31 août 2010

Burn Notice, saison 2

Cette seconde saison de Burn Notice confirme tout le bien que je pensais d'elle lors de la première. Pourtant, rien ne change véritablement : Michael Western cherchant les raisons de son éviction, son coté chevalier blanc, la tension amoureuse entre lui et la belle Fiona et une mère jamais satisfaite mais toujours concernée.

Et une fois de plus, sur ce schéma classique, il y a une classe, un rythme, un ton, une qualité, un truc en plus qui fait que Burn Notice sorte à nouveau du lot pour cette seconde saison. De plus, le casting des acteurs jouant les seconds rôles récurrents ou les guest stars le temps d'un épisode est du haut de gamme : Tricia Helfer (l'icônique N°6 de Battlestar Galactica) qui joue une intrigante espionne, ayant les moyens de réintégrer Michael, Michael Shanks (Dr Jackson dans la série Stargate-SG1) à contre-emploi en espion psychopate, Silas Weir Mitchell (vu aussi dans Earl dans le rôle de Donny Jones) en marchand d'arme frappadingue ou encore la tronche de bad guy entre Tarantino et Michael Ironside de Mark Sheppard (l'avocat Romo Lampkin de Gaïus Baltar dans Battlestar Galactica, vu aussi dans l'épisode l'Incendiaire de la saison 1 d'X-Files, et plus récement dans Medium et la cinquième saison de 24).

Si cette série a définitivement quelque chose en plus et connait un certain succés aux USA, c'est peut-être aussi parce qu'elle propose une alternative plus légère mais pas débilitante dans le paysage actuelle des séries, où la froide réalité enveloppe beaucoup de séries policières (quelqu'un regarde encore CSI ?), avec des personnages toujours durs, implacables, plongés jusqu'au cou dans leur sacerdoce de métier. Matt Nix, le créateur de Burn Notice, a mis de la distance dans son show aux éléments scénaristiques pourtant peu édulcoré (prise d'otage, drogues, meurtres, mafia, trahisons diverses et cadavres un peu partout). On s'attache aux personnages, on s'amuse mais on se prend aussi au jeu, et les dernières minutes de l'épisode final nous rappellent aussi que le monde de Michael Western est impitoyable. Mais les personnages ne se garde pourtant jamais de sourire, et c'est finalement peut-être ça le truc en plus de Burn Notice.

30 août 2010

I Love You Philip Morris


A la vue de l'affiche ouvertement gay-kitsch, on pouvait craindre beaucoup de cette comédie. Vraiment beaucoup, quant on sait le potentiel outrancier d'un Jim Carrey, alors qu'on le connait aussi bon acteur. Qu'on se rappelle le touchant Truman Show, le magnifique (et l'un des plus beaux titres de film que je connaisse) Eternal Sunshine of Spotless Mind ou le plus ancien Disjoncté (où justement l'outrance comique laissait place à une folie débordante bien plus inquiétante, et jouée avec brio par Carrey).

Le film tient pourtant sur les épaules de Jim Carrey, mais grâce aux finesses d'un bon scénario, il ne devient jamais un show façon La Cage au Mask. Car malgré le point de départ, et l'histoire de ce personnage mythomane, plutôt gentil, amoureux mais rongé par des mensonges qui le dépassent, l'homosexualité là-dedans n'est qu'un aspect du personnage, et non le trait principal. D'ailleurs, la première demi-heure (brillante) nous montre un bon père de famille, puis la voix off (celle du personnage joué par Carrey) gratte peu à peu le vernis des images jusqu'à la "révélation" de son homosexualité (en tout cas pour nous spectateurs), qui devient ainsi non pas l'étendard du film (homo ou hétéro, cela ne change rien au personnage) mais plutôt le point de départ pour nous spectateurs de la découverte et de la plongée dans la folie de ce menteur pathologique.

Et l'on reste plusieurs foi estomaqué, proche du rire jaune, de l'aplomb d'un tel personnage navigant sans cesse entre manipulation et mensonge et sincérité amoureuse débordante (Carrey et McGregor forme un très beau couple à l'écran, crédible et touchant), jusqu'à l'immense machination finale que je ne vous dévoilerai pas. Jamais condescendant ni caricatural (Carrey est toujours à la limite mais jamais ne la dépasse), les deux réalisateurs Glenn Ficarra et John Requa, dont c'est le premier long, réussissent une excellente comédie, où seuls un ou deux flashbacks sur le personnage de Jim Carrey et sur sa précédente relation apparaissent chronologiquement peu clairs.

