19 nov. 2008

La cinéphilie, ça commence jeune

Je ne sais ni pourquoi, ni comment, mais j'ai eu une soudaine envie de vous présenter les quelques scènes ou séquences qui ont marqué et fondé ma cinéphilie, certes bien aidé par un papa grand amateur (et promoteur/animateur/projectionniste, au début des 80's, dans un cadre de cinéma en plein air du coté de la forêt de Tronçais) du cinéma. Les voici, comme elles viennent, et surtout avec le recul et la réécriture de sa propre histoire d'un adulte qui est moi.

La Guerre des Etoiles (George Lucas) : le choc est pour moi l'ensemble du film, et cela se confirmera avec l'Empire Contre-Attaque, mais l'entrée, la première vision de Vador, son souffle qui emplit la scène, le contraste du blanc du vaisseau et du noir de son costume, sa stature, cela a écarquillé les yeux de l'enfant que j'étais. Et ce n'était que sur une télé de salon, avec une vhs tiré d'une diffusion télé.

Cocoon (Ron Howard) : la scène où cette bande de petit vieux plonge dans la piscine où reposent les cocons. Je ne l'ai pas revu depuis longtemps, mais je garde un souvenir d'un film dynamisant, frais, optimiste et joyeux. Il faut dire aussi que j'étais un peu amoureux de la jolie extraterrestre qui fait des cochoncetés avec Steve Gutenberg dans la piscine.

Le Village des Damnés (Wolf Rilla) : la scène quasi finale. I must think of a brick wall, a brick wall, où l'instituteur essaie de raison garder pour ne pas que ces chères têtes blondes ne mettent à mal son plan. J'en garde un souvenir de tension, d'être resté scotché au canapé. Un grand moment pour moi, grâce au Cinéma de Minuit, sur FR3 encore à l'époque, et à l'éclair de génie de mon père qui m'a proposé de me l'enregistrer.

E. T. (Steven Spielberg) : toute la séquence où ET est malade, avec les militaires en combinaison, la maison sous plastique. Un de mes premiers souvenirs de cinéma, quasi traumatisant (d'après mes parents, j'ai pleuré les 3/4 du film). A tel point que je ne peux voir ne serait-ce qu'une simple bande-annonce sans sentir les grandes eaux se pointer.

Docteur Folamour (Stanley Kubrick) : souvenir plus tardif car déjà adolescent. Encore une bonne idée de mon papa, en regardant le programme du Cinéma de Minuit, qui me l'a ainsi enregistré. Peter Sellers en savant (ex (?)) nazi, et son bras qui se lâche parfois dans un salut hitlérien que le savant essaye à tout pris de réprimer. Gigantesque.

Et pour finir, trois films pêle-mêle : les Sept Mercenaires, les Vikings et Barbarella, encore une fois grâce à l'action conjuguée de la jeunesse cinéphilique (Maciste, Harryhausen, westerns et peplum dans les petites salles parisiennes) de mon père, du Cinéma de Minuit, de la schmollienne Dernière Séance et du dionnesque Cinéma de Quartier. Un Yul Brunner classieux et un Charles Bronson attachant, un Kirk Douglas balafré et inquiétant et un final héroïque et tragique, et une sensualité pop, psychédélique, moquette à poil et plastique, terriblement onirique.

Tout ça pour me rendre compte que sans mon père, point de salut cinéphilique, et une cinéphilie résolument tournée vers l'Outre-Manche et l'Outre-Atlantique, le film de genre post 60's, l'amour de Kubrick, du grand et beau spectacle, de l'action et des héros. Merci à lui.

