Après 4 saisons et
des audiences toujours en baisse depuis la deuxième saison,
Heroes vient d'être annulé par NBC, bien qu'il semblait que la saison 5 devait être l'ultime saison, cloturant la série sur le chapitre
Brave New World (chapitre ouvert dans les dernières minutes de l'épisode éponyme et final de la saison 4).
Malgré une première saison encensée, que cette série soit arrivée jusque là tient déjà de la gageure, tant la critique et le public se sont désintéressés d'
Heroes, et on ne reviendra évidemment pas sur la diffusion télé (c'est valable pour tellement d'autres) pour la France (quoique France4 semble vouloir faire un meilleur boulot que TF1), sinon on peut y passer des heures et ça ne sera pas bon pour mon cœur. Et bien que cette quatrième saison ne soit pas la meilleure, et qu'
Heroes ne sera surement pas une série qui restera dans les mémoires de beaucoup, la désaffection pour cette série a été aussi violente et rapide que sa mise au firmament lors de sa première mise à l'antenne.
La principale critique adressé à l'égard d'
Heroes a toujours été son coté
soap, avec multiplication d'intrigues, de sous-intrigues, de capillotraction, de personnages, de retournements, ce qui n'est d'ailleurs pas faux. Les personnages de Noah et Claire Bennet (le père barbouze et la fille pom-pom girl invincible) en sont d'ailleurs les exemples les plus flagrants : on s'aime, on se ment (toujours pour le bien de l'autre, enfin c'est l'excuse...), on se déchire, on se rabiboche, on se promet de ne plus faire tout ça et puis finalement on y retourne à cœur-joie... Mais arrêtons-nous sur cette critique deux minutes. La volonté de Tim Kring a été de transposer un univers dense (les super-héros) porté depuis 50 ans par la BD et que le cinéma a difficilement transposé (quelques réussites sur combien de ratages...), de part le format de durée limité sur grand écran qui rend délicat l'équilibre entre satisfaction des fans acharnés et nécessaire élagage de l'univers choisi pour toucher le plus grand monde. Alors quand en plus une suite se met en œuvre, la tentation du toujours plus (surtout dans les personnages) ne fait pas que pointer le bout de son nez et rend l'exercice encore plus casse-gueule. La série télé semblait ainsi (et semble toujours, à mes yeux) le format adapté à l'adaptation de ce type d'univers : une saison d'une vingtaine d'épisode c'est plus de 13 heures de programme, contre à peine 9 heures pour les trois
Spiderman. Les moyens ne sont peut-être pas les mêmes, mais quand on voit aujourd'hui la qualité de réalisation des séries TV depuis 15 ans, on sait que le fossé qualitatif s'est considérablement réduit en peu de temps. Et quiconque a lu ou a tenté de lire les X-Men par les Strange (pour les plus vieux d'entre nous), a arrêté, puis a repris un jour par curiosité, sait que l'univers des comics est pire que les Feux de l'Amour : retournement de vestes, morts, résurrections, mariages, disparition, naissances, futurs alternatifs, présents modifiés, univers parallèles qui s'entrechoquent. Et je passerai sur les relectures, les reboots et remises à zéro. Voilà ce qui caractérise l'univers des super-héros. Un vrai bordel, tout simplement.
Tim Kring a eu la bonne idée de créer de toutes pièces son univers de super-héros plutôt que d'adapter un univers existant, et qui doit certes beaucoup aux X-Men (les mutants, leurs pouvoirs, les manipulations génétiques, la question du secret et de la mise au grand jour de l'existence de ces personnes) mais qui s'en éloigne aussi, ne serait-ce que par l'absence de véritable organisation type Institut Xavier ou Confrérie des Mauvais Mutants et aussi par l'absence de costumes. Et si, chez les
heroes, c'est parfois le bordel en terme d'intrigue, force est de constater que peu de questions sont restées en suspens, grâce au système de chapitre. La série a ainsi été divisé en 6 chapitres (dont le dernier que nous ne verrons donc jamais) qui ont permis, tout en créant et perpétuant un univers assez cohérent, de circonscrire sur chaque saison une intrigue principale. Enfin, c'était le principe, car la grève des scénaristes en 2007 a divisé par 2 les chapitres 2, 3 et 4, ces deux derniers ayant été condensé sur la troisième saison, et la deuxième saison n'a duré que 11 épisodes, ce qui a pu donné chez certains ce goût de mauvaise maîtrise des intrigues.
Mais pour ainsi dire, j'ai du mal à comprendre ce qui a causé la désaffection du public et les critiques acerbes, surtout à partir de la saison 2. Si c'est le fait d'avoir condensé les intrigues, je trouve tout de même que les scénaristes se sont particulièrement bien sortis de la division en 2 chapitres de la saison 3, qui est sans aucun doute, avec la première saison, la plus réussie et la plus spectaculaire. Et puis, coté personnage, si certains étaient dès le départ fadasses (Peter Petrelli en tête), d'autres ont tout de même été particulièrement bien traités et ont maintenu le niveau d'intérêt de la série, en particulier Nathan, Hiro et Sylar. Ce sont les trois personnages, avec des parcours et des personnalités très différentes, qui ont connu une vrai progression, une évolution intéressante et que les scénaristes n'ont jamais lâché. Et si la saison 4 est sans aucun doute la plus faible (mauvaise gestion des intrigues multiples et qui affaiblit la portée de certains personnages comme Matt Parkman, malgré un méchant séduisant et complexe), le parcours des trois
heroes précités reste le vrai point fort de la série.
Alors, à coté des faiblesses de la quatrième saison, peut-être que l'univers des comics, quand il concerne un ensemble de personnages, n'est pas encore assez grand public pour maintenir une audience suffisante pour une grande chaîne US. Car
Heroes n'a pas été une mauvaise série. Une grande série, certes non, mais, avec son univers cohérent et original (par exemple, l'avenir écrit dans un comics, élément central de la série à ses débuts, a donné une véritable identité visuelle à la série, ce que n'a pas oublié la série française
Hero Corp), ses personnages dans l'ensemble attachants et bien construits, sa structure fidèle à l'esprit comics et ses thématiques, déjà balisés chez les X-Men (entre pouvoir, science, bannissement de populations catégorisés et chasse aux sorcières), aux résonances toujours d'actualité,
Heroes aura été sans nul doute une des bonnes séries de ces 5 dernières années. Elle aurait, en tout cas, mérité de pouvoir conclure son dernier chapitre
Brave New World, où l'existence des
heroes était enfin révélé à la face du monde...