25 juin 2011

Sucker Punch


Typiquement le genre de film qui divise, tout d'abord par l'aura que dégage son réalisateur (la lecture crypto-facho-gay de 300 lui colle aux baskets), mais aussi par l'esthétique filmique qu'il développe depuis 300, symbolisée par les ralentis iconiques qui font sa patte et ses détracteurs.

Vous comprendrez, par cette introduction, que je ne ferai pas partie de ceux-là.

Fétichiste, grandiose, grandiloquent, ultra-référencé, sexy, violent et pas sans défauts non plus, Snyder nous offre un spectacle de cinéma (tout est très réfléchi jusque dans la musique) étonnement personnel et humain, tout en évoquant un maelström de références allant de l'héroic fantasy, du steampunk, du manga à l'inévitable Alice et aux jeux vidéos (à croire que les films qui ont le mieux retranscrit les codes du JV sont ceux qui n'essaient pas d'en adapter).

Indéniablement doué techniquement, Snyder propose à nos mirettes des plans et des séquences ébouriffantes (le plan-séquence de la scène du train) mais aussi deux duos de personnages totalement opposés, très bien joués et qui portent l'âme du film : Baby Doll/Sweat Pee et Mme Gorski/Blue Jones. Et si son principal défaut, à mes yeux, est de faire des autres jolies minettes de simples side-kick un peu vides, Snyder n'est pas non plus du genre à laisser de cotés ses personnages et l'explication est donc peut-être à trouver ailleurs. Car, si le trouble jeté par le final, les trois niveaux de réalité et l'entière relecture possible dès qu'on réfléchit à nouveau à l'histoire, quand le rideau rouge s'ouvre aux premières secondes du film, tout cela donne aussi à penser ces side-kick différemment, et toute l'histoire finalement.

Coquille vide boursoufflée pour certains (et pourquoi pas ?), grand film pour d'autres, dont moi, Sucker Punch pose désormais Zach Snyder comme un réalisateur contesté, peut-être contestable mais aussi indubitablement passionné par ce qu'il réalise. Et c'est déjà pas si mal. Pour moi, c'est en tout cas un film monstre, un film qui marque, un grand moment de cinéma.

24 juin 2011

Les Valeurs de la Famille Addams


On prend les mêmes et on recommence...

Sans apporter de véritables changements de taille par rapport au premier volet des aventures de la famille Addams, Barry Sonnenfeld nous offre une comédie familiale gentiment incorrecte, avec son lot de petites vengeances envers quelques symboles du bon goût et de la bienséance made in USA.

Si le scénario diffère peu du premier dans ses grandes lignes (il y a toujours quelqu'un qui en veut à la fortune des Addams, l'amour entre Gomez et Morticia est toujours aussi joyeusement desaxé et les enfants déploient toujours des trésors de sadisme), on garde toujours un certain plaisir à voir un camp de vacances massacré (et la pique facile à Disney fait toujours du bien), un nourrisson à moustache, nourri au russe blanc, cible de la jalousie sadique des ses frangins et un furieux et libidineux tango, tout cela grâce tout d'abord à un casting impeccable et une interprétation au poil.

Je pense même que ce deuxième volet est supérieur au premier, Sonnenfeld exploitant à merveille la noirceur divertissante de chaque Addams, et en particulier en ce qui concerne la petite perle du film, Mercredi (Christina Ricci forever), entre ses amours naissantes et son mauvais esprit poseur.

Presque 20 ans et toujours jubilatoire, Les Valeurs de la Famille Addams passe les années en gardant cette amertume vivifiante, gentil majeur dressé salutaire sans être révolutionnaire.

22 juin 2011

The Tree of Life


Palme d'or, chef d'oeuvre, croûte, navet cosmique, et j'en passe. Fais ton choix, camarade !

Moi je l'avais fait, avant même de voir le film.

Je suis une midinette, une midinette qui aime ne rien comprendre à des films contemplatifs dont la BO est composé de somptueux morceaux de classique, et qui pleure en écoutant la Moldau, en voyant des séquences spatiales ou de retrouvailles familiale sur une plage situé dans un ailleurs, au son du superbe Agnus Dei du Requiem de Berlioz.

Alors, je l'avoue, une seconde fois, je ne suis pas sûr d'avoir bien compris le propos du film, mais j'ai retrouvé ce qui m'a transporté déjà dans La Ligne Rouge : les voix-offs, les plans, la lumière, le grain, les musiques, les paroles, les acteurs... Et ça m'a suffit. Et ce n'est peut-être pas le chef d'oeuvre attendu, c'est peut-être une croûte métaphysiquement fatigante dès que Mallick nous parle d'autre chose que de ce cocon familial. Certains diront même que le réalisateur se regarde largement filmer ou aurait mieux fait de filer une partie de son film à la Cinquième pour ses docus géo ou paléo. Et sûrement que toutes ces critiques sont largement justifiées.

Mais je ne suis ontologiquement pas objectif. Je ne peux pas l'être pour ce genre de film, de réalisateur (mais il n'y en a pas beaucoup comme Mallick avec ce talent de mise en image). Je ne me l'explique pas. Il y a bien des clients pour tout un tas de conneries façon Camping et on ne leur demande pas pourquoi. Moi (et je vis très bien avec), mon truc, c'est l'opéra-requiem à propos de la vie, de l'univers et du reste sur grand écran, avec des images des graminées vibrant avec le vent d'été dans un champ et du Bach en fond sonore.

