21 mai 2013

Dark City (Mes Glorieuses 90's)


Rétrospective intime et absolument pas chronologique qui me voit réévaluer des objets cinématographiques de l'époque où je formais mon appétence pour le cinéma, on retrouve ainsi sous l'intitulé "Mes glorieuses 90's" ces films vus approximativement entre 1989 et 1999, 90's symboliques qui me verront construire ma cinéphagie, mon goût et mon sens critique, par le truchement des premières lectures de Mad Movies, de conseils paternels (bien avisés), de fréquentation assidue des cinémas de Montluçon (03) et particulièrement le défunt Cinémonde, de location sporadique de VHS, de Cinéma de Minuit et autres Cinéma de Quartier...


Allons-y tout de go, sans grande précaution quant à ce que nous allons affirmer. Dark City est sûrement l'une des 20 meilleures péloches de l'ultime décennie du 2ème millénaire, et dont l'influence est indéniable (pour ne citer qu'eux : Matrix, qui réutilisera certains décors et, si j'étais mauvaise langue, jusqu'à certains éléments du scénario... ou Buffy, avec l'épisode Un silence de mort dans la 4ème saison).

Véritable claque pour mes jeunes yeux à l'époque, sa puissance reste intact quelques 15 années plus tard. Partant sur le concept ultra balisé du grain de sable enrayant une machine bien huilée (quelles séquences de synthonisation...), Alex Proyas offre une véritable histoire, au delà des prouesses visuelles, sombre et distillant son mystère avec parcimonie, en évitant le messianisme tout autant qu'un labyrinthisme abscons, proposant avec les Etrangers des bad guys particulièrement efficaces et originaux, et se clôturant sur une ultime séquence hâletante, déroutante, mais définitivement marquante.

Et si Proyas n'a par la suite jamais pu ou jamais réussi à confirmer véritablement (même si son I Robot est loin d'être ridicule), Dark City est tout de même un monument de la SF 90's, voire de la SF tout court.

27 août 2012

Double Programme : Morse - Laisse-moi Entrer


Depuis Vampires de Carpenter et exception faite de 30 Jours de Nuit, le mythe du vampire a perdu quelque peu de sa superbe au cinéma depuis une vingtaine d'année (entre Buffy et True Blood, la télé serait presque mieux loti).

Sobre, tendu, poétique, Morse prend à rebours le mythe, sans jamais s'en détacher (certains éléments du folklore sont toujours là), en offrant avant tout une belle réflexion sur la fin de l'enfance. Tout juste entaché d'une intrigue parallèle (la voisine contaminée) un peu trop démonstrative (qui peut malgré tout se comprendre dans le sens où ici un adulte ne peut supporter ce qu'un vieil enfant de 12 ans supporte depuis très longtemps), Morse n'a tout de même que peu de défauts : réalisation (le sens du détail et de la suggestion, en quelques mouvements de caméra ou de réglage de profondeur de champ) et photo soignés (quels clairs-obscurs), interprétation touchante et troublante, musique au diapason de l'image. Tomas Alfredson démontre ainsi, avec un talent certain, qu'il est encore possible de faire des films de vampires surprenants et beaux.

Laisse-moi Entrer arrive ainsi avec un sérieux handicap, celui d'être le remake d'un film déjà largement au-dessus du lot et qui se suffit à lui-même. Et si l'objectif est clairement de faire entrer Morse dans les petites cases hollywoodiennes (Chloe Grace Moretz en tête d'affiche, quelques éléments "tendancieux" expurgés de l'original, moins de suggestion et un peu plus de spectaculaire), on ne criera pas non plus au loup, car l'esprit de l'original est tout de même là. Au delà de suivre quasiment à l'identique le déroulement de son modèle et d'en reprendre telles quelles les scènes clefs, Laisse-moi Entrer reste bien accroché à cette réflexion sur la fin de l'enfance qui fait le cœur et l'âme de Morse, et se permet même de développer certains aspects (la relation du vampire et de l'homme qui l'accompagne, le passé du vampire) de manière intéressante. Oui, ce remake est inutile, indéniablement. Mais ce remake est loin d'être honteux (s'il n'y avait pas eu l'original, il aurait même marqué un peu plus les esprits). Légèrement fade après Morse, Laisse-moi Entrer est tout de même un bon film, sérieux, bien filmé, plus honnête qu'il en a l'air (le réal' semble y avoir mis du sien pour que cela ne ressemble pas juste à une commande) et surtout respectueux de son modèle. Et, au final, ce n'est déjà pas si mal, car on a vu bien pire comme remake, non ?

