18 oct. 2011

Human Nature


Premier long-métrage de Michel Gondry, fantastique Géo Trouve-Tout qui égaya mes années MTV avec ses clips pour Björk, Radiohead, Iam, The Chemical Brothers, Daft Punk, etc...

Pour beaucoup de cinéastes de ces 30 dernières années (Besson, Fincher, Jonze...), le court ou le promotionnel a été la porte d'entrée vers le long, et pour certains d'entre eux, cela a souvent été la possibilité de confirmer un style et des thématiques, bien plus que de diluer cela sous la pression du budget.

Et Gondry, ici, ne fait pas exception (et cela se confirme sur ses films suivants, bien que je ne m'avancerais pas pour The Green Hornet, que je n'ai pas vu). Le succés d'un Being John Malkovich (Spike Jonze lui laisse la place à la réalisation et s'offre le fauteuil de producteur, et Charlie Kaufman demeure au scénario) lui ouvre ainsi les portes du cinéma et l'on sent que Gondry s'est senti comme dans ses pantoufles avec ce scénario. Scénario qui lui permet de déployer sa fantaisie visuelle, qui me fait parfois penser aux tableaux dits naïfs d'Henri Rousseau, et aussi de s'autociter sur certains plans (qui rappellent furieusement le clip de Human Behaviour), en particulier ceux concernant Patricia Arquette s'isolant dans les bois.

Si les acteurs sont au poil (sans mauvais jeu de mot, quoique...) et que la patte Gondry est là, on sent tout de même une petite difficulté à maintenir un rythme et à sortir de ses propres codes (défaut qui s'effacera dès le superbe Eternal Sunshine of The Spotless Mind). De plus la structure même du film plombe un peu le rythme, en particulier les témoignages des trois protagonistes. Mais finalement, de par sa fin ( du genre "vous croyiez vraiment que j'allais vous sortir une fin fleur bleue ?") et aussi la performance de Rhys Ifans (acteur trop souvent sous-employé), Gondry nous rappelle que son film est un peu plus que l'enrobage qu'il lui a donné.

Car si ce film sait être une comédie, il sait surtout nous montrer que l'homme blanc a fait, sous couvert de bonnes manières civilisatrices et émancipatrices d'une certaine idée du sauvage, une civilisation avide, condescendante, normalisatrice, frustrée et frustrante. Une civilisation de gros cons, qui rend con.

17 oct. 2011

True Blood, saison 4


Rares sont désormais, dans les médias, les critiques plutôt positives de True Blood, à l'exception de son générique (qui restera surement comme l'un ds grands génériques de série de l'histoire de la télévision). Qu'est-il donc reproché à True Blood et à Alan Ball, son créateur, depuis la deuxième saison ? Pour résumer, le principal reproche est en filigrane mais c'est celui-là : ne pas avoir fait un Six Feet Under avec des vampires. Donc de ne pas avoir refait un chef d'oeuvre.

Alors, oui, il faut accrocher à l'univers fantastique (garous, fées, vampires, fantômes, sorcières) et, de fait, à sa logique. Mais n'est-ce pas le cas d'un bon paquet de séries ? Loin d'être foutraque, il faut plutôt louer le travail d'Alan Ball d'avoir justement, depuis 4 saisons, réussi à conserver une cohérence tout en multipliant les créatures, les communautés, en faisant intervenir de nouveaux personnages (parfois pour une saison, parfois pour un peu plus) sans oublier les historiques, qui s'étoffent, nous surprennent parfois (Jason Stackhouse en est le plus bel exemple, et Sam Merlotte devient enfin plus attachant) et nous déçoivent que peu, ou pas.

Surtout, jamais la série n'édulcore son propos. Car ici, tout n'est souvent que pouvoir, intrigues, vengeances, rancunes, trahisons, déceptions. Mais aussi repli sur soi (les rares dialogues entre communautés ne sont souvent que discours de façade, politiquement corrects ; restent les tensions et la volonté d'écraser l'autre, ou la survie dans l'entre-soi incestueux), et parfois un peu d'amour (LaFayette et son beau brujo), de beauté, de valeurs.

La série reste fidèle également à son organisation (on entre vite dans le vif de l'intrigue, et le dernier épisode en guise d'épilogue nous annonce la saison à venir) qui fait sa qualité, et le message politique reste présent, en filigrane. Enfin, elle parvient à nous surprendre encore, et à jouer avec nos nerfs, ce qui n'est pas si mal après quatre saisons aussi denses. Alors, peut-être que True Blood n'est pas un monument de la télévision. Et alors ? C'est un grand show, qui respecte son matériau fantastique initial, et qui surtout prend son spectateur pour ce qu'il est : intelligent et avide de frissons.

10 oct. 2011

Drive


Classieux, grisant, violent, Drive tient toutes les promesses annoncées à Cannes, de par la palme d'or de la mise en scène qu'il a reçu. Avec un scénario classique que d'autres auraient mis en image avec force caméra clipesque mode vibro, gros biscotos et cylindrées bien burnées façon Fast & Furious, et qui auraient fait de Drive un machin ringard et poussif, voilà que Refn nous rend tout cela, grâce à une camera sobre et patiente, des images urbaines de nuit rappelant celles superbes du Miami Vice de Michael Mann, terriblement immersif, sexy, humain, et dont les 10 premières minutes sont un monument de mise en scène.

