Il y a eu un avant et un après X-Files. Non pas que cette série ait changé véritablement la face du monde, mais ils n'étaient pas si nombreux ceux à prendre vraiment au sérieux les séries TV avant celle-ci. Il faut se souvenir du phénomène que ça a été, après plusieurs années au soleil de Magnum, Mac Gyver et Miami Vice ; le fantastique, la SF, le sombre, le glauque, n'ont pas fait vraiment recette dans les années 1980, alors que les années 90 voient le retour sur petit écran de Star Trek et l'arrivée de Babylon V, qui marquent, avec X-Files le retour en force de tous ces genres à la télévision, sans oublier l'anthologie Tales from the Crypt qui sévit depuis 1989 (et ce jusqu'en 1996). Souvenons-nous aussi du merchandising, des articles y compris dans la presse plus téléramesque, des débats sur la vision du monde proposée par cette série et de quelles séries (de qualité variable) ont suivi, embrayant sur le retour en grâce des petits hommes verts, des monstres en tout genre, des psychopathes et des gouvernements secrets : Profiler, Buffy, le Caméléon, Millennium (du même Chris Carter), The Nowhere Man (oubliée aujourd'hui, ultra paranoïaque et diffusée à l'époque sur C+), Roswell, Dark Skies... Lost peut même être considéré comme une descendante directe d'X-Files, par son ambiance paranoïaque, son fantastique-réaliste et ses mystères résolus au compte-goûte.
Mais en 1993, quand arrive X-Files sur la Fox, il n'est pas question encore de tout ça. La série a le droit à sa première saison mais personne ne mise vraiment dessus et il n'est absolument pas question d'imaginer les huit saisons qui vont suivre. D'ailleurs, Chris Carter envisagea à l'époque le dernier épisode de la première saison (The Erlenmeyer Flask, s1 ép. 23), comme une conclusion de saison et de série, au cas où il n'aurait pas la chance d'obtenir une deuxième saison. Mais dès le premier épisode (le pilote devrais-je dire), tout est là : gouvernement secret, manipulation de l'information, un informateur secret (Gorge Profonde) et un mystérieux Homme à la Cigarette. Et le second épisode (Deep Throat, s1 ép. 2) enfonce le clou, dans le même genre et dans une ambiance de défiance envers l'armée suite à la première guerre d'Irak et son étrange syndrome. En élargissant très vite le champ des enquêtes non classées (à l'époque pas besoin de faire suivre absolument un épisode avec un autre), X-Files n'échappe pas au coté "monstre de la semaine", mais son ambiance crépusculaire, sa volonté de coller à l'époque (les dates des épisodes correspondent à une semaine près au jour de diffusion sur la Fox), son sérieux et son allégeance au genre avec un grand G font mouche assez rapidement. Prenons pour exemple l'épisode Ice (s1 ép. 8), véritable The Thing sur 45 minutes, ou l'éprouvant When Darkness Falls (s1 ép. 20), qui se permet en même temps un petit message écolo pas dégueu, ou encore le magnifique et touchant Beyond The Sea (s1 ép. 13). Si le reste de cette saison n'est pas toujours du même acabit, ces épisodes-ci portent déjà la marque des scénaristes et réalisateurs qui vont faire X-Files : Glen Morgan, James Wong, Chris Carter, David Nutter, Rob Bowman. Et il ne faudrait pas oublié le duo d'acteur, David Duchovny et Gillian Anderson, rapidement convaincants.
Et tout ça offre en 1994 une seconde saison à X-Files, dans la lignée de la première, et qui débute avec la fermeture du bureau des affaires non classées suite aux événements de la fin de la première saison et à nouveaux les secrets du Gouvernement autour des extraterrestres (Little Green Men, s2 ép. 1), mais surtout avec le fil conducteur de toute la démarche de Mulder : l'enlèvement de sa sœur, supposément par les extraterrestres. Et un léger changement de cap s'effectue, avec désormais la volonté de s'inscrire dans une mythologie et donc dans une continuité. A coté d'épisodes isolés (dits loners) arrivent ainsi officiellement des épisodes dits mythologiques (le fameux enlèvement de Scully du double épisode Duane Barry-Ascension, s2 ép. 5-6 et sa "conclusion" dans le très beau One Breath, s2 ép. 8) et la série va garder cette architecture de saison jusqu'à la fin. Et un second double épisode (Colony-End Game, s2 ép. 16-17) enfonce le clou avec la soudaine apparition de la sœur de Mulder...
Si les épisodes mythologiques sont de qualité, le reste de cette seconde saison devient moins anecdotique, s'étoffe lui aussi. Les épisodes brassent larges, entre possessions, parasites, expériences gouvernementales de toute sorte, démons sadiques et même des (très décevants) vampires. On retiendra tout particulièrement l'angoissant Blood (s2 ép. 3) et le décalé Humbug (s2 ép. 20), véritable hommage au Freaks de Tod Browning, plein d'humour et voyant ainsi l'arrivée dans l'équipe de scénaristes de Darin Morgan, qui marquera les saisons suivantes par ses histoires toujours empreintes d'un humour salvateur, mais jamais à coté de la plaque.
