19 mars 2012

Johnny Mnemonic (Mes Glorieuses 90's)


J'entame ici, avec ce film, une rétrospective intime et absolument pas chronologique qui me verra réévaluer des objets cinématographiques de l'époque où je formais mon appétence pour le cinéma. Sous l'intitulé "Mes glorieuses 90's", on y retrouvera ces films vus approximativement entre 1989 et 1999, 90's symboliques qui me verront construire ma cinéphagie, mon goût et mon sens critique, par le truchement des premières lectures de Mad Movies, de conseils paternels (bien avisés), de fréquentation assidue des cinémas de Montluçon (03) et particulièrement le défunt Cinémonde, de location sporadique de VHS, de Cinéma de Minuit et autres Cinéma de Quartier...

Le cyberpunk au cinéma a été (un peu) le pendant 90's du post-nuke 80's, transférant l'angoisse du retour de la guerre froide à celle de l'explosion cyber-technologique, et William Gibson (auteur ici de la nouvelle et du scénario du film) son "messie" littéraire.

Mettez ça sur le compte de moyens techniques en deçà de l'imagination, d'une relation ciné/technologie faisant penser à une course-poursuite façon Bip Bip et Coyote ou bien peut-être d'un univers trop dense pour être retranscrit à l'écran (j'ai des souvenirs éblouissants du Neuromancier du même Gibson), mais le cyberpunk n'aura jamais eu à l'écran (reste peut-être à s'entendre, et ce n'est pas gagné, sur ce qu'est le cyberpunk au cinéma) l'équivalent d'un Mad Max pour le post-nuke.

Ce qui ne veut pas dire que Johnny Mnemonic est un mauvais film. Ne serait-ce que par la présence de Gibson au scénario, toute la trame cyberpunk est là : basculement du tiers-monde vers les anciennes grandes puissances occidentales, congomérats industriels omnipotents, conspiration et technologie pénétrant jusqu'à l'intimité des êtres. Mais faute à un intrigue un peu trop ramassée, qui aurait mérité que ses éléments sous-jacents soient plus étoffées (ne serait-ce que le cadre géopolitique) et une réalisation efficace mais pas très inventive, on a avant tout l'impression de voir une bonne série B musclé et pas bête, mais pas plus. Reste tout même des CGI qui ont plutôt bien vieilli (les visions d'Internet sont assez inventives) et une galerie de seconds rôles qui font pour beaucoup à l'intérêt du film : Udo Kier, Henry Rollins, la belle Dina Meyer et surtout l'énorme Dolph Lundgren, dans un rôle halluciné (sûrement l'un de ses meilleurs) d'un Prédicateur psychopate. N'oublions pas non plus Keanu Reeves, qui nous sort une partition pré-Matrix, pas génialissime mais correcte.

Le message qui sous-tend le film restant d'autant plus étonnamment actuel, j'en suis ressorti plus agréablement surpris que prévu. Johnny Mnemonic ressemble à une espèce de document d'époque, un peu poussiéreux mais suffisamment conscient pour garder un certain intérêt.

2 commentaires:

il Gatto a dit…

Pour l'avoir revu (aussi) le 28 février, j'ai pu aussi réévaluer ce film - que je possède uniquement en VHS VF !
Ca a drôlement mal vieilli. Et franchement, c'est pas très beau à voir, ces décors, cette lumière à peine maîtrisée, les costards, tout ça quoi, qui fait vraiment cheap, limite Hollywood night (troisième partie de soirée, jadis, le samedi sur TF1).
D'accord avec toi sur la partition pré-Matrix. En revanche, Dina Meyer belle, ça se discute. Le meilleur rôle de Dolph... oui, peut-être. Quant à Ice-T en roue libre, est-ce vraiment un acteur ce rappeur ? D'ailleurs, est-ce vraiment un rappeur ?
Au final, de la même année (1995), je préfère largement Strange Days de Bigelow ; ça ne traite pas vraiment du même sujet sauf qu'il en va aussi d'un héros presqu'esseulé dans sa quête.

Dr. Strangelove a dit…

Dina Meyer m'a toujours tapé dans l'oeil. Ice-T lui est à la ramasse, il se croit dans un clip de rap, surement le moins bon acteur du film. La photo n'est pas géniale (c'est une série B 90's dans le plus pur style, mais à mon goût quand même au-dessus de ces fameuses Hollywood Night, d'ailleurs y'avait moyen de bien rigoler, ou d'être considérablement affligé avec ce qu'ils nous passaient), mais les décors et costumes ne m'ont pas choqués. Et bizarrement, déjà à l'époque, je crois que j'avais plus d'affection pour Johnny que pour la péloche de Bigelow. Qui est donc, elle aussi, à réévaluer.