Objectivement, Robert Rodriguez nous étire une fausse bande-annonce (tirée du projet Grindhouse) de 5 minutes sur 1h45, et ça se voit. Rodriguez bricole une scénario que n'auraient pas renié les productions Cannon, gère son casting façon club med (le potentiel du personnage de Don Johnson est clairement sous-exploité et la miss Lohan est là pour les nichons) et on l'a connu plus inspiré question réalisation.
Mais ne vient-on pas voir Machete aussi pour ce genre de défauts, ou en tout cas sans illusion aucune quand au fond et à la forme dudit objet ? Nous ne sommes pas chez Godard ou Bergman, alors il est tout de même plutôt facile de passer outre ces menus défauts. Car Machete est un pur plaisir bis/pop-corn, avec du big gun (et de la grosse lame), du big tits et de la punchline (et deux ou trois banderilles envers la politique de gestion des flux migratoires au niveau du Rio Grande). Et des acteurs qui savent certes qu'ils ne sont pas ici pour la course aux oscars, mais qui font le job à commencer par De Niro, visiblement ravi de cabotiner façon facho redneck, et par les très charmantes et convaincantes Jessica Alba et Michele Rodriguez. Et il y a un petit plaisir, façon revanche, de voir les rôles s'inverser et cette sale trogne de Trejo foutre une branlée au gros pèpère de Seagal (dans son tout premier rôle de bad guy). Enfin, rayon bisserie, Rodriguez sait quand même ouvrir les vannes avec quelques scènes inventives, entre un rappel avec 15 mètres d'intestins, une crucifixion plutôt hard et un final très western façon Fort Alamo entre clandos mexicains et bouseux blanc-bec tendance KKK.
Alors, au final, si Rodriguez est quand même loin de son Planète Terreur ou de sa Nuit en Enfer, il arrive tout de même à remplir le contrat, celui de proposer un bis craspec et fun, décomplexé et fier de son statut de péloche bis. Machete reste ainsi jubilatoire, même si Rodriguez n'a vraiment pas forcé son talent sur cette péloche-ci. Souhaitons tout de même qu'il se racle la soupière un peu plus pour la prochaine fois.
2 commentaires:
"Nous ne sommes pas chez Godard ou Bergman" ?
Et si 2011 était l'année où on renonçait un peu aux clichés, aux portes ouvertes sempiternellement enfoncées ? Hein ? Dites ?
(jugez du bis à l'aune de réalisateurs "sérieux" (ou fantasmés tels) n'est pas bien constructif (voire authentiquement contreproductif) en outre, si ?
Tenez ! Positif ayant récemment critiqué le film, l'a fait en une pleine page sans jamais sombrer dans ces courtauds raccourcis/oppositions...)...
(excusez moi je suis un peu grognon en ce lundi matin...)
Grognon, peut-être. Mais je ne peux qu'acquiescer, car cette remarque vise juste. Et je ne peux qu'essayer de travailler à repousser les clichés dans mon écriture, aussi tentant qu'ils peuvent être. Merci donc d'avoir été grognon en ce lundi matin.
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