11 avr. 2010

Alice Au Pays Des Merveilles


Je n'ai jamais trouvé que Tim Burton, malgré une Planète des Singes de sinistre mémoire, se soit renié depuis Mars Attacks. Mais là, avec un scénario indigeste et une 3D bien plus gadget qu'immersive, on se demande bien où se trouve Tim Burton dans ce film. Et malgré un decorum assez flamboyant et plutôt fidèle au Disney original, rares sont les moments qui nous émerveillent.

Quelques réussites surnagent, parfois, avec quelques pichenettes burtoniennes : le couple Reine Rouge/Valet de Coeur (assez tragique, et un très convaincant Crispin Glover), le Chat (avec la voix de Rickman en VO), le flashback du premier voyage d'Alice (rappelant la filiation au dessin-animé). Mais si on pouvait espérer que Burton dévergonderait un peu Disney en y amenant sa touche (et en nous rappelant la portée souvent peu consensuelle de l'œuvre de Lewis Carroll, personnage pourtant éminemment victorien), c'est l'inverse qui se passe. Et voici un film bien innocent, où même Elfman passe à côté de sa partition (en panne d'inspiration lui aussi ?), à l'histoire convenue où Alice est une espèce de Jeanne D'Arc et le Chapelier son sidekick (pouah, la vilaine danse de victoire...). Le final est ainsi affligeant de reniement à l'esprit d'Alice, où celle-ci perd toute son ambigüité et devient un entrepreneur-aventurière partie pour ouvrir des comptoirs commerciaux en Chine. On pourrait presque y voir un aveu à peine voilé de la part de Burton...

Alice est raté, dans les grandes lignes, et ennuyeux le plus souvent. Le pire, c'est que ce film aurait très bien pu être réalisé par quelqu'un d'autre. Cela n'aurait rien changé. Dommage de désormais craindre pour la suite de la carrière de notre Tim si souvent chéri, et parfois même à contre-courant (pour moi, Big Fish est son dernier chef d'oeuvre, ce qui est loin d'être partagé par tous). A se demander si il n'est pas devenu, à l'insu de son plein gré et sous couvert d'un univers qui aurait pu lui seoir à merveille, un simple argument marketing bankable, résumé à Johnny Depp, une calligraphie, des arbres et un moulin, tous biscornus...

4 commentaires:

Jocelyn Manchec a dit…

Pas encore vu mais pourquoi vouloir à tout prix relier le film à la version Disney ? Il existait des romans auparavant (et d'autres adaptations cinématographiques), me semble-t-il ?

Dr. Strangelove a dit…

Parce que tel semble être l'intention à l'écran, visuellement parlant, et l'intention de Disney qui produit et distribue cet Alice il me semble, en tout cas d'après ce que j'ai pu lire. Mais plus généralement, l'esprit de l'œuvre de Lewis Carrol est bien peu présente dans cette version. L'absurde et la folie planante ont quasi disparu, ce qui n'était pas le cas du premier Alice de Disney. Pour les autres adaptations qui existent, je ne les connais pas, alors je me garderai bien de tenter une éventuelle filiation.

Cultiste a dit…

Cet Alice au pays des merveilles ce veut la suite du roman De l'autre côté du miroir, ou une alice aux abords de l'adolescence retournait aux pays des merveilles, et en même temps une relecture du roman homonyme. D'ou je suppose le lien avec l'adaptation animée et Disneyenne que tout le monde connait.

screwdriver a dit…

C vrai que la conclusion vaut bien un bon coup de pelle dans le terrier : non fini le rêve maintenant je suis chef d'entreprise! car le capitalisme va conquérir le reste du monde. Fini de rigoler il faut vendre ; D'ailleurs les pubs coca ressemblent étrangement aux Wonderland ? isn't it?

ps : moi je rêve d'une version john Water :)