21 sept. 2010

The Rocky Horror Picture Show


Quelle mouche a donc bien pu piquer la Fox en 1973 pour produire le Rocky Horror Picture Show ? On avait beau être dans une période post-revolution sexuelle, où les moeurs se libéraient légèrement, où l'homosexualité, ou tout du moins l'ambiguïté sexuelle s'affichait un peu plus à travers les accoutrements de Ziggy Stardust et du Glam Rock, où le cinéma aussi commençait à traiter certains sujets plus frontalement. Mais difficile tout de même de comprendre le oui d'un gros studio pour produire ce film, mis à part le certain succés à Londres (le Rocky Horror Show fut joué à Londres sans interruption de 1973 à 1980) de la comédie musicale dont le film est issu.

Mais ce oui de la Fox, nous serons bien l'un des derniers à nous en plaindre. Passons sur le scénario capillotracté épais comme un kleenex et à l'intérêt tout relatif, là n'est pas le plaisir. Tout le plaisir du Rocky Horror Picture Show réside dans son outrancière singularité, cette volonté de faire un musical irrévérencieux, pas sérieux pour 2 sous, rock'n roll dans son sens cru et charnel, une péloche bis et fière de l'être, frontale, amorale et joyeusement foutraque. Rappelons-nous aussi quel choc a pu être un personnage tel que Frank-n-Furter, priapique bisexuel, transgenre joyeusement desaxé, assumant pleinement sa farouche volonté de tremper le biscuit transylvanien partout où la nature lui offre la possibilité. Un tel personnage, en 1973, n'avait rien de socialement évident, et pour se donner une petite idée des réactions hostiles de l'époque, je ne peux que vous conseiller de jeter un œil à l'épisode de la série Cold Case Creatures of the Night (saison 2 épisode 21).

Ultra référentiel (il deviendra pourtant lui aussi une référence quelques années plus tard), Rocky Horror Picture Show est une ode à la déviance joyeuse, à la SF de tout poil (la chanson d'introduction Science Fiction/Double Feature est bourrée de références et de clins d'œil à King Kong, George Pal, l'homme invisible et j'en passe) et au rock libérateur de la fin des 50's. Plusieurs des chansons sont de vrais petits bijoux, ne serait-ce que le Hot Patootie chanté par MeatLoaf, le Time Warp endiablé et sa chorégraphie suggestive ou l'effrontément sexy Sweet Transvestite.

Enfin je reste toujours agréablement émoustillé par la présence de la jolie Susan Sarandon, qui tenait l'un de ses 5 ou 6 premiers rôles sur grand écran, amusé par le duo Riff-Raff/Magenta et par le numéro de macho WASP de Barry Bostwick (que nous retrouverons avec plaisir dans le rôle du maire de NYC dans la plus que correcte sitcom Sin City), ébloui par la performance outrancière et ravageuse de Tim Curry en Dr Frank-n-Furter et toujours étonnamment surpris par la fin du film, totalement en rupture de ton avec le reste du film.

Certains voient en Rocky Horror Picture Show un authentique nanar, à la réputation gonflée par l'ambiance de ses projections cinés et son coté transgressif désormais ringard. Ringard, ce film l'est ouvertement et loin de moi l'envie de le sacrer chef d'oeuvre. Mais il y a un truc dans ce film, une sincérité, cette envie d'être outrancier, de faire un peu du portnawak mais de la faire plutôt correctement. Le Rocky Horror Picture Show, c'est une catharsis positive, 1h30 de défouloir à frustration pleine de mauvais goût qui fait du bien. Et, great scott !, le Rocky Horror Picture Show, ça fait du bien.

4 commentaires:

Fabheny de Hautefort a dit…

"Certains voient en Rocky Horror Picture Show un authentique nanar, à la réputation gonflée par l'ambiance de ses projections cinés et son coté transgressif désormais ringard. Ringard, ce film l'est ouvertement et loin de moi l'envie de le sacrer chef d'oeuvre."

Je suis d'accord avec cette phrase : c'est un nanard devenu culte.

C'est chiant comme un nanard, certes moins prétentieux qu'une croûte comme Titanic, mais ennuyeux quand-même. Quitte à regarder un truc mauvais, je préfère mater un truc de Trauma, c'est aussi nul mais c'est plus honnête.

La seule bonne façon de le regarder c'est dans le cinoche à Paris où on te balance des trucs sur la gueule pour te mettre dans l'ambiance du film...

Fabhenry de Hautefort a dit…

Je reprends là cette chronique précédemment interrompue par mon chef de service...

Bon, OK Titanic, c'est peut être pas chiant. (quoi que, perso, j'ai galéré ha ha ha) J'aurais dû dire par exemple "Pour Sacha" je serais tombé plus juste et aurais été immédiatement plus fédératueur (attention : néologisme sous copyright)... Justement, je le dis. Voilà.

Après cet apparté destiné à me redonner un semblant de crédibilité, je voulais juste ajouter que RHPS signe là la récupération par l'industrie lourde des midnight movies. Alors snif...

A mettre au crédit de ce film la présence de Barry Bostwick, qui s'est brillament illustré dans Spin City.

Dr. Strangelove a dit…

Si, Titanic, c'est chiant, même en bande-annonce. Comme Pour Sacha. Mais dans les deux cas, les actrices ont de jolis nichons. Mais ce n'est pas une raison suffisante pour regarder ces films. Et quitte à voir du nichon, les films de la Troma sont plus généreux pour sûr. Quant à la récup' de la Fox, elle s'en est à l'époque mordu les doigts tout de même... Et que pour une tentative de récup', RHPS est loin d'être devenu consensuel entre les mains de la Fox.

Fabhenry de Hautefort a dit…

Ah, les jolis nichons...