30 mai 2012

Robin des Bois, Prince des Voleurs (Mes Glorieuses 90's)


Rétrospective intime et absolument pas chronologique qui me voit réévaluer des objets cinématographiques de l'époque où je formais mon appétence pour le cinéma, on retrouve ainsi sous l'intitulé "Mes glorieuses 90's" ces films vus approximativement entre 1989 et 1999, 90's symboliques qui me verront construire ma cinéphagie, mon goût et mon sens critique, par le truchement des premières lectures de Mad Movies, de conseils paternels (bien avisés), de fréquentation assidue (pour tout et n'importe quoi) des cinémas de Montluçon (03) et particulièrement le défunt Cinémonde, de location sporadique de VHS, de Cinéma de Minuit et autres Cinéma de Quartier...

Je ne vous rappelerai pas ce qu'à l'aune de mon adolescence Kevin Costner représentait pour moi (cf. Bodyguard). Au delà du fameux plan embarqué de la flèche, de l'inventivité McGyver-esque trop cool du personnage de Morgan Freeman et du tube so 90's de Bryan Adams, ce Robin des Bois est avant tout ma première rencontre avec celui qui deviendra l'une de mes trognes de cinéma préférées : Alan Rickman. Plutôt flippant pour mes jeunes yeux, il m'inspira un certain dégout. Comme souvent lors de l'enfance, j'avais tendance à confondre acteur et personnage et ainsi que pour Luke Skywalker et Darth Vader, la sagesse de l'âge me permit de séparer le bon grain de l'ivraie.

Et ce que je peux vous dire aujourd'hui c'est que de ce Robin des Bois sans collant il ne reste bien que la prestation de Rickman. Bonne soupe à la croûte hollywoodienne, on assiste ainsi à un mélange improbable entre l'Agence Tout Risque (l'entrainement des villageois, typiquement A-Team), les Visiteurs (de trop nombreux gros plans semblent porter la patte de Poiré) et l'Arme Fatale (le fun en moins), avec un zeste de village d'Ewoks et une bonne dose d'anachronismes hollywoodiens de tous les instants (mais que vient faire la tapisserie de Bayeux dans le générique d'ouverture ?). Entre humour lourdingue, personnages stéréotypés, sans compter les révélations familiales du dernier acte (le frére de Robin, la mère du shérif), voilà un film qui pourrait ainsi servir de mètre étalon de la croûte hollywoodienne façon 90's. On trouvera quelques bien petites satisfactions en la présence de Michael Wincott dans son éternel second rôle de salaud, la prestation outrancière de Rickman (seule réussite réelle du film) et dans l'ambiance gothico-craspec de la tanière de la sorcière (toujours aussi repoussante celle-là d'ailleurs).

Morgan Freeman trouvera là le rôle de vieux sage qui lui paiera tous ses impôts pour la suite de sa carrière. Mary Elisabeth Mastrantonio sera pour la dernière fois au sommet de l'affiche et du box-office. Les deux Kevin se diront le temps d'un film encore qu'ils sont les rois d'Hollywood. Et Mel Brooks s'en moquera allégrement en 93. Bilan bien maigre (sauf peut-être pour Brooks) au final pour l'un des mega succés de 1991. Fait pas bon vieillir, hein ?

29 mai 2012

Bodyguard (Mes Glorieuses 90's)


Rétrospective intime et absolument pas chronologique qui me voit réévaluer des objets cinématographiques de l'époque où je formais mon appétence pour le cinéma, on retrouve ainsi sous l'intitulé "Mes glorieuses 90's" ces films vus approximativement entre 1989 et 1999, 90's symboliques qui me verront construire ma cinéphagie, mon goût et mon sens critique, par le truchement des premières lectures de Mad Movies, de conseils paternels (bien avisés), de fréquentation assidue (pour tout et n'importe quoi) des cinémas de Montluçon (03) et particulièrement le défunt Cinémonde, de location sporadique de VHS, de Cinéma de Minuit et autres Cinéma de Quartier...

20 ans après le gros carton que fut Bodyguard, qu'en reste-t-il ? A l'époque, mes yeux d'à peine 12 ans avaient été plutôt emballés, indubitablement séduits par... l'héroïsme d'un Kevin Costner alors au sommet de sa côte bankable. Forcément, avec les précédents Danse Avec les Loups et le Robin des Bois, il faisait partie de mes modéles d'héroïsme pré-adolescent. L'impassible, l'incorruptible classieux (quoique, dans le film qui nous intéresse ici, la chair est faible pour ce samuraï), ça résonnait encore à mes schémas encore un peu enfantins.

