13 oct. 2010

Bienvenue à Zombieland


Difficile de ne pas être emballé par ce que propose Zombieland, à commencer par son introduction originale et efficace et son générique apocalyptique au son du Metallica grande époque ( avec Cliff Bole à la basse) "For Whom The Bell Tolls". Difficile de ne pas être emballé par le casting quatre étoiles, Woody Harrelson en tête en cowboy allumé et torturé (avec lui le banjo et le petit air de Délivrance deviennent littéralement mortels...). Difficile de ne pas tomber en pâmoison devant le gros cameo de Bill Murray dans le rôle d'un Bill Murray ultra hollywoodien, villa, robe de chambre en velours rouge et tout le bataclan. Difficile de s'ennuyer, enfin, dans ce zombie/road movie/comédie sans baisse de rythme, fun mais pas parodique, respectueux du genre, avec pas mal de bonnes idées (les fameuses règles de survie érigées en running gag, le détournement de la traditionnelle scène de contamination/élimination, l'absence totale de simili pouvoirs résiduels...) et offrant un final à la hauteur de l'ensemble.

Mais je ne crierai ni au génie ni au culte. Car si Zombieland est sans aucun doute un excellent film de zombie, je n'ai pu m'empêcher en le regardant de penser à Shaun of the Dead, le chef d'oeuvre du trio Wright-Pegg-Frost, tant ces deux films sont similaires par bien des points, et à se demander même si Zombieland n'est pas la réponse US aux zombies d'Albion. Entre cette volonté de ne pas jouer sur l'héroïsme, de proposer un un vrai film de zombies mais pas que, d'utiliser le quotidien et la routine et de la pervertir avec des zombies, cette volonté des personnages de maintenir ou de retrouver une cellule familiale rassurante, diffcile de ne pas voir un sérieux lien de cousinage entre les deux films.

Pourtant, là où Shaun of the Dead offre une grande subtilité (ne serait-ce que dans sa première séquence où nous passons tous pour des zombies) même dans la terreur ou les aspects les plus beaufs des personnages, Zombieland apparaît comme un blockbuster de qualité certes, mais ne jouant pas tout à fait dans les mêmes sphères de subtilité, où les personnages, même bien écrits, sont plus typés (le geek a désormais, si l'on en doutait encore, un potentiel héroïque et sexy ultra bankable) et le spectaculaire reste la clef de voûte. Et l'arrivée pour 2011 d'une suite (dont l'intérêt artistique et scénaristique nous laisse dubitatif) achève de me convaincre que j'ai regardé un film de zombie bien plus hollywoodien qu'il n'y paraît. Et bien que je me sois délécté de Zombieland, il n'est pas prêt de faire tomber son illustre ainé Shaun of the Dead de son piédestal.

5 commentaires:

il Gatto a dit…

Ouaip, mais dans Shaun of the dead, il n'y a pas Bill Murray... Les scènes avec Bill Murray sont les seules qui m'ont marquées.

Dr. Strangelove a dit…

Bill Murray serait-il donc la pierre philosophale du cinéma, transformant le plomb en or ?

il Gatto a dit…

Euh... Y'a pas qu'lui : Clint Eastwood transforme aussi le plomb en dollars.
(OK, ce commentaire est "troller", mot que j'ai appris il y a peu et activité à laquelle je me livre bien souvent et depuis longtemps)
Non. Bill n'est pas la pierre philosophale. N'empêche que je ne m'attendais pas à ce destin pour son personnage.
Et puis, si on compare ce film de zombies à d'autres, il ne se distingue pas par son final dans un parc d'attractions mais par Bill Murray, non ? Tout comme Shaun par l'humour (british), Deadset par l'intrusion téléréalité, Dead snow par son caractère nordique et nazi, La Horde par... rien, c'est le film de merde du réal' qui ne se prend pas pour une bouse.
(Là, je pense que je ne "trolle" plus)

Dr. Strangelove a dit…

C'est quoi troller (c'est du trollage ça ?) ?

Moi le destin de Bill Murray m'a limite foutu la larme à l'oeil, d'autant plus qu'il joue son propre rôle.
Comme le père Romero a balisé (et continue d'ailleurs) le genre, sûr que le détail qui tue du cadre général du film de zombies joue souvent en la faveur des films ou série pour Dead Set que tu cites. Mais encore faut-il quelque chose à raconter, quelque chose qui tienne la route. Zombieland a au moins le mérite de tenir la route car il aurait pu s'arrêter à ses 2 ou 3 gimmicks.

il Gatto a dit…

Oui, Zombieland tient la route, ce qui est normal pour un "road-movie".
("troller", c'est faire un court commentaire sans intérêt, pourrir les commentaires par des interventions sans fondement si j'ai bien compris)