25 juin 2009

Livre de chevet #3


Ben oui. Ceux qui l'ont déjà lu ne peuvent pas être surpris qu'il soit l'un de mes livres préférés. Ce bouquin a influencé un paquet de mecs, et de blogs. Mais il ne faut pas le réduire à son cliché (les top-listes de Rob Gordon), ou à son adaptation cinéma quelque peu américanisée (à part Jack Black, impeccable, et l'avez-vous écouté chanté le Let's Get It On de Marvin Gaye ?). Ce livre est une belle histoire comme Hornby sait l'écrire dans les grands jours (A propos d'un gamin) et je ne l'ai jamais lu autrement que d'une traite. Un livre qui me mélancolise et m'électrise.

19 juin 2009

Moi et les séries - 5ème partie : Star Trek ? Ah ouais, le gars avec les fausses oreilles...

Je vous l'ai déjà plus ou moins raconté dans les épisodes précédents de ma saga : Star Trek est une illumination tardive. Ado, en jeune addict de séries en tout genre, je refusais d'entendre du bien, même des films (faut dire qu'il y en a quand même qui ne sont pas terribles), d'une vieille série avec des mecs en pyjama, des maquillages grotesques, des effets spéciaux à ficelle et une naïveté jusque dans les couleurs du carton-pâte. Question SF et espace, je ne jurai que par Babylon 5, sombre, violente, politique, héroïque. Et dans le débat des séries spatiales à stations qui faisait rage à l'époque (DS9 VS B5), le vainqueur ne pouvait être que la station Babylon, cinquième du nom.

Soyons honnête : tout ça dans la plus profonde subjectivité et dans le plus grand refus de jeter ne serait-ce qu'un sourcil sur l'adversaire, juste histoire de voir si c'est si craignos que ça en a l'air. On est con à 16 ans, et pour des tas de choses bien plus sérieuses que les séries.

Le déclic est venu justement de Deep Space 9, troisième série portant la mention Star Trek à avoir été mise à l'antenne. Là où Babylon est une station cosmopolite tentant de faire le pont entre des peuples n'ayant pour seul point commun que le voyage spatial, DS9 est une station qui l'objectif d'être ce qu'est Babylon. Mais on en est loin, car le lieu, avant sa reprise par la Fédération, est déjà chargé d'une histoire bien lourde. En effet elle est proche d'une planête, Bajor, qui vient de se sortir du joug cardassien et donc en pleine reconstruction. La Fédération prend donc le contrôle de cette station, devant faire le tampon entre les aspirations d'un peuple qui retrouve la liberté, les anciens geoliers dont l'empire tombe en décrépitude, les vengeances, la justice, les autres peuples et une menace qui va très vite se profiler.

En plein 90's, cette série sonne on ne peut plus actuel, après la chute du mur et l'éclatement des Balkans. Et je découvre un univers loin d'être aussi naïf et premier degré que j'aurai pu le croire, une acuité que je ne soupçonnais pas, et de l'humour ! Et aussi des jolies filles...

Et c'est l'enchaînement. Je m'intéresse de fait à la précédente série, The Next Generation, que je regarderai de manière moins assidue, mais dont je ne louperai pas le final absolument grandiose, lors d'une soirée spéciale sur Jimmy, où sera également diffusé le pilote inédit de la série originale, pilote où il n'est pas encore question du Capitaine Kirk, mais déjà de Spock et d'un premier officier au féminin (qui disparaîtra tout de suite derrière).

