19 sept. 2010

Tropic Thunder


J'aime les gens qui crachent dans la soupe, quand c'est fait fait avec talent. Et indéniablement, Ben Stiller l'a, ce talent. Comédie du sérail, Tropic Thunder est pourtant féroce avec Hollywood, entre castes d'acteurs, course à l'oscar (Kirk Lazarus est l'acteur typique à Oscar, et il est tous ses rôles à 300%, jusqu'à en devenir noir, gay, idiot...), placements de produits (sachant que l'acteur est lui-même un produit), producteurs ogresques, adoptions d'enfants gérées comme une campagne de com' et tentatives désespérées d'acquérir une crédibilité par le virage du film sérieux, profond, etc. Bref, il caricature, mais pas toujours tant que ça, le microcosme du cinéma, jusque dans ses tics cinématographiques. Citons les bandes-annonces du début du film, dont l'inénarrable Satan's Alley, le "basé sur une histoire vraie" (Tropic Thunder est censé être un bouquin d'un vétéran) et surtout les références aux grands films vietnamesques, entre Apocalypse Now et Platoon (survol d'hélicoptères, napalm, pétages de plomb, amitié virile, musiques 60's et 70's).

Tropic Thunder n'est pas une parodie de film de guerre, même s'il en parodie certains tics. C'est une satire d'une grosse machine hollywoodienne, du rouleau compresseur hollywoodien, voire de son hégémonie (jusqu'aux rebelles du Triangle d'Or). C'est aussi un grand film portnawak, qui ose l'excés, le too much, le gras, le délire, comme Ben Stiller l'a fait dans ses précédentes réalisations Zoolander et l'excellent Disjoncté (avec une sacrée rupture de ton au 2/3 du film). Et si cette comédie est si réussie, c'est aussi grâce à un casting du tonnerre, entre Robert Downey Jr en Kirk Lazarus si sûr de son talent et tellement à coté de ses pompes, Tom Cruise en producteur despotique et fou et Nick Nolte en vrai-faux vétéran.

N'hésitant pas à emmener ses bonnes idées jusqu'au bout (tout cela ne peut que se finir aux Oscars, non ?), Ben Stiller ne verse pas non plus dans la dénonciation du système. Il s'en amuse énormément et nous offre juste un peu de recul, tout en nous proposant un vrai spectacle fun, malin, explosif et indéniablement réussi.

3 commentaires:

Tramberlimpe a dit…

Bon, je vais le re-regarder...

Parce que j'ai le souvenir d'un film plutôt lourdaud, d'autant plus décevant que le début, avec les fausses bandes-annonces, est drôle.

En plus, l'affiche, qui laisse espérer une parodie pas trop minable des films de guerre 80's ( type Delta Force et autres Missing in action) est limite une arnaque.

Double déception pour ce énième triste nanar de Ben Stiller...

Outre ce "malentendu" de départ, il me semble que le film passe à côté de son sujet, comme on dit au masque et la plume : les intentions sont affichées clairement(lourdement), mais il n'est ni assez drôle (voire pas du tout, de mon point de vue), ni assez corrosif pour susciter l'adhésion du spectateur. En effet, comme critique d'un système, ce film est très limité. Je lui préfère nettement The Player d'Altman. Et comme comédie référencée, Tarentino est plus subtil, c'est dire !

Cependant, au crédit de ce film, il me semble qu'il n'y a pas de gag scato, tellement prisé par les humoristes hollywoodiens actuels...

Tramberlimpe a dit…

Mea culpa, je viens de me rappeler que le personnage de Jack Black est la caricature de l'humoriste pétomane...
Cela reste au crédit de ce film, même si on voit beaucoup de prouts pour dénoncer le trop de prouts... Enfin j'espère...

Tramberlimpe a dit…

Y'a une série que s'attaque à la starification : Extras. D'ailleurs, le premier épisodes est avec Ben Stiller...

Je vais finir par croire au karma et à toutes ces conneries de destin !