25 août 2010

The Expendables


Terriblement excitant sur le papier, non ? Retrouver la fine fleur du cinéma musclé des 80's et 90's dans un seul film, avec Stallone derrière et devant la caméra, s'occuper d'une narco-junte sud-américaine, le genre de scénario qu'on a plus vu au cinéma depuis une éternité, sûr que ça pouvait faire frétiller la cornée et l'adrénaline.

Excitant sur le papier, oui. Jouissif à l'écran, surtout. Sly réussit son pari, indéniablement, et sur tous les tableaux : scénariste, réal et acteur.

La réussite de ce film se base avant tout sur son scénario. Oui, le point de départ paraît éculé. Voir un ou des mercenaires détruire une junte corrompue et cruelle, on trouve ça dans pleins de bisseries plus ou moins recommandables, ou même dans des films très recommandables. Le problème était souvent le patriotisme et le coté libérateur de ces mercenaires. Ici pas de ça, ou pas tant que ça, et surtout pas de grandes valeurs américaines déployées et libératrices. Ce que les mercenaires font ici c'est un travail, terrible et usant ; ils ne véhiculent rien à part des armes et de la mort. Les seules valeurs qu'ils portent sont entre eux (confiance et solidarité), pas pour les autres. Stallone n'hésite ainsi pas à nous les montrer faillibles (le personnage de Mickey Rourke, mercenaire assagi, parlant de la Bosnie), jusqu'à la folie et la perte du dernier once d'éthique. Certains voient un psy, d'autres vieillissent un peu trop. On sent presque une routine terrible, des hommes vidés. On pourrait même presque y voir une métaphore (qui peut courir jusqu'au titre, littéralement "les consommables") de certains de ces acteurs, ayant connu la gloire grâce à ce genre de film puis ramant ensuite à retrouver une parcelle de reconnaissance, ou un rôle, une présence sur les génériques. Et d'ailleurs, question présence à l'écran, Stallone ne se réserve pas non plus la part du lion et offre pour chaque acteur (Rourke, Statham, Jet Li, Lundgren, le freefighter Randy Couture et Terry Crews) son vrai moment de bravoure et/ou sa grosse baston, et offre un vrai rôle de pourriture à Eric Roberts. On passera juste cependant sur la love story de Statham avec la toujours jolie Charisma Carpenter (Cordelia Chase dans Buffy et Angel), qui n'apporte pas grand chose ni au film, ni au personnage de Statham.

Côté réalisation, difficile de ne pas donner une excellente note à l'étalon italien, qui n'a peut-être jamais été aussi bon derrière la caméra. S'être remis en selle avec les icônes John Rambo et Rocky Balboa qui ont fait sa gloire (d'ailleurs dans chacun des titres de ces films, l'un récupère son nom et l'autre son prénom, d'autres que moi ont peut-être poussé plus en avant ce point étonnant) l'aurait-il soulagé d'un poids ? Reste que la réalisation est nerveuse, solide, réfléchie dans certains choix de narration (la dernière scène appelle la première), fluide dans les scènes d'action et offre le spectacle annoncé : du muscle, de la castagne, des flingues et un final littéralement explosif, porté, et je me répète, par un casting aux petits oignons, et sans aucune exception.

Dans tout ça, mention spéciale à Dolph Lundgren, le parent pauvre question succés chez les icônes du bis musculeux 80's, malgré quelques rôles marquants comme en soldat psychopathe dans Universal Soldiers (où il explose JCVD question présence à l'écran) ou, dans un registre bien plus barré, dérangeant et sans muscle apparent, en Preacher dans l'oublié Johnny Mnemonic. Dans The Expendables, le suédois crève l'écran et joue avec sobriété la folie, les fêlures de son personnage, rongé et vidé par son métier mais sans lequel pourtant il n'est plus rien.

Comme avec Rocky Balboa et John Rambo, Sylvester Stallone remet sur le devant de la scène ce qui a fait son succés, son iconisation, sa caricature. Pourtant, il ne crache jamais dans la soupe, car c'est aussi à tout un pan du cinéma de genre auquel il se réfère. Plus qu'un hommage sentant le formol, The Expendables est une déclaration d'amour à ces péloches, l'assomption pleine et entière de ces films pourtant décriés, moqués. C'est aussi une déclaration d'amour à ces icônes, ces tronches et ces athlètes qui ont fait les beaux jours de la location vidéo. Enfin, c'est un vrai film d'action, qui offre un spectacle âpre, sanglant, explosif, jouissif.

Moi qui est longtemps été plutôt Schwarzie (qui fait un cameo assez rigolo) que Sly, et il faut dire que l'autrichien a eu clairement le dessus qualitativement parlant (Stallone n'a pas eu son McTiernam ou son James Cameron) dans les 80's et 90's, il semble que le poids des années réussisse bien mieux désormais à Sly (et je ne parle pas de rides) et m'apparaît de plus en plus intéressant. Oserai-je un final façon couverture des Inrocks ou de Télérama ? L'oseraient-ils, eux ? Et bien je me le tente, avec la modération du point d'interrogation. Stallone et The Expendables, avènement d'un auteur ?

4 commentaires:

Tramberlimpe a dit…

Oh ! Il avait déjà écrit le scénar de Rocky, le père Sylvester... Hé oui, il s'est fait connaître par son écriture !

Dr. Strangelove a dit…

Je sais bien. Sachant tout de même que ce Rocky premier est loin d'être le pire scénario que Sly ait pondu, et qu'il n'était pas encore à l'époque l'icône musculeuse d'Over The Top. Il a d'ailleurs écrit un paquet de scénario dont il a joué souvent le premier rôles. On est quand même jamais mieux servi que par soi-même. Drôle de personnage tout de même, et drôle de carrière.

Dr. Strangelove a dit…

Et puis j'ai bien écrit "avénement" et pas naissance, comme tu pourras le noter...

slu a dit…

Rocky Balboa, de la grosse soupe, propagande et compagnie... beurk !