Et peu à peu j'ai réussi à m'intéresser à la série originale, celle-là même qui, de par mon ignorance, m'avait bloqué l'accès à cet univers. Et je peux dire aujourd'hui, alors que je viens de finir de regarder l'ensemble des 3 saisons, que c'est une grande série. Au delà de tous ses oripeaux surranés, voilà une série qui savait proposer à la fois une SF de qualité sans occulter, et souvent avec beaucoup de finesse, les problématiques de la fin des années 60 (et certaines sont toujours d'actualité...). Et en ce sens, la troisième saison s'avère être la meilleure des trois, malgré un début un peu foiré (le premier épisode qui se termine sur un grand rire de l'équipage, y compris Spock, façon mauvaise sitcom familiale) : ségrégation, hippies, phénomènes sectaires et gourous, racisme, sexisme, ingérence diplomatique... Et parfois juste de la SF, avec la suspension d'incrédulité poussé au maximum, comme ce fameux épisode où l'équipage revit le duel de Tombstone. Alors oui, les épisodes ne se suivent pas (c'était encore très très rare dans les 60's), les personnages semblent parfois figés et n'évoluent que peu les uns par rapport aux autres d'une saison à l'autre, mais ceux-ci bien écrits, bien joués (Nimoy rules !) et surtout attachants. Et les filles sont souvent jolies et court vêtues. Et si les extraterrestres frisent le délit anthropocentrisme, n'y voyez qu'une économie de moyen, et qu'une façon de mieux parler de nous.

Ce qui frappe encore aujourd'hui, c'est l'ignorance du public et d'une bonne partie de journalistes ciné-tv face à cet univers complexe et d'une rare solidité. Et où l'on ressort toujours le cliché du pyjama à la sortie du dernier volet de la saga.

Le jour où la France se targuera d'avoir pondu un tel univers, on pourra peut-être recommencer de se moquer...

A suivre si tout va bien : Moi et les séries - 6ème partie : j'ai pas encore ni le titre, ni le thème, alors d'ici là bonjour chez vous

18 juin 2009

Les Beaux Gosses

L'adolescence, sujet casse-gueule au cinéma, qui, s'il a laissé quelques réussites anglo-saxonnes et US sur des registres souvent dramatiques (Kids de Larry Clark, certains Van Sant comme Elephant, ou même la Fureur de Vivre de Kazan, avec James Dean), et rarement plus légers (le récent Juno est cependant à sortir du lot, film qui resiste à l'appel du pathos malgré son sujet, une adolescente enceinte qui va décider d'être mère, et non pas d'avorter), n'est pas un sujet qui a marqué le paysage cinématographique français par de grandes réussites. Et le premier qui me balance Et la Boum alors ? aura le devoir de regarder en ma compagnie en entier et les yeux ouverts Manos The Hand of Fate.

Malgré une affiche et des bandes-annonces qui laissent supposer un ton graveleux et des personnages de beaufs version acnée et poils qui poussent, rien de tout cela n'apparaît dans le film. Riad Sattouf (LE dessinateur le plus drôle de Fluide Glacial actuellement, avec son Pascal Brutal) réussit son film là où l'on attendait pas un film français sur l'adolescence. Respectueux de ses personnages, sa caméra a elle-même un regard d'ado, elle est à leur niveau et quelque soit la situation, elle ne semble jamais hautaine avec leurs émotions et leurs hormones. Car oui, le sexe les travaillent, garçons ou filles, et Sattouf le démontre : le sexe et l'acceptation du groupe sont les deux moteurs de l'ado.

Les dialogues sonnent juste, tout comme les situations, et surtout Sattouf semble avoir à tout prix ne pas voulu faire du jeunisme ou à l'inverse jeter un regard condescendant d'"adulte" sur ces plus-vraiment-enfants-mais-pas-vraiment-adultes, et enfin un regard ni violent, ni misérabiliste, ni fashion, un regard tendre et fin est posé sur cet âge ingrat, dépeint trop souvent par le mode caricatural ou trash. La violence est là, celle du racket ou des petites vengeances, les tentations des actes délictueux, la confrontation des classes sociales, la misère des adultes, pas forcément plus heureux une fois que l'adolescence est passée. Sattouf nous dirait-il que c'était, malgré tout, le meilleur moment de notre vie ? Si le film manque parfois un peu de liant sur la longueur et que certains sujets (sujets d'adultes ?) sont parfois un peu survolés, Riad Sattouf réussit sa première réalisation sans heurs, et surtout avec l'objectif atteint de donner un film français enfin intéressant, drôle et joyeux sur l'adolescence.

