29 nov. 2010

Harry Potter et l'Ordre du Phénix


Après le plantage de Mike Newell, l'arrivée de l'inconnu David Yates aux commandes du 5ème volet de la saga Potter pouvait, au mieux, laisser dubitatif. Mais, inconnu, Alfonso Cuaron ne l'était-il pas, ou à peine moins, pour le Prisonnier d'Azkaban ?

Car, sans vouloir mettre cet Ordre du Phénix au niveau d'Azkaban, je dois avouer qu'il m'a fallu réviser mon jugement à la hausse concernant ce film (bien que le jugement initial, à la sortie du film en 2007, n'était pas particulièrement négatif). Sans faire dans l'excellence, David Yates réussit à ne pas rater son film, malgré une baisse de régime en milieu de pellicule. Là où Mike Newell ne faisait pas ressortir grand chose des enjeux de la Coupe de Feu, on retrouve dans le film de Yates les principaux intérêts, les grandes lignes de force de ce cinquième volet : montée de la dictature d'Ombrage (mais en revanche sa prise de pouvoir effective est traitée plus mollement), Harry Potter qui prend conscience et accepte ce qu'il est et ce qu'il représente (plutôt bien rendu à l'écran, malgré le charisme bivalvesque de son interprète) et l'adolescence des personnages (et la naïveté de Ron, toujours remarquablement interprété par Rupert Grint).

Et même si chez Yates la réalisation se fait plus clinquante (de belles images mais peu de plans vraiment forts) que chez Cuaron, force est de constater qu'il arrive en revanche bien mieux à intégrer de belles séquences ou du spectaculaire dans sa narration, comme les scènes au Ministère de la Magie (où là encore les décorateurs font un magnifique travail), là où Newell pataugeait dans la semoule avec sa poursuite balai-dragon. Même l'affrontement entre les Mangemorts et l'Ordre est moins starwarsien que dans mon souvenir (il m'avait fait penser à la grande bataille de Jedi sur Geonosis dans l'Attaque des Clones), bien que manquant tout de même d'une certaine charge émotionnelle.

Si cela est valable pour l'ensemble des films et que je l'ai déjà écrit, je tiens une fois de plus à souligner la qualité de la mise en image des lieux, objets, petits détails ainsi que du bon goût du casting, en particulier pour les seconds rôles (les membres de la famille Weasley sont très bien campés, tout comme Neville Londubat ou Luna Lovegood) et l'oscar du "ça n'aurait pu être que lui/qu'elle" est attribué pour ce film à Helena Bonham Carter en Bellatrix Lestrange, aussi crédible que Rickman en Rogue. Et soulignons aussi le charisme de Ralph Fiennes, toujours aussi convaincant en Voldemort.

Même si on pourra reprocher au scénario d'avoir pour principal défaut celui de ne pas s'attarder sur la vie au square Grimaud (du coup, les rares scènes de l'elfe Kreattur et du tableau de la matriarche Black tombent un peu à l'eau) et que le décorum poudlardien, plutôt fidèle aux livres, joue aussi en sa faveur, David Yates fait le boulot et réussit à ne pas être à coté de la plaque. Et malgré les heures sombres qui s'abattent peu à peu sur Poudlard, Yates redonne des couleurs et un peu de crédibilité cinématographique à cette saga en pensant avant tout à réaliser un film, à raconter et à mettre en image une histoire avant de torcher un plan marketing sur pellicule. Confirmation pour le Prince de Sang-Mêlé ?

27 nov. 2010

Harry Potter et la Coupe de Feu


En voyant pour la première fois le Prisonnier d'Azkaban, je m'étais dit que cela était peut-être le signe d'un nouveau départ pour les aventures du magicien à lunettes. L'arrivée de Mike Newell (à la filmo éclectique, entre Donnie Brasco et 4 Mariages et 1 Enterrement, mais à l'époque pas vraiment le réal auquel on pense au premier abord pour mener la barque d'un Potter) ne m'a pas inspiré une grande confiance, mais je lui laissai alors le bénéfice du doute.

