30 déc. 2008

Death Proof

Quentin Tarantino est un fieffé filou. Si le dogme visuel grindhouse (péloche qui saute, traits sur la bobine, etc...) est respecté durant une quasi moitié du film (la deuxième partie du film est plus bis dans son esprit et dans son déroulement que dans sa forme), Tarantino fait du Tarantino faisant un gros bis qui tâche : des dialogues nombreux et bavards, une BO ultra vintage, des références à ses propres films, des références extérieures (Vanishing Point est entre autre plusieurs fois cité), une petite apparition du chef dans un petit rôle de barman, des pieds plus que jamais, des tronches avec l'ami Kurt Russel en tête...

De fait, le problème avec Tarantino, c'est qu'il aime tellement ces propres tics filmiques qu'il ne s'en débarrasse jamais. Donc là où on attend un serial killer en bagnole qui dézingue de la jolie poulette court-vétue, on l'a un peu mais on a beaucoup de dialogues (comme souvent chez Tarantino, sans lien véritable avec l'intrigue, mais qui humanisent et et rendent attachant les personnages) et de pieds nus (ça en devient presque un gimmick dans ce film). Ce n'est pas vraiment le film avec lequel il faut commencer (commencez plutôt par Jackie Brown, ou Reservoir Dogs, mais ce n'est que mon humble avis) quand on n'a jamais vu de film de Tarantino de sa vie, et j'imagine très bien certains pouvant ce dire à la vision de certaines séquences de Death Proof : "bon le réal, c'est quand qu'il passe la deuxième ?".

Mais justement, il la passe. Certes, pas toutes les 10 minutes, mais les séquences de bagnoles sont vraiment très bien filmées (quel premier carambolage, et que dire du meurtre de Rose McGowan, une vraie scène de serial killer, et enfin les 20 dernières minutes de poursuite sont tendues et sacrément bien fichues) et valent vraiment le détour. Kurt Russel est comme un poisson dans l'eau, les minettes sont jolies, sexy (ouahou la lapdance, rarement scène n'aura été aussi explicitement érotico-sexuelle chez Tarantino) et très... filles, à croire que Quentin fait, depuis Jackie Brown, de plus en plus un cinéma presque féministe avec un enrobage de film de mec (karaté, bagnole, gangster...). Zoé Bell crève l'écran, elle qui fut doublure cascade de Xena la guerrière et surtout d'Uma Thurman dans Kill Bill, en jouant son propre rôle de cascadeuse un peu fêlée et trompe-la-mort vengeresse.

Quentin Tarantino est un fieffé filou, mais un fieffé filou très doué qui nous montre en plus une nouvelle corde à son arc, en étant ici pour la première fois son propre directeur de la photo et d'une façon très probante. Encore une fois, Tarantino nous démontre son amour et sa goinfrerie de cinéma, par les actrices, la musique, l'image et les dialogues. Alors ce n'est certes pas son chef d'oeuvre, mais tant qu'il filmera avec cet amour-là qui transpire à chaque image, je resterai un fidèle client de ses péloches. Et que j'ai hâte de voir son Inglourious Basterds.

23 déc. 2008

Burn after reading

Évacuons d'entrée la question de "c'est un bon ou un mauvais Frères Coen" : la question n'est pas là.

Oh le con, il évacue d'une pirouette la question de la qualité !

Oh mais que nenni ! Diantre, oseriez-vous de fait affirmer que les frères Coen ont déjà torché un film ? Attention, je ne dis pas que tous leurs films sont excellents, je dis juste que tous leurs films sont fait avec une certaine constance, des acteurs de qualité (souvent récurrents) et un amour de cinéma toujours visible. Mais il est vrai que certains films, s'ils restent toujours des divertissements bien troussés et agréables, ont moins le grain de folie que les amateurs des frangins apprécient dans ce qu'on aurait tendance à appeler les "très bons Frères Coen" : Blood Simple, Barton Fink, The Big Lebowski, Fargo, O' Brother Where Art Thou, pour n'en citer que quelques uns. Le reste des films font parties des "bons Frères Coen". Et voilà donc un "bon Frères Coen". Et je n'ai donc pas éludé la question, CQFD.