26 août 2012

La Taupe

Sous un écrin de tweed suranné, La Taupe est une plongée vertigineuse dans l'espionnage britannique 70's, ses méandres policés, ses tourments voilés, courant en pleine guerre froide après une gloire révolue. Ce panier de crabe feutrée est mis ainsi peu à peu en lumière, Tomas Alfredson (Morse) dévoilant le cadre (les lieux deviennent vite familiers) et le déroulement de l'enquête par une réalisation au millimètre, tendue et patiente, soutenue par une reconstitution précise (quel sens du détail, il nous rappelle ainsi dans cette maniaquerie le Zodiac de Fincher), et par un montage labyrinthique (difficile au début de repérer les flashback) mais dont la finesse joue grandement dans la valeur de ce film.

Porté par un Gary Oldman des très grands jours et un casting 5 étoiles, tous au diapason (de Colin Firth à John Hurt, en passant par Ciaran Hinds, Mark Strong, Tom Hardy et j'en passe), ainsi qu'une musique discrète mais impeccablement choisie, La Taupe nous emballe aussi parce qu'il nous prend à contre-pied, trop habitué à un espionnage cinématographique plus spectaculaire. En transcrivant à merveille les affres, les turpitudes, les contradictions et les luttes d'ego et de pouvoir au service d'une Nation et d'une guerre sans bataille, tout en déroulant une véritable enquête d'espionnage, Tomas Alfredson réalise ici un film d'espions hors cadre, étonnant et captivant. Une très grande réussite.

22 août 2012

Saturn 3

Avec Saturn 3, il a bien failli se passer quelque chose, cinématographiquement parlant. Casting improbable (Mean Streets, Les Vikings et Charlie's Angels réunis sur un plateau de ciné) et réalisateur d'autant plus improbable (Stanley Donen, particulièrement célèbre pour Chantons sous la Pluie), le tout dans un film de SF draguant large dans les eaux foisonnantes de la SF 70's (de Soleil Vert, pour le contexte de famine sur Terre, à Alien, pour le huis clos spatial, en passant par Mondwest et 2001 pour la machine tueuse se retournant contre son créateur), le tableau avait de quoi intriguer.

Mais en 1980, 2001, Star Wars et Alien étaient passés par là et il était désormais difficile pour un film de SF un tant soit peu sérieux de faire visuellement moins bien. Et ce qu'on peut encore pardonner à Star Trek circa 60's, difficile de le faire pour un film datant de 1980. Séquences et extérieurs spatiaux visuellement catastrophiques (la séquence d'ouverture, tentant un mélange entre l'arrivée d'un croiseur impérial et du Nostromo, est effarante), costumes et mobilier à peine digne de Moonraker (c'est dire...), design des vaisseaux navrant, Saturn 3 perd toute crédibilité dès les premières minutes. Et si l'on peut un peu se satisfaire de pouvoir allégrement admirer la plastique de Farrah, difficile d'être emballé par le couple Douglas-Fawcett à l'écran. Entre Papy Kirk qui se fait plaisir aux yeux au côté de sa collègue sans trop forcer sur ses qualités d'acteur et Miss Farrah qui fait ce qu'elle peut pour être autre chose que l'argument lingerie du film (peine perdue, son rôle n'a été conçu que pour ça), seul Keitel s'en sort un (tout petit) peu mieux.