Si visuellement nous sommes dans la droite ligne de l'univers mis en place par Cuaron (intro brumeuse, réalisme de Poudlard, ancrage dans une modernité plus proche), difficile de ne pas faire la fine bouche au delà de la... neuvième minute du film. Car tout commençait pourtant bien, entre l'introduction dans la maison des Jedusor et arrivée à la Coupe du Monde de Quidditch, visuellement prometteuse. Mais les Mangemorts arrivent soudain comme un cheveu sur la soupe et révèlent dès lors le principal (si on fait fi des multiples et énormes différences avec le livre) défaut de la Coupe de Feu : sa narration.

Si quelques séquences ne sont pas désagréables (la scène sous-marine est bien fichue, la scène du bal a la classe, et Jarvis Cocker fait un fugace mais excellent leader de Bizzar Sisters), d'autres sont plus anecdotiques, voire ridicules, comme cette poursuite avec le dragon lors de la première épreuve de la Coupe de Feu ou comme l'arrivée des écoles étrangères. Et tout cela est enchainé à la truelle, sans transition aucune, ce qui donne près d'1 h45 mal fichue dans sa narration, dans sa logique et dans son intérêt en général. Pourtant, par un heureux hasard (car rien ne laissait présager quelque chose de réussi sur plus de 5 minutes d'affilée), la dernière demi-heure relève un tant soit peu le niveau. A partir du labyrinthe (séquence angoissante quoiqu'un peu rapide), on retrouve un peu de Potter et l'arrivée réussie de Voldemort (convaincant Ralph Fiennes), la mort brutale de Diggory, l'affrontement Potter-Voldemort et la révélation de la supercherie de Barty Croupton Jr. (jolie partition de David Tennant, le 10ème Doctor Who) redonnent un peu consistance à cette Coupe de Feu globalement ratée. Et je passerai sur la performance de plus en plus limite de Daniel Radcliffe, et du jeu très variablement convaincant d'Emily Watson.

Harry Potter et la Coupe de Feu est dans la saga littéraire un tournant majeur de la saga. Il est devenu un film très mineur, qui arrive presque à redonner du cachet aux deux premiers opus de Columbus (ce qui le sauve est par chance l'univers poudlardien que nous lui préférons largement aux opus de Columbus), laissant presque craindre le pire pour la suite et la fin de la saga, offerte aux mains de l'inconnu David Yates. Prochaine étape : Harry Potter et l'Ordre du Phoenix.

26 nov. 2010

Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban


Ne tortillons pas du popotin pour faire nos besoins droit : le Prisonnier d'Azkaban est à l'heure actuelle la meilleure adaptation à l'écran d'un volume de la saga d'Harry Potter.

Et j'ai eu beau regarder, comparer les fiches techniques du précédent volet de Columbus et celui-ci, les différences entre ceux-ci sur le papier semblent en apparence presque anecdotiques : augmentation du budget de 30M$, remplacement pour Dumbledore de Richard Harris (décédé après la Chambre des Secrets) par Michael Gambon (et à l'écran le changement passe comme une lettre à la poste) et l'arrivée d'Alfonso Cuaron (qui réalisera 3 ans après ce Potter-ci les Fils de l'Homme) à la place de Chris Columbus.

Si au scénario nous retrouvons le fidèle Steve Kloves (auteur des scénarios de tous les films à l'exception de l'Ordre du Phoenix), il semblerait que ce soit justement le changement de réalisateur qui ait fait toute la différence sur la pellicule. Bien sûr, Poudlard évolue aussi, moins magique, plus réaliste mais tout aussi enchanteur. Mais au-delà du décorum, Cuaron a réussi à saisir le cœur du livre, l'esprit, sans grands effets de manche, simplement en prenant son sujet sérieusement et révélant enfin à l'écran que l'intérêt d'Harry Potter ne réside pas dans la magie et ses oripeaux mais dans ses personnages. La relation entre Lupin et Potter, aspect important du livre, est également au cœur du film et est ainsi rendu avec beaucoup de justesse malgré les contraintes de l'exercice même d'un film estampillé Potter ( 2h10 pas plus, cahier des charges pointu, quota de merveilleux, etc...).