A 27 ans, j'étais le plus agé des spectateurs de la salle de cinéma (vous vous rendez compte, des ados ont payé leur place de ciné plutôt que de le télécharger...) et je ne me suis pas senti à coté de la plaque. Je me suis même bien, et même sacrément, marré. Et je me suis surtout rappelé pourquoi j'avais détesté toute cette période du collège, et de l'adolescence, et que si tout cela rappelle des souvenirs, je ne voudrais pas les revivre. Oh non, pour rien au monde.

14 juin 2009

Le silence des agneaux


Rediffusé il y a quelque temps sur la sixième chaine, cela devenait soudain évident. Voilà un de mes films de chevet, ces films que l'on peut regarder des centaines de fois en étant toujours émerveillé, épaté, passionné par les images qui se déroulent devant nos yeux.
Jonathan Demme signe là son chef d'oeuvre, sa pièce maitresse, LE film qui restera de lui (bien plus que le pourtant magnifique Philadelphia). Et au delà de ça, il pose un jalon, une espèce de pierre philosophale du film de serial killer, de point d'horizon vers lequel tous les autres films de serial killer à tendance réaliste (je ne mets pas les slashers façon Scream dans le lot, car ils appartiennent sans discussion possible à un autre sous-genre) vont tendre sans jamais plus le dépasser (et je ne parle pas des suites, préquelles et autres remakes de la saga Lecter...).
Sobriété du jeu des acteurs, photographie superbe, musique au poil, décors (cet automne, et cette morosité ambiante jusque dans les tailleurs de Starling) et costumes qui sonnent juste ; et que dire des acteurs, tous impeccables, et Ted Levine (Buffalo Bill) et Anthony Hopkins (Lecter) posent eux aussi un jalon indépassable dans les rôles de psychopathes, dans deux registres différents. Ce même Hopkins ne fera qu'une caricature de Lecter dans le plaisant mais parfois grotesque Hannibal de Ridley Scott. Pour Levine, il donne une ampleur tragique, parfois pathétique (toute la scène qui commence par Bill qui se regarde dans la glace, en se disant à haute voix j'aimerais bien me baiser...), à Buffalo Bill, et jamais depuis cet excellent acteur n'a retrouvé de rôle à sa hauteur.
Je retiendrai une séquence exceptionnelle : l'arrivée du FBI en plein enterrement, et Clarisse, volontairement mise à part par son supérieur, qui se retrouve entourée de membres de la police locale qui la dévisagent, où l'on sent le poids de ces regards scrutateurs sur cette jeune fille (il est clair qu'ils ne la voient pas en agent fédéral, mais plutôt en curiosité, voire en objet de désir), et Clarisse ne s'en sort qu'en se dirigeant vers le cercueil (la caméra face à elle), revivant ainsi un évènement douloureux de son enfance.

Il y a des films cultes, et il y a la catégorie au dessus. J'ose avancer que ce Silence des Agneaux en fait partie, et qu'il ne vieillira jamais, et à deguster avec un verre de chianti...

9 juin 2009

My jukebox monthly (juin 2009)

Au delà d'avoir la lourde tâche que d'incarner l'entrée de ce blog dans sa quatrième centaine (301 post quand j'aurai posé le point final de cette bafouille), le jukebox monthly est un jukebox spécial Placebo. Plutôt fan depuis le début, un de mes derniers concerts (déjà lointain), c'est un groupe que je suis avidement depuis le début et qui a sorti hier un nouvel album, Battle for the Sun (si vous avez 80€ à claquer, l'édition limitée est un objet absolument magnifique, mais j'en parlerai très prochainement), qui, aux deux premières écoutes, semble avoir fait quelque peu évoluer son son, mais je vous en dirai donc plus dès que je l'aurai écouté un peu plus.

Voilà donc un peu mon best of à moi (à l'unique condition que je me suis posé de ne mettre que deux titres par album, ce qui est super surtout pour le deuxième album), qui ne prend pas en compte ce dernier opus.

