16 déc. 2011

Fringe, saison 2


Dire que Fringe a failli perdre tout intérêt dès sa deuxième saison n'est pas peu dire. Il faut dire que, durant 14 épisodes, il ne se passe pas grand chose. Sachant qu'en plus, l'épisode 11 (Unhearted) est un épisode de la saison 1 non diffusé à l'époque, qui tombe comme un cheveu sur la soupe, sans cohérence aucune, et, sans trop spoiler, qu'un des personnages réapparait malgré sa mort au début de la saison.

Quatorze, allez disons onze en ne comptant pas le premier épisode (A New Day in the Old Town), le quatrième (Momentum Deferred) et le dixième (Grey Matters), sans réel avancement quant à l'intrigue (le Dessein, les métamorphes, William Bell...), ça fait long, surtout pour une série façon Fringe, même si certains de ses loners sont bien foutus (August, s2 ép. 08, en posant le cas de conscience d'un Observateur, sort du lot, ainsi que l'étonnant Johari Window, s2 ép.12). Et cela nous rappelle malheureusement la quatrième saison d'Alias, de la même équipe et souffrant exactement du même défaut : une première moitié de saison soporifique avec des missions sans beaucoup d'intérêt dans l'intrigue.

Mais heureusement, tout comme la pénultième saison des aventures de la jolie Miss Bristow (qui se clôt dans une apothéose zombi-esque), elle termine en trombe. Du quinzième jusqu'au dernier épisode (l'un des meilleurs étant l'excellent White Tulip, s02 ép.18, belle et solide histoire de temps et d'amour), plus rien ne nous fera lâcher le téléviseur, tant soudainement l'arc final déploie tout son potentiel SF jusqu'à un final moderno-steampunk grisant.

Néamoins, malgré les deux premiers tiers gachés de cette seconde saison, la série garde toutes ses qualités : un cadre SF prenant et plein de possibilités, des SF superbes et des maquillages toujours aussi réalistes, des acteurs au poil (et des supers cameo avec Diane Kruger et un super Scott Glenn) et des personnages toujours aussi attachants. Ainsi, la relation entre Walter et Peter est véritablement le moteur de la série, jusqu'à un point qui redéfinit même l'ensemble des évènements vus jusqu'alors.

Vu le final, et malgré la semi-déception qu'est cette seconde saison, il va sans dire que l'on attend beaucoup de la troisième, qui confirmera, ou non, que Fringe est la digne héritière d'une tradition SF télévisuelle, qui va de Twilight Zone à Lost, en passant par Kolchack, X-Files et même Sliders ou Quantum Leap.

15 déc. 2011

Fatal


Je n'attendais pas grand chose de la mise en image du concept Fatal Bazooka qui, décliné précédemment en disque, avait pourtant réussi à me faire rire, tout en proposant un vrai album de hip-hop, parodique dans les textes mais pas dans l'esprit. J'ai même le souvenir que certains journalistes musicaux avaient considéré cet album en 2007 comme l'un des meilleurs albums hip-hop de l'année.

Et ce film est au final plutôt une bonne surprise. L'outrance caractéristique de l'humour de Youn est là et fonctionne à plein régime, au service d'une parodie du bling-bling et d'une industrie musicale rance, sans pour autant cracher totalement dans la soupe (il n'oublie pas qu'il en profite aussi). Un peu dans la lignée d'un Zoolander, Mickaël Youn mène son film plutôt bien, sans baisse de rythme et joue le jeu à fond de bout en bout, fidèle à sa ligne de conduite depuis l'époque du Morning Live.

Vu la faible qualité des films auquel Youn a participé jusque là, il démontre, dans son cas en tout cas, qu'on est jamais aussi bien servi que par soi-même et qu'il avait ici la matière qu'il fallait pour faire une comédie à son image. Alors oui, les réfractaires ne seront évidement pas de mon avis, mais je suis si rarement amusé par une comédie française qu'il me semblait bon de signaler qu'au moins une, sortie il y a moins de cinq ans à l'heure où j'écris ces lignes, m'a fait bien rire.

14 déc. 2011

Cars


Pixar a du savoir-faire, il va sans dire. Ne serait-ce qu'avec la séquence d'ouverture, cette fantastique séquence de course qui en quelques minutes nous dépeint le personnage principal, Flash McQueen, tout en nous offrant des plans et des scènes époustouflantes (quel carambolage).

Mais thématiquement, Cars est pour moi (et sans avoir vu le deuxième volet, qui semblerait digne des DirectToDVD de Disney) le plus faible des Pixar. Mettez ça peut-être sur mon manque d'attrait pour la mécanique et les carrosseries rutilantes, mais nous sommes ici pour moi à l'opposé total d'un Monstres & Cie, d'un Indestructibles et d'un Wall-E. Ode à l'éternelle american way of life, celle du gallon d'essence pas cher, des mécaniques qui font du 30 litres au 100, celle de l'asphalte conquérant, où est donc l'émotion, l'humour, la finesse, la classe, bref ce qui fait l'exception Pixar ? Surement coincés au fond du filtre à particule...