14 nov. 2008

True Blood

J'ai commencé à regarder la nouvelle série du créateur de Six Feet Under hier, d'abord grâce à un article de Carrazé (je crois) dans Mad Movies il y a un ou deux mois, et surtout parce que j'adore tout ce qui tourne autour des suceurs de sang, et aussi un petit peu parce qu'Anna Paquin (Malicia chez les X-Men) en blonde c'est intrigant.
Je ne peux rien dire sur les tenants et les aboutissants de la série, pour éviter de spoiler et aussi parce que l'on a vu que 2 épisodes. Je peux cependant pitcher un peu.
Nous sommes en Louisiane, dans la petite ville de Bon Temps. Les vampires ne vivent désormais plus cachés suite à l'invention d'un substitut au sang humain, le tru-blood, et ont désormais un lobby qui tend à faire adopter un amendant à la constitution qui reconnaîtrait leur place de citoyen à part entière dans la société. Sookie, une barmaid télépathe de Bon Temps, va faire la rencontre de Bill, un vampire, dont elle se rend compte très vite qu'il est la seule personne dont elle n'entend pas les pensées, et elle est irrésistiblement attirée par lui, dans un mélange de respect, de crainte et de libido à fleur de peau.
Sensuelle, sexuelle, crue, addictive, la série fait mouche dès le premier épisode. On comprend très vite la situation, avec un arrière-plan sociétal interne à la série concernant la citoyenneté et les droits voulus par les vampires (présent sans être le fil conducteur de la série). Les lieux sont très vite définis, les personnages bien écrits et tout de suite identifiés grâce à des traits qui les distinguent sans les caricaturer, une mise en scène sobre et efficace, des éléments qui se mettent en place doucement mais sûrement et pour finir du suspens, de l'humour et du mystère. C'est notre monde actuel, mais avec ce grain de sable que sont les vampires. Et les grandes séries se construisent très souvent grâce à l'arrivée d'un élément perturbateur dans une mécanique bien rodée : Scully l'utracartésienne dans le mode ultrafortéen de Mulder, la découverte (là encore) des vampires et d'un destin très spécial pour Buffy, le retour des Cylons pour Battlestar Galactica (la série de maintenant) ou encore le Village pour Numéro 6.
Mention spéciale à Anna Paquin, qui nous déploie toute sa palette d'actrice (quel regard, mon dieu, je suis amoureux !) : tantôt chaste, prude et polie, tantôt lolita sensuelle en bikini, tantôt incisive et forte tête, tantôt ultra sexuelle et tellement fragile.
Vous l'aurez compris : je suis emballé à tout point de vue.

11 nov. 2008

Les films de ces deux dernières semaines

Il y a des périodes comme ça, où j'arrive à voir pas mal de films en peu de temps, et ce pour mon plus grand plaisir. Il se trouve qu'en plus, la télévision a semble-t-il un peu plus de goût que d'habitude pour la programmation ciné. Un regain de qualité en attendant les horreurs de Noël (sauf si Un Jour sans Fin est diffusé bien sûr) ?

Comme je n'est pas forcément le temps ni l'envie ni le déclic pour en faire à chaque une grosse critique, voici un petit tour d'horizon des péloches ingurgitées ces deux dernières semaines (Transformers, critiqué hier, en fait partie).

30 Jours de Nuit (David Slade) : je n'avais pas vu un aussi bon film de vampire depuis Vampires de Carpenter. Une (vraie) ville paumée au fin fond de l'extrême nord de l'Alaska qui s'apprête à vivre comme chaque année 30 jours de nuit. Une bande de vampires, des vrais, des prédateurs qui viennent là pour bouffer sans laisser de trace débarque. Des survivants essayent de s'en sortir. Tendu (la nuit constante y fait pour beaucoup), prenant, efficace, sans fioritures, un final tragique et émouvant, des acteurs au poil (Josh Hartnett convaincant et Melissa George excellente). Encore un bon film qui n'a pas eu les honneurs d'une sortie ciné à la hauteur de ses qualités.

Blade 2 (Guillermo Del Toro) : persuadé de l'avoir vu, j'y suis retourné avec plaisr. En fait, je ne l'avais jamais vu et j'étais donc resté sur le premier. Le deuxième volet des aventures du monolithique diurnambule supplante le premier (pourtant pas dégueu) haut la main, et l'on sent que Del Toro a testé visuellement beaucoup de choses en vue de son premier Hellboy. Comme souvent désormais avec lui, il prend un matériau de base et en fait quelque chose de plus fantasy et souvent moins manichéen (l'alliance entre Blade et les troupes d'élite vampire, la relation entre le patriarche vampire et sa fille, qui semble d'ailleurs beaucoup plus l'intéresser que Blade, la vampirette devenant, avec son frangin génétiquement modifié, presque le personnage principal au fur et à mesure du film). Les "nouveaux" vampires, les Reapers, n'ont plus grand chose à voir avec leur cousin et sont ainsi de vrai monstres au sens le plus fantasy du terme. Wesley Snipes reste Wesley Snipes, pas de surprises en revanche de ce coté là. Mais mention spéciale aux vampires : Leonor Varela (Nyssa la vampirette), Luke Goss (LE Reaper) et Ron Perlman (Rienhardt, un mercenaire bourrin et haïssant cordialement le diurnambule). Un bon film de Del Toro, mais est-ce encore un film de vampire ?