Il n'empêche que le couple Costner/Houston fonctionne plutôt bien (la séquence du rade country), ce chevalier blanc prêt à tout pour sauver ce magnifique vibrato (dommage que la bande-son vienne gâcher l'a capella final, le fameux I Will Always Love You). Et c'est d'ailleurs tout ce qui marche 20 ans après. Mise en scène plan-plan, oripeaux kitsch jusqu'à la variétoche, intrigue vaguement thriller mal dégrossie, au twist ridicule et un peu brouillon, tout ici est clairement fait pour continuer à offrir un boulevard succesful à Kevin et à ouvrir une belle autoroute direction la gloire du grand écran pour Whitney, et tout ça sans trop se fouler et mettre en danger nos deux têtes d'affiche, et surtout pas en offrant des seconds rôles (et surtout un méchant) un peu conséquents. Pas de bol pour eux, rien ne se passera vraiment comme prévu. En bref : inoffensif, daté et ennuyeux. A réserver aux ultras costneriens et houstonistes intégristes, uniquement.

28 mai 2012

Dark Shadows


Peut-être que Burton c'était mieux avant La Planète des Singes et Big Fish. Peut-être qu'au fond il a renié tous ses idéaux tordus. Peut-être qu'il ne refera jamais plus un Edward au Mains d'Argent. Mais pas de bol pour vous, je fais partie de quelques hurluberlus qui pensent que Big Fish fait partie de ses 5 meilleurs films. En revanche, nous nous accorderons surement tous pour dire que son Alice est une purge à faire réévaluer la Planète des Singes amplement à la hausse.

Mais maintenant que les présentations sont faites, passons à Dark Shadows. Et sans crier au chef d'oeuvre, voilà somme toute un bon Burton. Gardant l'esprit et la nature soap opera de ce qu'était Dark Shadows à la télévision US, Burton nous offre ainsi un vrai soap de 2h, avec force poses, regards, manigances, meurtres, sexe, rebondissements et grosses ficelles. Et passé à la moulinette burtonienne, on assiste tout de même à quelques scènes valant vraiment le détour, dont le feu de camp du vampire avec les hippies, et ils nous offre surtout une sacrée galerie de personnage sacrément bien campés, avec une mention spéciale toute particulière à Michelle Pfeiffer et Chloë Moretz, mais surtout une Eva Green qui vampirise allégrement l'écran dès son apparition.

Certes, pas de grand message sur la différence, pas de jeu de massacre extraterrestre, pas de grand freak façon Pingouin, ce n'est qu'un soap finalement. Mais Burton n'oublie jamais que le carburant d'un soap est fondamentalement sombre, pervers et tordu. Et rien que pour ça, ça rassure, et l'on se dit que tout n'est finalement pas mort avec Alice. Et c'est peut-être ça le plus important, non ?

27 mai 2012

Cosmopolis


La bande-annonce était bien alléchante, ambiance fin du monde avec d'un côté un Cronenberg semblant retrouver des aspects plus rentre-dedans façon Crash et de l'autre un Pattinson cherchant définitivement à trouver un peu de crédibilité après sa quadruple prestation d'endive fadasse dans Twilight.

Malheureusement, si Pattinson s'en tire plutôt avec les honneurs (on l'imaginerait presque en bâtard de Patrick Bateman), Cronenberg nous offre peut-être son film le plus ennuyeux de sa carrière. Pourtant, le lent voyage en limo effectué par ce yuppie détestable semblait convenir aux aspirations d'un Cronenberg mais, hormis au détour de quelques fulgurances (cette limousine, sous-marin étanche au monde, et les seconds plans, sous-exploités malheureusement) et quelques dialogues pas dénués d'intérêt, il ne se passe malheureusement pas grand chose : pas de choc, pas de trouble, pas de gène.

Et si l'on voit parfaitement l'objet dénonciateur du film (la dématérialisation de l'argent, le capitalisme fou, la froideur et l'inhumanité de tout ce système) à travers ce qui se passe dans cette limousine, Cronenberg échoue bien plus à nous faire aimer son film qu'à nous faire haïr le personnage de Pattinson. Ca craint.

4 mai 2012

Les Sorcières d'Eastwick


Si l'on voit bien que le point de départ est de mettre un bon coup de pied dans la fourmilière puritaine d'une petite ville calme et proprette, métaphore à peine déguisé d'une Amérique WASP s'épanouissant lors de ces 80's reaganiennes, on se rend compte aussi très vite que cette charge n'ira pas au bout de ses bonnes premières intentions.

Naviguant à vue dans cette bourgade d'Eastwick, George Miller semble avoir laissée la pédale d'accélérateur chez Rockatanski, tout autant qu'un scénario potable, qui laisse une tonne d'éléments sans réponse ou lance des pistes jamais vraiment exploitées (et en particulier en ce qui concerne ces fameuses sorcières), et qui lâche peu à peu ses intentions bravaches pour laisser place à une morale légèrement social-démocrate, pas vraiment républicaine mais loin d'être bien rentre-dedans. Sachant que plus le film avance, plus Nicholson, dans un de ses rôles typique fin 80's et les années qui vont suivre, est en roue libre (ridicule dans le dernier quart d'heure) et que Susan Sarandon perd tout charme à l'apparition de son brushing dans le plus pire style eighties, il ne nous reste guère que le regard éternellement troublant de Michelle Pfeiffer pour nous sortir un peu de l'ennui.