Pour résumer le film je citerai d'à peu près de mémoire JK Simmons, qui en bon patron de la CIA, dit à la fin de son subalterne l'une des meilleures répliques du film : "Je ne sais pas ce qu'on a fait mais ce qui est sûr, c'est qu'il ne faudra plus le faire." Où comment des histoires de coucheries, de quiproquo, et d'intelligence toute relative (les anglophones apprécieront le jeu de mot sur l'affiche, quasi intraduisible en français) font une histoire tragicomique, aux personnages plus ou moins pathétiques. A part John Malkovich, que l'on prend un peu en pitié, tous les autres sont des connards, des salauds, des idiots, des salopes, des buses, des baltringues, qui n'ont que pour point commun leur égoïsme.
Dans un sens, c'est un bon contrepoint à Fargo, où presque tous les bouseux de cette bonne ville de Fargo peuvent être qualifiés du même genre de noms d'oiseaux. Là point de bouseux (et plus de marivaudages), mais une bourgeoisie d'administration, sûre de son prestige et de son esprit (cf. George Clooney et Tilda Swinton dans ce film), mais qui ne valent pas mieux que nos bouseux de Fargo. Le cinéma des frangins est pour cela un joyeux révélateur de la bêtise et de la nullité humaine, et de cette incapacité, sauf quelques personnages exceptionnels, à ce rendre compte de cette même incurie.
Du coup cela crée des situations drôles, parce que les frangins mettent suffisament de distance dans leur art, mais qui somme toute sont au mieux affligeantes, désespérantes, voire tragiques. les acteurs sont impeccables sans exception : l'habituée et toujours excellente Frances McDormand, George Clooney qui fait du George Clooney (mais qui le fait bien), Tilda Swinton en fieffée salope glaciale (il faut dire qu'à sa décharge, elle sait avoir le physique de ce genre d'emploi), John Malkovich en cocu à tous les points de vue et l'inénarrable Brad "je remets au goût du jour le brushing façon Jason Priestley dans Beverly Hills 90210" Pitt (il s'est fait plaisir, indéniablement, j'ai même eu l'impression à deux ou trois reprises qu'on était pas loin de l'envie de rire de l'acteur envers son personnage).
Mention spéciale à toutes les séquence à la CIA, personnifié par ses couloirs vides et froids et ses souliers vernis, jolies lignes parallèles de la vie classe et propre mais froide, dépersonnalisée, vide des personnages. Seul le personnage de John Malkovitch essaie de remettre un peu de vie, d'humanité, en voulant retrouver un sens à sa vie, après que la CIA lui ai retiré ; troublante et touchante scène d'ailleurs de ce même personnage qui explique à son père, qu'on comprend être un ancien de la boutique, ce qui s'est passé et ce qui va se passer, mais ce père n'est déjà plus là, et l'on se demande s'il est encore capable d'écouter quoique ce soit (scène-parenthèse d'ailleurs presque hors du film, le personnage du paternel n'apparaîssant que ces quelques minutes).

Les frangins ont traité leur sujet en suffisament de temps, ni trop ni trop peu. Ils nous ont offert un divertissement pas idiot, bien troussé et je dois dire que je me suis bien marré. Ce n'est peut-être pas un Frères Coen de la trempe d'un Fargo, mais un "bon Frères Coen"est toujours bien meilleur qu'un bon Lelouch, un bon Assayas ou une grande partie des films sortis depuis décembre.

8 déc. 2008

My Jukebox Monthly à guirlande (décembre 2008)

Nancy Sinatra - These Boots Are Made For Walking : quel orfèvre, ce Lee Hazlewood (auteur compositeur de cette perle folk/ryhtm'n blues), et cette montée des cuivres, au fur et à mesure des couplets jusqu'au fatidique Are you ready boots ?...

Kings of Leon - Sex on Fire : c'est fou ce qu'on peut faire juste avec deux accords (cf. le jukebox de ces deux derniers mois avec l'énorme tube That's not my name des Ting Tings, que je pourrais facilement remettre une troisième fois dans un jukebox monthly), quelques bons zicos, et un je-ne-sais-quoi qui fait que ça rentre dans la tête. Je rêve d'écrire un jour une chanson à deux accords...

