14 avr. 2010

Severance


Bouffant, avec un certain sans-gène revigorant, à tous les râteliers du genre (slasher, torture porn, survival), tout en saupoudrant la péloche d'instantanés acerbes sur le management et la vie d'entreprise, Severance nous déroule 1h30 bien fichues d'un cinéma bis assumé, rythmé, à l'humour salvateur mais pas potache (et quelques dialogues savoureux, dont celui sur l'humanité ou non du châtiment de la guillotine face à l'utilisation de mines immobilisantes), avec ce qu'il faut en séquences sanguinolentes pour satisfaire l'amateur mais sans pour autant se complaire dans le gore.

Car là réside la grande qualité de Severance. Pour autant qu'il empreinte aux genres sus-cités redevenus bankables, le réalisateur Christopher Smith (déjà à l'œuvre dans le claustrophobique Creep) ne choisit jamais un genre ou l'autre, préférant naviguer de l'un à l'autre en fonction des besoins du scénario, et ne tombe jamais dans l'écueil de l'un ou de l'autre. Avec intelligence, il réussit un étonnant amalgame plutôt solide : caméra subjective et inquiétante au milieu des fourrés, présence fantomatique, isolement, petite séquence de torture (bien dosé, le réal n'en fait pas des caisses dans le détail craspec), chasse à l'homme dans les bois... Qui plus est, il nous gratifie de quelques séquences marquantes, pas tape-à-l'œil dans la forme mais bien menées, entre trip parano sous champi, piège à ours plutôt récalcitrant ou encore le récit de trois légendes autour du lieu du gite et de son rapport à l'entreprise dans laquelle sont salariés nos protagonistes. Cette dernière jette d'autant plus le doute, au fur et à mesure du film, sur la raison (il semble en tout cas y en avoir une) qui fait que nos petits salariés d'une entreprise d'armement sont pris pour cible.

Si, à coté du film, on peut se poser la question de cette attirance pour certains films de cette dernière décennie à faire des pays de l'Est (l'action ici se déroule en Hongrie, et la colline hongroise a elle aussi des yeux...) un endroit idéal pour trouver toutes sortes de tordus psychopathes, Christopher Smith réussit un film filou et efficace démontrant, s'il le faut encore, la bonne santé et la fraîcheur du genre venue de la perfide Albion.

1 commentaire:

Jocelyn Manchec a dit…

Bien, bien, bien... je n'avais pas trop su quoi dire à l'époque où je l'ai vu, l'évoquant seulement dans mes notes sur Bienvenue au Cottage ou Dead Snow, cousins dans le mélange des genres si en vogue ces temps derniers...
(et bravo pour votre colline hongroise a des yeux !)