10 déc. 2011

Shame


Ce film n'a pas grand chose à voir avec l'addiction sexuelle, bien que ce thème soit sans nul doute très accrocheur en terme marketing (s'il on en juge à la pléthore d'émissions ma vie est tellement vraie fleurissant sur la TNT). Mais le sexe n'est ici qu'un révélateur. Le sexe est devenu un objet de consommation comme un autre, accessible partout, tout le temps. Et comme le reste, avec on remplit du vide.

Et Brandon est vide. Vide d'amour, vide de désirs, vide de joie, vide de sens, vase percé que la pulsion assouvie emplit aussi vite qu'elle ne le vide. Et il y tient à son vide, malgré sa sœur, malgré une collègue, malgré l'ennui, quitte à se voiler la face et à s'y enfermer.

Shame n'est pas un film contre le sexe, contre la pornographie, ou même puritain comme j'ai pu le lire. C'est une photographie de notre société actuelle, vampirisante et abrutissante. Steve McQueen ne juge d'ailleurs pas son personnage, il le suit, montre même de l'empathie pour lui : voici l'insoutenable vide de l'hyper-consommateur.

Superbe film, superbe mise en scène (qui réussit à rendre les scènes de sexe ni écœurantes ni excitantes, tout en étant absolument indispensables à la compréhension de la psyché du personnage principal), un Michael Fassbinder juste et poignant (et qui devient par là même l'icône mâle de l'année 2011, ex aequo avec Ryan Gosling), une touchante et solide Carey Mulligan (après Drive, décidément, belle année pour elle aussi). Un grand, grand film.

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