Et de se dire qu'il était finalement possible de faire des films avec des personnages gays, des comédies grand public, sans que cette orientation sexuelle n'en soit l'argument comique façon Pédale Dure. Et de nous offrir aussi une histoire d'amour certes folle, mais belle et touchante aussi, peu importe le sexe des personnages. Un Carrey mythomane, gay et follement amoureux : une mayonnaise improbable, une réussite délicieuse.

25 août 2010

The Expendables


Terriblement excitant sur le papier, non ? Retrouver la fine fleur du cinéma musclé des 80's et 90's dans un seul film, avec Stallone derrière et devant la caméra, s'occuper d'une narco-junte sud-américaine, le genre de scénario qu'on a plus vu au cinéma depuis une éternité, sûr que ça pouvait faire frétiller la cornée et l'adrénaline.

Excitant sur le papier, oui. Jouissif à l'écran, surtout. Sly réussit son pari, indéniablement, et sur tous les tableaux : scénariste, réal et acteur.

La réussite de ce film se base avant tout sur son scénario. Oui, le point de départ paraît éculé. Voir un ou des mercenaires détruire une junte corrompue et cruelle, on trouve ça dans pleins de bisseries plus ou moins recommandables, ou même dans des films très recommandables. Le problème était souvent le patriotisme et le coté libérateur de ces mercenaires. Ici pas de ça, ou pas tant que ça, et surtout pas de grandes valeurs américaines déployées et libératrices. Ce que les mercenaires font ici c'est un travail, terrible et usant ; ils ne véhiculent rien à part des armes et de la mort. Les seules valeurs qu'ils portent sont entre eux (confiance et solidarité), pas pour les autres. Stallone n'hésite ainsi pas à nous les montrer faillibles (le personnage de Mickey Rourke, mercenaire assagi, parlant de la Bosnie), jusqu'à la folie et la perte du dernier once d'éthique. Certains voient un psy, d'autres vieillissent un peu trop. On sent presque une routine terrible, des hommes vidés. On pourrait même presque y voir une métaphore (qui peut courir jusqu'au titre, littéralement "les consommables") de certains de ces acteurs, ayant connu la gloire grâce à ce genre de film puis ramant ensuite à retrouver une parcelle de reconnaissance, ou un rôle, une présence sur les génériques. Et d'ailleurs, question présence à l'écran, Stallone ne se réserve pas non plus la part du lion et offre pour chaque acteur (Rourke, Statham, Jet Li, Lundgren, le freefighter Randy Couture et Terry Crews) son vrai moment de bravoure et/ou sa grosse baston, et offre un vrai rôle de pourriture à Eric Roberts. On passera juste cependant sur la love story de Statham avec la toujours jolie Charisma Carpenter (Cordelia Chase dans Buffy et Angel), qui n'apporte pas grand chose ni au film, ni au personnage de Statham.

Côté réalisation, difficile de ne pas donner une excellente note à l'étalon italien, qui n'a peut-être jamais été aussi bon derrière la caméra. S'être remis en selle avec les icônes John Rambo et Rocky Balboa qui ont fait sa gloire (d'ailleurs dans chacun des titres de ces films, l'un récupère son nom et l'autre son prénom, d'autres que moi ont peut-être poussé plus en avant ce point étonnant) l'aurait-il soulagé d'un poids ? Reste que la réalisation est nerveuse, solide, réfléchie dans certains choix de narration (la dernière scène appelle la première), fluide dans les scènes d'action et offre le spectacle annoncé : du muscle, de la castagne, des flingues et un final littéralement explosif, porté, et je me répète, par un casting aux petits oignons, et sans aucune exception.

Dans tout ça, mention spéciale à Dolph Lundgren, le parent pauvre question succés chez les icônes du bis musculeux 80's, malgré quelques rôles marquants comme en soldat psychopathe dans Universal Soldiers (où il explose JCVD question présence à l'écran) ou, dans un registre bien plus barré, dérangeant et sans muscle apparent, en Preacher dans l'oublié Johnny Mnemonic. Dans The Expendables, le suédois crève l'écran et joue avec sobriété la folie, les fêlures de son personnage, rongé et vidé par son métier mais sans lequel pourtant il n'est plus rien.

