Sous un écrin de tweed suranné, La Taupe est une plongée vertigineuse dans l'espionnage britannique 70's, ses méandres policés, ses tourments voilés, courant en pleine guerre froide après une gloire révolue. Ce panier de crabe feutrée est mis ainsi peu à peu en lumière, Tomas Alfredson (Morse) dévoilant le cadre (les lieux deviennent vite familiers) et le déroulement de l'enquête par une réalisation au millimètre, tendue et patiente, soutenue par une reconstitution précise (quel sens du détail, il nous rappelle ainsi dans cette maniaquerie le Zodiac de Fincher), et par un montage labyrinthique (difficile au début de repérer les flashback) mais dont la finesse joue grandement dans la valeur de ce film.
Porté par un Gary Oldman des très grands jours et un casting 5 étoiles, tous au diapason (de Colin Firth à John Hurt, en passant par Ciaran Hinds, Mark Strong, Tom Hardy et j'en passe), ainsi qu'une musique discrète mais impeccablement choisie, La Taupe nous emballe aussi parce qu'il nous prend à contre-pied, trop habitué à un espionnage cinématographique plus spectaculaire. En transcrivant à merveille les affres, les turpitudes, les contradictions et les luttes d'ego et de pouvoir au service d'une Nation et d'une guerre sans bataille, tout en déroulant une véritable enquête d'espionnage, Tomas Alfredson réalise ici un film d'espions hors cadre, étonnant et captivant. Une très grande réussite.
3 commentaires:
On s'y perd vite si on a quelques secondes d'inattention, tellement c'est tarabiscoté.
Et pourtant, le final est limpide.
Bonjour autant j'ai trouvé le film remarquable, passionnant de bout en bout, autant j'avoue avoir calé avec le roman, je ne suis pas arrivée jusqu'au bout: pas facile à lire, plein de flash-back, on ne sait pas qui est qui. Le film est limpide à côté. Bonne après-midi.
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