Nancy Boy (Placebo) : premier tube, en tout cas bien soutenu par MTV à l'époque, titre qui a imposé une certaine image trash du groupe et de Brian Molko qui va longtemps leur coller à la peau, image pourtant balayé, à mon avis, dès le deuxième album. Reste ce titre violent, aux guitares tranchantes et à l'urgence punk, qu'on ne retrouvera presque plus par la suite.

I Know (Placebo) : chanson prémisse de la mélancolie qui va recouvrir une bonne partie des chansons de Placebo et parce qu'à un moment donné, à l'adolescence, cette chanson, comme presque tout ce premier album, m'a parlé et semblait dire quelque chose de moi.

Pure Morning (Without You I'm Nothing) : à se demander si c'était bien le même groupe, la première fois que j'ai écouté les premières notes de cette chanson hors norme. Variation de plus de 3 minutes sur un seul et même accord, peut-être LE chef d'oeuvre de ce groupe, soutenu en plus par un clip vraiment superbe. Pour l'anecdote, on trouvait sur l'une des deux versions (j'avais bien écumé 4 ou 5 FNAC pour la choper) du single LA face B désormais mythique, le fameux Mars Landing Party, avec sa ritournelle vaguement bossa et surtout ses fameuses paroles embrasse-moi, mets ton doigt dans mon cul, une présence ambigüe, une présence inconnue, jusqu'à c'que j'en peux plus...

Without You I'm Nothing (Without You I'm Nothing) : rarement une musique porte aussi bien les paroles, et le titre annonce la couleur. Guitare, basse, batterie, juste ça, et une charge émotionnelle exceptionnelle pour ce genre de configuration rock. Un must. A savoir que Bowie a posé sa voix en deuxième voix sur cette chanson, en live et en single.

Black Eyed (Black Market Music) : deux accords, puissance, émotion. Je rêve d'écrire ce genre de chanson. Pour sûr l'un des sommets de ce troisième opus, totalement réorchestré pour leur concert de décembre 2008 à Angkor (dispo sur l'édition limitée de leur dernier disque).

Slave to the Wage (Black Market Music) : it's a race, a race for rats, a race for rats to die... Un clip ultra référencé Gattaca, mais un Molko qui sort un peu de la mélancolie pour poser un regard sur le monde.

Special Needs (Sleeping with Ghosts) : une belle écriture, un peu plus de légéreté dans la mélancolie, une production étonnante, avec des claviers très présents et une batterie nerveuse (Hewitt est un batteur exceptionnel), et pourtant en fond une guitare ultra saturée, qui nappe plus qu'elle enveloppe la chanson. Un très beau moment de cet opus mal aimé (pour parfois quelques bonnes raisons).

Protect Me From What I Want (Sleeping with Ghosts) : à l'instar du Peeping Tom du précédent album, Placebo parle d'un mal-être quelque peu civilisationnel, sur une ritournelle (une valse, comme dit Molko sur le DVD Soulmates Never Die) presque légère. Chanson très bien adaptée en français par Virginie Despentes, et mise sulfureusement en image (interdit aux mineurs, vous ne direz pas que je ne vous l'ai pas dit !) par Gaspard Noé.

Follow The Cops Back Home (Meds) : chanson dans la même veine que la précédente, en plus rock guitaristiquement parlant. Elle m'a soufflé dès la première écoute, et au moins tout autant en live. Et Molko prouve aussi qu'il est capable d'avoir plus de coffre (vous avez écouté Battle For The Sun, la chanson, et sa fin ?) que ce qu'on pouvait penser de lui ne serait-ce que deux albums auparavant.

Broken Promise (Meds) : exceptionnel duo avec Michael Stipe, le chanteur de REM, j'ai cru entendre à certains égards du Deftones, pour ceux qui connaissent. En plus c'est agréable d'écouter la voix de Stipe sur de grosses guitares.


Soyons honnêtes, ce jukebox ne me satisfait pas totalement, juste parce que je me suis mis des règles. Mais bon, sans ça, on y serait encore...