Plusieurs années après sa première vision, qui fut plus que marquante (jusqu'à en faire une vraie crainte dans la vie réelle), le premier long du père Spielberg (qui est en fait au départ un téléfilm, mais qui fut finalement primé comme film à Avoriaz) garde toute sa puissance et reste l'un de mes films fétiches, le genre de chef d'oeuvre indépassable, un jalon, tout comme je l'expliquais, pour un autre genre de film, ici pour le Silence des Agneaux.
Avant de louer la réalisation de Spielberg, un petit hommage préliminaire au grand Richard Matheson, grand écrivain (le classique Je Suis Une légende, La Maison des Damnés, exceptionnelle enquête dans une maison hantée, qui offre des passages malsains, pervers et horrifiques à souhait, et le très beau Le Jeune Homme, La Mort et le Temps) et grand scénariste ayant principalement officié à la télévision pour The Twilight Zone et Star Trek (comme pour cet épisode). C'est à lui que l'on doit l'excellent scénario, tiré d'une de ses nouvelles, de ce film : une idée presque folle, simplissime à y regarder de loin, celle d'un homme en voiture poursuivi par un camion qui semble visiblement vouloir le tuer, sans raison apparente.
Et c'est là que réside la force du film, brillament mis en image par Spielberg (certains plans, certaines images sont assez exceptionnelles) : cette peur primale causée par l'ignorance. Pourquoi vouloir me tuer ? Pourquoi moi ? Et la seule nécessité qui s'impose est la survie coûte que coûte, le plan final démontrant le vide dans lequel le conducteur est, car le mystère reste entier. Et si le film est avare en dialogue, c'est pour mieux souligner l'absence de raison, l'arrivée d'une certaine folie, d'un déni d'humanité (seule reste la voix intérieur du conducteur poursuivi). Après la toute première poursuite, les voix humaines arrivent presque comme un soulagement, vite effacé par la peur qui reprend le dessus à la vision du monstre mécanique (quel icône !) qui est garé à deux pas du diner. Les dialogues disparaissent soudain, et les regards prennent le dessus, se dévisagent (le conducteur est-il dans le diner ?) et l'angoisse, jusqu'à la fin, ne quitera presque plus notre conducteur, et désormais, chaque tentative de renouer avec la civilisation sera empêché par le camion.
Le titre résume on ne peut mieux le film. Quoiqu'il fasse, qu'il tente, cela est une duel, et se finira comme tel, entre David (la Plymouth rouge) et Goliath (l'immense truck rouillé, dont on sait qu'il est conduit par quelqu'un, mais son invisibilité à l'écran donne une force supplémentaire au camion, quasi surnaturelle). Je ne voudrais pas trop m'avancer, mais il me semble que Stephen King (grand admirateur de Matheson au deumeurant) n'a pu être qu'influencé par Duel pour Christine, au moins au niveau des voitures (la Plymouth rouge également) et l'"âme" du monstre mécanique.
J'ai une relation parfois conflictuelle avec Spielberg. je lui trouve un talent d'entertainer exceptionnel (les Indiana Jones) et aussi une capacité à dire, à raconter et à transmettre des choses d'une grande intelligence dans ses films (la Couleur Pourpre par exemple). Mais je regrette parfois certains parti-pris (le non-respect de l'esprit K-Dickien dans la fin de Minority Report, un plan d'un drapeau US too much et inutile dans le Soldat Ryan) et je reste dubitatif, bien que j'apprécie beaucoup le film, quand au fait qu'il ait été le meilleur choix pour réaliser A. I. (mais pas sûr qu'un meilleur ait pu être fait). Je trouve surtout qu'il a perdu une certaine folie, celle-là même qu'il lui a permis de réaliser Les Dents de la Mer, l'oublié 1941 ou même ET.
Cependant, il reste indéniable, et Duel en a été la première et éclatante preuve, que Spielberg est un cinéaste majeur de ces quarante dernières années. Quelques soient ses choix artistiques et scénaristiques, il nous laisse quelques bobines fortes, puissantes, roublardes et terriblement efficaces à nous mettre devant les yeux.
Avant de louer la réalisation de Spielberg, un petit hommage préliminaire au grand Richard Matheson, grand écrivain (le classique Je Suis Une légende, La Maison des Damnés, exceptionnelle enquête dans une maison hantée, qui offre des passages malsains, pervers et horrifiques à souhait, et le très beau Le Jeune Homme, La Mort et le Temps) et grand scénariste ayant principalement officié à la télévision pour The Twilight Zone et Star Trek (comme pour cet épisode). C'est à lui que l'on doit l'excellent scénario, tiré d'une de ses nouvelles, de ce film : une idée presque folle, simplissime à y regarder de loin, celle d'un homme en voiture poursuivi par un camion qui semble visiblement vouloir le tuer, sans raison apparente.
Et c'est là que réside la force du film, brillament mis en image par Spielberg (certains plans, certaines images sont assez exceptionnelles) : cette peur primale causée par l'ignorance. Pourquoi vouloir me tuer ? Pourquoi moi ? Et la seule nécessité qui s'impose est la survie coûte que coûte, le plan final démontrant le vide dans lequel le conducteur est, car le mystère reste entier. Et si le film est avare en dialogue, c'est pour mieux souligner l'absence de raison, l'arrivée d'une certaine folie, d'un déni d'humanité (seule reste la voix intérieur du conducteur poursuivi). Après la toute première poursuite, les voix humaines arrivent presque comme un soulagement, vite effacé par la peur qui reprend le dessus à la vision du monstre mécanique (quel icône !) qui est garé à deux pas du diner. Les dialogues disparaissent soudain, et les regards prennent le dessus, se dévisagent (le conducteur est-il dans le diner ?) et l'angoisse, jusqu'à la fin, ne quitera presque plus notre conducteur, et désormais, chaque tentative de renouer avec la civilisation sera empêché par le camion.
Le titre résume on ne peut mieux le film. Quoiqu'il fasse, qu'il tente, cela est une duel, et se finira comme tel, entre David (la Plymouth rouge) et Goliath (l'immense truck rouillé, dont on sait qu'il est conduit par quelqu'un, mais son invisibilité à l'écran donne une force supplémentaire au camion, quasi surnaturelle). Je ne voudrais pas trop m'avancer, mais il me semble que Stephen King (grand admirateur de Matheson au deumeurant) n'a pu être qu'influencé par Duel pour Christine, au moins au niveau des voitures (la Plymouth rouge également) et l'"âme" du monstre mécanique.
J'ai une relation parfois conflictuelle avec Spielberg. je lui trouve un talent d'entertainer exceptionnel (les Indiana Jones) et aussi une capacité à dire, à raconter et à transmettre des choses d'une grande intelligence dans ses films (la Couleur Pourpre par exemple). Mais je regrette parfois certains parti-pris (le non-respect de l'esprit K-Dickien dans la fin de Minority Report, un plan d'un drapeau US too much et inutile dans le Soldat Ryan) et je reste dubitatif, bien que j'apprécie beaucoup le film, quand au fait qu'il ait été le meilleur choix pour réaliser A. I. (mais pas sûr qu'un meilleur ait pu être fait). Je trouve surtout qu'il a perdu une certaine folie, celle-là même qu'il lui a permis de réaliser Les Dents de la Mer, l'oublié 1941 ou même ET.
Cependant, il reste indéniable, et Duel en a été la première et éclatante preuve, que Spielberg est un cinéaste majeur de ces quarante dernières années. Quelques soient ses choix artistiques et scénaristiques, il nous laisse quelques bobines fortes, puissantes, roublardes et terriblement efficaces à nous mettre devant les yeux.