28 févr. 2010

Hero Corp, saison 2


Simon Astier (je le rappelle, il est créateur, scénariste et réalisateur sur la série, et aussi accessoirement le héros de l'histoire) a décidément du talent, et n'est pas que le frère de.

Après une première saison prometteuse, il s'agissait de développer dès lors la trame et l'univers posé. Plutôt que de poursuivre pépèrement la vie au village, des évènements qui les dépassent vont bouleverser la troupe de super-h...as-been. S'ils restent mystérieux, les pouvoirs de John (Simon Astier) s'affinent et il prend peu à peu de la carrure. Par des flash-backs assez savoureux (Astier y joue son peronnage ado, nuque longue et moustache naissante, dont les déclarations d'amour à sa copine Britney valent le détour), on comprend mieux aussi les évènements qui vont l'amener à son arrivée au village (première saison). Les relations entre les différents personnages sont moins caricaturales, moins drolatiques et étoffent leur psychologie. Ils n'en deviennent que plus attachants. Le grand méchant de la saison et lui aussi bien plus sombre et plus inquiétant que The Lord lors de la première saison, dont il apparaît également qu'il bien moins le super-méchant légendaire qu'on nous annonce qu'un homme qui cherche une nouvelle vie. Tous ces éléments scénaristiques rendent la série plus sérieuse mais mieux construites et lui offrent des épaules plus larges pour poursuivre sur facilement deux saisons de plus.

Pourtant, ce coté plus sérieux n'a pas effacé l'aspect humoristique de la série. Les dialogues et les vannes restent efficaces et quelques personnages secondaires font mouche en particulier l'inénarrable Captain Sports Extrêmes ou l'exceptionnel Jean Micheng, au pouvoir assez indescriptible.

L'esprit est tout de même plus sombre ; nos héros attendent, subissent, sont dans l'expectative et dans l'inquiétude, la survie étant la seule motivation qui reste. Même certains cameo sont étranges, comme celui de Pierre Palmade en mystérieux ermite philosophe. et certaines séquences sont assez violentes. Le double épisode final se termine sur un sacré cliffhanger, très dark, ne pouvant que donner l'envie de voir cette future troisième saison.

Visuellement, la série, avec son petit succés, étoffe son budget, et cela se voit à l'écran. Si une grand part est laissée aux décors naturels (magnifiques au demeurant, merci la Lozère) et au jeu des acteurs, les effets spéciaux sont un peu plus présents qu'en première saison, sans pour autant en abuser. Un beau générique (chose assez rare dans nos séries françaises) nous est proposé et renforce l'identité originale de la série. La réalisation est plus assurée et un peu plus inventive. La série et son équipe prennent de l'assurance à tous les niveau et cela se ressent, pour notre plus grand plaisir.

Cette deuxième saison garde quelques défauts (grrrrr, le jeu de d'Agnès Boury, qui joue Mary la tante de John), quelques éléments scénaristiques tombent comme un cheveu sur la soupe comme les vampires diurnes, rigolos au demeurant mais dont on peine à voir l'intérêt (mais où il est l'occasion de revoir Nicolas Puydebat, l'éternel Nicolas d'Hélène et les Garçons) ou l'amnésie de (la jolie) Jennifer (Aurore Pourteyron), rapidement mis de coté alors qu'elle était un élément important de l'histoire en début de 2ème saison.

Mais la série réussit à trouver son identité propre, malgré un entourage qui pourrait être envahissant, entre Kaamelott, les comics US, Heroes ou Lost. Cette deuxième saison monte sans aucun doute d'un cran le niveau de la série, en lui donnant une crédibilité dramatique, tout en conservant son aspect décalé. Un tour de force, tout de même, que de réussir cela. Une troisième saison nous démontrera peut-être qu'Hero Corp est en train de poser un jalons dans le domaine des séries françaises, dont ces années 2000 semblent être, malgré toujours la frilosité des grandes chaines (Hero Corp doit sa diffusion à la TNT, par France4, et le satellite, par Comédie!), le début du renouveau de la série française, celle qui n'a rien à envier à ses cousines américano-british.

25 févr. 2010

Hero Corp, saison 1


Une série française comique sur des super-héros ? Ca sent le sujet casse-gueule. Qui plus est quand on s'appelle Simon Astier, qu'on est le frère du créateur de Kaamelott et que la comparaison va irrémédiablement se faire.

John (Simon Astier, au centre) vient d'apprendre la mort de sa tante, qu'il n'a pas vu depuis près de 10 ans et qui l'a élevé enfant. Il vient donc l'enterrer et se retrouve dans un village étrange, aux mœurs et coutumes plus que singulières (surtout avec les étrangers), et surtout dans le trou du cul du monde. Il se trouve que l'ensemble, ou presque, des habitants de ce village sont des super-héros à la retraite, aux pouvoirs défaillants et au moral plutôt en berne. Il semble que John ait un rôle à jouer, surtout que se profile à l'horizon un grand danger...

