Superproduction aux arômes de croûte hollywoodienne, casting boursouflé de stars, brushing et bronzage impeccables, et cette faculté hollywoodienne à s'écarter volontiers, et ce plus que dans les détails, de la lettre originelle (pas une ombre ici des ficelles tirées par l'Olympe), Troie paraissait un bel attrape-nigaud pour tout nostalgique du péplum.
Mais pourtant un truc cloche, car ça fonctionne. Et ce n'est pas tant du côté du réalisateur (Wolfgang Petersen, honnête et solide ouvrier de studio) qu'il faut chercher mais plutôt du côté du scénariste, David Bienoff, auquel on doit l'adaptation (avec D. B. Weiss) de la saga Game of Thrones sur HBO. Et sans non plus en faire un chef d’œuvre, on sent tout de même déjà l'amour du jeu de pouvoir, et cette volonté de montrer la puanteur de ces jeux, de leurs justifications, de leur cruauté, de leur violence.
David Bienoff retourne ainsi tout ce qu'on croyait voir, où l'héroïsme n'affleure guère dans cet océan impérialiste et suffisant, si ce n'est dans la lame d'Hector (exceptionnel Eric Bana, qui vole la vedette à tous ces camarades) ; à croire même que Bienoff a pris un malin plaisir à faire passer une grande partie de son casting pour des extrémistes, des fous, des idéalistes bas du front ou des victimes bien contentes de patauger dans leur malheur, à commencer par ses trois VIP ultra beautiful people (Pitt, Bloom et Kruger).
Si on ajoute à cela une réalisation efficace, une violence étonnante et finalement bienvenue (à condition de regarder le director's cut) et des SFX qui tiennent encore sacrément la route 10 ans plus tard (le film est de 2004), Troie nous laisse ainsi à penser qu'on peut toujours, au détour d'un visionnage quelque peu inattendu (ici, grâce à une connaissance qui vous le vend comme l'un de ses films fétiches au détour d'une conversation sur Star Trek qui dévia sur Eric Bana), se faire avoir par Hollywood et ses oripeaux.
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