Comme avec Rocky Balboa et John Rambo, Sylvester Stallone remet sur le devant de la scène ce qui a fait son succés, son iconisation, sa caricature. Pourtant, il ne crache jamais dans la soupe, car c'est aussi à tout un pan du cinéma de genre auquel il se réfère. Plus qu'un hommage sentant le formol, The Expendables est une déclaration d'amour à ces péloches, l'assomption pleine et entière de ces films pourtant décriés, moqués. C'est aussi une déclaration d'amour à ces icônes, ces tronches et ces athlètes qui ont fait les beaux jours de la location vidéo. Enfin, c'est un vrai film d'action, qui offre un spectacle âpre, sanglant, explosif, jouissif.

Moi qui est longtemps été plutôt Schwarzie (qui fait un cameo assez rigolo) que Sly, et il faut dire que l'autrichien a eu clairement le dessus qualitativement parlant (Stallone n'a pas eu son McTiernam ou son James Cameron) dans les 80's et 90's, il semble que le poids des années réussisse bien mieux désormais à Sly (et je ne parle pas de rides) et m'apparaît de plus en plus intéressant. Oserai-je un final façon couverture des Inrocks ou de Télérama ? L'oseraient-ils, eux ? Et bien je me le tente, avec la modération du point d'interrogation. Stallone et The Expendables, avènement d'un auteur ?

18 août 2010

Star Trek The Next Generation, saison 5


Difficile de ne pas répéter ce que j'ai déjà écrit pour les saisons précédentes, particulièrement pour la troisième et la quatrième, tant la qualité de la série et le niveau de la plupart des épisodes restent élevés. Et si nous restons bien dans l'univers Star Trek, cette petite soeur qu'est TNG ne doit désormais plus grand chose à la série originale, si ce n'est bien évidemment son univers immense.

Le cliffhanger final de la saison 4 (Redemption I, s. 4 ép. 26) trouve sa conclusion avec Redemption II (ép.1), où le complot romulien visant à profiter de la fragilité du pouvoir klingon à la limite de la guerre civile se confirme et devient plus pressant. Sans tout dévoiler, l'épisode nous renvoie également à des événements alter-temporels survenus lors de la saison 3 (Yesterday's Entreprise, s.3 ép. 15). Excellent double épisode au demeurant, en partie grâce à la meilleure connaissance des us et coutumes klingonnes que donne cette épisode, il est cependant largement supplanté par l'exceptionnel (au niveau d'un Best Of Both Worlds, s.3 ép. 26 et s.4 ép. 1) double épisode Reunification (ép. 7 et 8), exceptionnel à plus d'un titre. Tout d'abord, son lieu d'action est essentiellement romulien (alors que les vaisseaux sont connus, Romulus est elle une quasi énigme pour nous spectateur). Ensuite, la présence de Spock en fait forcément quelque chose d'un peu spécial. Si ST-TNG n'a jamais spécialement cité son illustre ainée, c'est la première fois que la filiation se fait à l'écran. De plus, du point de vue de la mythologie trekienne, les conséquences de ce qui se déroule et se trame dans ce double épisode vont aller jusqu'au récent Star Trek de JJ Abrams. Une telle cohérence impose le respect. Enfin, cet épisode nous dépeint la société romulienne et nous démontre sa complexité, loin de l'image véhiculée jusque là de conquérants insatiables, intrigants et sournois.

L'autre épisode absolument incontournable met en scène les borgs (I, Borg, ép. 23). Ou devrais-je dire un borg, échoué sur une planète, que l'équipage récupère pour études. Ce borg, au contact de l'Enterprise (rappelons que les borgs ne sont rien seuls et que la notion d'individu ne veut rien dire, seul compte le Collectif), va découvrir justement la notion d'individu, au contact entre autre de Geordi et de Data. Prévoyant tout d'abord de l'utiliser en vue d'infliger un coup fatal au Collectif, menaçant toujours plus l'intégrité des quadrants alpha et beta (1 quadrant est un secteur de la galaxie), vivre au contact de ce borg s'initiant peu à peu au jeu de l'individualité va peu à peu poser des problèmes d'éthique.

Dans cette antépénultième saison de ST-TNG, on retrouvera également quelques seconds rôles récurrents comme l'enseigne bajorane Ro Laren, Guinan jouée par Wooppi Goldberg, O'Brien au téléporteur, quelques apparitions de Wesley Crusher ou la toujours flamboyante Lwaxana Troi. On trouve aussi quelques guest star comme la jolie Ashley Judd (vue dans Heat ou le Collectionneur) dans une version d'Invasion of the Bosysnatchers (The Game, ép. 6) et surtout la bombe Famke Janssen (Goldeneye, Jean Grey dans X-Men ou plus récemment dans Nip/Tuck saison 2), promise au mariage forcé pour question de paix (The Perfect Mate, ép. 21). Seul Q n'apparaît jamais dans cette saison, alors que toutes les autres ont au moins une fois leur Qpisode.

