Robert Zemeckis a eu ses 10 (belles) Glorieuses, avec des films comme A La Poursuite du Diamant Vert, les Retour Vers le Futur, l'immense Roger Rabbit et l'ultra successful Forrest Gump. Depuis le milieu des années 1990, ses films passent un peu plus inaperçus (bien que je garde un beau souvenir de Contact, mais c'est aussi dû à mon amour inconditionnel pour Jodie Foster). Depuis quelques années, il a fait un retour au premier plan en se faisant le chantre d'une nouvelle manière de faire du cinéma : la performance capture (pour faire simple, les acteurs sont vrais, jouent vraiment mais tout est retravaillé en CGI). Son premier essai, Le Pole Express, n'a pas été, aussi bien techniquement que scénaristiquement (surtout si vous avez plus de 8 ans), une franche réussite. Que vaut donc Beowulf ?
Tout d'abord, Zemeckis a eu la bonne idée de faire écrire un scénario par deux pointures, Roger Avary (réal comme pour les Lois de l'Attraction, scénariste comme pour le mésestimé Silent Hill) et Neil Gaiman (écrivain et scénariste au cinéma et en comics). Résultat, les deux compères lui ont écrit un excellent scénario, dont les thèmes, au delà du coté héroïc fantasy viking/monstres/héros, sont distillés avec finesse et l'évocation du conflit paganisme/christianisme donne un plus au déroulement de l'histoire et confère une dimension réaliste. Chose étonnante pour un film holywoodien, si ils sont évoqués, la religion, les dieux, n'y seront pour rien dans le déroulement de l'intrigue et n'est finalement qu'une histoire éternellement humaine : convoitise, pouvoir, gloire... Quelques détails donnent aussi au scénario sa qualité, comme (en VO) le langage de Grendel (un gros monstre, défiguré, hideux mais étonnament attachant, et ce très vite, malgré sa brutalité) et de sa mère est du vieil anglois, et surtout le noeud de la malédiction se dénoue lentement mais surement au fil de l'histoire sans véritablement de longueur ou de faux rythme.
Mais, car il y a donc un mais, le bât blesse visuellement. La performance capture ne donne finalement pas un rendu très convaincant sur l'ensemble, malgré quelques travelling époustouflants et des séquences ou des décors très réussis (les scènes maritimes, Grendel, la grotte de Grendel et de sa mère, l'adieu au roi façon Viking). Les visages sont difficilement expressifs (les femmes m'ont toutes fait penser à Fiona dans Shrek), les hommes étonnamment glabres, les cavalcades des chevaux pas convaincantes du tout et certaines scènes étaient plus proches d'une belle cinématique de World of Warcraft, sauf que je voulais voir du cinéma et pas des cinématiques de jeu vidéo. De plus, si l'on peut apprécier le coté rentre-dedans et sanguinolent des batailles (la première vision de Grendel et de sa manière de faire le ménage dans la salle des banquets est sans équivoque) et se dire que "ouf il n'a pas fait cela pour les enfants", j'ai trouvé presque ridicule sa manière de traiter la nudité. Oui, on a le droit à des chansons païennes plus qu'évocatrices (dont une qui parle de rondelle...), oui la première scène de banquet est très explicite pour du Zemeckis, mais la nudité de Beowulf, quand il s'apprête à affronter Grendel, est traité à la Austin Powers : une chandelle, une épée, un bras sont toujours là pour masquer de manière inappropriée et ridicule le sexe du Viking vaniteux. Quitte à faire un film adulte (et Snyder nous a démontré dans son Watchmen que l'on pouvait montrer un pénis dans un film adulte sans pour autant que cela soit pornographique), je pense que Zemeckis n'aurait rien perdu à monter une nudité frontale, qui n'est pas choquante dans ce type de séquence d'ailleurs (elle est même évocatrice de l'état d'esprit de Beowulf), plutôt que des caches-sexes du plus mauvais goût. A l'inverse, la mère de Grendel, qu'on ne verra qu'à la fin du film (et quel regard d'Angelina Jolie...), est évoquée, presque suggérée d'une manière totalement réussie : quelques touches de doré dans le reflet frémissant de l'eau, deux mains, une voix, une queue tentaculaire et hypnotique, sans nul doute l'un des personnages les plus réussis avec Grendel.
