25 janv. 2012

The Green Hornet


J'ai fait partie de ceux qui, effrayés par la formule "gros budget+Michel Gondry", ont fait l'impasse lors de la sortie en salle dudit Green Hornet, par peur de voir dilués dans la soupe hollywoodienne les petits plus qui nous plaisent tant chez Gondry : la bricole, l'inventivité l'amour du pastiche et ce goût sans fin pour la culture des séries B, des séries TV, des comics...

Et bien mal m'en a pris. Ce Green Hornet, sous les oripeaux du popcorn movie, porte en lui ce truc qui fait le charme et honnêteté des films de Gondry. Ce Green Hornet est un pastiche de film de super-héros, voire même un pastiche de Batman, où tout ce qui fait l'origine de l'alter-ego de Bruce Wayne est ici inversé, en faisant d'un duo de sales gosses (également peu enclins à partager avec Peter Parker cette idée du "grand pouvoir, grandes responsabilités") les héros du film, qui d'ailleurs rappellent plus le buddy movie façon Lethal Weapon que le couple Batman-Robin.

Et c'est d'ailleurs sûrement cette étonnante mayonnaise, propre aux films de Gondry, qui fait le charme de ce Green Hornet, où tout élément porte le germe de son pastiche sans jamais le ridiculiser (le méchant joué par un Christoph Waltz est à ce titre révélateur). Et je serai même tenté d'y voir tout autant et voire plus un hommage à ces fameux buddy movies qu'un "simple" film de super-héros, ne serait-ce que par le peu de considération que nos héros ont du bien public, mais aussi par leur relation, les origines éloignées et la jolie fille au milieu.

Et si Michel Gondry garde cette sincérité, je lui promets de ne plus jamais douter de sa capacité à faire d'une commande un film qui porte sa griffe. Car, pour moi, ce Green Hornet entre tout droit dans mon top des films de super-héros.

18 janv. 2012

Thor


Chez Marvel Comics, je le dis tout de go : les Vengeurs ne sont pas ma tasse de thé. Moi, mon truc, ce sont les mutants, avec ou sans X. Et Thor est bien l'un des héros de la Marvel qui, dans le lot de ceux qui ne font pas frétiller mes neurones de fanboy, refroidit, sans jeu de mot avec les rigines du sieur Thor, sans forcer mes ardeurs geek parfois peu avouables.

Et quand j'ai su qu'une idôle de ma jeunesse, Kenneth Branagh, celui- là même qui ouvrit mon esprit à Shakespeare (et je l'en remercie à jamais), se chargeait de réaliser, je me disais alors que le besoin d'argent fait faire de drôles de choix (même si je n'ai aucune preuve de ce que j'avance, bien évidemment).

Jamais foncièrement réussi, pas non plus totalement raté, Branagh signe un pop corn movie bien calibré, ni plus ni moins, où il ne se passe tout de même rien de passionnant. Une intro bancale, une réalisation parfois aussi (littéralement d'ailleurs, mais quel est donc cette manie et l'objet de basculer la caméra à l'oblique, à moins que cela soit un drôle d'hommage au nanar scientologue Battlefield Earth, le film 100% décadré), des décors d'Asgaard qui font des réception de l'ambassadeur un modèle de sobriété, des séquences terrestres rarement captivantes. Et puis des fois, on se raccroche au wagon, surtout parce que le personnage le plus intéressant du film n'est pas Thor mais son frère Loki. La fin fratricide est d'ailleurs le meilleur moment du film, où l'on sent que Brannagh a pu lâcher un peu les chevaux d'une production malgré tout bien trop calibré pour en tirer réellement quelque chose. Même Natalie Portman, qui d'habitude apparaît à nos yeux si délicieuse, nous semble fade et potiche.

Il s'agit ici clairement d'introduire Thor en vue de la grande réunion des Vengeurs au cinéma. Mouef... Plaisant, mais sans plus, que Brannagh retourne à ce qui l'emballe vraiment, ou qu'il nous fasse un vrai film de super-héros avec de l'enjeu et de la tension. Gageons en tout cas que ce n'est pas ce film qu'on retiendra de sa filmographie.

17 janv. 2012

A Dangerous Method

Pour quelqu'un, comme moi, qu'une formation a, il y a quelques années, initié aux rudiments de la psychanalyse, l'exercice est ici délicat : parler de cinéma sans tomber dans l'explication de texte psychanalytique. D'une part, cela serait ridicule et affreusement ennuyeux. D'autre part, j'ai beau me débrouiller avec quelques concepts, il serait particulièrement hautain de ma part d'oser la critique d'un point de vue psychanalytique. Donc parlons cinéma, voulez-vous ?

