29 nov. 2010

Harry Potter et l'Ordre du Phénix


Après le plantage de Mike Newell, l'arrivée de l'inconnu David Yates aux commandes du 5ème volet de la saga Potter pouvait, au mieux, laisser dubitatif. Mais, inconnu, Alfonso Cuaron ne l'était-il pas, ou à peine moins, pour le Prisonnier d'Azkaban ?

Car, sans vouloir mettre cet Ordre du Phénix au niveau d'Azkaban, je dois avouer qu'il m'a fallu réviser mon jugement à la hausse concernant ce film (bien que le jugement initial, à la sortie du film en 2007, n'était pas particulièrement négatif). Sans faire dans l'excellence, David Yates réussit à ne pas rater son film, malgré une baisse de régime en milieu de pellicule. Là où Mike Newell ne faisait pas ressortir grand chose des enjeux de la Coupe de Feu, on retrouve dans le film de Yates les principaux intérêts, les grandes lignes de force de ce cinquième volet : montée de la dictature d'Ombrage (mais en revanche sa prise de pouvoir effective est traitée plus mollement), Harry Potter qui prend conscience et accepte ce qu'il est et ce qu'il représente (plutôt bien rendu à l'écran, malgré le charisme bivalvesque de son interprète) et l'adolescence des personnages (et la naïveté de Ron, toujours remarquablement interprété par Rupert Grint).

Et même si chez Yates la réalisation se fait plus clinquante (de belles images mais peu de plans vraiment forts) que chez Cuaron, force est de constater qu'il arrive en revanche bien mieux à intégrer de belles séquences ou du spectaculaire dans sa narration, comme les scènes au Ministère de la Magie (où là encore les décorateurs font un magnifique travail), là où Newell pataugeait dans la semoule avec sa poursuite balai-dragon. Même l'affrontement entre les Mangemorts et l'Ordre est moins starwarsien que dans mon souvenir (il m'avait fait penser à la grande bataille de Jedi sur Geonosis dans l'Attaque des Clones), bien que manquant tout de même d'une certaine charge émotionnelle.

Si cela est valable pour l'ensemble des films et que je l'ai déjà écrit, je tiens une fois de plus à souligner la qualité de la mise en image des lieux, objets, petits détails ainsi que du bon goût du casting, en particulier pour les seconds rôles (les membres de la famille Weasley sont très bien campés, tout comme Neville Londubat ou Luna Lovegood) et l'oscar du "ça n'aurait pu être que lui/qu'elle" est attribué pour ce film à Helena Bonham Carter en Bellatrix Lestrange, aussi crédible que Rickman en Rogue. Et soulignons aussi le charisme de Ralph Fiennes, toujours aussi convaincant en Voldemort.

Même si on pourra reprocher au scénario d'avoir pour principal défaut celui de ne pas s'attarder sur la vie au square Grimaud (du coup, les rares scènes de l'elfe Kreattur et du tableau de la matriarche Black tombent un peu à l'eau) et que le décorum poudlardien, plutôt fidèle aux livres, joue aussi en sa faveur, David Yates fait le boulot et réussit à ne pas être à coté de la plaque. Et malgré les heures sombres qui s'abattent peu à peu sur Poudlard, Yates redonne des couleurs et un peu de crédibilité cinématographique à cette saga en pensant avant tout à réaliser un film, à raconter et à mettre en image une histoire avant de torcher un plan marketing sur pellicule. Confirmation pour le Prince de Sang-Mêlé ?

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