Zemeckis peut ainsi dire un grand merci à ses scénaristes qui lui sauvent la mise. Païen, humain, violent, tragique, épique, le scénario est tout ça, mais le film pas toujours, amoindri par la performance capture, qui lisse l'humanité alors qu'elle magnifie les décors. A part une hisoire de coût de production, je ne vois toujours pas l'intérêt de cette technique. Il lui manque de la magie, je crois.
Tout d'abord, Zemeckis a eu la bonne idée de faire écrire un scénario par deux pointures, Roger Avary (réal comme pour les Lois de l'Attraction, scénariste comme pour le mésestimé Silent Hill) et Neil Gaiman (écrivain et scénariste au cinéma et en comics). Résultat, les deux compères lui ont écrit un excellent scénario, dont les thèmes, au delà du coté héroïc fantasy viking/monstres/héros, sont distillés avec finesse et l'évocation du conflit paganisme/christianisme donne un plus au déroulement de l'histoire et confère une dimension réaliste. Chose étonnante pour un film holywoodien, si ils sont évoqués, la religion, les dieux, n'y seront pour rien dans le déroulement de l'intrigue et n'est finalement qu'une histoire éternellement humaine : convoitise, pouvoir, gloire... Quelques détails donnent aussi au scénario sa qualité, comme (en VO) le langage de Grendel (un gros monstre, défiguré, hideux mais étonnament attachant, et ce très vite, malgré sa brutalité) et de sa mère est du vieil anglois, et surtout le noeud de la malédiction se dénoue lentement mais surement au fil de l'histoire sans véritablement de longueur ou de faux rythme.
Mais, car il y a donc un mais, le bât blesse visuellement. La performance capture ne donne finalement pas un rendu très convaincant sur l'ensemble, malgré quelques travelling époustouflants et des séquences ou des décors très réussis (les scènes maritimes, Grendel, la grotte de Grendel et de sa mère, l'adieu au roi façon Viking). Les visages sont difficilement expressifs (les femmes m'ont toutes fait penser à Fiona dans Shrek), les hommes étonnamment glabres, les cavalcades des chevaux pas convaincantes du tout et certaines scènes étaient plus proches d'une belle cinématique de World of Warcraft, sauf que je voulais voir du cinéma et pas des cinématiques de jeu vidéo. De plus, si l'on peut apprécier le coté rentre-dedans et sanguinolent des batailles (la première vision de Grendel et de sa manière de faire le ménage dans la salle des banquets est sans équivoque) et se dire que "ouf il n'a pas fait cela pour les enfants", j'ai trouvé presque ridicule sa manière de traiter la nudité. Oui, on a le droit à des chansons païennes plus qu'évocatrices (dont une qui parle de rondelle...), oui la première scène de banquet est très explicite pour du Zemeckis, mais la nudité de Beowulf, quand il s'apprête à affronter Grendel, est traité à la Austin Powers : une chandelle, une épée, un bras sont toujours là pour masquer de manière inappropriée et ridicule le sexe du Viking vaniteux. Quitte à faire un film adulte (et Snyder nous a démontré dans son Watchmen que l'on pouvait montrer un pénis dans un film adulte sans pour autant que cela soit pornographique), je pense que Zemeckis n'aurait rien perdu à monter une nudité frontale, qui n'est pas choquante dans ce type de séquence d'ailleurs (elle est même évocatrice de l'état d'esprit de Beowulf), plutôt que des caches-sexes du plus mauvais goût. A l'inverse, la mère de Grendel, qu'on ne verra qu'à la fin du film (et quel regard d'Angelina Jolie...), est évoquée, presque suggérée d'une manière totalement réussie : quelques touches de doré dans le reflet frémissant de l'eau, deux mains, une voix, une queue tentaculaire et hypnotique, sans nul doute l'un des personnages les plus réussis avec Grendel.
Zemeckis peut ainsi dire un grand merci à ses scénaristes qui lui sauvent la mise. Païen, humain, violent, tragique, épique, le scénario est tout ça, mais le film pas toujours, amoindri par la performance capture, qui lisse l'humanité alors qu'elle magnifie les décors. A part une hisoire de coût de production, je ne vois toujours pas l'intérêt de cette technique. Il lui manque de la magie, je crois.
1 commentaire:
Salut ami français et merci du partage. C’est tout à fait par hasard, au gré de mes explorations des blogs, que j’ai atterri ici.
C’est Intéressant de te lire (et des sujets variés). Bravo! (Môa être plutôt philosophique).
NOTE. Mon blog parle de la connaissance de soi. Si le coeur t'en dit, tu es bienvenu.
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