et si l'on essaye de parler, en plus, sérieusement cinéma, c'est à s'arracher les cheveux.

Mais il est difficile (c'est même déconseillé, au risque d'y perdre la raison) de garder son sérieux devant un tel spectacle, peut-être la quintessence de ce qui fait le sel de tout chouquonnerie. Monument portnawak à la gloire du Chouque (encore moins expressif qu'un T-800), vengeur solitaire indestructible (ni la chemise, ni le brushing ne subiront d'outrage), taiseux (50 lignes de dialogues tout au plus, mais les traducteurs de l'époque ont du bien se marrer, ne serait qu'avec cette pub pour les fameuses boites en plastique) et omniscient (il débarque, tel l'ami Ricoré, toujours au bon endroit, au bon moment, sans qu'on sache vraiment comment), et tout aussi portnawak quand il s'agit de faire la fête aux tontons cocos : du débarquement improbable aux cibles des attentats (tous plutôt tournés vers les suburbs, avec particulièrement l'hénaurme attaque contre les pavillons de banlieue préparant Noël), jusqu'au gimmicks gros sabots "attention v'là les rouges" (lunettes pour les faux flics/militaires, et un enfant, toujours, quand un attentat se dessine).

Un vrai nanar chouquesque en diable, pas avare en chouquonnerie, ni en grosses ficelles, ni en ellipses improbables, ni en séquences elles-même improbables (l'attaque finale, et la séquence finale au bazooka). Et comme tout cela a été fait au premier degré, c'est d'autant plus savoureux. Voilà du Chouque, du vrai.

6 nov. 2011

Emilie Jolie


Ca aurait pu être pas mal, vraiment. Surtout que le conte musical original reste tout de même une référence en la matière.

On pourrait d'abord se poser la question suivante : pourquoi partir sur un scénario différent du matériau original ? Mais autant pisser dans un violon, le mal est fait.

Car tout y est mince, voire raté : le point de départ de l'histoire, les rebondissements, les chansons même ne sont qu'un prétexte pour rattacher vaguement ce film au conte musical.Et, last but not des moindres, l'animation est rarement réussi (la sorcière et les paysages qui l'entourent surnagent), et les personnages humains sont tout particulièrement laids. Allez, histoire de ne pas trop charger la mule, disons que les voix des personnages ont été plutôt bien choisies. Mais rien ne sauve Emilie Jolie du naufrage.

Tentative donc loupée pour Philippe Chatel. Mes drôles (2ans et demi et 4 ans et demi), fanas du disque, ont certes passé un bon moment. Mais je tiens le pari qu'elles oublieront volontiers, d'ici une vingtaine d'année, ce dessin-animé même pas digne des programmes jeunesses à la télé, mais replongeront avec la douceur de la nostalgie dans le conte musical, absolument indémodable.