L'intérêt n'est pas ici la carrosserie, mais le Cascadeur, son monde, son mystère, et les séquences de voiture, qui ailleurs, sous forme d'extension phallique, nous soûleraient vite, sont ici autant d'éléments de narration, et nous disent au moins autant (avec la BO de Cliff Martinez, superbe) si ce n'est plus sur le Cascadeur que les quelques lignes de dialogues. Fidèle à ses héros taiseux, Refn transforme d'ailleurs Gosling en icône, et Gosling nous joue une partition énorme, entouré par un casting solide et impeccable : Ron Perlman, Bryan Cranston (un jour, peut-être, un grand et premier rôle au cinéma ?), Oscar Isaac (l'infect Blue Jones dans Sucker Punch) et Carey Mulligan.

Et au delà du film noir, je me pose une question : Nicolas Winding Refn n'aurait-il pas fait aussi, un peu, un film de super-héros ? Par l'anonymat de son héros (c'est le Cascadeur, pas de prénom), sa double vie (une diurne, passe-partout, une nocturne, dangereuse et mystérieuse), son éthique irréductible (peu importe le fric, seuls comptent la veuve et l'orphelin) et surtout son costume (la fameuse veste blanche au scorpion), je ne suis pas loin de le penser. Drive est en tout cas l'un des films de l'année et entre directement, pour moi, dans mes films fétiches.

8 oct. 2011

Sons of Anarchy, saison 3


Alors que la diffusion de la quatrième saison vient de débuter outre-atlantique, il me semblait bien avoir complétement zappé d'évoquer ici la troisième saison de Sons of Anarchy. Oubli que je m'en vais de ce pas effacer.

Après le final tragique de la seconde saison, l'intrigue nous menait directement vers l'Irlande, tandis que l'ATF, toujours sous la houlette de l'Agent Stahl (Ally Walker, impeccable perverse), resserrait l'étau autour du MC après la fuite de Gemma.

Sans vouloir dévoiler l'intrigue à ceux qui découvriraient la série, cette troisième saison est loin de décevoir : révélations, trahisons, retournements, dénouements. La série est menée tambour battant, sans jamais édulcorer son propos (quel final !), et les membres du SAMCRO, aussi durs, violents qu'ils soient, restent attachants, se révèlent même pour certains d'une humanité troublante. Et malgré des valeurs plutôt archaïques, plus proches du western que de la diplomatie onusienne, ce SAMCRO est définitivement addictif.

Western moderne aux accents de polar et de tragédie shakespearienne, au casting encore et toujours impeccable, cette troisième saison confirme Sons of Anarchy dans le club des séries absolument immanquables. En VO, bien évidement.

7 oct. 2011

Star Trek VI - Terre Inconnue


Dernier film de la saga avec l'ensemble de l'équipe originale, il sera aussi le dernier film que le créateur de Star Trek, Gene Rodenberry, verra de son vivant.

En tout point, ce sixième volet marque la fin d'une époque. Tout d'abord, il ne fait que peu de mystère quant au fait que plus jamais on ne verra Spock, McCoy, Kirk et les autres réunis sur grand écran, sous les traits de leurs interprètes originaux. Ensuite, l'intrigue est clairement orientée vers cet état de fait : la paix entre Klingons et Fédération est un tournant et ce tournant n'est pas du goût d'une vieille garde qui s'était bien arrangé de cet état de guerre larvée. Enfin, tout cela ne vous rappe-t-il pas quelque chose ? Nous sommes en 1991, à la sortie de ce sixième volet : chute du mur, fin du bloc soviétique et du grand ennemi à haïr, tournant de l'Histoire. Car tout cela est en toile de fond, et a toujours marqué la mouture originale de Star Trek, plus ou moins.

Star Trek VI - Terre Inconnue clôt avec un certain talent (encore Nicholas Meyer au scénario et derrière la caméra) ce premier âge de Star Trek sur grand écran. Il y insuffle à la fois une noirceur et une violence (l'attentat sur le vaisseau klingon) rarement vus dans un Star Trek jusqu'à maintenant, tout en créant cette petite lumière d'espoir au bout du tunnel. Loin de faire des klingons des guerriers uniquement mus par la soif de combattre, il donne même une vision de la Fédération plus proche du panier de crabe belliciste que d'un club de centristes pacifistes. Le film est proche d'un bon polar, rythmé, tendu, visuellement réussi (ça sent l'avénement des CGI, mais ça reste propre et pas ridicule) mais garde l'humour et les liens entre les personnages. Et surtout, il ne rate pas, dans la chronologie Star Trek, l'arrivée des Accords de Khitomer, évenement majeur dans l'univers Star Trek dont les conséquences sont régulièrement exploitées dans les séries The Next Generation, Deep Space 9 et Voyager.

Coté casting et surtout pour l'anecdote, la superbe Mme Bowie, Iman, nous rappelle à son bon souvenir et les fans comme moi auront la chance d'apercevoir le grand-père de Worf en avocat de la défense, incarné par Michael Dorn, c'est à dire Worf dans The Next Generation et Deep Space 9. Enfin, saluons la fugace apparition de Christian Slater en homme d'équipage.

Star Trek VI - Terre Inconnue clôt donc avec sérieux 25 ans de Star Trek première version, et je me dis que ces 6 premiers films, parfois raillés ou moqués, m'ont démontré que Kirk, Spock, McCoy et les autres n'avaient pas été si ridicules que ça au cinéma (et je n'avais pas de bons a priori sur les films Star Trek). Sous l'impulsion en particulier de Nicholas Meyer ou de Leonard Nimoy (aussi à l'origine de l'histoire de ce film-ci), Star Trek a gagné honorablement (ne serait-ce que par les fameux films pairs) sa place dans les sagas de science-fiction sur grand écran. Cet équipe de l'Entreprise a eu de la chance, car pas sûr que l'équipe suivante (Picard, Data, Riker et consorts...) soit aussi vernie...