Si Clint Eastwood pourrait facilement entrer dans mes tronches de ciné préférées, ne serait-ce que pour ses westerns et pour l'inusable Dirty Harry, et parce qu'il vieiilit magnifiquement à la manière d'un Jean Rochefort, il n'est pourtant pas, malgré des qualités indéniables, l'un des réalisateurs dont je guette chaque sortie, surtout depuis qu'il est devenu critiquement intouchable. La variété des sujets qu'il aborde (la prochaine sortie ciné est sur la Coupe du Monde de Rugby 95 chez les sudafs excite tout de même ma curiosité) est cependant ce qui me rend toujours assez curieux envers ses films.
Pas de bol pour moi, je ne suis pas tombé, l'autre soir sur France3, sur un bon Eastwood. Sur le sujet de la peine de mort et de la recherche de la vérité, il brode un film pas trop mal ficellé dans l'ensemble, mais dont on voit assez vite les grosses ficelles. Eastwood fait du Eastwood en roue libre (dialogues fleuris et attitudes déjà trop vues), campant un journaliste doué mais autodestructeur, queutard, alcoolique, sans morale, sa vie de famille bouffée par ses errements personnels et professionnels, qui, malgré la pression de son redac chef et de son patron, ne va pouvoir s'empecher de découvrir la vérité sur ce condamné à mort qui vit sa dernière journée dans le couloir de la mort. S'en suit une course contre la montre et la mort plutôt bien fichue, mais manquant de rythme, où semble affleurer dans la réalisation elle-même un doute quand à la conduite de l'histoire, comme si l'idée générale avait emballé Eastwood mais que en le tournant, finalement...
Preuve en est le dernier quart d'heure où, d'un film sérieux et bien mâle, on passe, suite à une révélation, à une course-poursuite dukes-of-hazzardesque (Shérif, fais-moi peur pour les non anglophiles) qui fait basculer le film dan un tonalité plus légère et presque malvenue, malgré une scène poignante lors de l'execution du condamné, où sa femme se jette contre la vitre alors que lui part peu à peu.
Heureusement, quelques seconds rôles, tel James Wood (je l'aime, cet acteur !) et Michael McKeen impeccable en prêtre à la bonne morale dégoulinante, maintiennent aussi l'intérêt du film,, dont la fin achève l'entre deux-eaux moral dans lequel baignait agréablement le film tout au long de l'enquète, en s'achevant sur une espèce de conclusion "esprit de Noël" étrange et bancal.
Y'a pire, pour sûr, et ce n'est pas un film ennuyeux. Il se laisse plutôt regarder, mais s'il y a des fans d'Eastwood dans l'assistance, qu'ils me rassurent en me disant que je ne suis pas passé à coté d'un chef d'oeuvre. Ou bien je ne comprends plus grand chose...