Et si l'on prend en compte le point de départ quasi inexploité dans le film (le couple semble bien plus occupé à batifoler peinard qu'à chercher une solution contre la famine), on se dit qu'en fait il ne se passe rien. Mais dire qu'il a failli se passer quelque chose avec Saturn 3 n'était point une pirouette de ma part. Car il y a au moins un élément (voire deux, avec les couloirs, certes mollement exploités, de la base baignant d'une étrangeté inquiétante qui a plutôt bien vieilli, a contrario du reste du décor) qui surnage : le robot Hector. Sa programmation électro-télépathique, son cerveau "humain", son design, sa relation avec le personnage de Keitel, sa présence qui préfigurerait presque celle des T-800/T-1000 (mais qui rappelle aussi fortement celle de HAL), et sachant qu'il hérite en plus de la meilleure scène du film (son auto-reconstruction), c'est comme si cet Hector avait pompé l'ensemble des énergies créatives du film.

Ce Saturn 3 est un curieux nanar, et rien que pour ça, sans pour autant en faire un chef d'oeuvre maudit et incompris (non, non, aucun doute c'est un gros plantage sur pellicule), il mérite malgré tout qu'on y jette un œil. Et pas que pour la légère nuisette blanche de Farrah.

21 août 2012

Retour sur... Buffy The Vampire Slayer (1ère partie : 1998)

En 1998 débarque en France une énième série US pour ados, où l'on retrouve le décorum familier d'un Beverly Hills 90210 (d'ailleurs c'est le même lycée qui sert de décor) et les grands classiques des lycées US à la sauce Hollywood : pom-pom girls, couloirs bordés de casiers, manuels scolaires dans les bras et BO gentiment rock. Sauf qu'il se trouve que le lycée de Sunnydale est situé juste sur la Bouche de l'Enfer, haut lieu de manifestation démoniaque. Et que Buffy est une tueuse de vampire.

Joss Whedon réécrit et réadapte ainsi pour la télévision le scénario d'un film éponyme (et qu'il s'appelait originellement en VF Bichette la Terreur) qu'il avait écrit et qui était sorti en 1992. Pas forcément satisfait du film (il y a de quoi) mais plutôt convaincu de l'intérêt de son idée, il réussit avec la FOX, voguant sur le succès dans le fantastique d'X-Files, à mettre la première saison en chantier et Buffy est diffusé sur la chaine WB, plutôt orientée djeun's, en 1997.

Plutôt prudent, seuls 12 épisodes sont produits pour cette première saison. Quelques éléments de mythologies sont posés : Angel, le vampire avec une âme, l'Observateur, la Bouche de l'Enfer. Et si qualitativement, les épisodes restent encore très "monstres de la semaine", l'ombre d'un grand mal, celle du Maître (un vampire bien vieux et bien puissant), plane toujours plus ou moins sur l'ensemble de la saison. Et honnêtement, difficile à première vue, de voir ce que cette série pouvait bien proposer de plus, au delà d'un sympathique spectacle télévisuel.

Et pourtant, le ver est dans le fruit. Sous couvert de légèreté et de monstres de la semaine, les thèmes abordés touchent directement et sérieusement le public cible sans jamais les parodier : la pression du groupe, les amours, les pulsions hormonales, la conformation ou non aux normes. Quoi d'autre ? Mais si ! Regardez bien... L'héroïne ? Une blondinette futile, du même genre que celles qui se font massacrer dans les films d'horreur, et pourtant puissante et mortellement dangereuse. Ses acolytes ? Une vraie bande de geek (un cancre, une intello, un bibliothécaire), plutôt middle-class et loin d'être juste des faire-valoir. L'acolyte du grand méchant ? Un enfant, certes vampire (le Juste des Justes), mais difficile pour le spectateur de ne pas être dérangé par cette image symboliquement contradictoire. Et alors qu'X-Files aura influencé une grande partie des séries produite après elle avec son gimmick une saison/un cliffhanger, Joss Whedon pose lors de cette première saison sa marque de fabrique de showrunner : une saison, une intrigue, une grande menace qui parcours l'ensemble de la saison et une fin ouverte mais pas trop, au cas où la série ne soit pas renouvelée, ce qui parmet de ne pas frustrer le spectateur.