Car Cuaron n'en oublie pas non plus la commande, et à ce titre offre parmi les séquences les plus éprouvantes de la saga cinéma avec les Détraqueurs (enfin des créatures poudlardiennes dont le rendu à l'écran vaut celui des livres), grande réussite visuelle de ce film, ainsi que le très fun voyage en Magicobus. Difficile non plus de cracher sur le casting, que ce soit dans le choix des acteurs (le sous-estimé David Thewlis campe un Lupin au plus juste, Emma Thompson dans un contre-emploi aux petits oignons et le "ça n'aurait pu être que lui" du film en la personne de Gary Oldman en Sirius Black) ou dans la direction d'acteur. Car si le talent d'un Rupert Grint (Ron Weasley) explose, celui de Daniel Radcliffe est moins flagrant (mais il reste encore crédible dans le Prisonnier d'Azkaban) et la vision des épisodes suivants démontre là aussi que Cuaron n'a pas juste été un yes-man.

Par des enchainements simples mais efficaces (le fil des saisons vu du saule cogneur), il offre une narration aboutie, fidèle et prenante qui donne parfois envie de foutre une paire de claques aux producteurs afin d'offrir à Cuaron la possibilité de tout refaire, fantasme un peu vain et terriblement frustrant. Car si le Prisonnier d'Azkaban est en tout point ce qu'on était en droit d'attendre d'une adaptation d'Harry Potter, il révèle malheureusement les errements et la démarche avant tout mercantile de la Warner, qui fait de la saga poudlardienne, excellente d'un point de vue littéraire, un succés indéniable au cinéma, mais qualitativement boiteuse en ce qui concerne le septième art.

23 nov. 2010

Harry Potter et la Chambre des Secrets

Maman, j'ai encore raté Poudlard...

Chris Columbus, une fois de plus (de trop ?), bien content de n'avoir qu'à dérouler le fil propret du film-merchandising, ne nous offre là qu'un joli emballage (car une fois encore peu de critiques à faire quant aux décors, aux lieux, à la géographie et au folklore) prompt à rentrer dans le moule des produits dérivés. Mais les films tirés de la saga ne sont-ils pas eux aussi des produits dérivés plutôt que des adaptations ? Avec Columbus la réponse est sans nul doute oui.

Non pas que le film ne suive pas l'intrigue principale, il le fait correctement, bien que rapide sur Mimie Geignarde et le journal intime de Tom Jedusor. Mais à marchandiser pour un public-cible son film, il en perd toute magie, au delà du décorum. Il manque un souffle, y compris dans la dernière demi-heure malgré une partie d'échec visuellement très réussi, bien plus que l'affrontement avec le Basilic. Erreur de casting aussi, en la personne de Kenneth Branagh, à coté de ses pompes question flamboyance et suffisance de Gilderoy Lockhart. En revanche, et je le répéterai surement pour chaque film, Alan Rickman est définitivement LE Severus Rogue.

Bref, et une fois de plus, rien qui ne vaille vraiment plus qu'un divertissement familial vite consommé, un dimanche de pluie ou un jour férié...

22 nov. 2010

Harry Potter à l'Ecole des Sorciers


Comme je compte parler des 6 épisodes sortis à ce jour au cinéma, balayons tout de suite la sempiternelle comparaison livre/film : dans l'ensemble, les livres sont mieux, il manque un paquet de scènes, quelques personnages comme Peeves... Point, refermons tout ça. Mais c'est pas pour ça que les films sont ratés. Enfin, pas tous, mais je ne divulguerai pas mon point de vue sur les cinq autres tout de suite. Diantre, un peu de suspens...

Donc commençons par le commencement : Chris Columbus. Sûr que par rapport aux rumeurs (voire aux envies de l'auteure JK Rowling) qui faisait de Terry Gilliam le réal de ce premier volume des aventures du binoclard de Poudlard et l'un des réalisateurs de la saga tout court, Chris Columbus donne tout de suite moins envie, et je le préfère plus souvent comme scénariste ou producteur (Gremlins, les Goonies, la Nuit au Musée) que derrière la caméra. Ce choix montrait également un véritable choix marketing de la part de la Warner, préférant une vision plus enfantine donc plus bankable, au moins pour les deux premiers, les histoires se prêtant peut-être aussi à cet aspect gaminou.