Pour évacuer tout de suite la comparaison avec Kaamelott, le lien de parenté est assez évident, que ce soit en terme d'acteurs ou surtout de dialogues, où l'on retrouve l'art de la vanne et de l'absurde langagier. Mais Hero Corp ne souffre guère de cette comparaison. Simon Astier (créateur, réalisateur et scénariste sur l'ensemble de la série) pose dès cette première saison l'univers d'Hero Corp, en développant le fil rouge qu'est la découverte de John du monde d'où il vient et dont il fait partie. En 15 épisodes de 26 minutes, la série démontre que son créateur semble savoir où aller, distillant ça et là des éléments dramatiques ou quelques mystères qui alimenteront la seconde saison.

De plus, la faune du village (et des alentours, avec les raies des bois et les bergers s'exprimant en rotant) est assez croustillante et les pouvoirs pécraves alimentent le ressort comique de la saison. Entre l'ex-avocat qui se raidit au moindre mensonge, le fils du maire rongé par la soif de pouvoir, Mental qui persuade ses victimes à condition qu'elles soient d'accord, la rivalité du boulanger et du patron du bistrot (sur le fait de savoir qui du feu ou de la glace) est supérieur), et ceux qu'on aperçoit au détour d'un épisode, dont l'inénarrable Captain Sport Extrèmes, les super-héros semblent être croqués du coté de la parodie. Il ont en plus tous un prénom anglophone, mais toujours prononcé à la frenchie (Mike devient Mique). Pourtant, on sent qu'il y a un vrai respect (sans déférence geek) de l'univers super-héros, par le visuel du générique (grande référence également à la série US Heroes) mais aussi par la quête de John.

Visuellement cette première saison tient la route et Simon Astier compense un léger manque de moyen avec intelligence et humour, et très peu d'effets spéciaux, ce qui renforcent leur portée quand il y en a. L'effet feuilleton fonctionne à plein et l'on se prend à avoir très envie de savoir la suite à la fin de chaque épisode. Enfin, une série française qui ose un peu d'originalité avec humour et dramaturgie. Seuls quelques acteurs paraissent un peu en-dessous et gâchent parfois le plaisir.

Humour, action, suspens, amour et un final étonnant, en voilà une série française qu'elle est bien. Il serait en tout cas bien dommage de bouder son plaisir, tant la volonté de Simon Astier de faire une série qui tient la route transpire à l'écran et efface les quelques scories et défauts de cette première saison.

24 févr. 2010

Dollhouse, saison 2

Si la première saison nous avait tenu en haleine, avec qui plus est un treizième épisode nous offrant la possibilité de découvrir, une dizaine d'année dans le futur, les conséquences de la technologie développée dans les dollhouse, la deuxième s'ouvrait donc avec une attente non feinte, nourrie de questions (comment va-t-on arriver au monde décrit dans le 13ème épisode de la première saison ?) et d'une curiosité forte sachant que Whedon et ses scénaristes devaient boucler là, avec une seconde et ultime saison et seulement 13 épisodes, la série dans son ensemble.

Fidèle à ses principes feuilletonnesques testés et approuvés dans ses précédentes créations, Whedon avance, étoffe la mythologie de sa série, amplifie et solidifie l'univers de Dollhouse : complot politique, évolution forte des personnages, résolutions des questions autour du Grenier, de la compagnie Rossum, de la vie avant la dollhouse d'Echo (le personnage joué par Eliza Dushku), le retour d'Alpha et même une conclusion à Epitaph One (s. 1, ép. 13). En bref, Dollhouse réussit un tour de force en proposant, sans rien mettre de coté et sans s'éparpiller, en 2 saisons un univers qui se tient de bout en bout et, chose pas si fréquente pour une série rapidement annulée (par chance la Fox a annulée la série sans annuler la diffucion de la seconde saison), qui n'aura jamais laissé le spectateur sur sa fin ou sur la frustration d'une fin ouverte jamais résolue.

Belle et remarquablement construite, cette deuxième saison inscrit Dollhouse comme l'une des grandes séries de cette première décennie des années 2000, tout en restant une série whedonesque jusqu'à la moelle : les lieux (la dollhouse ressemble beaucoup au cabinet Wolfram&Hart d'Angel), les thématiques (le héros/l'héroïne profondément seul-e, malgré la nécessité d'un groupe, d'une famille autour de soi, l'impossibilité d'un monde manichéen, malgré un déroulement et une conclusion rarement optimiste, et la mort qui rôde, inexorablement), les acteurs (voir ma chronique de la saison 1). Mais rarement Whedon avait été aussi politique dans son propos, et aussi sombre et peu d'espoir. Chose étonnante dans cette série, n'attendez pas une Echo (personnage mis en avant pourtant depuis le début de la série, voir l'affiche) héroïque du début à la fin, façon Buffy ou Angel. Il faudra bien attendre l'arc final de la deuxième moitié de la saison pour l'asseoir définitivement comme personnage principal de la série, comme meneuse et porte-drapeau. Et puis rappelons-nous que la série s'appelle Dollhouse, et non Echo, et que de ce fait, ce n'est pas qu'une quête solitaire, car il est bien moins question d'un héros que de resistants...