Au terme de la saison, Joss Whedon ose même tuer son héroïne. Pour mieux la faire renaître certes, puis tuer le Maître et de clore ainsi la saison, bouclant l'arc narratif ouvert au premier épisode et évitant ainsi des questions sans réponse au cas où Buffy ne soit pas renouvelée. Mais là encore, cela aurait dû nous mettre la canine à l'oreille. Joss Whedon ne se refuserait rien, et même pas de tuer son héroïne. Et les six saisons qui vont suivre ne nous feront pas mentir.


20 août 2012

Sammy 2

Si j'adhère sans souci au message de l'affaire, dénonçant sans en faire trop la marchandisation du vivant, difficile en revanche de se satisfaire du reste, d'autant plus que ce Sammy 2 lorgne trop souvent, à l'inverse du premier volet, vers Nemo (l'intrigue rappelle largement dans ses enjeux et dans son découpage celle des aventures du poisson clown pixarien), sans compter les deux murènes gardes du corps qui nous rappellent trop souvent les compagnons d'Ursula dans La Petite Sirène.

Mais si l'animation n'avait pas été pensée à ce point pour la 3D, j'aurai pu passer un peu outre ces "détails". Vu en 2D, plusieurs séquences (en particulier celles de poursuite) sont ainsi indigestes, mal fichues et bien trop répétitives, comme si ces séquences avaient été pensées pour un cinéma dynamique d'un parc d'attraction plutôt pour un simple écran de cinéma. Et s'il s'agit ainsi de noyer une certaine platitude en terme d'histoire et d'animation (le premier m'a laissé un bien meilleur souvenir) sous le clinquant de la 3D, la ficelle est bien trop grosse et gâche d'autant plus l'ensemble. Car un bon film, qu'il soit visionné en en 2 ou 3D, reste un bon film, et ce n'est manifestement pas le cas.

Reste quelques moments sympathiques et quelques personnages secondaires savoureux (en particulier la langoustine doublée à merveille par Guillaume Gallienne) et un spectacle pas désagréable pour peu qu'on ait, par exemple, 3 et 5 ans et que votre père préfère 1h30 de cinéma moyen dans une salle pas très chère, confortable et pas trop climatisé un mercredi après-midi à la chaleur étouffante, plutôt q'un après-midi enfermée à la maison.

19 août 2012

Control

Parce qu'Anton Corbijn s'est attaché avant tout à raconter l'histoire d'un homme plutôt que d'iconiser un parcours artistique, Control réussit là où la plupart des biopic se plantent.

On pourra peut-être me rétorquer qu'à l'inverse d'un Johnny Cash, d'un Ray Charles ou d'une Edith Piaf, Ian Curtis a eu une carrière éclair. Mais je ne pense pas que cela soit si important. En optant pour le noir et blanc (illustrant l'ennui ambiant qui règne dans cette banlieue de Manchester, mais aussi la profonde dualité du personnage), en cadrant à merveille tout autant ses plans de transition que ses séquences plus narratives (Corbijn n'est pas photographe pour rien), en n'apposant jamais un regard sensationnaliste sur son personnage (sa maladie ne se transforme jamais en chemin de croix à l'écran), Corbijn  nous offre, pour son premier long-métrage, une histoire profondément humaine.

Jamais romantique ni nostalgique, mais plutôt lucide et magnifié par l'interprétation de Sam Riley, ce Control est bien loin des canons hollywoodiens bipopic-esques, ce qui fait sa force, et ce qui fera sans nul doute sa longévité. Et gageons aussi qu'il n'est pas nécessaire de connaître grand chose à Joy Division pour aimer le film, ce qui est peut-être, au final, l'une des plus grandes qualités de Control.