Car, si visuellement nous ne pouvons guère nous plaindre de rendu à l'écran de Poudlard, de ses merveilles, de sa magie ni même du casting (rarement à coté de la plaque sur l'ensemble de la saga), à commencer par mon chouchou Alan Rickman (qui d'autre aurait pu être Severus Rogue ?) mais aussi Richard Harris en Dumbledore, Maggie Smith en McGonagall ou Robbie Coltrane en Hagrid, il n'en est pas de même pour le film dans son ensemble. Voilà juste un bon divertissement familial, calibré, dans les clous, gentil. Pas mauvais, non, juste assez bon pour ne pas s'ennuyer, mais pas assez pour avaler la pilule suivante : cette saga a moins besoin d'un VRP derrière la caméra que d'un réalisateur avec une vision de ce qu'est Harry Potter. Car Harry Potter n'est pas qu'une source de produits dérivés, et j'aurai bien assez tôt l'occasion de vous dire qu'un seul réalisateur a eu le temps d'un film cette vision de ce qu'aurait pu être Harry Potter au cinéma.

Et si cela passe bon an mal an pour cette adaptation du premier tome, sachez que j'étais tout de même plutôt soulagé que Chris Columbus ne prenne pas en charge toute la saga (bien que nous le subirons encore sur le deuxième tome) parce que bon, Maman J'ai Raté Poudlard, ca va bien 5 minutes...

21 nov. 2010

Retour sur... The X-Files (1ère partie : 1993-1995)


Il y a eu un avant et un après X-Files. Non pas que cette série ait changé véritablement la face du monde, mais ils n'étaient pas si nombreux ceux à prendre vraiment au sérieux les séries TV avant celle-ci. Il faut se souvenir du phénomène que ça a été, après plusieurs années au soleil de Magnum, Mac Gyver et Miami Vice ; le fantastique, la SF, le sombre, le glauque, n'ont pas fait vraiment recette dans les années 1980, alors que les années 90 voient le retour sur petit écran de Star Trek et l'arrivée de Babylon V, qui marquent, avec X-Files le retour en force de tous ces genres à la télévision, sans oublier l'anthologie Tales from the Crypt qui sévit depuis 1989 (et ce jusqu'en 1996). Souvenons-nous aussi du merchandising, des articles y compris dans la presse plus téléramesque, des débats sur la vision du monde proposée par cette série et de quelles séries (de qualité variable) ont suivi, embrayant sur le retour en grâce des petits hommes verts, des monstres en tout genre, des psychopathes et des gouvernements secrets : Profiler, Buffy, le Caméléon, Millennium (du même Chris Carter), The Nowhere Man (oubliée aujourd'hui, ultra paranoïaque et diffusée à l'époque sur C+), Roswell, Dark Skies... Lost peut même être considéré comme une descendante directe d'X-Files, par son ambiance paranoïaque, son fantastique-réaliste et ses mystères résolus au compte-goûte.

Mais en 1993, quand arrive X-Files sur la Fox, il n'est pas question encore de tout ça. La série a le droit à sa première saison mais personne ne mise vraiment dessus et il n'est absolument pas question d'imaginer les huit saisons qui vont suivre. D'ailleurs, Chris Carter envisagea à l'époque le dernier épisode de la première saison (The Erlenmeyer Flask, s1 ép. 23), comme une conclusion de saison et de série, au cas où il n'aurait pas la chance d'obtenir une deuxième saison. Mais dès le premier épisode (le pilote devrais-je dire), tout est là : gouvernement secret, manipulation de l'information, un informateur secret (Gorge Profonde) et un mystérieux Homme à la Cigarette. Et le second épisode (Deep Throat, s1 ép. 2) enfonce le clou, dans le même genre et dans une ambiance de défiance envers l'armée suite à la première guerre d'Irak et son étrange syndrome. En élargissant très vite le champ des enquêtes non classées (à l'époque pas besoin de faire suivre absolument un épisode avec un autre), X-Files n'échappe pas au coté "monstre de la semaine", mais son ambiance crépusculaire, sa volonté de coller à l'époque (les dates des épisodes correspondent à une semaine près au jour de diffusion sur la Fox), son sérieux et son allégeance au genre avec un grand G font mouche assez rapidement. Prenons pour exemple l'épisode Ice (s1 ép. 8), véritable The Thing sur 45 minutes, ou l'éprouvant When Darkness Falls (s1 ép. 20), qui se permet en même temps un petit message écolo pas dégueu, ou encore le magnifique et touchant Beyond The Sea (s1 ép. 13). Si le reste de cette saison n'est pas toujours du même acabit, ces épisodes-ci portent déjà la marque des scénaristes et réalisateurs qui vont faire X-Files : Glen Morgan, James Wong, Chris Carter, David Nutter, Rob Bowman. Et il ne faudrait pas oublié le duo d'acteur, David Duchovny et Gillian Anderson, rapidement convaincants.