C'est à se demander quelle magie a bien pu opérer à l'époque pour que ce film ait un succès plus qu'honorable car ces Sorcières d'Eastwick, tout comme le lifting de Cher, ont à tout point de vue bien mal vieilli.

3 mai 2012

Enter The Void


Gaspar Noë a une vraie vision du cinéma, sa vision du cinéma. Un style âpre et léché, une volonté de dérouter, éventuellement de choquer, en tout cas de bousculer le regard du spectateur par des plans, des séquences, des cadrages qui choque le confort d'un oeil formaté.

Drame halluciné et labyrinthique, visuellement bluffant et inédit (dès le générique). Trip autour de la mort, la vie et l'oedipe également masturbatoire, trop souvent, et manquant d'émotions, là aussi trop souvent, le visuel époustouflant ne palliant pas ou rarement à ce vide.

Dès lors, on en vient à se dire que ça doit être génial un trip entre lsd et projection astrale. Sauf que celui qui ne fait que regarder s'ennuie rapidement.

2 mai 2012

Black Swan


En guise d'avant-propos, il faut savoir que le Lac des Cygnes me donne la chair de poule et me fait monter les larmes aux yeux dès que je l'écoute. D'où le fait que je pleure dès que je vois la fin de Billy Elliot. Vous me demanderez donc sûrement quel est ici, mis à part la musique, le rapport entre Billy Elliot et Black Swan. Aucun, bien évidement, et tout cela n'était donc qu'un avant-propos, expliquant peut-être les lignes qui vont suivre.

Alors que je craignais quelque peu une lourdeur dans le symbolisme, une froideur chirurgicale et masochiste de la caméra, un scénario cousu de fil blanc (et noir), je me suis fait happé par la mécanique implacable, le tourbillon d'images, d'émotions et de musique, le coïtus interruptus sans cesse renouvelé et amplifié que nous inflige Natalie Portman, les 3 autres rôles de femme (Mila Kunis, vénéneuse et ingénue à souhait, Lena Olin et Winona "Forget me not" Ryder) et l'impression d'avoir vu comme une sorte de Nina au Bal du Diable, un remake psychotique et hystérisée de Carrie meets The Bolchoï.

J'ai souffert avec Nina, j'ai pleuré avec Nina et j'ai évacué toute cette frustration et cette maîtrise dans un parfait mouvement final. Une catharsis ? Il me semble que ça y ressemble, oui.

1 mai 2012

Avengers


Après la qualité très variable des précédents films annonçant la réunion de famille, et sachant que cette même réunion fut décidé quelque peu sur le tard, réussir à lier tout cela tout en s'en démarquant relevait de la quasi mission impossible. Puis Joss Whedon arriva et et l'espoir apparu au bout du tunnel. Mais au final, a-t-il réussi ?

Serait-ce de par sa science de la gestion de personnages multiples acquise au cours des 7 saisons de Buffy ? Serait-ce grâce à sa connaissance et son travail fait avec Marvel autour de comics ? Serait-ce parce qu'il a eu les coudées franches ? Car, oui, Whedon, réussit à (re)lancer une franchise pas forcément bien barrée, et il le fait avec un talent fou. Autant sur le scénario qu'à l'écran, Whedon fait montre d'une maîtrise impressionnante, n'oubliant aucun personnage (tous ont leurs moments de gloire), ne les dénaturant jamais (voire, comme avec la Veuve Noire, leur donne enfin de l'ampleur), s'amusant avec eux au détour de répliques cinglantes (les vannes d'Iron Man sont de grands moments). Et, surtout, il n'oublie jamais le fait que ces Avengers sont une alliance improbable et fragile entre des "héros" ne partageant, à l'inverse des X-Men, que la préservation de leurs intérêts individuels.

Mis en valeur par un méchant, Loki, à la hauteur de leurs égos respectifs, ces Avengers crèvent l'écran et Whedon gagne enfin la reconnaissance du grand écran. Et il n'hésite pas à donner une leçon de cinéma d'action lors de la bataille finale, véritable mélange entre une guérilla urbaine et une guerre de tranchées, gérant à merveille tous les enjeux narratifs et visuels avec un sens de l'équilibre enivrant, là où un Michael Bay ne propose avec une séquence similaire dans Transformers 2 que déstruction priapique et hystérique.

Si Abrams, au parcours relativement similaire (à l'exception que Whedon a été moins couronné de succès après Buffy sur grand et surtout petit écran, malgré des œuvres exceptionnelles comme Dollhouse), est désormais bien installé autant sur petit que sur grand écran, gageons qu' Avengers permettra aussi à Whedon de connaître la même reconnaissance, au delà de geeks comme moi vénérant son whedonverse, et de lui permettre de poursuivre avec un deuxième Avengers annoncé (ne partez pas au générique de fin). Car le futur grand méchant promet.