4 févr. 2009

Le Seigneur des Anneaux


Je viens de regarder la trilogie du Seigneur des Anneaux, ce qui doit faire au bas mot 10 heures de film (au moins !) compte-tenu du fait que c'est la version longue (au moins une bonne demi-heure de plus à chaque film par rapport à la version cinéma), celle sortie il y a déjà un petit moment dans de très beaux coffrets, pour chacun des trois films, verts, bleus et rouges.

Au préalable, je dois dire que je suis un grand lecteur et amateur du livre, déjà lu trois ou quatre fois en l'espace de 20 ans, et que si je lui reconnais un imaginaire et un souffle épique exceptionnels, je lui reconnais également des longueurs, voire des passages quelque peu indigestes.

Je ne reviendrai pas sur l'entreprise de l'adaptation elle-même, ultra surveillée, scrutée, attendue... Je ne me considère pas fan de cet univers autant que je peux l'être de Star Wars, mais je dois bien reconnaître que moi, modeste amoureux de l'œuvre écrite, j'avais aussi des attentes qui avaient plus la forme d'épreuves éliminatoires pour Peter Jackson : il trahissait mon imaginaire et son entreprise était dès lors à mes yeux un échec. Je n'avais pas envie de revivre ce que j'avais vécu, dans une moindre mesure, avec l'adaptation de La Plage au cinéma.

Avant de parler du film, juste un préalable sur cette édition dit Prestige de 4 DVD. Il faut d'abord savoir que tous les films sont divisés, compte-tenu de leur durée (parfois presque 4 heures), en 2 disques, ce qui rend leur digestion et leur visionnage plus agréable, sans gâcher l'action et le déroulement de l'histoire. Les scènes supplémentaires passent ainsi comme une lettre à la poste et le récit en est renforcé. Rares également sont les DVD où les commentaires sont aussi prenants, et où le travail éditorial autour des bonus est si complet. Pour une fois, une édition DVD Prestige mérite vraiment cette appellation.

Passons donc au film. Loin de moi l'idée de faire une critique qui devrait être aussi fleuve qu'est cette trilogie. Mais il est indéniable que Jackson a réussi là son pari. Quiconque a lu et aimé le livre ne peut que féliciter le réalisateur pour ce travail de titan, tant le respect du matériau original transpire dans l'esprit du film. Comme je disais plus haut dans mon article, P. Jackson se devait de respecter mon imaginaire (quelle notion égoïste !... mais je l'assume) et je l'attendais particulièrement sur les scènes de la Moria (les mines souterraines des nains), dans La Communauté de l'Anneau, et lors de ma première vision au cinéma, j'ai su que l'adaptation serait réussie (raccourci un peu cavalier, je l'assume aussi) dès lors que les premières images de la Moria sont apparues à l'écran. Et cela s'est confirmé lors de cette vision à la maison. Je l'attendais aussi beaucoup sur Arachné, l'araignée du Retour du Roi, mais je dois convenir que c'est une des rares séquences qui n'a pas traduit à l'écran ce que j'avais pu imaginer (mais on ne peut pas tout avoir non plus...). Les fines bouches, les fans les plus orthodoxes pourraient dire aussi qu'il a adapté, et non respecté à la lettre certains passages comme la mort de Gandalf, le rôle (ridiculement insignifiant dans le bouquin) des femmes, et en premier lieu d'Arwen, ou encore qu'il n'a pas respecté le découpage des livres. Et tout cela est vrai, mais répliquons à ceux-ci que tout cela rend l'histoire parfois plus spectaculaire, plus attachante et surtout plus lisible en film, entre autre sur le découpage des trois chapitres.

Mais j'étais surtout passé à coté de la grande réussite du film, tout chapitre confondu, au delà des paysages, effets spéciaux, décors, batailles épiques. Gollum/Sméagol est à mon avis la clé de voute du film, tant le personnage est important dans l'histoire elle-même et dans le film, mais aussi dans l'esprit des lecteurs et amateurs du livre : à la fois âme damnée, guide nécessaire et miroir inversé de Frodon, au moins aussi nécessaire à sa quête que ne l'est Sam.
Le travail d'Andy Serkis (l'acteur qui a joué Gollum, lui a donné ses mouvements et sa voix) n'est pas qu'un simple travail de motion capture. Sans Andy Serkis, Gollum n'aurait été qu'un lointain cousin de Jar Jar Binks, avec à peine plus de charisme. On oublie les CGI et il devient aussi vivant que Frodon ou Sam. Et quelle magnifique idée d'introduire le Retour du Roi par l'histoire de Sméagol, de son prrrrrécieux et de sa transformation en Gollum : tragique, fou, pathétique mais terriblement humain et attachant. Sans Gollum, pas de salut pour la Terre du Milieu.

Peter Jackson a réussi là un film indépassable car qui osera un jour remettre une tel entreprise en œuvre ? Oui je parle de chef d'œuvre, dans le sens où on peut l'entendre dans le compagnonnage, car Jackson a mis tout son talent, son art, son amour du cinéma pour monter qu'il était capable de sublimer les genres qu'il affectionne pour en faire un spectacle inédit, beau et grandiose. Quoiqu'il fasse par la suite, il a marqué le cinéma grand spectacle, tout comme un Lucas il y a 30 ans, et ce n'est pas toutes les décennies qu'on peut se dire qu'on a vu ce genre de spectacle.

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