Et tout ça offre en 1994 une seconde saison à X-Files, dans la lignée de la première, et qui débute avec la fermeture du bureau des affaires non classées suite aux événements de la fin de la première saison et à nouveaux les secrets du Gouvernement autour des extraterrestres (Little Green Men, s2 ép. 1), mais surtout avec le fil conducteur de toute la démarche de Mulder : l'enlèvement de sa sœur, supposément par les extraterrestres. Et un léger changement de cap s'effectue, avec désormais la volonté de s'inscrire dans une mythologie et donc dans une continuité. A coté d'épisodes isolés (dits loners) arrivent ainsi officiellement des épisodes dits mythologiques (le fameux enlèvement de Scully du double épisode Duane Barry-Ascension, s2 ép. 5-6 et sa "conclusion" dans le très beau One Breath, s2 ép. 8) et la série va garder cette architecture de saison jusqu'à la fin. Et un second double épisode (Colony-End Game, s2 ép. 16-17) enfonce le clou avec la soudaine apparition de la sœur de Mulder...

Si les épisodes mythologiques sont de qualité, le reste de cette seconde saison devient moins anecdotique, s'étoffe lui aussi. Les épisodes brassent larges, entre possessions, parasites, expériences gouvernementales de toute sorte, démons sadiques et même des (très décevants) vampires. On retiendra tout particulièrement l'angoissant Blood (s2 ép. 3) et le décalé Humbug (s2 ép. 20), véritable hommage au Freaks de Tod Browning, plein d'humour et voyant ainsi l'arrivée dans l'équipe de scénaristes de Darin Morgan, qui marquera les saisons suivantes par ses histoires toujours empreintes d'un humour salvateur, mais jamais à coté de la plaque.

Mais ce qui marquera véritablement un tournant, tel le meurtre de JR dans Dallas (en utilisant donc la technique dite du cliffhanger, dont Dallas est l'un des rares représentants avant X-Files), c'est l'épisode final Anasazi (s2 ép. 25). Cette fois-ci, Chris Carter est en confiance, la série s'installe et commence à se vendre, elle trouve son ton, son ambiance (les fameux crépuscules, les bois, la parano ambiante...), son public. Ce season finale ne va donc pas conclure la saison, mais plutôt annoncer la suivante. Et quand cet étrange wagon rempli de cadavres et enterré au milieu du désert explose sur ordre de l'Homme à la Cigarette, avec Mulder à son bord, c'est aussi l'explosion du phénomène que va faire d'X-Files la série, avec ER (Urgences en VF), la plus emblématique des années 90.

...à suivre : X-Files (2ème partie : 1995-1998)

17 nov. 2010

Burn Notice, saison 3


Que j'essaie d'être original pour parler de cette troisième saison de Burn Notice apparaît comme un véritable défi par rapport à ce que j'ai déjà écrit sur cette série.

Tentons donc une comparaison culinaire qui, je le précise, n'a qu'un rapport extrêmement capillotracté avec cette série (si ce n'est les origines celtiques de Miss Fiona Glenanne). Burn Notice, c'est un peu la recette des crêpes au sarrasin : pas spécialement compliquée mais facilement ratée, un délice quand c'est réussi (si vous voulez me nommer aux awards 2010 de la métaphore, ce sera gentil, mais cela ne le mérite vraiment pas).

J'aime cette série. Elle arrive à être spectaculaire, attachante, prenante, sérieuse et fun sans vraiment rentrer dans une surenchère saison après saison. Les personnages ne font pas du sur place, les bad guys ont la classe et Jeffrey Donovan y est tout simplement énorme (en VO uniquement, la VF ayant eu le don magique de transformer cette série en grosse bouse).

Cette série ne sera peut-être jamais un chef d'oeuvre ou culte. Peu importe, elle a la classe, et ça, ce n'est pas donné à toutes les séries. Et puis, promis, j'essaie de me racler la soupière pour la quatrième...