28 Semaines Plus Tard (Juan Carlo Fresnadillo) : J'avais beaucoup aimé le premier, 28 Jours Plus Tard, et il faut bien avouer, je ne voyais pas trop l'intérêt d'en faire un deuxième vu la fin du premier. Mais une connaissance m'en avait parlé plutôt en bien, et comme l'on s'entend plus bien question cinéma, j'ai donc été y jeter un oeil. Puis le deuxième. Une séquence d'ouverture chargée en adrénaline et plutôt tragique, qui nous replace au moment du premier film. Puis nous voilà donc 28 semaines plus tard, dans une Albion encore en reconstruction, mais sans trace du virus. Sauf qu'il y a un sauf et que tout ça va se casser la gueule dans un bain de sang. Je n'en dis pas plus pour ne pas dévoiler le pourquoi du comment, mais celui-ci est plausible. Robert Carlyle est... étonnant, et il reste en toute situation un excellent acteur. Le film se tient debout, est loin d'être à coté de la plaque et il est surtout efficace et se permet deux ou trois scènes psychologiquement éprouvantes (le tir aux pigeons en pleine ville...). Ce n'est pas une suite indispensable, mais c'est une suite largement honorable et qui va au delà de la simple exploitation.

Traffic (Steven Soderbergh) : le dernier vu en date, hier soir sur France3. Visuellement plutôt virtuose (codes couleurs, camera documentaire qui évite le mal de mer), scénaristiquement aussi (intrigues sans lien direct mais entremélées de fait, comme il s'agit du trafic de drogue vécu à des niveaux différents). Le casting est au petits oignons : Catherine Zeta-Jones impeccable, Michael Douglas que je n'avais pas autant apprécié depuis longtemps, Benicio Del Toro tout aussi impeccable, Miguel Ferrer (tellement mieux que dans la série sous-CSI Preuve A L'Appui), Topher Grace (Venom dans Spiderman 3, Eric Forman dans That 70's Show) en petite charogne du beau monde, Don Cheadle, Luis Guzman, Dennis Quaid, et une tripotée de seconds rôles du genre je les ai déjà vu quelque part mais je sais jamais comment ils s'appellent. Mais bon, non pas que je me sois emmerdé, loin de là, mais sous toute cette maîtrise filmique est des fois tape à l'oeil (avec la saturation à bloc, on a vite compris que le Mexique c'est chaud, sans pitié, poussiéreux et pesant ; ainsi que dans les arcanes du pouvoir, la lumière bleue, c'est donc froid, sans pitié, presque inhumain, bon ben voilà ok, c'est bon la couleur normal c'est bien aussi et on arrive aussi à faire passer des trucs). C'est tout Soderbergh : doué techniquement, sûrement cultivé mais avec la grosse tête et le besoin, un peu comme Michael Bay finalement, de se faire mousser et d'en jeter un max à l'écran. Qui plus est, on ne sait pas trop ce que veut nous dire Soderbergh au delà du constat. La drogue c'est mal ? Les politiques sont impuissants face aux gros méchants dealers ? Les mexicains sont (presque) tous corrompus ? Les (anciens) gauchistes sont tous laxistes face à la drogue ? Seul le discours du personnage de Topher Grace face à Michael Douglas, par rapport à l'amalgame noir/dealer, semble donner un peu de corps au contenu du film, finalement classe dans la forme et bien mené mais creux dans le fond. Dans ce même principe je préfère vraiment Ocean's Eleven, et quitte à ce que Soderbergh fasse le sérieux à fond, je l'ai trouvé plus convaincant avec son Solaris.

Prête-Moi Ta Main (Eric Lartigau) : déjà vu au cinéma, la seconde vision m'a confirmé la première. Une comédie romantique française sans prétention et qui réussit finalement son coup grâce à une volonté de ne pas faire de l'américain à la française. Chabat et Gainsbourg forment un couple qui fonctionne vraiment bien à l'écran, et les situations font mouches. Bernadette Lafont est également infernale en mama. A la fin, on ne s'ennuie pas, même si on sait que l'on n'a pas vu le film du siècle.

Ben voilà, je voulais faire court, j'ai fait presque trop long...

