20 oct. 2009

The Big Bang Theory, saisons 1 et 2


Leonard (à gauche sur la photo) vit en collocation avec Sheldon (à droite). Ils sont tous les deux physiciens, célibataire et geek jusqu'à la moelle. Ils passent la majeure partie de leur soirée et de leur temps libre avec leurs amis Howard et Rajesh, dit Raj. Une nouvelle voisine de palier, Penny (Kaley Cuoco, au milieu, vue auparavant dans l'affreux Touche Pas A Mes Filles, dont même la présence de Katey "Peggy Bundy" Seagal ne suffisait pas à susciter le moindre intérêt), serveuse et aspirante actrice, va venir bouleverser cette mécanique bien huilée, et surtout la libido de ces messieurs à l'exception notable de Sheldon. Elle n'est pas geek (quoiqu'elle se transforme, le temps d'un épisode en véritable coréenne sur Age of Conan, ép. 3 S2), ne connait rien aux comics ni à Star Trek, l'effet doppler ne lui fait ni chaud ni froid, mais est très vite adopté par ces mousquetaires complexés, vaguement asociaux, et elle va très vite s'en faire des amis, étant elle-même un peu perdue, débarquant du Nebraska à Los Angeles pour devenir actrice.

La sitcom est un genre de série ultra balisé, très codifié : rires enregistrés, timing de vannes, lieux d'actions très précis (5 ou 6 au grand max), un faible lien entre les épisodes. The Big Bang Theory n'échappe à aucune de ces règles et en cela reste une sitcom comme des tas d'autres. Au delà du phénomène geek qu'elle exploite parfaitement (le Boggle en klingon est un must, ép. 7 S2, et il est impossible de référencer ici toutes les références, y compris dans les t-shirts, à Star Trek, Superman, les comics, d'ailleurs plus DC que Marvel, jeux vidéo et SF), et des théories scientifiques qu'elle utilise intelligement, ce qui fait son charme est principalement la relation que noue Penny avec ces geeks, et son second intérêt est Sheldon, tout comme Barney Stinson est LE personnage qui rend How I Met Your Mother intéressant.

Sheldon, même si ce terme n'est jamais utilisé dans la série, est un autiste Asperger. Quand on a bossé quatre ans avec ce genre de personnages (malheureusement, pas aussi drôle que lui, ni même intéressant), cela ne fait aucun doute (d'ailleurs sur wikipédia non plus). Et je tire mon chapeau aux scénaristes et aux créateurs de la série pour avoir réussi le portrait et la description d'un Asperger sans, ou si peu, le caricaturer : absence de second degré, quasi impossibilité de mentir, grandes difficultés à interagir avec autrui et comprendre les interractions sociales et leurs subtilités que les neurotypiques ont intégré, intérêts restreints, l'absence d'intérêt pour les relations amoureuses ou sexuelles, les rituels absolument nécessaires sans quoi le monde s'écroule (ce que nous prenons pour des TOC), y compris l'emploi du temps ritualisé. Tout cela fait partie de la vie d'une personne Asperger, et si cela est accentué pour Sheldon (nous sommes dans un show tout de même, pas dans un documentaire), je ne peux dire que cela soit caricaturé. Ce qui fait que ce qui peut nous paraître drôle ne l'est pas forcément pour Sheldon, et du coup pour moi non plus, déformation professionnelle oblige, il est des fois où je n'ai pas ri, soit par agacement (je n'ai pas profité de l'arrivée de ma deuxième fille pour prendre un congé parental pour rien) soit par empathie. Qui plus est, Jim Parsons le joue juste et bien, ce qui là encore est suffisament rare pour une sitcom pour être signalé.

Drôle, efficace, de bons personnages secondaires, manquant tout de même parfois d'un peu de liant entre les épisodes et finissant ses saisons de manière plutôt banale, voilà tout de même une bonne sitcom agréable à regarder, mais je ne crierai pas au culte. Non de non. Pour moi, la dernière sitcom à avoir réussi le passage du culte dans une forme de sitcom classique est Married With Children. Ca date (1987-1997), je vous l'accorde, et no ma'am, aucune sitcom avec rires enregistrés ne lui est arrivé à la chevile depuis tout ce temps. Et je mets How I Met Your Mother dans le même panier (malgré des épisodes fendards, seul Barney est un personnage voué au culte, pas la série), et Friends, et quelques autres dont la surcotée Seinfeld (perso, je n'ai jamais ri, j'ai même toujours trouvé ça chiant), pour préférer plutôt un Spin City, avec Michael J. Fox. Pour du culte US, ou tendant à l'être, allez chercher plutôt, à mon humble avis, du coté des sitcom qui ne ressemblent plus aux sitcom à la papa : la précurseuse Dream On (première sitcom à virer les rires et à dynamiter la forme par l'insertion de scènes de films en noir et blanc illustrant la pensée du personnage principal), Malcolm in the Middle (ça c'est du culte !) ou Scrubs, dans une moindre mesure. Ou passez sinon de l'autre coté de la Manche où l'on fait de la sitcom pas piquée des hannetons, ma plus culte à moi restant Father Ted, délire clérical sur une île de bouseux irlandais, où se trâment les pires désastres de la planète.

Au delà de cette digression sur les sitcom, inspirée par Mariaque il y a quelques temps, cela ne doit pas finalement vous empêcher d'aller jeter un oeil, voire les deux, à The Big Bang Theory, qui reste éminement regardable et drôle, et fait partie sans aucun doute du haut du panier des sitcom de cette décennie. Faire rire n'est-il pas le but premier d'une sitcom ? Celle-là y arrive haut la main et cela suffit amplement.

1 commentaire:

Arthur a dit…

Moi j'aime vraiment beaucoup beaucoup ! a part le format sitcom justement (les rires et les scène très "séquencée" me gène un peu, j'ai toujours trouvé que ça bloquait pour rentrer dans l'histoire)

Très intéressant par contre ce que tu dis sur Sheldon, je savais pas et c'est intéressant de lire ce que toi tu vois quand tu regarde Sheldon