16 déc. 2009

Masters of Horror saison 1 (première partie)


Masters of Horror est une anthologie télé en deux saisons de 13 épisodes chacunes, initiée et produite par Mick Garris, qui réunit des réalisateurs plus ou moins marquant du genre fantastique-horrifique. Chaque épisode dure 50 minutes environ, et est totalement indépendant des autres.

Jenifer - Dario Argento : un officier de police va sauver une femme muette au visage monstrueux d'une tentative de meurtre. Malgré sa difformité, elle exerce une attirance chez le policier qui va peu à peu perdre le contrôle sur sa vie.
Le père Argento semble plus à l'aise sur ce format que sur ses derniers longs, même si formellement ce n'est pas non plus Suspiria. Il signe une réflexion, malsaine juste ce qu'il faut, sur la victimisation à outrance de tout, car Jenifer n'est pas tant la victime que l'on croît qu'elle est, et elle joue, avec ses miaulements, ses pleurs, sa volonté d'être cajolée, parfaitement sur l'image de victime qu'on lui colle. Malgré quelques errements stylistiques, un épisode de bonne facture.

Incident In and Off a Mountain Road - Don Coscarelli : Victime d'un accident de la route, une femme, au passé marital houleux, va être prix en chasse par un tueur monstrueux.
Don Coscarelli, dont j'ai déjà chroniqué Bubba Ho-Tep, signe sans aucun doute l'un des meilleurs épisodes de cette première saison. En jouant habilement sur notre capacité à nous attacher au sort de la proie, tout en distillant des éléments de son passé avec son ex-mari, dont on devine qu'elle est séparée, il nous mène sans problème et avec force efficacité vers un final étonnant et dérangeant.

Dance of the Dead - Tobe Hooper : Dans un monde post-apocalyptique, un nouveau divertissement fait fureur : faire danser les morts.
Le réalisateur mythique du Texas Chainsaw Massacre signe là un épisode bien brouillon (malgré un scénario de R. Matheson) dont l'intérêt peine à décoller. De plus il multiplie les effets tonyscottesques dans sa réalisation, sans véritable justification formelle, exceptée lors d'une séquence hallucinatoire. Une vraie déception, bien qu'il reste le plaisir de retrouver Robert forever Freddy Englund en maître de cérémonie, et Billy Corgan (oui, oui, celui des Smashing Pumkins) à l'ambiance sonore collant parfaitement à l'atmosphère.

Fair-Haired Child - William Malone : Une jeune fille est enlevée et séquestrée par un couple. Ils la retiennent dans une cave, qu'elle partage avec un jeune homme, mais des choses étranges se passent...
Le principal défaut de cet épisode est le jeu caricatural des acteurs jouant le couple, particulièrement lorsqu'ils sont au piano, et ça gâche un peu le plaisir. Sinon, sur un canevas simple mais efficace, William Malone signe un bon épisode, sans casser la baraque mais agréable à regarder.

Sick Girl - Lucky McKee : deux jeunes femmes filrtent et tombent amoureuses. Mais un étrange insecte vient bouleverser leur amour, et aussi leur entourage.
Quel amour est déviant, quel amour et acceptable ? Voilà en somme ce que, par l'intermédiaire de cette drôle de bestiole, Lucky McKee nous pose comme question. Très bien joué, malin comme tout, sexy aussi et gore s'il le faut, tous les ingrédients sont ainsi réunis pour faire de cet épisode l'un des très bons de cette première saison.

Pick Me Up - Larry Cohen : deux serials-killer se tirent la bourre, à qui tuera la même victime le premier.
Un épisode incontournable de cette première saison. Drôle, pervers, violent juste ce qu'il faut, avec des acteurs au poil et des dialogues déroutants, cette compétition malsaine se regarde avec délectation de la première à la dernière minute.

Cigarette Burns - John Carpenter : un homme est chargé par un millionnaire cinéphile de retrouver un film, La Fin Absolue du Monde, dont la réputation est plus que sulfureuse.
Voici l'épisode à ne pas manquer, un petit chef d'oeuvre de 50 minutes. Intrigant et malsain, Cigarette Burns prouve que Carpenter reste encore l'un des cinéastes de genre, et l'un des cinéastes tout court, majeurs de ces 30 dernières années.

(deuxième partie à venir demain)

4 commentaires:

Sébastien a dit…

Pour ma part, j'ai été très déçu par Cigarette Burns… J'ai le sentiment que Carpenter l'a tourné à la va-vite. Le film débute bien, puis s'emmêle pour finalement accoucher d'une fin incompréhensible.

Dr. Strangelove a dit…

Le principe de MoH était tout de même d'avoir des conditions de travail moins confortables que sur un plateau, en terme de temps offert pour la réalisation, ceci expliquant peut-être votre impression. Cependant, je trouve que Big John se sort bien de ce format. Et je comprends moins votre sentiment quant à la fin, que je trouve conforme à l'histoire de la Fin Absolue du Monde, comment cela pourrait-il se finir autrement ? Éclairez-moi, car je trouve votre avis intéressant.

D'autre part, je ne sais pas si vous êtes lecteur de mes bafouilles depuis longtemps, mais merci en tout cas d'avoir pris le temps de laisser un commentaire, surtout pour un article qui a près de 9 mois. De fait, je suis curieux : comment êtes-vous tombé sur mon article ?

Au plaisir en tout cas de retrouver vos commentaires.

Sébastien a dit…

Je suis arrivé là via ulike (eh oui, comme quoi ça sert à quelque chose ;))
En fait, je ne critique pas la réalisation, mais plus le scénario, qui en l'occurence n'est pas de Carpenter. Utilité de l'ange ? Signification de la fille qui sort de l'écran ? Tout ça manque un peu d'explication selon moi. J'ai vu d'avantage un enchaînement de séquences bien foutues qu'un vrai récit cohérent...
PS : Si vous voulez jeter un oeil sur mon tout nouveau site, vous êtes également le bienvenu.

Dr. Strangelove a dit…

J'ai été voir votre blog. Intéressant, à suivre.

Quant Cigarette Burns, je suis de mon coté peu dérangé par ces éléments, cela participe pour moi à l'onirisme macabre qui plane sur cette épisode, et l'on est finalement ici, pour moi, pas loin de l'Antre de la Folie.