Mais ce qui marquera véritablement un tournant, tel le meurtre de JR dans Dallas (en utilisant donc la technique dite du cliffhanger, dont Dallas est l'un des rares représentants avant X-Files), c'est l'épisode final Anasazi (s2 ép. 25). Cette fois-ci, Chris Carter est en confiance, la série s'installe et commence à se vendre, elle trouve son ton, son ambiance (les fameux crépuscules, les bois, la parano ambiante...), son public. Ce season finale ne va donc pas conclure la saison, mais plutôt annoncer la suivante. Et quand cet étrange wagon rempli de cadavres et enterré au milieu du désert explose sur ordre de l'Homme à la Cigarette, avec Mulder à son bord, c'est aussi l'explosion du phénomène que va faire d'X-Files la série, avec ER (Urgences en VF), la plus emblématique des années 90.
Mais en 1993, quand arrive X-Files sur la Fox, il n'est pas question encore de tout ça. La série a le droit à sa première saison mais personne ne mise vraiment dessus et il n'est absolument pas question d'imaginer les huit saisons qui vont suivre. D'ailleurs, Chris Carter envisagea à l'époque le dernier épisode de la première saison (The Erlenmeyer Flask, s1 ép. 23), comme une conclusion de saison et de série, au cas où il n'aurait pas la chance d'obtenir une deuxième saison. Mais dès le premier épisode (le pilote devrais-je dire), tout est là : gouvernement secret, manipulation de l'information, un informateur secret (Gorge Profonde) et un mystérieux Homme à la Cigarette. Et le second épisode (Deep Throat, s1 ép. 2) enfonce le clou, dans le même genre et dans une ambiance de défiance envers l'armée suite à la première guerre d'Irak et son étrange syndrome. En élargissant très vite le champ des enquêtes non classées (à l'époque pas besoin de faire suivre absolument un épisode avec un autre), X-Files n'échappe pas au coté "monstre de la semaine", mais son ambiance crépusculaire, sa volonté de coller à l'époque (les dates des épisodes correspondent à une semaine près au jour de diffusion sur la Fox), son sérieux et son allégeance au genre avec un grand G font mouche assez rapidement. Prenons pour exemple l'épisode Ice (s1 ép. 8), véritable The Thing sur 45 minutes, ou l'éprouvant When Darkness Falls (s1 ép. 20), qui se permet en même temps un petit message écolo pas dégueu, ou encore le magnifique et touchant Beyond The Sea (s1 ép. 13). Si le reste de cette saison n'est pas toujours du même acabit, ces épisodes-ci portent déjà la marque des scénaristes et réalisateurs qui vont faire X-Files : Glen Morgan, James Wong, Chris Carter, David Nutter, Rob Bowman. Et il ne faudrait pas oublié le duo d'acteur, David Duchovny et Gillian Anderson, rapidement convaincants.
Et tout ça offre en 1994 une seconde saison à X-Files, dans la lignée de la première, et qui débute avec la fermeture du bureau des affaires non classées suite aux événements de la fin de la première saison et à nouveaux les secrets du Gouvernement autour des extraterrestres (Little Green Men, s2 ép. 1), mais surtout avec le fil conducteur de toute la démarche de Mulder : l'enlèvement de sa sœur, supposément par les extraterrestres. Et un léger changement de cap s'effectue, avec désormais la volonté de s'inscrire dans une mythologie et donc dans une continuité. A coté d'épisodes isolés (dits loners) arrivent ainsi officiellement des épisodes dits mythologiques (le fameux enlèvement de Scully du double épisode Duane Barry-Ascension, s2 ép. 5-6 et sa "conclusion" dans le très beau One Breath, s2 ép. 8) et la série va garder cette architecture de saison jusqu'à la fin. Et un second double épisode (Colony-End Game, s2 ép. 16-17) enfonce le clou avec la soudaine apparition de la sœur de Mulder...
Si les épisodes mythologiques sont de qualité, le reste de cette seconde saison devient moins anecdotique, s'étoffe lui aussi. Les épisodes brassent larges, entre possessions, parasites, expériences gouvernementales de toute sorte, démons sadiques et même des (très décevants) vampires. On retiendra tout particulièrement l'angoissant Blood (s2 ép. 3) et le décalé Humbug (s2 ép. 20), véritable hommage au Freaks de Tod Browning, plein d'humour et voyant ainsi l'arrivée dans l'équipe de scénaristes de Darin Morgan, qui marquera les saisons suivantes par ses histoires toujours empreintes d'un humour salvateur, mais jamais à coté de la plaque.