Il y a de grandes chances que tout cela passe un peu inaperçu en France, la fausse image de Buffy (série ado cucul et décervelée, et c'est si mal connaître cette série que d'affirmer cela) collant un peu à Whedon dans notre hexagone. C'est de la belle ouvrage, de la grande série et sans nul doute, à ce jour, le chef d'oeuvre de son créateur. Car faire aussi fort en 26 épisodes, cela relève soit du miracle, soit du talent. Et dans le cas de Whedon, je penche volontiers pour le talent.

3 févr. 2010

Spaced, saisons 1 et 2


S'il y bien encore deux domaines dans lesquels la perfide Albion nous ratatine la face à grand coup de talent pur, c'est bien le rock et les séries. Et ça fait 50 ans que ça dure, et nous avons encore trop de retard pour penser un jour lui arriver à la cheville, surtout quand elle nous offre un perle comme Spaced. Heureusement qu'il y a le rugby, parfois, pour nous consoler.

Tim (Simon Pegg, en bas à gauche) et Daisy (Jessica Stevenson, à la gauche de Simon Pegg) se rencontre par hasard, tous deux à la recherche d'un appartement. Plutôt looser, en échec professionnel (il se rêve dessinateur de comics mais il n'est que vendeur de comics, elle se rêve journaliste mais elle est atteinte de procrastination) et sentimental (il vient de se faire larguer, et elle a un mec trop loin pour que cela dure), ils vont monter un baratin pour obtenir un appartement dans leur frais auprès d'une logeuse (Marsha, à gauche toute) posant comme exigence pour la location le fait d'être en couple. Ils l'obtiennent et découvrent l'étrange faune de cette grande maison, avec Brian (au milieu avec le bouc), artiste plus que torturé (anger... pain... fear... agression...) et entretenant une relation ambigüe avec la logeuse, elle-même bien portée sur la bouteille, maman d'une grande ado dont leur relation se résume à des cris, des engueulades, des portes qui claquent. Se greffent le meilleur ami de Tim (Nick Frost, avec le béret) et la meilleure amie de Daisy (la blondinette avec la fleur dans les cheveux), le premier cherchant désespérément à entrer à nouveau dans l'armée de réserve britannique (éjecté suite à un incident de tank lors d'une manœuvre) et elle soi-disant dans la mode, mais surtout responsable d'un pressing. Les voilà tous, plus ou moins paumés, adeptes de substances plus ou moins licites, sur leurs gardes au début mais formant, en vivant les uns avec les autres, peu à peu une famille.

Rare sont les séries qui marquent leur territoire dès les premières images et là, à la fois dans l'écriture, le jeu des acteurs et la réalisation d'Edgar Wright (Shaun of the Dead et Hot Fuzz), Spaced devient tout de suite prenant, addictive et immédiatement culte, sans galvaudage du terme aucun. Pleine de références pop culture et bis, sans pour autant dégueuler le geek par tous les pores, tout fait mouche (en VO, of course), et en premier la continuité des 2 fois 7 épisodes que forment les deux saisons, les personnages évoluant (si le format est sitcom, la forme et le fond explosent largement le carcan) doucement mais surement, en osant le délire visuel mais aussi le doux-amer et l'émotion, voire les deux en même temps sans jamais se casser la gueule.

Je pourrais aussi vous faire le catalogue de séquences avec force lien sur YouTube, mais il serait dommage de résumer Spaced à un catalogue de références popeuses, de séquences et de dialogues cultes. Car c'est une série d'auteurs (le trio Pegg, Stevenson et Wright, les deux premiers à l'écriture et le troisième à la réalisation) qui ont construit un véritable univers, très construit, très réfléchi, très bien écrit, un jalons qui ne va pas de sitôt trouver un successeur.

Seul petit bémol, mais dû à la construction même de la série (prévue en 3 saisons, seules 2 ont été écrites et réalisées), la fin de la deuxième saison nous laisse un drôle de goût, comme un sentiment frustrant de coïtus interruptus (alors que jusque là le coïtus était un sacré coïtus, jouissif de chez jouissif). Le succés des auteurs et acteurs de Spaced a rempli pour un petit moment leurs agendas respectifs et si ceux-ci n'ont pas fermé la porte à une conclusion véritable pour la série, rien n'est actuellement dans les tuyaux. Sachant que la deuxième saison dâte de 2001, plus les années passent, plus la chance de voir cette conclusion s'amenuise.