9 déc. 2011

The Runaways


Le biopic est un genre casse-gueule, et rares sont ceux qui en sortent avec les honneurs (Ali, de Michael Mann, fait partie des rares exceptions). Et les biopics rock ne dérogent pas à la règle, souvent plus enclins à passer à la moulinette de l'icônisation leur sujet plutôt que de raconter une histoire (The Doors, d'Oliver Stone, en est l'un des exemples les plus criards).

Et là où Floria Sigismondi (grosse carrière de clipeuse) remporte dans l'ensemble l'adhésion de mon humble personne, c'est que l'hagiographie ne l'intéresse pas. Car ce qu'elle raconte (et plutôt bien), c'est justement la création et la vie façon étoile filante de ce produit sex, drugs & rock'n roll façonné quasi entièrement par ce grand malade (au sens du marketing quasi prophétique) qu'était Kim Fowley.

Si l'on pourra lui reprocher (un peu) de surtout s'attacher à la frontman Cherry Currie, un peu moins à Joan Jett, et de mettre de coté les trois autres (pas un mot à la fin sur la gratteuse soliste Lita Ford, loin d'être malhabile avec sa 6 cordes, et sur la tapeuse de fûts Sandy West), le film arrive tout de même à retranscrire ce parfum de souffre (elles étaient tout de même mineures !) et cette énergie adolescente et destroy qu'a libéré Kim Fowley.

A ce titre le casting est impeccable (les miss Fanning et Stewart sont amplement crédibles), avec une mention spéciale à Michael Shannon, jouant avec justesse un Kim Fowley outrancier, et les séquences musicales très réalistes (c'est quand même mieux quand on a l'impression que les acteurs savent jouer).

Bien que ne retranscrivant surement qu'une petite partie sur l'aspect trash de la vie du groupe (mais peut-être aussi cela n'était pas nécessaire), Floria Sigismondi nous offre un film honnête, collé à son sujet, mais aussi la photographie d'une époque charnière, où le marketing allait bientôt supplanter le contenu du disque...

2 commentaires:

Fabhenry a dit…

Je suis d'accord avec vous cher Docteur... Sauf avec la fin de votre chronique. Je pensais qu'à votre âge et vu votre niveau d'étude (dôcteur), vous n'ignoriez pas qu'il n'y a PAS eu un âge d'or où "le marketing ne prime pas sur le contenu" Sauf peut-être à l'époque de Robert Johnson...

Dr. Strangelove a dit…

Oulah, mais vous m'avez mal compris, cher Fabhenry. Si je ne crois pas à un quelconque âge d'or, je pense en effet que la fin des 70's, avec des mecs comme Fowley ou McLaren en Angleterre avec les Pistols, ou même quelqu'un comme Bowie, a ouvert la voie à des produits calibrés, jetables, formatés, et dont la musique autour n'importe que peu. Mais je t'accorde volontiers que le ver était déjà dans le fruit, dès les 60's, malgré quelques sacrés producteurs qui avaient le don de transformer le plomb en or (Spector et consorts).