Mais ce qui marquera véritablement un tournant, tel le meurtre de JR dans Dallas (en utilisant donc la technique dite du cliffhanger, dont Dallas est l'un des rares représentants avant X-Files), c'est l'épisode final Anasazi (s2 ép. 25). Cette fois-ci, Chris Carter est en confiance, la série s'installe et commence à se vendre, elle trouve son ton, son ambiance (les fameux crépuscules, les bois, la parano ambiante...), son public. Ce season finale ne va donc pas conclure la saison, mais plutôt annoncer la suivante. Et quand cet étrange wagon rempli de cadavres et enterré au milieu du désert explose sur ordre de l'Homme à la Cigarette, avec Mulder à son bord, c'est aussi l'explosion du phénomène que va faire d'X-Files la série, avec ER (Urgences en VF), la plus emblématique des années 90.
...à suivre : X-Files (2ème partie : 1995-1998)
8 commentaires:
When darkness falls : vraiment le meilleur épisode de la première saison et parmi le top 10 (voire 5) de toutes confondues. Cela a rajouté une peur du noir à un éventail déjà bien fourni.
Juste une parenthèse sur Dark Skies : c'était vraiment une série ambitieuse, qui n'a pas trouvé son public et a été sacrifiée sur l'autel de l'Audimat yankee, comme The Lost Room et John from Cincinnati.
Et ton top 5 (et 10) c'est quoi ?
Pour Dark Skies, le principe une saison=une décennie était ambitieux, mais elle a beaucoup souffert de surfer sur le mythe de Roswell, tout comme X-Files, prends en plus la comparaison physique entre les acteurs... Il faut croire qu'il n'y avait pas la place pour 2 dans ce fauteuil. Il faudrait que j'y rejette un oeil, à l'époque j'étais trop x-phile pour l'apprécier (ou non) à sa juste valeur.
Alors, comme ça, au débotté, en essayant de rester dans les trois premières saisons, hormis Darkness falls, qui est un chef-d'oeuvre au niveau des éclairages, j'adooooore l'épisode gag de la saison 3 (Jose Chung's "From outer space" alias Le Seigneur du Magma), dans lequel Mulder se comporte bizarrement et qui nous a fait découvrir le talent comique de Duchovny. Squeeze, le premier avec Tooms ; Ice effectivement pour son The Thing "lookalike" ; E.B.E., qui a fait avancer d'un grand pas les épisodes dits de la mythologie ; Roland, pour une fois que Zeljko Ivanek ne joue pas un individu trouble et salement enfoiré ; Blood et la possibilité d'une telle histoire ; Colony et End game ; Humbug parce que les "freaks" ; Anasazi parce qu'on n'a pas vécu jusqu'aux premières brides d'info sur la saison 3 et qu'on a pas arrêté d'échaffauder des théories sur Mulder et le wagon, qu'on aurait pu être tous scénaristes ; Oubliette, censuré en France à cause de l'affaire Dutroux, soi-disant ; l'épisode (je ne sais plus de quelle saison) dans lequel les Lone Gunmen mènent l'enquête sans Mulder et Scully, à Las Vegas je crois, avec cette blonde dont est amoureux Byers et que les trois retrouveront dans leur série dérivée ; War of the coprophages qui, comme Darkness falls, joue avec une phobie commune... Ca doit faire plus de 10 là.
Hum. Bon, alors dans mon top 50...
Même un top 10 sur l'ensemble de la série je ne pourrais pas, alors voilà mon top pour ces deux premières saisons :
saison 1 :
les trois premiers Pilot et Deep Throat pour le fait de poser l'univers, pour Gorge Profonde aussi et Squeeze pour Tooms, un des freaks cultes de la série.
Ice donc, Fallen Angel, avec Max Fening et des éléments qui vont asseoir ce qui va arriver à partir de la seconde saison.
Eve, parce que ces deux gamines étaient bien flippantes, Beyond the Sea que j'ai cité, EBE pour son aspect assez désespérant,When Drkness Falls donc et le season finale plutôt haletant.
Deuxième saison :
Little Green Men parce que ça c'est du début de saison, The Host parce que c'est dégueu, Blood pour la prestation de William Sanderson, One Breath très émouvant, Die Hand die verletzt avec son prof/démon et son cole qui récite des versets sataniques au conseil d'école, Humbug donc, F. emsculata parce que flippant et plausible et puis l'inévitable Anasazi.
Bref je suis dans la merde pour tenter un de ces jours de faire un top 10 ou 20 des épisodes d'x-files...
Oui, j'ai hésité pour Eve et Die Hand die verletzt dont les personnages que tu évoques sont en effet très flippant. Particulièrement les petites jumelles Krievins, dans le premier nommé, épisode dans lequel joue, en Eve adulte, Harriet Sansom Harris, inquiétante (toujours) Felicia Tilman de Desperate Housewives. Ouaip, je regarde ça aussi...
J'ai laché à la saison 4, enfin je suis encore d'une oreille, mais cette sixième saison, c'est une belle daube.
La saison 7 de DH revient à des fondamentaux, qui redonnent un plaisir à regarder cette série quoique... ça tourne toujours en rond et il n'y a pas de nouveau souffle, malgré les nouvelles stars qui peuplent Wisteria Lane.
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