Cat Power - Metal Heart (Jukebox) : découverte récement, la voix de cette fille me fait frissoner...

Queens of the Stone Age - A Song for The Dead (Song for the Deaf) : un choc brutal, un grand morceau rock violent et décadent, et Dave Grohl est un dieu de la batterie. Point barre.

Yves Simon - Diabolo Menthe : certains pourraient avoir la bonne idée de me railler, mais ce morceau m'a toujours, depuis la vision du film de Diane Kurys, touché, et je trouve surtout le texte très bien écrit.

My Wife - The Who (Who's Next) : juste parce que j'ai (ré)écouté cet album, et que ce morceau me fait penser à Tramber, avec qui j'étais heureux de discuter il y a quelques jours, et que j'aimerais revoir plus souvent...

7 déc. 2008

Doomsday

Pour vous, le bis, le post-nuke, le gore, c'est à peine du cinéma. A la limite vous acceptez un peu de sang si Télérama vous en a dit du bien, mais bon, Cronenberg c'est trash quand même... Et vous comprenez à peine l'intérêt que peuvent porter certaines personnes pour des films comme Mad Max, New York 1997 ou La Chair et le Sang. Bien ! C'est comme moi avec Lelouch ou Assayas ! Donc passez votre chemin, et ne tentez même pas d'oser un tant soit peu de curiosité vers la péloche que je vous présente ci-dessous, cet avertissant préambule ne concernant bien évidement pas les émules de Verhoeven, Carpenter et autre George Miller...

Vite fait, le pitch c'est qu'après qu'un virus ultra-mortel ait décimé l'Ecosse en 2008, les autorités britanniques remettent en place le Mur d'Hadrien (en plus bétonné, métallique et mortel) pour endiguer l'épidémie. Le problème, c'est que le virus réapparait 30 ans plus tard au coeur de Londres, qu'on a découvert des survivants de l'autre coté du mur et que les autorités (rigolo de retrouver le Dr Bashir (si t'as pas vu Star Trek DS9 ça te dira rien) en locataire du 10 Downing Street) espèrent bien un vaccin ou une solution pour sauver d'abord leurs petites fesses. On envoie donc une équipe de flics/barbouzes pour ramener cette fameuse solution, et bien évidement ça va être plus compliqué que ça.
Ma chérie n'a pas aimé, je me suis bien éclaté. Ce film ne peut pas être pris au sérieux mais il a été fait sérieusement par un mec, Neil Marshall, qui s'est forcément biberonné au cinéma cité un peu plus haut (mais non pas Lelouch !). C'est le film d'un réal qui n'a pas spécialement lorgné sur un grand scénario, mais sur les références et l'éclate de tourner des séquences de punks cannibales, de poursuites en voitures délirantes, de moyen-âge sanguinaire et aussi un peu de beaux paysages (l'Ecosse c'est 'acrément beau quand même). Alors oui, ça ne casse pas des briques, c'est gore (faut pas craindre le cannibalisme), l'ultime fin est un peu bancale (quoique conforme au personnage principale interprété par la convaincante Rhona Mitra, plutôt hâte de la voir dans la préquelle d'Underworld) et certains disent que ça lorgnent plus vers les post-nuke (films post-apocalyptiques, exploitation du filon mad-maxien, mêtre étalon du genre) ritals des 80's, mais bon je peux pas dire, je n'en ai vu aucun. Mais les grands écarts d'ambiance m'ont emballé : passer d'un Glasgow complétement dévasté à des highlands revenus au temps du moyen-âge pour finir sur une grand'route très Mad Max, fallait oser et j'ai totalement adhéré.

Moi je vois dans ce film une déclaration d'amour à minimum les trois films sus-cités, et sûrement d'autre ; en tout cas un cinéma qui tâche et peu complaisant. C'est peut-être fait avec des gros sabots, mais c'est fait avec amour du genre et honneteté. Donc je pardonne à Neil Marshall ce film bancal mais enthousiasmant, mais soyons honnête deux minutes, le prochain film devra garder cet amour du genre mais être un peu plus personnel, sous peine de voir gâcher un certain talent.