16 nov. 2010

Amer


Oui, Amer est une relecture et une réappropriation, par le duo de réalisateurs Hélène Cantet et Bruno Forzani, du giallo, genre italien mélant thriller parfois proche du fantastique et érotisme souvent macabre, très codifié (l'arme blanche et en particulier le rasoir, les mains gantés, les couleurs, les musiques...) et dont les représentant parmi les plus glorieux (et les plus connus) sont Dario Argento et Mario Bava (mais il ne faudrait pas non plus oublier un Sergio Martino dont Amer emprunte ici la musique d'un de ses films). Et s'il est bien tout cela, il en arrive même à en être, par la seule force (ou presque, les dialogues sont rares dans Amer) du langage cinématographique, une presque thèse universitaire sur le sujet, tant tout a été travaillé au détail près et se rapprochant ainsi d'un Lost Highway.

Et l'on pourrait craindre le pur exercice de style, car Amer est un exercice de style aussi. Mais c'est avant tout du cinéma. Certes maniaque dans son esthétique (mais le grand giallo des 70's l'téait tout autant), mais il nous raconte, ou en tout cas nous fait vivre des émotions à travers ses images. Et n'est-ce pas donc du cinéma ? Par un travail exceptionnel du son (preuve qu'il n'y a pas que sur du gros budget spectaculaire que le home cinéma 5.1 prend toute sa valeur) ey de l'image, Amer est avant tout une expérience sensoriel. Souffles omniprésents, gros plans d'une sensualité affriolante, perte de repères, onirisme érotique, angoissant et macabre à la fois, force des regards, ne serait-ce que d'un œil, et mystère omniprésent (femme en noir, hommes en noir...), tout cela nous permet de nous construire notre regard sur Ana, le personnage principal d'Amer, et nous démontre, s'il le fallait, la complexité et les tourments de la construction d'une sensualité, surtout quand fantasmes, angoisses et réalités se mêlent.

Car ils se mêlent jusqu'à nous faire douter de ce à quoi, à la fin du film, nous assistons. Et de se demander si Ana ouvre bien un œil à la dernière image...

Et permettez moi d'enrager contre les distributeurs et les exploitants de salle de cinéma, qui n'ont pas permis à ce film de voyager au delà de quelques salles de quelques grandes ville,s Clermont-Ferrand étant un des parents pauvres de l'hexagone de ce coté là. Car voilà typiquement le genre de spectacle, le genre d'expérience qui mérite un cadre tel qu'une bonne salle de cinéma.

15 nov. 2010

Tron


On le sait, les années 80 sont pour la firme de tonton Walt LA grande période de vache maigre autant artistique que financière, avec la fin de l'âge d'or Reitherman et consort (qui se termine avec Rox et Rouky), la faible rentabilité de la branche cinéma (Mary Poppins étant même considéré comme le dernier vrai gros succés de Walt Disney Pictures) et le futur (à l'époque de la sortie de Tron) four que sera Taram. Et Tron, du moins en terme de résultat au box-office, ne fera pas exception.

Il faut dire qu'en 82, si le jeu vidéo (sous forme de bornes d'arcade principalement, mais aussi des premières Atari) était en plein boum mais aussi à la veille d'un krach qui déplacera durablement le centre névralgique du JV des USA au Japon, tout ce qui concerne l'ordinateur, la programmation, les systèmes d'exploitation et les premiers réseaux sont encore pour beaucoup presque de la science-fiction, alors que tout cela se mettait pourtant en place depuis plusieurs années, sans pour autant que cela soit étendu au grand public.

Et si, d'un point de vue de l'histoire en elle-même, Tron n'a rien d'exceptionnel (sa fin est même un peu facile et plan-plan), il propose pourtant quelque chose de rarement égalé depuis : une vision plausible et imaginative d'un réseau informatique et de l'interaction des programmes avec un système d'exploitation et son architecture (qui dans le film est signifiante à tout point de vue), ce qu'est le MCP (Master Command Program dans le film).

