31 janv. 2010

Dollhouse, saison 1


Accro au travail télévisuel de Whedon depuis Buffy, je ne pouvais que trépigner d'impatience à l'annonce de la diffusion de sa nouvelle série. Sa dernière incursion sur le petit écran datait de 2002, se nommait Firefly (dont le très sympathique film Serenity est la conclusion) et n'avait pas été particulièrement soutenu par la Fox (non-respect de l'ordre des épisodes, non diffusion des trois derniers épisodes). Une petite parenthèse web-série en 2008, Doctor Horrible's Sing-Along Blog, assez rafraichissante et à la conclusion étonnante. Pas si rancunier que ça malgré l'échec de Firefly, c'est à cette même Fox que Whedon propose Dollhouse...

Que la Fox ne reconduira pas pour une troisième saison, mais qui cette fois-ci aura diffusé l'ensemble des épisodes, dans l'ordre correct. Enfin presque, car il existe, en DVD, un pilote jamais diffusé (Echo). Pas satisfaite de ce pilote original, la Fox a demandé à Whedon de le réécrire, ce qu'il a fait, incluant ainsi des éléments du pilote non-diffusé sur les 5 premiers épisodes, renouant ainsi avec une vieille tradition de la TV américaine qui voulait que les 5 ou 6 premiers épisodes d'une série reprennent le canevas du pilote. La vision de ce pilote non-diffusé n'apporte rien de plus, mais il est amusant de retrouvant la quasi totalité des images de celui-ci dans les 5 ou 6 premiers épisodes de la saison 1. Alors, que vaut donc cette Dollhouse ?

Tout d'abord, petit pitch. La Dollhouse est une institution plus ou moins secrète, n'ayant pas d'existence officielle, étant même considérée comme une légende urbaine (Man on the Street, ép. 6), qui propose à de riches clients la location d'actifs, pouvant satisfaire n'importe quel besoin, nécessité ou fantasme, et cela à la discrétion du client. Ces actifs sont en fait des volontaires, offrant leur corps et leur cerveau à la Dollhouse, qui va en faire des coquilles vides durant cette durée contractuelle et téléchargeant dans leur cerveau, selon les besoins des clients, la personnalité nécessaire à leur mission. Il semble cependant qu'un de ces actifs (mort selon la Dollhouse) ait explosé menaçant de tout détruire, et que quelques grains de sable enrayent peu à peu la belle machine, comme un agent du FBI trop curieux et des résurgences de personnalité chez les actifs.

Si les 5 premiers épisodes nous permettent de nous plonger doucement dans ce lupanar de haute technologie, la série explose et nous offre sa substantifique dès le 6ème épisode et nous pose une mythologie comme Whedon en a le secret. Si ses précédentes créations maniaient souvent avec habileté l'humour, la pop culture mais aussi le doux-amer, voire une noirceur assez prenante, ce qui frappe dans Dollhouse est justement cette noirceur, une forme de désespoir qui emplit tout la saison 1 (Epitaph One, ép. 13) et une notion assez perturbante pour le spectateur : s'attacher à ces actifs, ces coquilles vides sans personnalité. Seul l'agent du FBI nous apporte un peu d'espoir dans tout ça, dans sa quête don-quichottesque. Les personnes travaillant dans la Dollhouse sont quant à eux tous plus ou moins terriblement seuls, à la vie personnelle quasi inexistante, mais ayant tous une foi absolument aveugle dans leur mission et dans la science. On retrouve aussi la volonté de Whedon d'offrir un arc narratif par saison et de ne jamais trainer dans la résolution de questions ou de mystères liés à sa série, tout en maintenant suffisamment de suspens pour relancer sans problème une seconde saison, dont il est pourtant difficile à la fin du douzième épisode (Vows) de savoir les tenants et aboutissants.

A ce titre, le casting est impeccable et prouve une fois de plus la fidélité de Whedon envers ses acteurs. A coté d'Eliza Dushku (un grand numéro d'actrice à chaque épisode, productrice sur cette série et précédemment Faith dans Buffy et Angel), on retrouve des rescapés de Battlestar Galactica (Tahmoh Penikett qui joue l'agent du FBI, et Helo dans BG, ainsi que Mark Sheppard, présent déjà dans Firefly, et jouant Romo Lampkin, l'avocat de Gaïus, dans BG) et des habitués de Whedon : Amy Acker (Fred dans Angel), Alan Tudyk (Wash dans Firefly et Serenity), Felicia Day (la potentielle Vi dans Buffy, Penny dans Dr Horrible). La saison 2 verra aussi la participation de Summer Glau (River Tam dans Firefly et Serenity, ainsi qu'une danseuse étoile dans un épisode d'Angel, Waiting in the Wings s.3 ép.13) et d'Alexis Denisof (Wesley dans Buffy et Angel).

Depuis Buffy, Joss Whedon est ainsi un créateur de série sur lequel on peut compter, respectueux du spectateur, tenant toujours à son sujet. Et l'on en vient à maudire la Fox et à se dire que Whedon ferait mieux d'aller prospecter les chaînes du câble plutôt que de batailler avec les grands networks, bien trop obsédés par l'audience pour voir ce genre de perle télévisuelle.

2 commentaires:

David in Setouchi a dit…

En fait, si Whedon a accepté que Dollhouse soit diffusé sur Fox malgré son passif avec eux, c'est parce qu'Eliza Dushku (productrice de Dollhouse) avait un contrat avec eux (peut-être en rapport avec Tru Calling, je ne connais pas vraiment les détails).

Mais espérons qu'on ne l'y reprendra plus, Fox étant hautement responsable du flop d'audience de cette série (géniale) : programmation un vendredi soir (naufrage assurée pour toute émission visant un public ayant l'âge de sortir le vendredi soir), peu de promo, etc.

Dr. Strangelove a dit…

Merci pour ces précisions que je ne connaissais pas sur Dushku. Ceci expliquant donc cela. Whedon rules !