18 juin 2009

Les Beaux Gosses

L'adolescence, sujet casse-gueule au cinéma, qui, s'il a laissé quelques réussites anglo-saxonnes et US sur des registres souvent dramatiques (Kids de Larry Clark, certains Van Sant comme Elephant, ou même la Fureur de Vivre de Kazan, avec James Dean), et rarement plus légers (le récent Juno est cependant à sortir du lot, film qui resiste à l'appel du pathos malgré son sujet, une adolescente enceinte qui va décider d'être mère, et non pas d'avorter), n'est pas un sujet qui a marqué le paysage cinématographique français par de grandes réussites. Et le premier qui me balance Et la Boum alors ? aura le devoir de regarder en ma compagnie en entier et les yeux ouverts Manos The Hand of Fate.

Malgré une affiche et des bandes-annonces qui laissent supposer un ton graveleux et des personnages de beaufs version acnée et poils qui poussent, rien de tout cela n'apparaît dans le film. Riad Sattouf (LE dessinateur le plus drôle de Fluide Glacial actuellement, avec son Pascal Brutal) réussit son film là où l'on attendait pas un film français sur l'adolescence. Respectueux de ses personnages, sa caméra a elle-même un regard d'ado, elle est à leur niveau et quelque soit la situation, elle ne semble jamais hautaine avec leurs émotions et leurs hormones. Car oui, le sexe les travaillent, garçons ou filles, et Sattouf le démontre : le sexe et l'acceptation du groupe sont les deux moteurs de l'ado.

Les dialogues sonnent juste, tout comme les situations, et surtout Sattouf semble avoir à tout prix ne pas voulu faire du jeunisme ou à l'inverse jeter un regard condescendant d'"adulte" sur ces plus-vraiment-enfants-mais-pas-vraiment-adultes, et enfin un regard ni violent, ni misérabiliste, ni fashion, un regard tendre et fin est posé sur cet âge ingrat, dépeint trop souvent par le mode caricatural ou trash. La violence est là, celle du racket ou des petites vengeances, les tentations des actes délictueux, la confrontation des classes sociales, la misère des adultes, pas forcément plus heureux une fois que l'adolescence est passée. Sattouf nous dirait-il que c'était, malgré tout, le meilleur moment de notre vie ? Si le film manque parfois un peu de liant sur la longueur et que certains sujets (sujets d'adultes ?) sont parfois un peu survolés, Riad Sattouf réussit sa première réalisation sans heurs, et surtout avec l'objectif atteint de donner un film français enfin intéressant, drôle et joyeux sur l'adolescence.

A 27 ans, j'étais le plus agé des spectateurs de la salle de cinéma (vous vous rendez compte, des ados ont payé leur place de ciné plutôt que de le télécharger...) et je ne me suis pas senti à coté de la plaque. Je me suis même bien, et même sacrément, marré. Et je me suis surtout rappelé pourquoi j'avais détesté toute cette période du collège, et de l'adolescence, et que si tout cela rappelle des souvenirs, je ne voudrais pas les revivre. Oh non, pour rien au monde.

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