30 août 2010

I Love You Philip Morris


A la vue de l'affiche ouvertement gay-kitsch, on pouvait craindre beaucoup de cette comédie. Vraiment beaucoup, quant on sait le potentiel outrancier d'un Jim Carrey, alors qu'on le connait aussi bon acteur. Qu'on se rappelle le touchant Truman Show, le magnifique (et l'un des plus beaux titres de film que je connaisse) Eternal Sunshine of Spotless Mind ou le plus ancien Disjoncté (où justement l'outrance comique laissait place à une folie débordante bien plus inquiétante, et jouée avec brio par Carrey).

Le film tient pourtant sur les épaules de Jim Carrey, mais grâce aux finesses d'un bon scénario, il ne devient jamais un show façon La Cage au Mask. Car malgré le point de départ, et l'histoire de ce personnage mythomane, plutôt gentil, amoureux mais rongé par des mensonges qui le dépassent, l'homosexualité là-dedans n'est qu'un aspect du personnage, et non le trait principal. D'ailleurs, la première demi-heure (brillante) nous montre un bon père de famille, puis la voix off (celle du personnage joué par Carrey) gratte peu à peu le vernis des images jusqu'à la "révélation" de son homosexualité (en tout cas pour nous spectateurs), qui devient ainsi non pas l'étendard du film (homo ou hétéro, cela ne change rien au personnage) mais plutôt le point de départ pour nous spectateurs de la découverte et de la plongée dans la folie de ce menteur pathologique.

Et l'on reste plusieurs foi estomaqué, proche du rire jaune, de l'aplomb d'un tel personnage navigant sans cesse entre manipulation et mensonge et sincérité amoureuse débordante (Carrey et McGregor forme un très beau couple à l'écran, crédible et touchant), jusqu'à l'immense machination finale que je ne vous dévoilerai pas. Jamais condescendant ni caricatural (Carrey est toujours à la limite mais jamais ne la dépasse), les deux réalisateurs Glenn Ficarra et John Requa, dont c'est le premier long, réussissent une excellente comédie, où seuls un ou deux flashbacks sur le personnage de Jim Carrey et sur sa précédente relation apparaissent chronologiquement peu clairs.

Et de se dire qu'il était finalement possible de faire des films avec des personnages gays, des comédies grand public, sans que cette orientation sexuelle n'en soit l'argument comique façon Pédale Dure. Et de nous offrir aussi une histoire d'amour certes folle, mais belle et touchante aussi, peu importe le sexe des personnages. Un Carrey mythomane, gay et follement amoureux : une mayonnaise improbable, une réussite délicieuse.

2 commentaires:

Klair a dit…

Ça donne envie de jeter un œil ... Et peut être même les 2!

Anonyme a dit…

tu vois que je n'ai pas que des mauvaises idées ...

L