Et bien, je n'y arrive pas. Pour moi, le film est réussi, sans aucun doute. Les acteurs sont impeccables, avec une mention spéciale à Keira Knightley, qui sortie de son île aux pirates qui l'a starifié nous montre ici tout son talent. Mais je ne me dépatouille pas de la psychanalyse et de ses querelles de clochers. Je sais que les freudiens trouveront ce film trop jungien, avec comme principal argument que Cronenberg, en tant que nord-américain, est forcément plus jungien que freudien, la pensée de Jung, à l'inverse de celle de Freud à laquelle l'Europe reste fidèle, a conquis lui le Nouveau Monde. Et comme je n'ai pas été endoctriné par les jungiens, je n'ai aucune idée de ce qu'ils peuvent penser du film.

Et nous revoilà à parler d'autre chose que du film. Le film n'a pour moi d'ailleurs que cure de ces querelles de clochers. Par l'intermédiaire de Sabina Spielrein, Cronenberg met plutôt Freud et Jung dos à dos, les renvoyant à leurs contradictions d'homme, à leur concours de zizi conceptuel, mais aussi au fait qu'ils soient des hommes de leur temps, bien ancrés dans les tensions (la judaïté et l'antisémitisme sont plus que prégnants) et les tabous de l'époque (comment ! Les femmes ont une libido ? Et les enfants aussi ? Et même les hommes ?). Car le sujet qui intéresse ici Cronenberg n'est pas tant la querelle Jung-Freud, mais ce que ces deux joyeux drilles ont libérés, au travers de leurs aliénations profondes et respectives.

Et c'est d'une libération majeure dont il s'agit : celle de la parole. Car au commencement était le verbe, et libérer celui-ci, c'est offrir à l'homme un continent plein de fureurs et de promesses ; c'est permettre à Adam et à Eve de croquer la pomme en toute connaissance de cause. Et le film doit donc beaucoup à la superbe interprétation de la miss Knightley (je me répète ? Oui je sais...) qui rend cela tangible. Elle transmet avec une grande finesse et une belle palette de jeu tout l'évolution de Sabina Spielrein, de la folie à la femme épanouie, tout en gardant cette fragilité, ce quelque chose toujours sur la brèche, où l'on sent que les démons sont toujours prêts à ressortir. Et pourtant, que cela aurait pu être une partition casse-gueule !

Au final, une critique bancale pour un film qui n'enthousiasmera sûrement pas les inconditionnels du Cronenberg viscéral, celui de Scanners et de Videodrome. Mais c'est du Cronenberg, sans aucun doute. Plus classique dans la forme, mais toujours aussi intrigué et fasciné par ces sombres remous intérieurs qui tout à la fois nous aliènenent et nous libèrent.

11 janv. 2012

Raiponce


Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas par le jukebox du mois que je commence le mois, et l'année (et sur ce bonne année à tous), mais par une chronique. Et honnêtement, qui pourrait résister aux grands yeux verts de Raiponce ?

Ce que Disney sait (souvent) faire de mieux, ou au moins de bien, ce sont les histoires de princesse. Et nous ici sommes sans aucun doute dans une véritable histoire de princesse : preux chevalier, dangers, vilaine sorcière, royaume idyllique. Tout y est. Ca craint ? Qui a dit "ça craint" ?

Car, non, Raiponce, bien qu'enfermée 18 ans durant dans sa tour, est loin de sentir le renfermé. Animation au top, personnages bien écrits, travail de mise en scène (la séquence de la taverne est de haute volée), humour, merveilleux (la beauté de la séquence des lanternes), tout y est, et d'autant plus qu'ici, on essaie pas de se la jouer post-moderne, vannant crânement le glorieux passé. Non, on l'assume même (Raiponce s'inscrit sans mal dans la lignée des Blanche-Neige, Cendrillon, Aurore et consœurs...), tout faisant un film bien dans son époque, à l'héroïne pas si naïve, très féminine, et au prince charmant plus humain que parfaitement charmant.

Alors les fines bouches pourront toujours dire qu'on est bien loin du conte originel, et c'est plutôt vrai. Mais quand j'arrive, devant un Disney, à rire, à poser ma larmes sur une scène (les lanternes, encore une fois), à m'enthousiasmer pour les trouvailles de mise en scène (si j'osais, je dirais que la mise en lumière du secret des origines de Raiponce flirterait presque avec la psychanalyse) et, surtout, à apprécier réellement les chansons, je me dis que Disney a sacrément bien réussi son coup, en replongeant dans les bonnes vieilles recettes maison plutôt que de lorgner vers les cousins de chez Pixar ou vers d'autres shrekeries. Et cerise sur le gâteau, la VF est tout bonnement impeccable.

Finalement, alors que Pixar semble connaître avec Cars 2 son premier échec qualitatif (ce deuxième volet, toujours pas vu , sent vraiment la pompe à fric), c'est plutôt agréable de voir que Disney est encore capable d'offrir du grand cinéma d'animation qui n'est pas qu'un simple support à produits dérivés.