Coté créatures étranges, confrontations culturelles, dilemmes éthiques et même amoureux (The Outcast, ép. 17, qui évoque avec finesse, car nous ne sommes qu'en 92, l'homosexualité), cette saison est ainsi riche en aventures variées et grisantes. Rares sont les épisodes vraiment ennuyeux (il y en a surement un ou deux, mais j'ai omis de les noter) et l'épisode final (Time's Arrow, ép. 26), dont la conclusion ouvre la sixième saison, est lui trekien en diable : découverte du cadavre (en tout cas sa tête) de Data, déphasage de l'espace, retour vers le XIXème siècle en compagnie de Mark Twain (Jerry Hardin, inoubliable Gorge Profonde dans X-Files, est plus vrai que nature), complot extraterrestre et une Guinan qui en sait bien plus que ce qu'elle veut bien en dire...

A très vite pour la sixième. Live long and prosper, to all !

17 août 2010

Total Recall



Premier des trois films que Verhoeven va réaliser pour la défunte Carolco Pictures (les 3 Rambo eighties, Terminator 2 mais aussi Last Action Hero, Stargate ou dans un autre style Music Box de Costa-Gavras), il provoquera aussi sa chute avec Showgirls (couplé au four du pourtant pas si mauvais L'Ile aux Pirates de Renny Harlin avec Geena Davis), mais c'est une autre histoire.

Devenu bankable après Robocop, le barré batave nous offre ici une série B musclée, (et pas que par la présence de Schwarzie), scriptée par Dan O'Bannon (auteur du premier Alien). Adapté d'une nouvelle de Philip K. Dick, le film reste très proche des thèmes dickiens, entre scission de la réalité et délire palpable, personnalités troubles et multiples et SF déviante. Le script multiplie ainsi les chausses-trappes, les effets de manches, les remises en cause de la réalité de ce qui se passe, et si la dernière demi-heure semble nous dire que tout cela est vrai, rien ne le certifie tout à fait, au regard des éléments distillés au fur et à mesure du film (Schwarzie vit l'aventure telle que la société Rekall lui a vendu).

Verhoeven est comme un poisson dans l'eau dans cet univers d'une planète Mars paupérisée et exploitée auquel il greffe de solides scènes d'action, où l'on ne reprend guère son souffle. Sa planète rouge pue, est difforme, mal élévée mais lutte pour sa reconnaissance contre une aséptie plus encore nauséabonde. A ce titre les maquillages et effets spéciaux donnent un vrai cachet bis et pourtant pas cheap, tant certains sont encore bluffant de réalisme, comme la fameuse péripatéticienne triplement nichonnisée, le bras décharné du conducteur de taxi ou le personnage de Kuato. Mais surtout, Verhoeven réussit une grande série B, fun, craspec, qui charcle et qui ne prend surtout pas ses spectateurs pour des vaches à lait, bien que clairement commerciale, ne serait-ce que par la présence du musculeux autrichien à l'affiche.

Coté casting, on sent, avant même Last Action Hero, une certaine distance de la part de Schwarzie face à son propre cliché (et puis, en 10 ans, il est devenu un bien meilleur acteur). Avant Basic Instinct (produit aussi par Carolco), on retrouve déjà la convaincante Sharon Stone en fieffée salope. Enfin coté second rôle, comment passer à coté de l'éternel salopard qu'est l'excellent Michael Ironside qui, à coté de la série V où il jouait le mercenaire Ham Tyler, a trainé sa tronche (dommage tout de même qu'il n'est pas toujours eu la carrière à la hauteur de sa classe) dans Scanners, Top Gun, Starship Troopers, et même Sauvez Willy, et plus récemment dans l'excellent The Machinist.

Si l'on n'est clairement pas ici sur les terrains plus glissants et plus dérangeants de La Chair et le Sang, Basic Instinct ou même Hollow Man, il serait dommage de bouder son plaisir , tant Verhoeven semble toujours trouver matière à instiller son venin délicieux dans des projets même plus commerciaux. Total Recall se déguste définitivement avec toujours autant de plaisir, et la présence du furieux batave n'y est certainement pas étrangère. Car les Pays-Bas ont donné au monde trois choses merveilleuses : en 3 son fromage, en 2 Johan Cruyff et en 1 Paul Verhoeven.