24 mai 2013

Only God Forgives


Au cas où vous n'étiez pas au courant, le duo de Drive (Refn/Gosling) est de retour, et c'était évident que cela ferait tremblait d'excitation et que le fantasme serait symétriquement inverse à la déception. Comme si Drive avait occulté les réalisations de Refn précédentes. Pusher, Valhalla Rising, anyone ?

Ah ben voui, c'est sûr que Refn, c'est pas Audiard ni Tarantino en terme de dialogue foisonnant. Violent ? Ah tiens, Drive, Pusher et Valhalla Rising sont donc des épisodes des Bisounours. Keuwa ? Gosling est moins sexy que dans Drive ? On s'en tape.

Étonnante tragédie oedipienne proche parfois d'un onirisme sombre lynchien, Refn nous offre une expérience âpre, émotionnellement aussi sèche que le personnage de la troublante (et toujours aussi impeccable) Kristin Scott Thomas. Sèche certes, mais aussi cathartique, par cette violence frontale et jusqu'au boutiste, cette sexualité soit déviante soit castrée, suggérée au détour de quelques plans, et ces rares dialogues, dont un repas bref mais au moins aussi violent symboliquement que les éviscérations  Enivrante  enfin, de par cette réalisation brillante, maîtrisé, ultra réfléchie et cette direction d'acteur (fallait quand même y penser à la miss Thomas dans un rôle pareil) rendant à chaque fois l'apparition de ce flic/ange exterminateur (Vithaya Pansringarm) quasi iconique, bien plus que Gosling ici (le personnage ne s'y prête pas), nous qui bêtement attendions le retour du Cascadeur à Bangkok.

Refn fait un cinéma intransigeant, violent, taiseux, stylisé, ésotérique. Donc difficile, parfois. Et Only God Forgives, tout comme l'était Valhalla Rising, est un film indéniablement difficile, loin de la belle simplicité et efficacité de la relecture super-héroïque sauce Refn qu'est Drive. Alors, cela convainc ou cela rebute, et Refn a prêché durant 1h30 un convaincu.

1 commentaire:

I L.A.X a dit…

Bel article, ça me donne envie moi qui était un peu frileuse ;)