De plus, Tron est indéniablement un jalon technique (d'une certaine manière, il ouvre la voie à la Motion Capture que Cameron utilisera dans Avatar) qui vieillit bien, à mon grand étonnement, et Steven Lisberger offre certains paysages numériques d'une beauté bluffante, malgré la linéarité et la géométrie des triangles, parallélépipèdes et autres polygones. Au delà de la prouesse technique, il y a cette tentative réussie de proposer une esthétique du pixel, sûrement pas évidente à l'époque mais qui prend toute sa valeur aujourd'hui. On pourrait même y voir du prophétique (ce qui au moins démontre que Tron est une création, et pas juste une commande, et que Lisberger connaissait bien son sujet), à l'heure où le logiciel libre fait peu à peu son trou, certains cherchant à se débarrasser de l'envahissante présence de Microsoft et de ses programmes interconnectés, tout comme les programmeurs de Tron cherchaient à se défaire de l'emprise d'un MCP omnipotent.

Malgré la tentative de reboot par Tron : Legacy qui arrive, je ne suis pas sûr que son illustre aîné ait un jour une aura plus grand public, moins geek. Peu importe pourtant, car Tron est le genre de péloche dont Disney peut être fier, aussi réussi techniquement, presque aussi magique que pouvait l'être Mary Poppins 20 ans auparavant (bien que, soyons d'accord, rien n'égalera jamais Mary Poppins) et loin d'être gagné par la sénescence. Je l'ose donc : Tron est un Mary Poppins nerdogeek.

10 nov. 2010

L'Homme Qui Voulait Vivre Sa Vie


Je n'aurai pas misé grand chose sur Eric Lartigau, le réalisateur. Après les deux très dispensables comédies Mais qui a tué Pamela Rose ? (très éloignée du délire télévisuel originel) et Un Ticket Pour L'Espace, puis Prête-Moi Ta Main, une comédie romantique déjà plus fréquentable, je pouvais être légitimement dubitatif quant aux qualités du sieur Lartigau. Mais des conditions défavorables à la vision d'un autre film initialement prévu, une bande-annonce accrocheuse et de bonnes critiques entendues par ci par là m'ont évité d'entrer dans la salle de cinéma à reculons.

J'éviterai de suite la comparaison avec le bouquin dont le film est tiré, ne l'ayant pas lu. Je me permettrai aussi d'annoncer tout de go que la fin est ratée, abrupte et mal amenée, ou que l'intention (doit-on voir un quelconque parallèle entre le parcours du personnage principal et le passager clandestin survivant ?) derrière une telle fin est loin d'être très évidente.

Mais malgré cette fin plus que décevante, nous avons là un vrai bon film, mariant avec aisance l'étude de mœurs bourgeoise, le thriller psychologique et une forme de quête intime entre dépouillement bienfaiteur et chemin de croix. Et les deux grandes parties du film (lente descente aux enfers à la fois subie et voulue puis création/recréation d'une vie) s'articulent avec beaucoup de finesse, les séquences muettes de road movie marquant lentement le passage d'un état à un autre. Mais compte tenu de l'histoire, Eric Lartigau ne tombe pas non plus dans le piège de la victimisation de son personnage, l'illusion d'une nouvelle vie vierge de tout passé ou d'un passé réinscriptible s'effritant lentement mais sûrement.

Malgré un ou deux effets de manche visuels mal venus, Eric Lartigau filme avec des qualités (sobriété, qualité des compositions) que je ne lui connaissais pas, qui explosent dans certaines scènes troublantes de justesse (celles où le couple s'étiole, où les enfants sont là au milieu des mensonges et du musée du Quai Branly...). De plus, Romain Duris (et je ne suis pas un grand amateur de Duris) nous offre une vraie composition et nous montre que les années lui permettent de sortir (Audiard est aussi passé par là) du cliché klapischien (Tomasi et consort) qui fait encore frissonner la vieille trentenaire nostalgique de ses années lycée. Je n'oublie pas le toujours impeccable Niels Arestrup, la talentueuse Marina Foïs et la charmante Branka Katic (vue dans Public Enemies).

Alors, oui, je pardonnerai à ce film sa fin, bien que je pourrais dire, un jour de mouron, que l'ensemble du film mériterait une fin à la hauteur. Mais compte tenu du sujet casse gueule et du passif du réalisateur, je pense tout de même que nous tenons là l'un des bons crus français de l'année 2010. Et vu le nombre de fois que je vais au cinéma pour aller voir un film français qui m'intéresse un minimum, autant en sortir avec cette impression, non ?

