Avec Saturn 3, il a bien failli se passer quelque chose, cinématographiquement parlant. Casting improbable (Mean Streets, Les Vikings et Charlie's Angels réunis sur un plateau de ciné) et réalisateur d'autant plus improbable (Stanley Donen, particulièrement célèbre pour Chantons sous la Pluie), le tout dans un film de SF draguant large dans les eaux foisonnantes de la SF 70's (de Soleil Vert, pour le contexte de famine sur Terre, à Alien, pour le huis clos spatial, en passant par Mondwest et 2001 pour la machine tueuse se retournant contre son créateur), le tableau avait de quoi intriguer.
Mais en 1980, 2001, Star Wars et Alien étaient passés par là et il était désormais difficile pour un film de SF un tant soit peu sérieux de faire visuellement moins bien. Et ce qu'on peut encore pardonner à Star Trek circa 60's, difficile de le faire pour un film datant de 1980. Séquences et extérieurs spatiaux visuellement catastrophiques (la séquence d'ouverture, tentant un mélange entre l'arrivée d'un croiseur impérial et du Nostromo, est effarante), costumes et mobilier à peine digne de Moonraker (c'est dire...), design des vaisseaux navrant, Saturn 3 perd toute crédibilité dès les premières minutes. Et si l'on peut un peu se satisfaire de pouvoir allégrement admirer la plastique de Farrah, difficile d'être emballé par le couple Douglas-Fawcett à l'écran. Entre Papy Kirk qui se fait plaisir aux yeux au côté de sa collègue sans trop forcer sur ses qualités d'acteur et Miss Farrah qui fait ce qu'elle peut pour être autre chose que l'argument lingerie du film (peine perdue, son rôle n'a été conçu que pour ça), seul Keitel s'en sort un (tout petit) peu mieux.
Et si l'on prend en compte le point de départ quasi inexploité dans le film (le couple semble bien plus occupé à batifoler peinard qu'à chercher une solution contre la famine), on se dit qu'en fait il ne se passe rien. Mais dire qu'il a failli se passer quelque chose avec Saturn 3 n'était point une pirouette de ma part. Car il y a au moins un élément (voire deux, avec les couloirs, certes mollement exploités, de la base baignant d'une étrangeté inquiétante qui a plutôt bien vieilli, a contrario du reste du décor) qui surnage : le robot Hector. Sa programmation électro-télépathique, son cerveau "humain", son design, sa relation avec le personnage de Keitel, sa présence qui préfigurerait presque celle des T-800/T-1000 (mais qui rappelle aussi fortement celle de HAL), et sachant qu'il hérite en plus de la meilleure scène du film (son auto-reconstruction), c'est comme si cet Hector avait pompé l'ensemble des énergies créatives du film.
Ce Saturn 3 est un curieux nanar, et rien que pour ça, sans pour autant en faire un chef d'oeuvre maudit et incompris (non, non, aucun doute c'est un gros plantage sur pellicule), il mérite malgré tout qu'on y jette un œil. Et pas que pour la légère nuisette blanche de Farrah.
1 commentaire:
Plutot d'accord avec cette analyse, en fait ce film manquait surtout d'une bonne photo, si on le compare a forbiden planet, c'est encore plus impardonnable, vu l'age de ce petit bijou.
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