21 juin 2011

X-Men - Le Commencement


Alors qu'Ultime Tâcheron, le super-vilain du navet gros budget à Hollywood j'ai nommé Brett Ratner, avait quasiment enterré la franchise X-Men au cinéma avec l'affreux X-Men 3, je ne donnais pas cher de la possibilité de relancer la franchise.

Mais Bryan Singer, l'instigateur et réalisateur des deux premiers volets, n'a pas lâché l'affaire et proposé le reboot à Matthew Vaughn, tout juste auréolé du succés (largement mérité) de Kick-Ass, mais surtout réalisateur engagé à l'origine sur le 3 et qui avait pourtant quitté le navire avant le début du tournage. Et on en vient à regretter de fait cette décision, car Matthew Vaughn semble avoir tout compris, ou presque, de ce qu'il fallait faire et ne pas faire sur ce genre de film.

Alors j'évacuerai rapidement l'éventuelle querelle ou les possibles réticences quant au canon Marvel, car si quelqu'un comprend exactement où en sont les X-Men, dans quelle dimension parallèle, quel reboot faut-il respecter, quelle équipe faut-il prendre en compte, qu'il me fasse signe, je me ferai un plaisir de lui laisser la parole ici-même.

Je disais donc : Matthew Vaughn a (presque) tout compris. Retour au duo Xavier-Magneto, mais cette fois-ci aux origines, aux 60's, période à la fois foisonnante dans l'histoire du comics lui-même, mais aussi riche en terme de background historique, tant sur la guerre froide que sur la poussée de la défense des droits civiques (le "mutant et fier de l'être" scandé plusieurs fois fait immédiatement penser au "black and i'm proud"). Mais plutôt que de rester sur des aspects sombres, durs principalement développé par Singer dans les deux premiers, les 60's permettent aussi à Matthew Vaughn d'instiller un peu de légèreté, d'humour, de pop façon James Bond. De ce point de vue, le duo Emma Frost-Sebastian Shaw (gigantesque Kevin Bacon) est james-bondien au possible, de la tenue/coiffure de la vénéneuse télépathe au sous-marin classieux de Shaw. Pop certes, mais jamais caricatural, et pas toujours tendre avec ses héros, ne serait-ce qu'avec Xavier, petit péteux dragueur, Gandhi du mutant mais conformiste au possible dès qu'il s'agit de l'apparence de Mystique.

Matthew Vaughn n'oublie aucunement le spectaculaire, sans en faire trop, et réussit particulièrement cette ultime scène, la tentative de vengeance de Magneto envers les navires US et russe. On peut pourtant reprocher à la fine équipe (s'il ne signe pas le scénario, Singer est pourtant à la production) un petit péché d'autoplagiat de par la séquence de massacre/élimination par un téléporteur, car la scène (bien fichue au demeurant car tout se passe au second plan) où Azazel élimine un section entière de la CIA est tout de même un sacré copier-coller de la spectaculaire séquence d'ouverture d'X-Men 2 avec Diablo au sein de la Maison Blanche.

Casting impeccable (aucune faute de goût, premiers ou seconds rôles), solidité et rythme de l'ensemble, il ne faut pas bouder son plaisir devant ce retour en grâce, ou au moins en très grande forme de mes mutants favoris, surtout que les dernières productions Marvel n'ont pas laissé de traces imperrissables. Et Matthew Vaughn confirme, avec ce quatrième film, son goût du travail bien fait (et pourtant le délai pour ce X-Men a été court, 13 mois toute phase comprise) et son sens indéniable du spectacle intelligent. Définitivement, un réalisateur à ne pas perdre de vue.

16 juin 2011

Kaboom

Joyeux mélange jouissif et foutraque, Gregg Araki nous joue là Philip K. Dick versus Beverly Hills 90210, dans la parenthèse US acidulée et libérée des années de fac.

Porté par une tripotée d'acteurs aussi clichés que talentueux (mon dieu, les yeux de Thomas Dekker, et graou Roxanne Mesquida), ainsi que le cameo improbable de James Duval (le double 90's à l'écran d'Araki dans son triptyque de l'apocalypse adolescente : Totally Fucked Up, The Doom Generation et Nowhere), Kaboom est une petite bombe nihiliste et orgasmique, où Gregg Araki détourne les codes du soap et du film de fac pour en faire un film... d'Araki.

A voir, à revoir, sans modération, jusqu'à la fin du monde.

15 juin 2011

Rubber


Rubber est un exercice de style (que certains pourront rapidement trouver ennuyeux, je le consens volontiers), ne serait-ce que par l'utilisation du désormais fameux appareil photo Canon5D en guise de caméra (et il faut dire que ça a de la gueule). Mais pas que.

Quentin Dupieux déclare ici son amour à la suspension consentie d'incrédulité, c'est à dire ce qui, sans aucune raison que notre acceptation pleine et entière de ce qui se passe à l'écran, fait le sel et l'intérêt de tout un cinéma. Aucune raison, tel est le credo.

Alors oui, on adhère ou pas, et il peut être difficile de s'accrocher à ce film alors qu'il fait tout pour nous perdre, nous perturber, nous poser des questions sans réponse. Mais force est de constater que chez Dupieux, l'imagination se met amplement au service de la mise en scène, ne serait-ce qu'au travers de cette fabuleuse séquence d'éveil du pneu. Il a également l'intelligence de ne pas faire durer le plaisir outre mesure (1h20 environ), et le bon goût d'avoir mis Roxanne Mesquida à l'écran.

Alors oui, Rubber, j'ai aimé. Et pourquoi ? Aucune raison.