8 nov. 2010

Les Aventures de Buckaroo Banzai A Travers la 8ème Dimension

Parce que j'aime les anniversaires et les comptes ronds, je ne pouvais pas passer à coté de ce 200ème post de ce blog. Et il fallait donc un film spécial pour cette occasion. Et ce film spécial ne peut être, pour moi, que Buckaroo Banzai. Vu au milieu des années 80 sur Canal+ un dimanche à 18h (je devais avoir 6 ou 8 ans tout au plus), il ne m'est resté longtemps de ce film qu'un vague souvenir, celui d'une voiture traversant une montagne, et ainsi l'impossibilité de savoir quel était cet étrange film dont il ne me restait que cet unique souvenir. Bien évidement, la seule évocation de ce souvenir auprès d'amis, de connaissance afin de satisfaire mon besoin de savoir se traduisait bien souvent par une certaine circonspection, voire une légère moquerie. Puis, il y a de cela quelques années, arriva mon très cher ami Tramber qui, alors que nous allions ensemble faire du rock'n'roll près du plateau de Gergovie, n'eut presque aucune hésitation à l'écoute de l'évocation de ce souvenir cinématographique et me répondit tout de go : "Cherches pas plus loin, ton film c'est Buckaroo Banzai". Et soudain tout s'assembla, et cette félicité atteignit son paroxysme le jour où ce même Tramber m'offrit le DVD dudit film. Et grâce à lui (et chantons ses louanges !), voici donc l'heure de la 200ème chronique de Strangeloscopiques.

Je ne le sais que trop, l'enfance est rarement un bon baromètre de la qualité d'un film. Et je comprends aujourd'hui tout ce qui avait pu me plaire gamin : SF foutraque, technologie bric à brac, héros au talents plus que multiples (chanteur à succés, neurochirurgien, physicien émérite, chevalier blanc...), invraisemblance des situations et méchants déglingués. Si sans aucun doute un tel film serait quasi inimaginable à l'heure d'aujourd'hui, le fait que quelqu'un ait pu l'imaginer, que quelqu'un ait choisi de le financer, que quelqu'un y ait cru assez pour le filmer et que tout ce beau monde y croit au point d'envisager une suite annoncée dès le générique de fin (The Adventures of Buckaroo Banzai Against the World Crime League ne verra jamais le jour suite aux résultats désastreux au box office) donne pourtant à ce film un abord sympathique.

Car s'il est impossible d'en faire un chef d'oeuvre oublié, il serait tout autant facile d'en faire un nanar (ce que d'ailleurs le site Nanarland ne fait pas) de part tout d'abord un résultat d'ensemble qui ne vieillit pas trop mal et d'une inventivité assez jouissive, malgré certaines faiblesses indéniables du scénario et du rythme général du film. Entre les extraterrestres qui s'appellent tous John (certains même ont choisi des noms du genre John Bigbooty ou John Smallberries, qu'on pourrait traduire respectivement par John Grocul et John Petitecouilles), un festival de cabotinage (à rendre malade les professeurs de l'Actor's Studio) de John Lithgow dans le rôle du grand méchant, le design des vaisseaux extraterrestres à l'opposé absolu du bon goût des lignes trekkiennes ou lucassiennes et un système capable de traverser la matière (car c'est donc cela qui m'avait tant marqué enfant) au volant d'une voiture (voire d'une voiture à pédale...), il y a cette espèce d'énergie foutraque qui me fait dire que ce film n'a qu'un seul gros défaut : celui d'être un film.

Transposez tous ces éléments dans un comics, et cela passe comme une lettre à la poste. Il y a là un véritable univers de comics, ce too much attachant que le neuvième art peut se permettre, là où il peut frôler le ridicule au cinéma. Mais ce too much, ici, est modeste, donc rafraichissant. La seule prétention ici est la tentative (ratée, tout du moins au box office) de proposer un nouvel héros, un univers original, avec ses codes et sa mécanique propre. Buckaroo Banzai n'a aucune volonté de réalisme et ne s'en cache jamais ; à l'heure (attention, ceci est un constat seulement...) où les héros des années 2000 ne peuvent être qu'ancrés dans un réalisme, une certaine vérité qui rapproche le plus possible leur monde et le nôtre, où tout doit avoir origine, histoire et motivation, ce genre de film aère nos cerveaux désormais marqués au fer rouge des héros sombres post-modernes, si sérieux, grand pouvoirs grandes etc...