Me vient soudain une hypothèse qui vaut ce qu'elle vaut. Et si, en fait, John Lasseter avait initié avec Cars un nouveau style de remake ? Plutôt que de l'avouer franchement, il se fait ainsi là les petits plaisirs coupables, comme celui de faire le remake déguisé de Jours de Tonnerre avec Cars. Et Fast and Furious avec Cars 2 ? Pas sûr d'avoir le cran de vérifier...

13 déc. 2011

Fringe, saison 1


Quatrième série de la nébuleuse Abrams (il ne faudrait pas non plus oublier ses compères Orci et Kurtzman, dèjà présents sur les 5 saisons d'Alias), Fringe s'annonçait comme le retour de la série de SF/fantastique, ancrée dans une certaine réalité, une actualité, un présent même, mettant en scène des enquêtes étranges dévolues au FBI. Qui a dit "ça me rappelle X-Files" ? Oui, et cela fait partie des influences avouées.

Et c'est aussi ce qui m'en a tenu éloigné, les plus fidèles d'entre vous sachant le quasi-culte que je voue aux aventures de Mulder et Scully. Et alors que la quatrième saison est en cours de diffusion aux USA, c'est une critique d'Alain Carrazé sur la troisième saison dans Mad Movies du mois dernier qui m'a convaincu de m'y mettre.

Et grand bien m'en a pris. Car si X-Files n'est pas loin, la Quatrième Dimension non plus, et cette saison de Fringe offre à cette série sa logique propre, sa mythologie, son état d'esprit. Pas de paranoïa et de grand complot gouvernemental, ici le moteur est plutôt la science, ses dérives, sa marchandisation (symbolisé par l'opaque multinationale Massive Dynamics) et surtout le Dessein, étrange projet et événement que je ne vous dévoilerai bien sur pas.

Plusieurs raisons de s'enthousiasmer de cette première saison, car si Fringe ne révolutionne pas fondamentalement la série fantastique, elle joue le jeu à fond : une intrigue dense mais qui avance, des mystères résolus peu à peu et d'autres entraperçus juste ce qu'il faut pour lancer les saisons suivantes, une réalisation solide, des maquillages gores et des effets spéciaux d'une qualité bluffante, des personnages bien écrits, de l'humour et une interprétation solide. Et un cameo dans le season finale qui ne pouvait que me faire joindre les doigts en V.

Force est de constater qu'il y a du métier et de l'intelligence chez Abrams et sa clique. Mélant habilement épisodes mythologiques et quasi-loners (épisodes dont l'intrigue n'a aucune conséquence sur l'arc narratif de la saison ou de la série) comme à la grande époque (et rappelant aussi la bonne recette d'Alias), il y avait en tout cas longtemps qu'une série ne m'avait pas hameçonné le ciboulot de cette manière. Confirmation, peut-être, pour la saison 2 ?

12 déc. 2011

Bliss


Ma femme vous le dirait. Je ne peux pas être objectif avec Drew Barrymore ; il existe comme un lien entre moi et elle, depuis E.T., et je fonds dès que je vois son sourire. Ca tombe bien, allez-vous me dire, ici c'est elle qui réalise et elle ne s'offre qu'un second rôle (plutôt à son image d'ailleurs). Et c'est vrai, mais Drew reste Drew, et la vraie question est : puis-je continuer à être aussi peu objectif alors qu'elle est derrière la caméra ?

Deux possibilités : soit c'est un mauvais film et je suis définitivement perdu en ce qui concerne un jugement sensé concernant Mlle Barrymore, soit elle a effectivement réussi sa première réalisation (et ce n'est pas que mon amour qui parle mais aussi mon sens critique). Si à la fin je vous laisserai seuls juges, je vais opter, par souci d'équilibre mental personnel (y compris pour le bien-être de mon couple et de ma famille), pour la deuxième possibilité.

Habile et subtil mélange de chronique adolescente, d'une photographie d'une certaine middle-class US, du film de sport (les losers se découvrant winners, grand classique usé jusqu'à la moelle du cinéma US), Bliss adopte surtout un vrai point de vue, celui de son personnage Bliss Cavendar (merveilleuse Ellen Page), et ne le quitte pas d'une semelle. Se jouant des clichés, Drew Barrymore propose juste le portrait d'une jeune fille qui s'affirme, sans envoyer tout péter, en nous convainquant ainsi qu'on peut faire du touchant, du juste, de l'émotion sans faire du tragique ou du pathos, ou de grands dialogues lénifiants.

Casting au poil (sacré bande de nénettes, de Juliette Lewis à Zoe Bell), humour, mise en scène solide, simple, pudique (la relation entre Bliss et son boyfriend) bref impeccable, BO pleine de bon goût, cette première réalisation sonne juste et sincère de bout en bout.

Comment voulez-vous que je devienne objectif avec Drew Barrymore si en plus elle se met à réaliser des films de cette trempe, hein ? Sur ce, je vous laisse ; j'ai une soudaine envie de revoir Charlie's Angels, moi...