10 nov. 2008

Transformers


Chose promise, chose due, surtout quand le hasard fait bien les choses. Comme je l'ai écrit dans ma critique de The Island, je me devais d'aller jeter un œil sur le dernier rejeton michael-baysien, surtout que les images de la bande-annonce et une critique de Mad Movies avaient plutôt aiguisé ma curiosité.
Point de départ ultra-classique, lutte du bien contre le mal, la Terre menacée, des gros robots donc un matériau tout ce qu'il y a de plus adapté pour notre cher Michael. Faut bien vous avouer aussi que j'étais plutôt sceptique quand à l'intérêt d'une adaptation cinématographique nd'un comics/dessin animé qui semble avoir ses fans, mais qui pour moi reste plutôt du coté Club Dorothée. Et en plus vous savez désormais que M. Bay n'est pas spécialement ma came en terme de péloches.
Ca commence mal, il faut l'avouer. Des militaires, des plans en hélico (le gimmick baysien ultime), un attrissage et ces mêmes militaires marchant au ralenti sous le soleil d'Arabie (un autre gimmick baysien ultime), un aperçu potache du camp militaire, un capitaine qui a hâte de retrouver son bébé et sa femme. J'ai eu peur, je vous l'avoue.
Et puis la menace se dessine, et s'en suit une impressionnante séquence de destruction massive d'un camp militaire par un de ces transformers. Soudain, comme si le fait d'avoir, dans les 5 premières minutes, posés à l'écran ses tics filmiques, Michael Bay nous déroule un vrai film divertissant, grand spectacle, bien foutu, pas trop con et plutôt drôle.
Est-ce l'influence de Spielberg (le père Steven est à la production) ? La maturité ? Une surcharge de tentatives intellectuallisantes pour The Island ? Je n'en sais trop rien, mais Michael nous signe là l'un de ses tous meilleurs films. Il y a de l'humour pas trop lourd (la séquence de drague avec la voiture qui passe des morceaux adaptés à la situation, un must de finesse chez Michael Bay), es personnages ne sont pas pris à la légère, (chapeau bas Shia LaBoeuf, et mention spéciale à John Turturo aux sous-vêtements particulièrement seillants) et jamais les Transformers ne prennent le dessus sur eux ou sur l'histoire. ILM (la boite d'effets spéciaux à G. Lucas) a d'ailleurs fait un boulot exceptionnel : les robots font preuve d'une fluidité impressionnante. Et que dire de l'ultime bataille en pleine ville ?
Pas de héros trop musclés, des personnages attachants (robot et êtres humains confondus), un sujet qui ne paye pas de mine mais qui lui donne les moyens d'exprimer ses envies testostéronnées, une grande boite d'effets spéciaux, un vrai producteur avec une vision artistique, voici peut-être les ingrédients qu'il faut à Michael Bay pour nous pondre (enfin ?) un film qui se regarde avec plaisir du début à la fin, sans avoir l'impression d'être pris pour une buse.
En même temps je suis vache avec lui, parce que je dois bien avouer que ConAir (Les Ailes de l'Enfer, et son atterrissage à Las Vegas !) et The Rock sont loin de m'avoir déplu. Mais merde, là, c'est son meilleur film quand même.


Rectification honteuse de ma part
le 23/12/2008
ConAir, comme me l'a très justement fait remarquer Mariaque dans les commentaires, est de Simon West, qui avait signé là son unique bon film. Je n'avais donc aimé que The Rock de Michael Bay, jusqu'à ce jour. Mais j'aime donc toujours plus de film de Bay que d'Assayas ou de Lelouch.

8 nov. 2008

My Jukebox Deadly (novembre 2008)

Mama Cass - Make Your Own Kind Of Music : une pop song de la fin des 60's, aux orchestrations charmantes et délicieusements surranées, soudainement remise au goût du jour par la séquence d'ouverture du premier épisode de la saison 2 de Lost. J'aime ce qui est délicieusement surrané.

Keren Ann - Lay Your Head Down (Keren Ann) : qu'elle est douée cette fille, avec sa voix qui me fait frissonner, même quand elle s'inspire musicalement largement pour ce titre de morceaux du Velvet comme Heroin ou Sunday Morning.

The Ting Tings - That's Not My Name (We Started Nothing) : je ne m'en lasse pas, et ce toujours pour les mêmes raisons que le mois dernier.

Los Lobos & Antonio Banderas - Cancion Del Mariachi (Desperado OST) : là encore, l'ambiance mariachi. Et puis la voix de M. Banderas est loin d'être désagréable. Et puis le film.

Coldplay - Lovers In Japan/Reign of Love (Viva la Vida or Death and All His Friends) : ça me file des frissons, et si à la radio le single s'arrête sur Lovers in Japan, sur l'album cette chanson est suivi d'un morceau pas loin d'être magnifique, piano/voix et quelques arrangements discrets. Je les aime.