11 déc. 2011

Mission : Noël - Les Aventures de la Famille Noël


En dehors de Wallace et Gromit, y'a-t-il un salut pour les studios Aardman ? Si Chicken Run avait plutôt réussit son coup en gardant la marque de fabrique du studio (l'animation en pâte à modeler, image par image, qui a fait aussi ses preuves sur l'excellent Shaun le Mouton), j'avoue que j'étais plus sceptique sur leur capacité à imprimer leur patte sur de l'animation plus classique.

Sans égaler les sommets d'humour d'un Mystère du Lapin-Garou, force est de constater qu'avec un sujet aussi éculé que Noël (et sans pâte à modeler) les Studios Aardman ont un truc. Autour d'une histoire de succession familiale pas mal fichue, le film nous emmène dans 1h30 rythmée (la séquence d'ouverture est à ce titre inventive et pêchue), drôle (le papy Père Noël vaut des points), efficace. Et si coté animation Pixar tient toujours la dragée haute, Aardman ne démérite et nous ferait presque replonger dans la magie de Noël sur quelques plans.

Pari réussi donc qu'était celui de faire un produit calibré pour la saison. A l'inverse de productions concurrentes qui misent plutôt sur la parodie, le détournement, Aardman nous offre un vrai film de Noël, s'appropriant les images d'Epinal pour offrir un peu de fraîcheur et de légèreté au genre Noël, étouffé par la naphtaline et les recettes éculées. Les studios Aardman en ont encore sous la pédale, et ça, ça fait plaisir.

10 déc. 2011

Shame


Ce film n'a pas grand chose à voir avec l'addiction sexuelle, bien que ce thème soit sans nul doute très accrocheur en terme marketing (s'il on en juge à la pléthore d'émissions ma vie est tellement vraie fleurissant sur la TNT). Mais le sexe n'est ici qu'un révélateur. Le sexe est devenu un objet de consommation comme un autre, accessible partout, tout le temps. Et comme le reste, avec on remplit du vide.

Et Brandon est vide. Vide d'amour, vide de désirs, vide de joie, vide de sens, vase percé que la pulsion assouvie emplit aussi vite qu'elle ne le vide. Et il y tient à son vide, malgré sa sœur, malgré une collègue, malgré l'ennui, quitte à se voiler la face et à s'y enfermer.

Shame n'est pas un film contre le sexe, contre la pornographie, ou même puritain comme j'ai pu le lire. C'est une photographie de notre société actuelle, vampirisante et abrutissante. Steve McQueen ne juge d'ailleurs pas son personnage, il le suit, montre même de l'empathie pour lui : voici l'insoutenable vide de l'hyper-consommateur.

Superbe film, superbe mise en scène (qui réussit à rendre les scènes de sexe ni écœurantes ni excitantes, tout en étant absolument indispensables à la compréhension de la psyché du personnage principal), un Michael Fassbinder juste et poignant (et qui devient par là même l'icône mâle de l'année 2011, ex aequo avec Ryan Gosling), une touchante et solide Carey Mulligan (après Drive, décidément, belle année pour elle aussi). Un grand, grand film.

9 déc. 2011

The Runaways


Le biopic est un genre casse-gueule, et rares sont ceux qui en sortent avec les honneurs (Ali, de Michael Mann, fait partie des rares exceptions). Et les biopics rock ne dérogent pas à la règle, souvent plus enclins à passer à la moulinette de l'icônisation leur sujet plutôt que de raconter une histoire (The Doors, d'Oliver Stone, en est l'un des exemples les plus criards).

Et là où Floria Sigismondi (grosse carrière de clipeuse) remporte dans l'ensemble l'adhésion de mon humble personne, c'est que l'hagiographie ne l'intéresse pas. Car ce qu'elle raconte (et plutôt bien), c'est justement la création et la vie façon étoile filante de ce produit sex, drugs & rock'n roll façonné quasi entièrement par ce grand malade (au sens du marketing quasi prophétique) qu'était Kim Fowley.

Si l'on pourra lui reprocher (un peu) de surtout s'attacher à la frontman Cherry Currie, un peu moins à Joan Jett, et de mettre de coté les trois autres (pas un mot à la fin sur la gratteuse soliste Lita Ford, loin d'être malhabile avec sa 6 cordes, et sur la tapeuse de fûts Sandy West), le film arrive tout de même à retranscrire ce parfum de souffre (elles étaient tout de même mineures !) et cette énergie adolescente et destroy qu'a libéré Kim Fowley.

A ce titre le casting est impeccable (les miss Fanning et Stewart sont amplement crédibles), avec une mention spéciale à Michael Shannon, jouant avec justesse un Kim Fowley outrancier, et les séquences musicales très réalistes (c'est quand même mieux quand on a l'impression que les acteurs savent jouer).

Bien que ne retranscrivant surement qu'une petite partie sur l'aspect trash de la vie du groupe (mais peut-être aussi cela n'était pas nécessaire), Floria Sigismondi nous offre un film honnête, collé à son sujet, mais aussi la photographie d'une époque charnière, où le marketing allait bientôt supplanter le contenu du disque...